Moi, je suis très claire. S’il y en a un de meilleur que moi, qu’il y aille, je ferai même sa campagne en 2012. Mais pardon, pour le moment, je ne vois pas. J’aime cet argument stupide qui consiste à me dire : “Ségolène, protège-toi, le parti détruit toujours celui qui le dirige…” Eh bien soit ! qu’il me détruise. Puisque je suis nulle de chez nulle. Parce que c’est bien ça, non ? Je suis nulle de chez nulle. La bonne aubaine, le parti qui me détruit… mais non, évidemment, c’est un argument spécieux, abject. La vérité, c’est qu’on ne peut pas prendre le risque. On ne sait jamais… si on prenait le risque que le parti ait 700.000 adhérents, qu’on ouvre les grilles de Solférino, qu’on fasse revenir les artistes et les intellectuels, qu’on se remette à réfléchir joyeusement à la politique. Mon dieu, quelle horreur, cette femme est dangereuse, c’est une sorcière… Surtout pas elle… on ne sera plus chez nous (rires). (…) Le poison est entré si violemment dans ce parti. Et, eurêka ! ils ont trouvé une femme pour battre une autre femme. Avec l’idée que nous nous battrons au sang et qu’eux pourront ramasser la mise en 2012. C’est de l’inconscience à l’état pur, c’est de l’irresponsabilité, c’est une forme de perversion absolue. (…) Et pendant ce temps, les Français vont souffrir… Mais ils s’en foutent éperdument, ils ne pensent qu’à eux, à ce processus de congrès stupide.
[…] Avec moi, la rénovation était immédiate. Je lançais dans les cent jours une vaste campagne d’adhésion, tout le monde sur le pont à vingt euros. Et je déménageais. Dans un lieu vaste, clair, pas tarabiscoté comme Solférino, avec ses couloirs, ses escaliers. Non, un lieu moderne, sur deux plateaux, deux étages, très lumineux. Ah, c’est certain, ça aurait grincé, chouiné, tapé du pied, mais on déménageait. (…) J’aurais appliqué illico presto la démocratie participative, j’aurais créé une université populaire, on aurait fait revenir les jeunes des banlieues, ils seraient venus militer. C’est certain. Bref, il se serait passé quelque chose, un souffle, qui ne peut pas se passer de la même manière maintenant. Ce souffle de la présidentielle qu’ils cherchent absolument à éteindre, coûte que coûte, et que j’aurais su rallumer (…)
[…] Il ne cache pas son avidité, sa boulimie d’argent, de sensualité, de plaisir. Il y a une forme de cynisme poussé à l’excès, comme de la provoc permanente, celle d’un adolescent qui voudrait épater la terre entière. Sauf qu’il est chef de l’État. Il est l’enfant du SAC de Pasqua, il est l’héritier de Ponia. Et il est un vrai idéologue. Ultra-libéral. Et il s’en vante presque. Sa grande habileté a été de conjuguer cette forme d’amoralité et l’ouverture politique. C’est une stratégie de conquête assez classique mais très efficace. (…) Quand il m’a reçue à l’Élysée, peu après la défaite, pour parler de l’Europe, je l’ai trouvé assez médiocre dans le comportement. Il n’y avait pas de hauteur, d’allure, d’élan, de fair-play. Il aurait pu dire : “Félicitations, nous avons bien combattu, vous portez dix-sept millions de voix.” Non, rien, il était là, les bras ballants, à m’offrir des chocolats, à essayer de me faire parler de ma séparation d’avec François Hollande, à dauber sur des journalistes, à exhiber sa montre et à me dire qu’il était là mais qu’il aurait pu être ailleurs “à faire du fric”. Pas méchant mais pas l’allure. En fait, il est bien plus fade qu’on ne le croit. Sa force vitale est impressionnante mais c’est vraiment un m’as-tu-vu. Fade, c’est le mot que j’emploierais. Un petit gamin heureux d’être au milieu de ses nouveaux jouets, vous savez, le môme qui a gagné le pompon sur le manège. Avec sa petite étoile de shérif et son pistolet en plastique, son déguisement de cowboy. Il est monté sur le plus grand cheval et il a décroché le pompon. Bingo !
[Le Nouvel Observateur : “Les bonnes feuilles de Femme debout”.]
Gilles
Je comprends plus : d’un côté B16 accueille les Lefevriste (ortho non contract.) à bras ouverts, mais de l’autre, il rejette un négationniste ?
Vicnent
intellectuels catholiques : oxymore, paradoxe, stupidité ? Ben, les 3 mon capitaine :-)
ol
@vicnent la foi peut fonctionner avec un cerveau
Blah ? Touitter !