עמק הסיליקון
Israël, entre high-tech et paupérisation.
Vos deux activités sont très différentes…
Si j’étais arrivé en Israël il y a trente ans, je serais parti dans un kibboutz travailler la terre. Aujourd’hui, si on se veut sioniste, il faut faire de la high-tech, car c’est l’avenir et l’assurance-vie du pays, mais aussi du social pour réparer tout ce que les autorités ont raté. Venir en Israël, pour moi, c’était un choix idéologique pur et dur. Je voulais participer au sionisme moderne. Quand je vois ce qu’Israël a accompli en soixante ans, c’est un petit miracle. Mais il y a aussi beaucoup de signes inquiétants dans notre société, une vraie crise des valeurs. On n’a pas encore cristallisé l’identité israélienne, on est davantage dans une agrégation d’individus. Le projet sioniste reste à construire.
Dans le domaine social notamment ?
S’il y a un truc qu’on a raté dans le projet sioniste, c’est bien la dimension sociale. […] Aujourd’hui, on vit dans une des sociétés les plus inégalitaires au monde, où 10 % de la population détient 80 % des richesses du pays. […] En Israël, 24 % de la population vit en dessous du seuil de la pauvreté, soit une famille sur quatre, ce qui place le pays parmi les plus pauvres de l’OCDE… […]
La lutte contre la pauvreté réside donc entre les mains de la société civile ?
Non, la société civile ne peut que proposer des solutions. La seule structure qui a les outils et les moyens reste l’Etat. Notre rôle est donc de le sensibiliser. Et ça bouge un peu. Lors de la dernière campagne électorale, la question sociale a été pour la première fois mise sur la table. Mais, c’est vrai, la montée en puissance de la société civile est un désaveu de la classe politique israélienne. C’est d’ailleurs un des dommages collatéraux dramatiques de l’essor de la high-tech : l’élite du pays ne va plus en politique, ni dans l’armée ; elle va faire du business.
[Libération, Alexandra Schwartzbrod : entretien avec Gilles Darmon.]
À l’occasion des 60 ans d’Israël, Libération consacre son édition d’aujourd’hui à la société israélienne.
(En titre de ce billet, “Silicon Wadi”, ou la Silicon Valley d’Israël.)
Dav
“l’élite du pays ne va plus en politique, ni dans l’armée ; elle va faire du business.”
Surtout, elle s’en va.
Blah ? Touitter !