Atroce
“Volodia s’attarde aussi sur le visage d’une des deux femmes prisonnières, la forçant à regarder vers la caméra. Image atroce car humiliée, aussi parce que cette femme est belle comme échappée d’un film de Vertov ou d’Eisenstein.”
[Libération : Jean-Pierre Thibaudat, Images brutes de Tchétchénie. Un soldat russe a filmé la guerre de l’intérieur. Le document est diffusé ce soir sur Canal +.]
Si l’article est à lire, je bute sur cette phrase. “Atroce” car c’est une femme, pourquoi pas (et encore, ça se discute), mais aussi et même plus “atroce” parce que cette femme est belle ? Certains journalistes devraient se priver de verser dans le lyrisme à deux balles, ou de se prendre pour Marguerite Duras(*). La laideur pourrait-elle rendre moins atroce l’humiliation et la mort d’un être humain ? La muer en plus acceptable, compréhensible ? Non, atroce était un adjectif définitivement mal choisi, mais révélateur d’une certaine psyché.
(*) “Sublime, forcément sublime”, publié dans le même quotidien en 1985, à propos de Christine Villemin, “héroïne” de l’affaire du petit Gregory.
Martine
J’ai immédiatement sursauté à la lecture de ce passage et j’ai été soulagée de voir que tu l’avais cité pour souligner sa bêtise! C’est une remarque absolument ridicule mais malheureusement on entend très souvent ce genre de choses. L’auteur de ces lignes ne comprendrait probablement pas pourquoi il y a offense. Décourageant.
Blah ? Touitter !