Je hais le patinage artistique. Ma mère adore ça, elle ne rate aucune retransmission télévisée. J’eus donc été bien inspiré de consulter le programme télé avant d’accepter son invitation à déjeuner ce samedi. J’y aurai lu “15 h - Patinage artistique, programme libre messieurs, commenté par Nelson Monfort, Annick Dumont et Philippe Candeloro”.
“Allo Maman. Bon, ce samedi, ça ne va pas être possible, j’ai un atelier sling-fisting niveau 2 dans la journée… Si on se disait dimanche ou lundi ?”
Piégé. Cela dit, faisant contre mauvaise fortune bon cœur et me disant que ça aurait pu être pire avec le championnat du monde féminin… j’ai tenté de m’intéresser au spectacle, entre jugements sur les anatomies des sportifs et espoirs, souvent récompensés, de voir le patineur se vautrer sur la glace à l’issue d’une tentative foireuse de triple salchow ou autre quadruple boucle.
Cela fut aussi l’occasion de découvrir qu’il y avait deux conceptions du patinage artistique. L’une, mâle hétérosexuelle, pour qui l’artistique s’efface au profit de la performance acrobatique, et l’autre, plus gaie, où l’esthétique compte tout autant que l’exploit.
Le podium final de ce championnat du monde était assez révélateur de ce partage.
En 3e place, le très féminin Johnny Weir (USA) — plus folle sur la glace que lui, tu meurs — surnommé dans son pays “the Ice Princess”.
En 2nde place, Brian Joubert (France), gueule de boxeur (et très beau cul), hétérosexuel — enfin, il faut le croire, puisqu’il aurait poursuivi en justice la miss France Lætitia Bléger qui avait le tort d’avoir laissé sous-entendre que Brian était homo.
En 1re place, l’adorable et souriant Jeffrey Buttle (Canada) — qui semble très gay, à moins que mon “gaydar” ne soit complètement détraqué, et donc je suis illico tombé amoureux —, qui a produit un programme impeccable, fluide, élégant et de grande qualité artistique.
Interrogé par Nelson Monfort en direct sur France 2, au moment où Jeffrey Buttle reçoit ses notes qui le placent en première position, Brian Joubert, le visage fermé et le regard noir, genre petite frappe (hmm… sexy), pète un câble. Il lâche avec une colère à peine contenue un “Je m’incline devant quelqu’un qui ne fait pas de quad, qui ne tente pas de difficultés. Donc, je vais vous dire les choses clairement, ça me fait chier, c’est tout !”, avant de partir hors cadre et planter là un Nelson un peu gêné. Nous admirerons l’esprit sportif et “fair-play” du Français… Et moi de me dire que finalement, le patinage artistique, c’est amusant.
Ce qui fait chier Brian Joubert, c’est qu’il n’y avait pas de quadruple saut dans le programme de Jeffrey Buttle alors que lui avait exécuté une quadruple boucle piquée. Ainsi, dans l’esprit de Brian, Jeffrey aurait volé son titre de champion de monde, au détriment du Français râleur bien entendu. “Les juges ne favorisent pas la prise de risques de certains patineurs. Les quadruples sauts ne sont pas assez bien payés.” Le sportif oublie un peu vite qu’il était 6e à l’issue du programme court (avec une chute sur un triple lutz), et que c’était déjà un exploit de remonter à la 2e place à ce niveau de compétition, et que si sa prestation au programme libre était physique, elle manquait de grâce et n’était pas techniquement suffisante (note technique 74,11 contre 84,29 à Buttle). (Et que dire de son atroce combinaison de lycra, aucun goût…) De plus, étant donné son avance en points, Buttle n’avait aucun intérêt à prendre des risques alors que Joubert y était condamné. Et si Joubert avait fait les trois quadruples promis, comme il avait fanfaronné, il serait probablement aujourd’hui médaillé d’or.
À l’occasion de cet incident (“drama off the ice” titre Reuters…), nous pouvons voir là ces deux conceptions du patinage artistique qui s’affrontent, l’une centrée sur le saut et la performance sportive, l’autre qui voit la discipline comme un tout et qui n’oublie pas le sens du terme artistique qui figure dans la dénomination de ce sport. Deux écoles, l’une nord-américaine, élégante et gay, l’autre française, enrichie à la testostérone et macho (rime avec Candeloro).
Jeffrey Buttle a réagi aux propos du Français en déclarant : “J’ai mérité cette victoire. J’ai fait deux programmes propres avec des éléments techniques forts. J’ai travaillé très dur sur tout, les sauts, les pirouettes, les transitions. Le patinage, c’est un tout, pas seulement des sauts.”
Le gracieux Johnny Weir a dit la même chose : “Il faut tout avoir, pas seulement les sauts”.
Voilà, je n’avais jamais parlé de patinage artistique sur Embruns. Ce fort malheureux oubli est réparé. Alors, heureux ?
geek |gēk| noun, informal: 1. An unfashionable or socially inept person. [with adj. ] a person with an eccentric devotion to a particular interest : a computer geek. 2. A carnival performer who does wild or disgusting acts.
Olivier Mermet ne comprend pas l’usage un peu dévoyé du terme “geek” dans la blogosphère française : “Arrêtez de vous considérer comme geeks”.
Parce qu’ayez en conscience, “geek”, c’est presque une insulte. Autant marquer “nerd”, “freak” ou “autist” sur vos headers. Le vrai geek, c’est le mec que vous avez tapé quand vous étiez au lycée, et, si vous êtes une fille, c’est à lui que vous avez brisé le cœur, juste pour rire.
Wikipedia: Geek. « Julie Smith defined a geek as “a bright young man turned inward, poorly socialized, who felt so little kinship with his own planet that he routinely traveled to the ones invented by his favorite authors, who thought of that secret, dreamy place his computer took him to as cyberspace — somewhere exciting, a place more real than his own life, a land he could conquer, not a drab teenager’s room in his parents’ house”. »
Wikipedia: Geek Chic (style).
Wired, 12/2001: “The Geek Syndrome”.
Eolas
Joyeuses Pâques à toi aussi.
GreG
Dieu est Dieu, mais la religion est bien une invention de l’Homme.
eustazio
Tiens je me demande quel livre ces officiels religieux espagnols utilisent pour en arriver a des conclusions aussi reprouvees… Et a quel point ils sont en rupture avec l’Eglise catholique en general.
Koz aurait surement une opinion interessante a ce sujet :D
karl, La Grange
Joyeuses Paques aux cyclistes
Bob
Hum, quelqu’un parlant espagnol pourrait-il nous traduire quelques citations du sieur Jiménez Losantos ?
Guillermito
L’Espagne Noire contre l’Espagne Rouge, c’est un combat fratricide qui dure depuis un millénaire. Et, en même temps et assez curieusement, beaucoup d’espagnols sont un peu entre les deux. Mes grand-parents, très catholiques (je me souviens de cet affreux Jésus en plastique phosphorescent sous son globe de verre qui me terrifiait la nuit), ont voté communiste toute leur vie, même après avoir passé les Pyrénées.
Blah ? Touitter !