Les chiens
Le jour où l’on a appris sa mort, il y a eu un silence de mort. Et ensuite ils ont dit que c’était affreux, qu’il était déprimé et qu’il allait mal depuis cette affaire, et que c’était une honte que Mitterrand vienne traiter les journalistes de chiens. En réalité, les journalistes ont un pouvoir redoutable sur les individus. C’est une machine très mal maîtrisée et une corporation qui ne supporte pas la critique. Sauf si elle vient d’elle-même, posture hautement narcissique : je me critique car je m’adore. Des journalistes qui recopient à l’infinie de la mauvaise copie opiniâtre, influencée par des réseaux occultes, des préférences personnelles et les sommes considérables que sont parfois prêts à payer les éditeurs pour avoir des livres basés sur la puanteur et un voyage dans les égouts, tout ce système a contribué à détruire des hommes sous les deux septennats de Mitterrand : Charles Hernu, Roger-Patrice Pelat, Pierre Bérégovoy… Et d’une certaine manière, le livre de Pierre Péan a marqué l’aggravation de l’état de Mitterrand et son dépérissement très rapide car cela a été un choc considérable pour lui. Au passage, il n’avait jamais intenté un procès à un journaliste, mais il était face à une machine de guerre. Personne n’a eu à l’époque le courage de démonter le mécanisme. Je n’ai rien d’un chevalier blanc, mais j’ai eu honte d’être journaliste.
[Stéphane Trano, interrogé par Mathieu Maire du Poset pour le site officiel de Jack Lang.]
On peut également lire Stéphane Trano sur son blogue.
Je croise François Bayrou. “Vous savez que François Mitterrand voyait en vous un destin présidentiel possible ?” - “Nous nous aimions bien je crois” me dit-il un peu pensif. Mitterrand aimait bien, aussi, Nicolas Sarkozy. Un cran au-dessus, comme tous ceux qu’il aimait, pour le meilleur et pour le pire. [“Une saison de feuilles.”]
Il vient de publier “Mitterrand, une affaire d’amitié” aux Éditions de l’Archipel [ISBN 2841877930], un livre au titre “d’une bienveillance sans ambiguïté” comme l’écrit Ariane Chemin du Monde en guise de critique.
yves duel
le texte de Trano, que je ne connais pas, est complètement con.
Laurent
C’est un peu court, jeune homme.
le platane
Duel a peut-être tirer au plus court, mais c’est pas si con. Je ne connais pas non plus ce Trano et je ne lirais pas son bouquin, un de plus. Ce qu’il dit des bouquins de journalistes encouragés par les éditeurs est plutôt bien vu, mais alors pourquoi lui, journaliste aussi si j’ai bien compris, en écrit un à son tour, se lamentant dans son blog de n’être pas aussi cité qu’Attali ? Un jeune type qui écrit sur un vieux président mort depuis 10 ans, moi, ça me parait un peu suspect. Qu’il confesse aujourd’hui “avoir eu honte” (de quoi, du bouquin de Péan, de Plenel, de qui exactement) n’est à mes yeux pas à son honneur. Moi, j’ai honte pour lui quand je lis qu’il écrit “Bernie” pour Bernadette Chirac, alors qu’il n’oserait probalement jamais évoquer Danièle Mitterrand sous le surnom de “tatie Danièle”. Dans la profession, il n’y a pas que des chiens policiers. Il y a aussi des caniches…
yves duel
Comment ça, un peu court ? Ce type explique qu’il a eu honte d’être journaliste (change de métier, papy !) parce que 3 personnes qu’il cite ont été malmenées par des journalistes (Charles Hernu, Roger-Patrice Pelat, Pierre Bérégovoy), alors qu’il y avait de bonnes raisons de les malmener.
Fais bonne soeur, mon pote, si t’as les narines qui supportent pas la puanteur de la réalité !
Les hypocrites, j’aime pas.
Stéphane Trano
Salut à tous - A celui, aussi, qui juge mon texte parfaitement “con”, ou à cet autre qui me dit que “c’est un peu court”. Que de pages pourtant.
Est-ce que je peux me permettre de répondre brièvement ici ? Je ne crache pas dans la soupe. Je fais mon métier de journaliste depuis que j’ai 18 ans, et j’en ai aujourd’hui 37. Que l’on me dénie le droit de critiquer certaines pratiques de mes pairs, pourquoi pas, mais que l’on veuille, alors, bien prendre en compte que je fais aussi mon autocritique.
Ensuite, je crois que quelque chose a échappé à ceux qui me foudroient un peu vite. Je les invite à remonter au premier post de mon blog. Oui, c’est vrai, je suis un ami proche de Mazarine depuis de longues années. Lorsque mon premier livre est sorti à propos de son père, mes confrères ont oublié d’en parler, parce qu’ils passaient trop de temps à tenter de me convaincre de leur faire avoir une interview d’elle. Le même phénomène s’est reproduit cette année, et c’est pourquoi j’ai pris ma promotion en main.
Si certains se demanden pourquoi un auteur fait tout pour que son livre existe un peu, qu’ils considèrent la difficulté pour les libraires de vendre chaque mois des centaines de nouveaux ouvrages. Qu’ils considèrent aussi l’étroite distance qui séparent certains auteurs des journalistes avec lesquels avoir une interview n’est qu’une question de modalité. Non, je ne bouffe pas à la table des gens influents dans la presse. Enfin, mais cela dans le fond je crois que c’est un argument inaudible, j’ai payé seul les frais de mon enquête, et ils sont lourds, je paye seul ma promotion, j’achète mes propres livres pour les envoyer, et oui, j’ai besoin de gagner de quoi payer mon loyer. Aucune victimisation de ma part ici, mais de temps en temps, prenez les choses comme elles viennent et comme elles sont, plutôt que de balancer une bassine de mépris à la tête du premier venu.
Et pour ce qui est de Mitterrand, je suis prêt à refaire exactement la même chose pour le prochain sur la liste. Je vais d’ailleurs vous livrer ici un petit scoop. Dans un mois sort un livre qui raconte le troisième enfant de Jacques Chirac. Vous allez en entendre parler et quant à lui, je lui souhaite bon courage car ce n’est qu’un début.
Merci à tous et pardon de cette intrusion.
Stéphane
Laurent
(Le “c’est un peu court” s’adressait au commentaire lapidaire d’Yves Duel.)
“Un petit scoop. Dans un mois sort un livre qui raconte le troisième enfant de Jacques Chirac.” Ciel !
yves duel
Je persiste et signe, bien entendu.
Blah ? Touitter !