Warblogs, le déclin des blogues américains
Michel Dumais publie ce jour un texte bien senti dans la rubrique technologie du quotidien québécois Le Devoir. [Merci à Dolores de m’en avoir donné la primeur].
Intitulé Le déclin des blogues américains, l’article de Michel Dumais brosse le tableau de la blogosphère américaine actuelle, microcosme où la voix des pro-guerre se fait nettement la plus forte, et voix hélas souvent teintée de haine et de racisme.
Je partage son sentiment un peu désabusé au vu de ces blogues transformés en instruments de propagande vindicative, alors que l’on espérait la naissance d’une nouvelle forme de journalisme engagé.
Par exemple, un carnet cité en exemple par tout ce qui compte d’observateurs sur la Toile, Instapundit, de Glenn Reynolds, un professeur de droit à l’université du Tennessee.
Lire le carnet de Glenn Reynolds ces dernières semaines, c’est avoir un condensé de tout ce que pense l’Américain moyen du reste du monde (et tout particulièrement de la France). Contre les mouvements pacifistes, et pour les protestations contre la France, et les boycotts de produits français, le carnet de Reynolds, que certains décrivent comme le “New York Times des carnets Web” est loin d’offrir le niveau d’objectivité de son grand frère papier. À vrai dire, je serais fort inquiet si Instapundit était vraiment le “New York Times des blogues”.
[ Michel Dumais, Le Devoir ].
De fait, Instapundit est devenu le Fox News des warblogs.
(Lire sur le même sujet, ici même : Esprit critique, Réponse à Cyril de PointBlog, Mainstream.)
Boycott des produits français, haine, racisme, dérision, s’il n’en tenait qu’à ces suppôts de la liberté et de la démocratie (sic !), deux coups de canons, une bombe A bien placée, et hop !, fini les emmerdeurs mangeurs de grenouille.
Et ne vous avisez pas de leur répondre surtout. Vous risqueriez de les provoquer et, à l’approche de cette guerre insensée, alors que les hormones de nos voisins sont à leur maximum, vous prendriez la chance de recevoir des réponses viriles, et même de menaces de mort.
J’exagère ? Nenni, un internaute français, Laurent, en a d’ailleurs fait la triste expérience alors qu’il a publié quelques réflexions sur les propos ahurissants de certains de ces carnets Web, en incluant un lien vers ceux-ci. Grand mal lui en prit, sa boîte aux lettres électroniques fut rapidement prise d’assaut par ces apôtres de la liberté d’expression qui lui suggéraient de se la fermer, car sinon, la mort lui siérait bien. Sympa les libérateurs non ?
[ Michel Dumais, Le Devoir ].
(Lire sur le même sujet, ici même : Que de l’amour? suite, C’est si bon de se sentir aimé !, Questions humanitaires et morales.)
P.S. Je remercie Michel Dumais de ne pas avoir publié mon adresse dans son article afin de m’éviter une nouvelle vague de courriers haineux et d’attaques sur mon site. J’ai en effet passé une semaine un peu pénible : à force de lire des propos agressifs et de recevoir des menaces en tout genre, on a beau être fort et équilibré, on en vient à déprimer et parfois même à céder à la parano.
elie
Très intéressant. Je m’en veux d’avoir manqué l’article, surtout que je suis à Montréal…maîtrisant la langue de Shakespeare, il m’est arrivé à quelque reprise à croiser le fer avec les “warbloguistes” de droite américains. Je me suis découragé après avoir passé des semaines à me répéter. Le débat ne les intéresse pas - pour la plupart, ce sont des gens souffrant d’un trop plein d’aggressivité et qui ose se défouler sur Internet grâce à la distance qu’offre le médium. Quoique, ces jours-ci, il est plutôt amusant de voir les plus hystériques d’entre eux condamner Bush pour ce qu’ils considèrent être de la molesse (mais qui n’est finalement que les réalités de la politique internationale). Alors je ne m’en fais plus: les américains ont de la difficulté à faire cette guerre, et même s’ils finissent par bombarder Bagdad ça aura valu la peine de leur rendre la tâche plus ardue…
Blah ? Touitter !