“Miscellanées”

blogosphère

Lettre à Édouard

Il est de ces amis qui parfois s’éloignent de vous, changent de ville ou de pays. Nous comprenons leurs motivations, nous souscrivons même à leur décision, pourtant, nous ne pouvons nous empêcher de leur en vouloir un peu. égoïstement, nous prenons cela comme un abandon, même si nous n’en disons rien, cachant nos sentiments contradictoires derrière des encouragements pour leurs destinées et des vœux de façade.

Quand un ami carnetier se décide à cesser, à s’interrompre, c’est un peu la même chose.

Je t’ai aimé dès que je t’ai rencontré, même si tu étais le signe avant-coureur de ces diaristes (sales bêtes) qui allaient envahir notre blogosphère et la détourner dans l’esprit. C’était un 9 février que je t’ai découvert. Il y a donc tout juste deux ans. Et, il y a presque un an, nous avions le plaisir de nous rencontrer.

Et voilà que ta présence quasi journalière va nous manquer. Nous y étions tant habitués que nous ne pouvions pas même imaginer qu’il y aurait une fin. Et c’est toujours triste quand une voix chère disparaît de notre quotidien.

Si nous pouvions avoir de temps en temps des nouvelles d’édouard, non-pas tous les jours, mais peut-être chaque semaine, ou pourquoi pas chaque mois, nous en serions tous heureux. Car nous voulons bien comprendre que, dans cette période de transition, tu aies besoin de recul et de plus de temps à consacrer à d’autres sujets, mais nous ne pouvons pas accepter cette rupture, d’être ainsi sevrés de charme et d’élégance à la new-yorkaise. Car vois-tu, les lecteurs ont des exigences. Nous serions même prêts à faire le sacrifice de ne pas te lire dans notre langue (même si j’imagine à l’aune de ton français que ton anglais doit être d’un haut niveau et sans doute difficile à apprécier dans toute son étendue avec mon monolinguisme triomphant).

Il y a bien peu de chances que je vienne un jour à New-York. Photos, empreintes digitales, données biométriques, tout cela ne sonne pas bien à mes oreilles. De plus, si je viens du Canada avec un passeport français, tout cela deviendrait probablement très compliqué, et je crois être fâché à vie avec toute autorité en uniforme aux frontières. Comme tant d’autres, les États-Unis ont été rayés de ma carte de destinations potentielles. Mais tu seras toujours le bienvenu à Montréal, qui n’est certes pas New-York, mais où l’on mange et boit bien et où la vie est douce.

Et reviens-nous sur la toile, à ta guise, pourquoi pas nous parler de Querelle

Tu nous manques déjà (je dis nous, car je sais que je ne suis pas seul).

À tes amours,

Laurent.

Des nouvelles d’édouard

P.S. Je me permets de te le resservir, Ned :

“Home is where one starts from. As we grow older
The world becomes stranger, the pattern more complicated
Of dead and living. Not the intense moment
Isolated, with no before and after,
But a lifetime burning in every moment
And not the lifetime of one man only
But of old stones that cannot be deciphered.
There is a time for the evening under starlight,
A time for the evening under lamplight
(The evening with the photograph album).
Love is most nearly itself
When here and now cease to matter.
Old men ought to be explorers
Here or there does not matter
We must be still and still moving
Into another intensity
For a further union, a deeper communion
Through the dark cold and the empty desolation,
The wave cry, the wind cry, the vast waters
Of the petrel and the porpoise. In my end is my beginning.”
TS Eliot.

1. Le 8 février 2005,
Matoo

’tain je n’étais pas bien sûr qu’il se carapate comme ça. :’(

2. Le 8 février 2005,
Jesse

Hey you two, get a room or something.

3. Le 8 février 2005,
Martine

Je seconde. Édouard va me manquer. J’aimais bien mes visites hebdomadaires à New York.

4. Le 8 février 2005,
yabonn

Toupareil. Esperons qu’il va se raviser.

5. Le 9 février 2005,
Lili

Ceci est pour Edouard (comme il a fermé ses commentaires, je ne sais pas où l’écrire, ’xcuse). Comme toi, j’écris avec cette langue qui ne m’appartient pas. Je fus une îlienne, et je suis devenue une continentale. Je viens du même pays que Sous la Croix du Sud. Tu as été ma promenade quotidienne, parfois à l’heure du déjeuner, et d’autres fois à l’heure du coucher parmi quelques uns dont Embruns, Pierre Carion, Pasfolle et Veuve Tarquine. Je n’imaginais pas (pas encore)passer vers chez toi, et trouver porte close. Comme Embruns, égoïstement, j’ai envie que cette porte soit entrebaillée de temps à autre, le temps que nous puissions te dire bonjour et que tu nous répondes que tout va bien! Bon vent, Edouard. Tu nous manqueras!

6. Le 9 février 2005,
magoua

Moi aussi faute de laisser un commentaire chez l’intéressé je le remercie de sa présence. J’ai toujours aimé son style, ce sourire en coin à la fois détaché et très présent. Espérons qu’il nous revienne. Espérons que Laurent Karl ou d’autres ne fassent pas le même coup lâchez-pas les gars…

Blah ?