Journal de bord

jeudi 10 janvier 2008

Retenue

Prenons par exemple le milieu souvent “coincé du cul” et “sérieux” qu’est le monde du travail. Imaginez vous dans une entreprise à un poste de responsabilité, avec une équipe sous vos ordres.

D’un côté, vous tenez votre blog où vous adorez faire des vidéos où vous exhibez vos fesses tout en souriant à la caméra. De l’autre, vous jouez le rôle du tirant tous les jours de la semaine en costard-cravate.

Bon là je prends des extrêmes… Mais d’après vous, que vont pensez les gens que vous dirigez ? À mon avis, il y a un fort risque de pas être pris au sérieux et de perdre sa crédibilité :D

D’ordre général, bien souvent les blogs sont “orientés” : il y a les blogs sérieux avec des gens qui prennent soin de leur image, genre Loic Le Meur, et les blogs plus décalés comme Embruns qui en jouent.

Perso, sur un blog, comme dans la vie, j’aime bien être libre de pouvoir faire un peu tout : écrire très sérieusement sur un sujet qui me tient à coeur, ou à l’inverse faire l’idiot dans un podcast.

Mais quelques fois honnêtement : j’ose pas ! Bien souvent, je commence à rédiger un article et je me dis “arf non, ça risque de me retomber sur la gueule un jour”.

[Pierre-Yves Jamon : “Quelle retenue doit-on avoir face à son propre blog ?”]

Ayant plusieurs fois exhibé mes fesses sur mon blogue, je ne crois pas pour autant que mes collègues me prenaient moins au sérieux. Ils peuvent apporter leur témoignage dans les commentaires s’ils le souhaitent.

Peut-être ais-je eu de la chance, jamais ce que j’ai publié (et je suis parfois allé très loin, que ce soit dans l’intime ou au-delà de la bienséance) ne m’est retombé dessus. Au contraire même, chez les clients par exemple, il y avait ceux qui me lisaient et qui s’arrangeaient souvent pour glisser une allusion pour me le faire comprendre. Comme un clin d’œil complice, cela n’allait guère plus loin. Les gens savent généralement faire la part des choses, séparer le professionnel du web du blogueur. Mon statut de blogueur suscitait souvent la sympathie, au pire l’indifférence.

Cela dit, je n’ai pratiquement jamais parlé de mon travail sur ce blogue, il faut éviter le mélange des genres.

1. Le 10 janvier 2008,
Olivier G.

D’autant plus qu’on a normalement pas à être un tyran dans son travail si on le fait correctement et que les autres le voient (et le reconnaissent).

2. Le 10 janvier 2008,
XIII

Si ça crée une forme de connivence avec un client, si ça facilite le contact, ça peut être plus un avantage qu’un inconvénient, professionnellement parlant…

3. Le 10 janvier 2008,
Mr Peer

Etant un des ex-collègues, je peux confirmer qu’il n’y a jamais eu de problème de crédibilité pour Laurent alors que nous avions vu ses fesses ;-) (Après, la personnalité joue énormément dans ce genre de chose. Par exemple si on est beaucoup plus timide dans la “vraie vie” que sur le web…)

4. Le 10 janvier 2008,
Miklos

« Il faut éviter le mélange des genres » – ça dépend des genres. Un blog peut être personnel sans être intime, ce qui est le cas du mien : j’y parle des sujets qui m’intéressent, et de ce point de vue il recoupe forcément mes intérêts professionnels – j’ai cette chance d’y faire ce que j’aime et inversement. Il est arrivé que des collègues me disent avoir lu quelque chose sur mon blog que je n’avais pas forcément écrit ailleurs ; c’est le cas pour des sujets qui peuvent toucher à mes compétences professionnelles mais qui me semblent avoir un intérêt plus général, et à propos desquels je peux m’y exprimer plus librement (style et vocabulaires moins formels, plus d’ouvertures sur des sujets connexes, etc.) de cette façon. J’y parle aussi de bien d’autres domaines qui n’ont pas trait à ma vie professionnelle.

Quant à la vie intime (« qui reste généralement caché sous les apparences, impénétrable à l’observation externe, parfois aussi à l’analyse du sujet même »), pour ceux qui tiennent à éviter le mélange : soit ils la gardent pour eux (et leurs proches) soit ils s’arrangent pour en parler publiquement de façon « détachée du sujet même »…

5. Le 10 janvier 2008,
Daniel Glazman
6. Le 10 janvier 2008,
Laurent Gloaguen

@Daniel : rire, ça c’est du dégât collatéral.

7. Le 10 janvier 2008,
versac

En fait, la question devrait plutôt être : quelle retenue doit-on avoir vis à vis de son boulot ?

8. Le 10 janvier 2008,
Patrick

Le respect de vos collaborateurs ou de vos clients ne passe absolument pas par le fait qu’ils aient vu vos fesses ou votre service trois-pièces. Il tient au respect que nous avons vis-à-vis d’eux, à la qualité des rapports humains et du travail fourni. Tout cela, bien entendu, si ce n’est pas un acte de provocation et d’exhibitionnisme quotidien. Pour le reste, ne pas parler d’eux, par conséquent de son travail, me semble effectivement une règle d’or. À éviter quand même les prises de téléphone qui nous éloignent de l’essentiel. ;-)

9. Le 10 janvier 2008,
NoPageRank

Tu es tellement impudique sur ton blog, qu’au final ça ne veut plus rien dire. Tu joues le personnage du blogueur qui s’exhibe, et ça ne fait que t’emmurer dans un secret toujours plus grand.

Comme tu l’as dit dans ton billet sur miss France, tu t’es fabriqué une autre pudeur, une pudeur qui t’est propre.

10. Le 10 janvier 2008,
Collègue de Laurent

Je suis un collègue de Laurent et, sur son invitation, je tiens à préciser qu’il a perdu à tout jamais la considération de l’ensemble de la boîte, ainsi que de la place de Paris. Seule la crainte qu’il inspire et la violence de ses réactions nous empêchent d’en témoigner à visage découvert.

11. Le 10 janvier 2008,
Laurent Gloaguen

Niaiseux ;-)

12. Le 10 janvier 2008,
xave

L’autre solution, c’est d’aller bosser à poil, non ?

13. Le 10 janvier 2008,
padawan

Intéressant. Selon ta définition je pratique le mélange des genres depuis plus de 5 ans, mes blogs touchant aussi bien au professionnel qu’au personnel, à l’intime même. Ça ne m’a jamais nui, ça m’aurait plutôt bien réussi en fait. Je ne crois pas que tout le monde fasse la part des choses, certains le font, d’autres jettent un voile hypocryte en feignant l’ignorance (il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir), d’autres encore (la majorité, je crois) ne regardent que la surface des choses (cf. le culte stupide et très anglo-saxon de la première impression).

Ceci dit j’ai toujours ce doute permanent qui, parfois, m’empêche, au dernier moment, de publier un texte que j’ai pourtant écrit parce que j’en avais besoin. Je t’en ai envoyé un exemple aujourd’hui, il faudrait que j’analyse un peu mieux pourquoi celui-là est juste à la frontière du non-publiable pour moi. On touche-là à des frontières qui sont individuelles et variables dans le temps (et le caractère quasi intemporel, sans droit à l’oubli, de la publication web complique encore plus les choses).

14. Le 10 janvier 2008,
Damien B

De l’autre, vous jouez le rôle du tirant tous les jours de la semaine en costard-cravate.

Je croyais que c’était interdit le harcèlement sexuel ? A moins qu’il arrive à tirer son coup en costard-cravate sans harceler, mais que diable, pas en public au travail, il faut penser à ses collègues qui essayent de bosser.

15. Le 10 janvier 2008,
Ouinon

Je pense que ce doit aussi dépendre du statut professionnel (salarié, indé, patron, étudiant) et de la nature du métier. En ce qui concerne mon blog, je prend généralement soin de de pas trop parler de mes projets de graphiste indé ou de mes idées sur le métier, d’autant que c’est une profession qui est un peu sujette aux avis de n’importe qui. Même avant d’avoir mon blog perso, j’ai toujours pris soin de rester totalement anonyme dans mes contributions sur forums et blogs spécialisés, pour qu’aucun de mes avis ne puisse pénaliser mes clients ou les autres designers avec qui je travaillais parfois. Dans le genre, je me souviens que Peter Gabor a souvent été critiqué par ses pairs à propos des analyses de son blog, ce qui est plutôt gênant lorsqu’on est enseignant et que élèves et clients peuvent lire son blog. Bref, en ce qui me concerne, je fais gaffe avec le côté pro — si j’avais été salarié, peut-être serai-je plus insouciant, je ne sais pas.

16. Le 10 janvier 2008,
Pierre-Yves

Très intéressantes et “rassurantes” ces réactions !

Bon et je précise aussi ici que je me suis planté, je voulais écrire “tyran” et pas “tirant”…

Bien que l’interprétation de Damien B est pas mal ^^

17. Le 11 janvier 2008,
Eolas

Je suis entièrement d’accord. Et comme moi, je parle de mon boulot sur mon blog, tu ne verras jamais mes fesses.

18. Le 11 janvier 2008,
Mr Peer

Tu viens de briser le rêve de la moitié de tes lecteurs Eolas ;(

19. Le 12 janvier 2008,
Anne Onyme

Je confirme, Mr. Peer.

Blah ? Touitter !

50 choses

Eric Zorn: “50 things I’ve learned in 50 years, a partial list in no particular order”.

1. Le 10 janvier 2008,
Manu

Intéressant, un peu long.

Je préfère celle ci : “Twenty-Five Things It Took Me Over 50 Years To Learn” by Dave Barry

Blah ? Touitter !