Journal de bord

vendredi 3 juin 2011

Caricatural

Pierre Culliford, né en 1928, ne s’intéressait pas à la politique. Selon les spécialistes, son village des Schtroumpfs ne se voulait certainement pas un microcosme de la société communiste soviétique — comme on l’a suggéré à une époque aux États-Unis.

Bien sûr, on a affaire ici à un jeune polémiste (auteur entre autres de Je suis de droite et je vous emmerde !) qui publie un livre décryptant joyeusement une bande dessinée populaire, à deux mois de la sortie d’un film américain qui s’en inspire. Antoine Buéno a raison : il ne faut pas trop le prendre au sérieux.

Les œuvres sont indissociables de leur époque. On a retenu, avec raison, que Tintin au Congo véhiculait des stéréotypes racistes. L’image de la Schtroumpfette a certainement été marquée par le machisme exacerbé des années 60. Mais laisser entendre, même sur un ton mi-sérieux, que la série des Schtroumpfs est antisémite parce que Gargamel a un nez croche et qu’il aime l’argent comporte à mon sens un réel danger : celui de céder à une forme de révisionnisme, une tendance lourde par les temps qui courent.

Je ne suis pas convaincu qu’il y a eu une flambée d’antisémitisme, ni même le germe d’un sentiment hostile face aux Juifs chez de jeunes lecteurs, lorsque le premier album des Schtroumpfs est paru en 1963.

On ne peut empêcher un polémiste de polémiquer, ni d’interpréter une oeuvre de manière à servir un discours séduisant pour les médias.

La Presse, Marc Cassivi : “Le péril bleu”.

“J’adore les Schtroumpfs, je voulais juste avec mon livre expliquer que les œuvres populaires nous en apprennent beaucoup de la société dont elles sont le fruit. Je n’accuse pas Peyo lui-même de racisme, sinon vous imaginez qu’il m’aurait déjà attaqué.” — Antoine Buéno.

Surtout qu’il est mort en 1992.

Bon, il est vrai que la Stroumph-nymphette est une ravissante idiote (mais qui n’en n’a pas connue de réelles…), créature du diable (créée d’argile par Gargamel), qui fait tâche dans une société éminemment homosexuelle… Et, c’est bien connu, mettez une fille dans une assemblée masculine, et c’est tout de suite le bordel, ce que souligne Peyo. Pour le reste, ce qu’écrit Buéno des Schtroumphs relève plus de la bêtise à nourrir les médias que d’autre chose.

(La légende dit que Peyo a créé le personnage de Schtroumphette irrité qu’on lui demande régulièrement si ses Schtroumphs étaient homos.)

1. Le 3 juin 2011,
Largy

Et s’ils sont bleus c’est uniquement parce qu’ils ne sont pas suffisamment cuits !

2. Le 3 juin 2011,
Arfff

Le plus incroyable de cette histoire est la faculté des médias a insulter presque toute les semaines les gens d’antisémitisme depuis près de 70 ans sans que personne ne bronche.

“Je n’accuse pas Peyo lui-même de racisme, sinon vous imaginez qu’il m’aurait déjà attaqué.” — Antoine Buéno.”

Admirez la fauxculterie du personnage qui est toujours celle des gens à qui on confie ces basses besognes sionistes. En psychanalyse, quand quelqu’un dit qu’il ne veut pas fait pas quelque chose, alors que personne ne lui demande rien, c’est qu’il veut ou est en train de le faire.

3. Le 3 juin 2011,
Mox Folder

Moi j’ai toujours vu les schtroumphs comme un peuple totalement asexué… jusqu’à l’arrivée de la schtroumphette.

4. Le 3 juin 2011,
Tante Léonie

Plus que celle des Schtroumpfs, c’est la sexualité du lieutenant Blueberry qui m’a longtemps préoccupé, jusqu’à l’album Chihuahua Pearl où je cessais de le lire. Enfant (et comme Max Folder le note à raison), les Schtroumpfs m’ont toujours paru en dehors de la sexualité ne serait-ce que parce que Peyo leur a dessiné des sortes de leggings ne laissant place à aucune ambiguïté tellement il est clair qu’il n’y a rien en-dessous - sauf à considérer que l’homosexualité peut n’être qu’une vue de l’esprit, ce qui serait un peu triste. C’est pourquoi aussi la Schtroumpfette m’a toujours paru un personnage raté et triste, triste parce que l’incarnation de la différence et de la solitude qui s’ensuit. Je n’avais pas remarqué que les Schtroumpfs étaient plus intelligents qu’elle, ceci dit. Un jour il faudra bien parler des Pieds Nickelés et de Bibi Fricotin, aussi.

5. Le 3 juin 2011,
Guillermito

“Le Schtroumpfissime”, c’est quand même un album éminemment subversif et politique, qui instille chez les plus jeunes une méfiance nécessaire a l’égard des totalitarismes et autres monarchies. “Schtroumpf Vert et Vert Schtroumpf” doit être fameux au Québec, puisqu’il décrit la division d’une société basée sur une différence linguistique. “Les Schtroumpfs et le Cracoucass”, c’est digne de Mary Shelley. “Le Schtroumpf Noir” parle de la différence.

Mon préféré, c’est “Le Cosmoschtroumpf”, très poétique, sur l’envie de voyager et d’explorer de lointaines contrées.

Et toutes ces citations de mémoire, 30 ans après. Comme quoi, je me souviens nettement mieux de l’oeuvre de Peyo que de celle de Molière, Balzac ou Stendhal.

6. Le 3 juin 2011,
Ultimo

J’ai jamais trop compris l’intérêt des Schtroumps … même petit ! Bizarre mais bon je crois que ce qui m’a “désolidarisé” de ce phénoméne c’est le remplacement continuel des verbes ou de certains noms par le mot schtroumpf. Je sais que c’est censé être drôle mais à 7 ou 8 ans cela me gavait solide et ne me faisait pas rire. Peut-être que je trouvais cela trop compliqué ou pas logique ou trop scientifique … enfin bref, je préférai les Mystérieuses Cités d’Or …

8. Le 4 juin 2011,
OlivierJ

Ça me sidère toujours de voir certains adultes prêter aux enfants des façons de voir qu’ils n’auront que plus tard (leurs préjugés, en somme).

J’ai beaucoup aimé lire les Schtroumpfs et je n’ai rien vu de tout ça. Pour ma part, je les voyais plutôt comme des garçons mais asexués, sauf quand la Schtroumpfette arrive mais ça reste dans l’esprit d’un écolier plutôt que d’un adolescent ou adulte.

Je suis Guillermito sur ses 2 premiers paragraphes, et j’avais également beaucoup aimé le Cosmoschtroumpf.

Je trouve fatigants et contre-productifs ceux qui voient du racisme partout. Même quand j’ai lu Tintin au Congo enfant, c’était le côté exotique avec les animaux et les situations qui me plaisait, et ce que j’ai pu penser sur les africains, c’était probablement qu’ils étaient gentils et moins avancés techniquement ; pas vraiment de quoi voter FN plus tard.

9. Le 4 juin 2011,
Jean

@ Karl

Quand on lit dans l’article que tu laisse en lien : “But there is another, more plausible, explanation. Facebook and Twitter are, of course, American social networks. In France, they are regarded, at least implicitly, as symbols of Anglo-Saxon global dominance — along with Apple, MTV, McDonald’s, Hollywood, Disneyland, and other cultural juggernauts. That there is a deeply-rooted animosity in the French psyche towards Anglo-Saxon cultural domination cannot be disputed; indeed, it has been documented and analysed for decades. Sometimes this cultural resentment finds expression in French regulations and laws, frequently described, and often denounced, by foreigners as protectionism” … On se dit que le type est peut-être un journaliste de la Fox. Tout au plus il n’a rien compris. C’est de la publicité clandestine et il n’y a pas de raison que ces entreprises soient au dessus des lois qu’il se doit de respecter aussi bien que pour Elf ou Bouygues.

On est convaincu qu’il n’a vraiment pas suivi quand il se pose la question : ”Meanwhile, it will be interesting to see what ingenious ways French television and radio networks come up with to drive their audiences to their Facebook pages and Twitter accounts while remaining within the spirit, if not the letter, of this preposterous regulation.” Or, il n’est pas interdit aux chaînes de laisser sur leurs sites web des liens vers leurs pages de réseaux sociaux et c’est ce qu’elles font. WTF ?

10. Le 4 juin 2011,
Karl, La Grange

@Jean Je trouve la décision du CSA idiote car difficilement applicable. Cependant je la trouve raisonnable (je ne suis pas à une contradiction près) dans la volonté de s’extraire du branding. Je n’envoie pas aux gens un hotmail ou un gmail, j’envoie un mail. En revanche j’utilise un frigo et j’ai toujours dit mobilette.

La vraie question qui n’est pas abordée et qui n’est pas du domaine du CSA c’est l’utilisation de protocoles ouverts afin de communiquer et indépendants des entreprises qui les utilisent.

Google, Microsoft, Yahoo, etc. utilisent SMTP, POP, IMAP pour le mail. Ces protocoles sont indépendants de la marque et permettent donc l’interopérabilité.

De twitter, je ne peux pas envoyer un message à quelqu’un de Facebook et vice-versa. Protocoles fermés.

11. Le 4 juin 2011,
Karl, La Grange

@OlivierJ Est-ce que James Cameron a trop lu Peyot quand il était jeune.

12. Le 4 juin 2011,
Jean

Cette décision est logique car il s’agit de deux noms de marques. Il en existe d’autres, peut-être moins populaires, qui offrent le même type de service et même Diaspora bien prometteur qui AMHA ne devrait pas être concerné par l’interdiction. En fait les télés n’ont pas le droit, à l’antenne, de renvoyer à leur pages hébergées par ces entreprises. Il ne leur est par contre pas interdit de les citer lorsque l’actualité le requiert, tout comme le mot Elf n’a jamais été bippé lorsqu’on parlait de l’affaire du même nom. Pour ce qui est des protocoles, j’en suis conscient et bien d’accord avec toi.

13. Le 4 juin 2011,
Laurent Gloaguen

Une partie du problème, c’est qu’il n’existe pas de terme générique communément admis pour une fonction comme Twitter. Contrairement à : Courrier électronique/Courriel/Mail. Web/Site Internet. Je ne sais pas si les gens comprendraient un “Retrouvez l’équipe de l’émission sur notre fil de micro-blogage” ou autre…

“Twitter” est effectivement un terme comme frigidaire ou mobylette, sauf que contrairement à ces derniers, il n’existe pas encore d’équivalent correct comme réfrigérateur ou cyclomoteur que tout le monde comprend, même s’il ne l’utilise pas dans la vie courante.

14. Le 6 juin 2011,
Karl, La Grange

À propos de T* et de F* The French really get this one right

Blah ? Touitter !