Je me dois de présenter des excuses par anticipation à l’intention d’une bonne partie de mes lecteurs. En effet, je ne vous ai pas accoutumés à cela, mais le risque est grand que les prochains jours voient une publication excessive de billets où je raconte ma vie (le fameux syndrome du repas chez la tante Cécile). Et pour vous achever, il est également possible que mon carnet Web devienne, ces trois semaines à venir, quelque peu mono-thématique (Québec ou Belle Province, alternativement). Retour à l’ordre normal des choses prévu début juin. Alors, si vous ne vous sentez pas concernés par ces deux sujets (le Québec et mon ego), vous pouvez totalement zapper pour la période, me suspendre de votre agrégateur, je ne vous en tiendrai pas rigueur. Qui m’aime, me suive.
Je m’excuse aussi pour mon niveau de langue qui va se faire moins recherché, plus rapide, et entaché de québécismes et autres anglicismes, c’est le prix à payer de mon imprégnation au décor.
;-)
Hier, descendant l’avenue du Parc, le long du Mont Royal, mon regard est attiré par une enveloppe close, abandonnée à terre, zébrée, flétrie de la trace d’un pneu de vélo. Je continue mon cheminement quelques pas, le temps d’être saisi d’un regret, je rebrousse, et m’abaisse à relever l’éventuelle missive perdue.
Je saisi délicatement l’enveloppe salie et la retourne, j’y découvre une adresse tremblante et un timbre vierge. Je vérifie que l’enveloppe est bien close, elle l’est. Je l’examine par transparence, elle semble abriter un genre de petit coupon opaque. Je lis la première ligne de l’adresse à la bille bleue, “À mes petits enfants chéris”.
“— Mon lapin, il nous faut trouver une boîte à lettres.”
Moralité, soyez toujours curieux sur votre chemin. J’imagine qu’une grand-mère, attristée d’avoir perdu son petit message d’amour, sera toute surprise d’apprendre qu’il est arrivé à bon port. Et je plains les promeneurs qui ne se sont pas abaissés à retourner une enveloppe souillée, et qui se sont privés du petit bonheur du jour de faire une infime bonne action.
Télévision de qualité (Télé Québec), radio d’exception branchée en permanence dans la cuisine (Radio Canada, première chaîne, FM 95,1), concertos de Mozart dans le taxi, Beethoven dans le bus, suis-je tombé dans quelque Eldorado ?
Non, il ne faut pas rêver, il suffit de se promener rue Sainte-Catherine pour tomber sur une vitrine dédiée à la gloire juvénile de Lorie. Oui, vous ne rêvez pas, notre Lorie à Montréal. Pourquoi tant de haine de la part de mes compatriotes à l’égard de l’Amérique francophone ? Je propose un traité d’amitié franco-québécois (puisque Jean Charest semble bien introduit, sans chaperon fédéral, auprès de notre cher Jacquot), un traité de respect mutuel qui nous prometterait que chacun garderait ses merdes chez soi, sans velléités de les exporter en abusant de la faiblesse de nos marchés, en flattant nos instincts de facilité.
Il y a un sentiment qui m’imprègne ici, c’est celui de la précarité. J’ai l’impression que ce qui nous fait différer ici de la vieille Europe, c’est, non pas un sentiment du précaire (qui ne peut appartenir qu’au visiteur), mais le fait même de vivre le précaire. Les choses d’ici ne sont pas installées pour durer, elle sont là pour servir. J’ai un sentiment de provisoire, de fragile, de bercé au gré des flots. La pérennité ne semble pas une valeur, les gens sont plus dans l’instant. Nomadisme, tribulations, aventures, tout semble plus ouvert, plus acceptable. Je me sens comme fragilisé dans cet environnement, en perte de repères. Le tout est de bien vouloir se laisser bercer par le flot, sans résistance inutile, mais ce n’est pas tous les jours faciles. Bon dieu que le réfrigérateur est bruyant dans ce nouveau lieu de vie qu’est la cuisine, et mon ami l’écureuil semble s’être éclipsé la pluie venue.
Hmmmm…
Anne Archet : je vais mieux, je vais mourir.
De quoi définitivement plomber cette journée grise et pluvieuse. Si la vie était juste, cela se saurait. Allez, vogue la galère.
À lire chez Netlex : De la sale guerre à la guerre sale.
Guy
Mon Dieu, on la dirait vêtue de dentelle et toute émoustillée de devoir laver la vaisselle.
Laurent
Heu, cher Guy, je crains que le sens de ton commentaire ne m’échappe…
Guy
C’est ton commentaire sur le niveau de langage. Nous ne sommes pas assez recherchés à ton goût?
Laurent
De fait, c’est une maladresse d’expression qui peut être mal interprétée en accolant deux choses qui n’ont pas de relations de cause à effet. Donc, point 1 : j’ai plein de choses à écrire, ne serait-ce que pour garder trace de ce vécu actuel, donc mon écriture s’en trouvera relâchée (et parce que je n’ai pas le goût de me prendre la tête, plutôt de saisir des instantanés, et de privilégier la quantité à la qualité). Point 2. Québécismes et anglicismes car ils sont mon quotidien du moment, l’air que je respire, l’exotisme facile qui séduit le voyageur.
Guy
Nuances appréciées. Merci.
Laurent
Héhé, voilà que je me sens sous la surveillance d’un comité de lecture tatillon…. ;-) Mais enfin, il faut bien que je nourisse quelque peu ma réputation de prototype de Français chiant et méprisant, sinon, ça va pas être drôle. ;-) Rebond : Et si tout le monde découvrait un jour que je suis qu’un bon gars, ben ordinaire, tout gentil dans le fond, dont le cynisme n’est que la protection d’un coeur trop gros, qu’en sera-t-il de ma réputation on-line ?
lolo
Laurent, c’est toujours Kedlagueul ! Vous allez voir qu’il va nous refaire “la recherche” en trois semaines top chrono. Mais comment va cette chère “rue ste Catherine” ? En tous cas tes chroniques montréalaises me plaisent bien. Continue.
Guy
Laurent. Bien sûr que t’es un gars sympa, puisque le Lapin t’aime.
padawan
Je confirme, que d’la gueule le Laurent ;-).
Laurent
Mais, y m’agace ce Padawan…. ;-)
lolo
et moi ? j’ai couché avec les allemands ? non désolé !!
padawan
Je confirme, que d’la gueule le Laurent ;-).
Blah ? Touitter !