Journal de bord

lundi 24 mai 2004

Vers une écologie raisonnable ?

James Lovelock : Only nuclear power can now halt global warming. [Libération : Le quotidien britannique publie un plaidoyer pro-nucléaire du père de “Gaïa”.]

1. Le 24 mai 2004,
neige

Voici ce que déjà Lovelock écrivait, en compagnie de M. Allaby, dans A GUIDE TO GAÏA.,1989.

«… the only alternative that really can provide the amount of energy we need is nuclear power… Environmentalist opposition to nuclear power will make this difficult, but attitude can change. Unless they change, such obstruction may be directly reponsible for the most serious environmental catastrophe threatening us. This opposition is based on a quite irrational fear of the process and products of radioactive decay. … all life evolvedin a radioactive environment… »

Bref ils font l’éloge de cette forme de production d’énergie, que la gestion des déchets des centrales est raisonablement gérable. Lovelock n’est pas écolo comme l’écrit Liberation, penseur, visionnaire peut-être, mais pas écolo.

Puis, il n’a sans doute pas tout à fait tort. Par exemple, les barrages, toutes les rivières qu’on a détruites, détournées ou assèchées, les réservoirs contaminés au mercure, les populations déplacées (comme dans les 7 Gorges en Chine) c’est pas diable mieux. Mais ce qu’on peut douter, c’est la bonne gestion du nucléaire. Ce qui fait qu’au même moment,, même année presque, Albert Jacquard écrit « Le suicide nucléaire… il faut empêcher le massacre de l’humanité. » dans le livre “Cinq Milliards d’Hommes dans un Vaisseau.”

Alors qu’est qu’on fait ?

2. Le 24 mai 2004,
Damien Bonvillain

On relance Superphénix pour pouvoir recycler nos déchets nucléaires bien sûr, parce que pour l’instant les déchets du pétrole c’est dans les poumons des citadins qu’ils sont recyclés.

3. Le 24 mai 2004,
karl

Il parle de l’énergie nucléaire à fission ou à fusion, car les conséquences écologiques ne sont pas les mêmes du tout. La fission (nucléaire des centrales actuelles) produit des éléments radioactifs, noyaux d’atomes cassés et instables. La fusion quand à elle ne produit pas d’éléments radioactifs dangereux. En cela le nucléaire pourrait en effet être une solution. Le problème actuel, c’est que l’on maîtrise très mal la fusion pour ainsi dire pas du tout dans le cadre de la production énergétique.

Une autre question plus importante, produire plus d’électricité mais pour quoi faire exactement, augmenter la production des autres produits, pour accélérer un peu plus la société de consommation, les pays riches vivent aux dépends des pays pauvres et de leur état précaire. Continuer à grossir ou mieux partager les ressources et surtout les entretenir.

Je me demande si chacun de nous accepterions de laisser tomber notre connexion internet, notre bagnole, etc.

4. Le 25 mai 2004,
neige

Pas trop certaine Karl … dans le livre que j’ai ’A Guide to Gaïa’ 1989, il semble vraiment parler d’énergie nucléaire traditionnelle et de ses déchets etc. - en tout cas il n’est pas question de fission, plus propre. Maintenant, pour sa remarque plus récente, peut-être qu’il mentionne la fission. En ce qui concerne la sur-production c’est bien vrai - pourquoi tant, et quand çela va arrêter ?

5. Le 26 mai 2004,
Damien Bonvillain

Attention à la notion de surproduction quand on parle d’électricité. Ca n’est pas du pétrole, ou de la nourriture, ça ne se stocke pas à grande échelle. La production d’électricité est donc assez peu découplable de la demande. On peu avoir un trop plein de capacité de production, mais quasiment de surproduction.

6. Le 26 mai 2004,
karl

Neige: Fusion propre (futur?), Fission sale (maintenant).

Damien: Je parle de capacité productive, l’électricité en elle ne pollue pas dans son stockage surtout qu’on ne peut pas la stocker. Si la capacité à produire de l’électricité augmente, cela permet également de produire de nombreuses autres choses, et donc de permettre la surproduction dans d’autres domaines, et donc du déchet. En naif et simple, pourquoi je fermerai la lampe allumée dans le couloir puisque l’électricité est là à profusion. Pourtant l’ampoule a une vie limitée, je l’utilise plus vite, je dois la jeter quand je n’en ai plus besoin la remplacer par une neuve. Plus de déchets, plus de productions d’objets.

Blah ? Touitter !

La grosse dame d’à côté

La grosse dame d’à côté fait une vente de garage.

Elle est là, assise sur les marches du perron, immobile et impériale, dominant silencieusement son étalage de bébelles, cossins et autres patentes à gosse, ce vide-grenier de choses éviscérées d’utilité et d’ordinaire promises au rebut.

Elle a le regard au loin, fixe, comme si elle était rêveuse, peut-être d’une autre vie que celle dont ces objets, rangés le long du trottoir, veulent bien témoigner. Elle est là, au milieu de ces épaves livrées au regard tantôt méprisant, parfois curieux, le plus souvent indifférent et aveugle du passant qui a d’autres idées en tête, en ce samedi ensoleillé, que d’accorder un peu d’attention à cet étalage impudique, tendre et un peu miséreux.

Peut-être rêve-t-elle de sa Grèce natale ? Un autre ailleurs ? Un passé recomposé ? Je ne sais pas. Il y a comme une beauté tragique et forte dans les traits empâtés de son visage, une fierté qui anoblit ce que j’imagine être une déchéance. Ou peut-être est-ce moi qui me fait mon cinéma. C’est juste une énorme, une lourde femme habillée de noir, qui a le regard dans le vide faute de pensées. Peut-être n’avait-elle d’autre destin que de se retrouver ainsi exposée, au milieu des vestiges usés de son passé, sur un perron un peu sordide de l’avenue Parc, coincée entre une échoppe de location de vidéos XXX et un vendeur de souvlakis graisseux, dans l’espérance de quelques piastres qui améliorait l’ordinaire. Et ici, ou ailleurs, quelle importance au final.

Et puis, que reste-t-il de la vie, sinon une collection de bébelles et de souvenirs épars et délavés ? Si tu faisais un inventaire, combien de choses bancales ou ébréchées aurais-tu à exposer sur le perron de l’agitation futile qui résume ton parcours ?

Mais, pourtant, tu l’as trouvé belle, touchante. Tu as balayé son étalage d’un regard intimidé, tout en marchant aux côtés de ton compagnon, puis, quelques pas plus loin, tu t’es arrêté, comme pris d’un regret soudain de laisser une occasion manquée. “As-tu vu le cendrier ? en forme de poisson ?” Encouragé par mon homme, je rebrousse chemin, me saisis de la chose qui avait agrippé mon regard au milieu des babioles. Et la dame me sourit, m’annonce trois dollars. Fébrilement, je lui tends un billet de cinq. Et puis, nous repartîmes sur notre chemin. La dame est repartie dans ses rêves sans fin. Et j’avais un peu plus de soleil dans mon coeur, et une jolie bébelle à trois piastres dans mon sac.

Un genre de sardine en céramique que je laisserai à Montréal, qui attendra mon retour, et qui finira peut-être un jour sur un trottoir de la ville, un jour de printemps, dans l’attente d’un nouveau possible.

poisson en céramique

1. Le 25 mai 2004,
Martine

À force de vivre au Québec, te voilà devenu un véritable Michel Tremblay! Beau texte!

2. Le 25 mai 2004,
Laurent

À force de vivre au Québec, ma langue est polluée de québécismes… ;-)

Blah ? Touitter !