Néoracistes
[…] Où sont les “néoracistes” ? Si l’on en juge par les réactions qu’a provoquées notre une de la semaine dernière, consacrée à “Cet islam sans gêne”, il n’y a plus de doute : notre pays est affligé d’une nouvelle engeance aveugle et sourde, mais, hélas, pas muette.
Elle prolifère sur la Toile, dans les médias et l’intelligentsia, du moins dans celle qui a cessé de penser depuis la chute du mur de Berlin. Elle fonctionne au réflexe conditionné et ne sort de sa naphtaline que pour des indignations sélectives qui nous ramènent au temps de Panurge, son idéologue officiel. Elle n’avance qu’en meute et ne s’exprime qu’en choeur.
Son cogito : “Je m’insurge, donc je suis. ” Ou bien, plus consternant encore : “Je twitte, donc je suis.” Il a suffi que nous mettions le focus sur une fraction de l’islam, comme l’indique sans ambiguïté, sur notre couverture, l’adjectif démonstratif “cet”, pour que nous fussions aussitôt accusés de racisme anti-arabe ou anti-noir. Les bouffons ! Ils font preuve d’un insondable mépris envers ces collectivités humaines pour les réduire aux dérives marginales d’une religion dont on n’a pas omis de dire, dans ce journal, le respect qu’on lui devait.
Il est permis de secouer comme un cocotier le haut clergé catholique, pape compris, de fouiller dans ses poubelles pédophiles ou de se gausser, non sans raison, des excès des born again américains, mais, devant cet islam sans gêne qui nous occupe, il faut rester le doigt sur la couture du pantalon. Passez votre chemin, de préférence en fermant les yeux ; sinon, vous stigmatisez, et c’est interdit.
Or la vocation du journalisme, s’il en a une, n’est-elle pas de déterrer, d’exposer, de démasquer, donc de stigmatiser ? Nos flics idéologiques n’ont pas compris cela. Ils n’ont pas compris non plus qu’ils confondent les peuples et les religions. Nul ne dira jamais que tous les Américains sont mormons, tous les Allemands, luthériens ou tous les Britanniques, anglicans. Ou inversement. En revanche, il faudrait que tous les Arabes et tous les Noirs soient musulmans, appartenant de surcroît au courant revendicatif et minoritaire que nous décrivions dans notre numéro.
Nos marchands d’anathèmes montrent ainsi leur vrai visage. Ce sont des “néoracistes”, il n’y a pas d’autres mots pour les qualifier. Ils ne le font pas exprès, bien sûr, mais par peur, suivisme ou paresse, ils enferment, comme les colonialistes d’antan, des populations entières dans une identité religieuse qu’on peut être en droit de considérer comme simplificatrice ou caricaturale. Tels sont les effets de l’ignorance et de la condescendance. Honte à ces “néoracistes” !
Le Point, Franz-Olivier Giesbert : éditorial du 8 novembre 2012.
michel v
Le premier réflexe d’un(e) raciste pris sur le fait, c’est d’expliquer qu’il n’y a pas de racisme dans ses propos.
Le second réflexe, c’est d’expliquer qu’il y a projection et donc que c’est toi, lecteur(trice) outragé(e), le(la) raciste.
Alors bon, c’est quoi la prochaine une ? Un numéro “Ces juifs assoiffés d’argent”, qui ne parlerait que de quelques directeurs de banques, et qui ne serait donc pas antisémite ?
Mox Folder
Ce qui semble poser problème à FOG visiblement c’est que grace aux réseaux sociaux, la plèbe bénéficie de fait d’un droit de réponse. Ces journalistes du haut de leur rédaction ne sont pas habitués a être maltraités de la sorte. Ce que j’en retiens du moins c’est que le néo-raciste twitte, pour le reste j’avoue ne pas avoir compris grand chose à ce coup de colère…
JulienW
“devant cet islam sans gêne qui nous occupe”
“qui nous occupe”, oui oui.
sorcier
D’accord avec michel v, c’est quand même complètement aberrant ce raisonnement de la “projection”. Ou comment gagner sur tous les tableaux : non seulement je ne suis pas raciste, mais c’est ceux qui m’accusent de racisme qui le font.
D’autant plus que l’argumentation ici est complètement décousue. D’un seul coup ceux qui s’indignent de la couverture du point sont accusés de “confondre les peuples et les religions”. Quel rapport avec la choucroute ? Quel rapport avec la couverture et le dossier du point ? Inventer une position réthorique pour ses détracteurs, qui n’a rien à voir avec la réalité, puis la démonter, c’est effectivement facile.
Enfin, il faudrait que FOG se rende compte que le “cet islam” utilisé en titre ne peut pas renvoyer à une fraction des islamistes puisque le mot est un tout. A la limite, “ces musulmans” ou “ces fondamentalistes religieux” tiendrait le raisonnement. En employant “cet”, Le Point ne distingue pas un groupe des musulmans du reste des musulmans, mais bien la religion du reste des religions. Il faudrait arrêter un peu de tordre la réalité et au minimum assumer ses couvertures racoleuses…
OlivierJ
Je trouve plutôt pertinent ce qu’il dit, en particulier le paragraphe “Il est permis de secouer”, jusqu’à l’avant-dernier paragraphe inclus ; pour le dernier je ne le suis pas.
ossobuco
Ah ben Giesbert a trouvé des poubelles pédophiles maintenant… Il n’ose pas assumer son islamophobie à but lucratif alors après la beauferie, il donne dans la vertu outragée. C’est tellement téléphoné que je le soupçonne d’avoir écrit cet éditorial en même temps qu’il pondait la une de la semaine dernière.
Romain
Ce qu’il dit est plutôt intelligent et me semble correct pour l’approche du travail. Oui les journalistes font leur boulot quand ils dénoncent. Le problème n’est pas (tant) là. Le problème c’est de flirter avec les codes des islamophobes pour vendre. Là oui, c’est problématique et pose de graves questions de déontologie (…mais y’en a-t-il encore au Point ?)
Blah ? Touitter !