Chez les journalistes autoproclamés, on ne partage pas l’analyse des « blogueurs autoproclamés » (on ne reviendra pas sur le débat oiseux au sujet de l’arlésienne des blogueurs influents). Guy Birenbaum, dont la distance critique est aussi courte que le prénom, livre sur l’excellent Post.fr (ironie inside) une réponse en forme de pamphlet à Embruns. Extraits :
Parce que, justement, rien n’est plus révélateur qu’une séquence comme celle-là et ce, quel que soit l’intéressé. […]
Parce que, justement, la différence entre la communication et l’information suinte uniquement dans ces interstices où la vraie personnalité affleure et se révèle.
Parce que, justement, tout politique et tout journaliste installé(s) sur un plateau sait/savent évidemment que, dix minutes avant l’antenne (et après encore), des caméras tournent, que les micros sont ouverts et qu’on les enregistre en régie… Et que, donc, tout peut sortir. Président ou pas. […]
Parce que Gloaguen, enfin, ne sait absolument rien des devoirs d’un journaliste. Le premier est simplement le devoir d’irrespect… […]
On y vient. Le rôle du journaliste n’est pas d’informer, mais d’emmerder. Chercher la petite bête, mener l’enquête indépendante, investiguer, chercher la vérité derrière la vérité officielle, démonter le complot. Tout cela, par irrespect. Par mission bienfaitrice et charitable. Alors, l’homme politique devient non pas un être respectable, mais un être potentiellement dangereux, manipulateur. Les mots qu’ils prononcent ne sont que des paravents, des écrans de fumée intolérables pour celer la vérité.
Et puis la politique, c’est quoi ? Un miroir aux alouettes ? Un jeu de l’être et du paraître. Procès de l’impuissance de l’action publique, dilution du politique et du diplomatique, asservissement de ceux-ci aux intérêts économiques (Kadhafi et le Tibet). Alors, en bon journaliste citoyen irrespectueux, on a le devoir de mépriser l’action publique, de bousculer les hommes politiques.
C’est cela, la « rhétorique de la désinvolture » qu’a analysée Michel Truffet. Une rhétorique qui naît directement avec la pratique underground du journalisme pendant mai 68 et s’institutionnalise dans les années 70 via la presse satirique de gauche ou d’extrême gauche, dont Hara-Kiri ou Charlie Hebdo. J’en ai parlé ici. Une rhétorique qui avilit l’action publique au moyen d’un ton irrévérencieux, mobilise le doute méthodique de Descartes au rang de principe réflexif, et utilise le mauvais esprit comme une marque de fabrique.
[Nick Carraway : “Off the record et rhétorique de la désinvolture”.]
ELM143
Ca vaut pour tous les domaines : prend une communauté d’intérêt, n’importe laquelle (boulot, famille, potes…) et plonge-z-y une pièce rapportée totalement étrangère, un conjoint de préférence, et il vivra un moment de la si difficile vie de CBS. Si elle n’a que ça comme souci, je ne vais pas m’en relever cette nuit.
Blah ? Touitter !