Le blogue de Lagacé
Y a plus. Il avait annoncé son départ du Journal de Montréal vendredi, lundi, plus de blogue. Un peu cavalier, comme le dit Épicure : “Patrick Lagacé passe à La Presse”.
“La logigue voudrait qu’il rejoigne aussi la confrérie des blogueurs de cyberpresse, mais naturellement je n’en sais rien au moment d’écrire ce billet. Comme Canoë semble avoir cavalièrement flushé toute trace du blogue de Lagacé, je ne sais pas ce que lui-même en a dit dans sa dernière intervention en ligne. C’est un des seuls journalistes-blogueurs qui semblait prendre plaisir à écrire régulièrement et ce sans trop de censure. J’espère qu’il gardera ses bonnes habitudes.”
Voici donc ce qu’il disait dans sa dernière intervention en ligne :
À propos d’une rumeur me concernant. C’est vrai.
Je quitte le Journal de Montréal.
Je me tape sur la tête parce que je voulais « bien » gérer l’annonce. Le dire au rédacteur en chef, d’abord, Dany Doucet. Aux autres boss et aux collègues/amis, ensuite. Aux gens de Canoë et de TVA, après. Mais bon, c’est sorti au conditionnel dans Le Devoir, ce matin, alors il n’y a plus grand-chose à gérer, mettons, la pâte à dents est sortie du proverbial tube de Colgate. Je suis à Paris cette semaine pour des tournages avec l’équipe des Francs tireurs. J’avais prévu annoncer la nouvelle lundi, à mon retour, en personne, à mon boss, comme un grand. J’ai dû le faire au téléphone, tabarslak, exactement ce que je voulais éviter…
Écoutez, il n’y a pas grand-chose à dire. Ceux qui espèrent un psychodrame où je me viderais le coeur vont être déçus, je n’aurai pas un mauvais mot pour le JdeM ou ses patrons. J’y ai été trop bien traité pour me mettre à vomir sur la boîte, aujourd’hui. Je suis entré en 1999 au JdeM, ça fait sept ans et demi. Sans rancoeur, sans animosité, je vais changer de décor. Le Journal de Montréal est un endroit que j’ai aimé passionnément, où j’ai grandi, où j’ai pu faire des trucs pas ordinaires, où j’ai couvert tant les poubelles des conseillers municipaux que les attentats du 11 septembre 2001, le monde des spectacles et les élections fédérales, sur le pouce. Tout ça dans une liberté totale, dans une belle folie. Le rédacteur en chef Dany Doucet a pris soin de moi depuis mon premier jour là-bas, parfois à coups de pieds dans le cul, parfois avec son gros crayon rouge qu’il utilisait pour éditer mes textes, parfois en me tirant la pipe, toujours avec une affection dépassant celle du mentor, bien plus proche de celle du grand frère. Ma reconnaissance envers Dany, un patron de presse qui fuit les feux de la rampe, est immense.
C’est aussi la fin de ce blogue, forcément. À tous ceux qui sont venus lire mes délires sur Canoë, merci. À ceux qui prenaient le temps d’y écrire, sachez combien vous m’avez fait tripper. À ceux qui venaient pour m’haïr, je souhaite une excellente journée, pleine de soleil…
Aux collègues, aux amis du 4545 Frontenac, z’avez pas idée comment mon coeur est gros. Et comment je me sens con que vous appreniez ça de même. Le reste, je vous le dirai en face, entre quatre yeux, ok ? C’est vous qui payez la bière, en plus…
Ciao.
P.S. Des infos sur l’avenir du blogue de Pat (merci Nadia !) :
Animateur d’un blogue très populaire sur le site Canoë de Quebecor, Patrick Lagacé, qui ne veut pas quitter ce lien privilégié avec les lecteurs, déménagera ce forum d’échange sur Cyberpresse.
« Cela a tout de suite fait partie des discussions avec les patrons de La Presse. C’était important pour eux comme pour moi que je puisse continuer à soumettre des sujets aux lecteurs et alimenter les discussions. J’ai hâte de voir si les gens vont me suivre. »
La Presse : “Patrick Lagacé se joint à l’équipe de La Presse”.
(Et, ne ratez pas la photo, je confirme ce que m’avait dit Martine, Patrick Lagacé est cute !)
P.S. bis. Encore, plus fort, Pat Lagacé chez Michel Dumais !
Pourquoi je pars ? Je ne veux pas m’étendre là-dessus. Les raisons spécifiques qui m’ont poussées à réfléchir à mon avenir m’appartiennent. Commencer le début d’une explication sentirait le règlement de comptes. Mais c’est sûr qu’il y a eu une sorte de rupture, bien évidemment. Cette rupture a provoqué une réflexion : est-ce que je veux rester ici ? C’est aussi nono que ça.
Sauf que c’est un peu comme un divorce : la responsabilité est partagée. Et chacun est convaincu d’avoir raison, dans sa version de l’histoire. J’étais convaincu, à l’os, d’avoir raison, dans mon histoire. Alors je suis parti, tout simplement, parce que moi, je n’ai pas de talent pour la morosité et je voulais à tout prix éviter de devenir comme ces inévitables piliers de salle de rédaction, que tout le monde connaît dans le milieu : aigris, chialeux, bougonneux. Alors je suis parti, that’s it.
[…] Un autre truc, lu sur un blogue, aussi : Canoë aurait « cavalièrement » déplogué mon blogue. Canoë a attendu 48 heures avant de déploguer la patente — dimanche après-midi — ce n’est pas ce que j’appelle agir de façon cavalière, dans le contexte d’hyper-compétition des médias. Je m’en vais bloguer/écrire chez le concurrent, les amis : je suis étonné que mon blogue ait survécu à la matinée de samedi.
Houssein
Il devrait se procurer un nom de domaine !
brem
Houssein: il ne veut justement pas se procurer un nom de domaine parce qu’il veut la protection juridique que son employeur lui procure en l’hébergeant.
Moumoune! ;)
Epicure
Chez Christiane Charette ce matin il a confirmé son arrivée sur Cyberpresse en décembre, alors que Richard Martineau migrera vers Canoë la semaine prochaine…
Merci pour le lien vers Michel Dumais, bien contente d’avoir eu l’heure juste version Patrick Lagacé.
Blah ? Touitter !