Journal de bord

mardi 30 août 2011

Inégalités

Certains se demandent régulièrement, en me lisant, si je suis de gauche. Sur pas mal de points, j’ai de réelles convergences avec des positions défendues par la gauche, sur la sécurité et les libertés publiques notamment. Pourtant, je ne peux pas être de gauche car il y a un point sur lequel je suis en opposition totale, c’est sur la primauté de l’économique, héritée du marxisme. Quand on lit un tant soit peu la littérature militante de gauche et d’extrême gauche, il y a un thème obsessionnel : les inégalités économiques. Tout est vu sous l’angle “écarts de richesses”, “inégalité du partage des richesses”, “exploitation des dominés par les dominants”. Je dois dire que cette approche me gonfle, et surtout m’afflige, car c’est une impasse idéologique. L’homme n’est pas seulement une question de richesses matérielles. Et pourtant, la Gauche radicale ne nous parle que de ça, alors même qu’elle prétend construire “un autre monde”, du moins, elle nous dit qu’il est possible.

Authueil : “En finir avec les inégalités”.

1. Le 30 août 2011,
Karl, La Grange

Le second paragraphe est plus savoureux.

On ne crève plus de faim, on a globalement des logements décents, le nombre de sans abri est bien plus bas. Bref, un discours de renversement radical n’a plus le même écho. Dans le même temps, le capitalisme a su offrir une perspective beaucoup plus réaliste d’amélioration de la situation matérielle, en s’adressant à chacun, individuellement.

Et la marmotte elle emballe le chocolat avec du papier d’alu. Il vît à Disneyland Authueil?

Ce qui est dommage d’ailleurs, il aurait pu vraiment tourner son billet en rhétorique politique sur des propositions d’amélioration de la société, plutôt que de dire des conneries.

Oui en effet, il y avait sûrement bien plus de sans abris en …. Ah zut, il a pas donné la date. :) Quitte à faire dans l’inepte, je peux dire que le capitalisme nous a apporté le réchauffement planétaire donc les quelques sans abris qui restent sont plus confortables. Le monde il est beau et joli.

2. Le 30 août 2011,
Laurent Gloaguen

“il aurait pu vraiment tourner son billet en rhétorique politique sur des propositions d’amélioration de la société, plutôt que de dire des conneries.”

+1.

3. Le 30 août 2011,
La Souris

Ca me fait penser que l’inégalité qui m’embête, moi qui suis de gauche c’est pas qu’il y ait des riches et des moins riches, c’est qu’il y ait des riches et des pauvres.

Et même, je dirais que c’est qu’il y ait un petit nombre de gens, très très très riche, capable de foutre tout un tas de monde dans le pétrin, et d’être au bout du compte encore plus riche, alors que les plus pauvres n’ont dans leur ensemble pas cette possibilité.

4. Le 30 août 2011,
Jean

Et je dirais même plus, avec La Souris, qu’en France l’INSEE vient de s’apercevoir qu’avec la crise qui court depuis quelques années, les riches sont devenus encore plus riches — même pas mal ! rien senti — et les pauvres vraiment beaucoup plus pauvres et leur nombre a explosé. Logique : c’est eux qui paient… la crise.

5. Le 30 août 2011,
Marie-Aude

Et je dirais même plus avec tout le monde que la croissance des inégalités en France, ce n’est pas nouveau, cela fait maintenant plus de cinq ans que nous sommes dans le peloton de tête pour l’écart entre revenus des plus riches et des plus pauvres, et qu’à un moment on est même passés devant les Etats Unis.

Or on voit que les pays qui tiennent le mieux le choc de la crise en Europe, et où des indicateurs “simples” de qualité de vie (comme le taux de mortalité infantile) sont les meilleurs sont justement ceux où l’inégalité de revenu est la plus faible.

Or malgré toutes ses richesses, un riche ne vas pas habiter 15 pavillons de banlieues à la fois. Quinze pas très riches mais pas pauvres soutiendront donc nettement mieux l’activité nationale…

6. Le 31 août 2011,
Gilles

Moi ce qui me choque c’est qu’il y en a encore qui se demandent si Autheuil est de gauche ou de droite…

7. Le 31 août 2011,
sebcha

” Si l’argent ne fait pas le bonheur ,rendez le ! “(Jules Renard)

8. Le 31 août 2011,
ossobuco

C’est puissant, on reconnait le blogueur habitué à réfléchir à ces questions-là, et qui n’a pas connu depuis longtemps la primauté de l’économique sur la balance de son compte en banque, souci de philistin. Bref JP Raffarin ne nous laissera pas orphelins. Mais son code typographique me laisse perplexe : pourquoi une majuscule à la gauche seulement quand elle est radicale? Une sorte d’hommage de la vertu au vice? Pourquoi ne remonter qu’à l’Angleterre de 1840 et pas au Tautavel de l’hominidé local qui ne connaissait ni le gaz à tous les étages ni Jésus-Christ? Car le meilleur est dans ses réponses aux commentaires, par exemple :

La seule contre-culture qui existe encore, c’est la religion, qui offre une vision différente du but de la vie, avec un corpus théorique important. La chance de la religion, c’est que le capitalisme est excellent pour les réponses aux questions du présent, mais nul pour ce qui est de la projection dans l’avenir et pour répondre aux grandes questions existentielles.

(Il ne peut pas imaginer que dans la conception de la vie que se fait une grande partie de l’humanité, elle n’a pas de but - il reste du monde à évangéliser à coup de corpus théorique.)

9. Le 1 septembre 2011,
Jean

« Qu’est-ce qu’un passe-partout, comparé à une action de société anonyme ? Qu’est-ce que le cambriolage d’une banque, comparé à la fondation d’une banque ? Qu’est-ce que tuer un homme, comparé au fait de lui donner un travail rétribué ? » Bertolt Brecht, Die Dreigroschenoper.

10. Le 2 septembre 2011,
padawan

(Il ne peut pas imaginer que dans la conception de la vie que se fait une grande partie de l’humanité, elle n’a pas de but…)

Je dirais plutôt qu’elle n’a pas de sens. Mais clairement le but de l’ADN est de se reproduire, c’est d’ailleurs notre seule vraie raison d’être : servir de récipient à notre ADN (qui est la seule chose qui peut, éventuellement, nous survivre).

Authueil ne dit pas que des conneries à propos de l’intérêt culturel de la religion, il existe, autant que le folklore par exemple. Mais il lui manque clairement des clés puisqu’il a encore besoin de croire qu’il y a des petites fées au fond du jardin pour pouvoir en apprécier la beauté.

Blah ? Touitter !

Au moins 80 connards à l’Assemblée nationale

Sexualité : 80 députés UMP exigent le retrait d’un manuel scolaire.

Ils n’ont rien de mieux à faire ? Pauvre France.

1. Le 30 août 2011,
jeremilhau

C’est bien connu, c’est au législateur de décider ce que l’on met dans les livres que l’on met dans les têtes (blondes, blanches et hétéros de préférence).

2. Le 31 août 2011,
Gilles

@jeremilhau : bah oui, Luc CHatel veut remettre la morale à l’école via une circulaire, quand tu additionnes les 2, tu as une drôle d’équation !

3. Le 31 août 2011,
Nicolas

Je trouve assez pertinent qu’on doute de la place des questions comportementales et sociales dans un manuel de SVT, et des questions de morale aussi d’ailleurs. Ça aurait plutôt sa place en socio, en histoire, et en tant que contexte pour les cours de français et philo, mais en SVT, bof. SVT c’est essentiellement de la bio, je suis pas fermé à en discuter, hein, mais est-il vraiment pertinent de parler de l’orientation sexuelle dans un bouquin de SVT ? On parle des comportements sexuels, des parades amoureuses des oiseaux, des attouchements des bonobos, et des combats de cerfs, dans les bouquins de SVT ? C’est une question sincère, pas un sarcasme. A mon sens, si on laisse une place aux comportements sexuels en SVT, alors la question d’orientation sexuelle pourrait y avoir sa place, mais ça me semble bien plus lié à des faits sociologiques et culturels, donc plutôt à sa place dans des matières où le socioculturel est enseigné…

@Gilles : La circulaire stipule «Si l’identité sexuelle et les rôles sexuels dans la société avec leurs stéréotypes appartiennent à la sphère publique, l’orientation sexuelle fait partie, elle, de la sphère privée» - ça part d’un postulat plutôt rassurant, non ? Le contraire aurait été inquiétant : “votre orientation sexuelle fait partie de la sphère publique”, imagine.

Quant au rôle du ministère et du parlement dans ce qui s’enseigne, j’espère qu’il y a des commissions de scientifiques au dessus des bouquins scolaires, pas des politiques.

Par contre, informer sur les questions d’orientation sexuelle dès l’école, vaut autant que d’informer sur les questions de sexualité, de politique, de médias, d’économie, d’histoire… Et là je suis d’accord avec les deux précédents commentaires. Mais nulle part dans l’article il n’est question de ne pas mentionner ces mêmes questions d’orientation sexuelle dans d’autres matières.

Si c’est pour instrumentaliser ça et montrer qu’ils sont l’autorité morale de l’Etat, qu’ils aillent se faire mettre. Je ne vois déjà pas ce que les cathos viennent faire là-dedans, à pinailler sur des questions scientifiques.

J’aurais aimé lire “on voudrait retirer ça des manuels de SVT, mais on a discuté avec l’éditeur pour mettre ça dans les manuels d’histoire et de socio”. Ça, ça aurait eu de la gueule.

4. Le 31 août 2011,
Jean

Nicolas m’enlève les mots des touches du clavier… Je ne saurai dire mieux. Bon ; on sait qui ils sont. On connaît les 80 suscités.

5. Le 31 août 2011,
bob Marcel

“La construction sociale du genre est variable dans le temps et l’espace” http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/France/Ce-que-disent-les-manuels-scolaires-sur-l-identite-sexuelle-NG-2011-08-31-705456

J’aimerai avoir ton avis sur cette phrase. Ton homosexualité s’est-elle construite dans le temps ou bien as tu l’impression d’être né homosexuel ? En tant qu’hétéro je n’ai pas l’impression d’avoir été influencé, je l’ai toujours été depuis que j’ai envie de sexe.

6. Le 31 août 2011,
Laurent Gloaguen

La réponse est : je ne sais pas.

7. Le 2 septembre 2011,
padawan

Il faudrait déjà s’accorder sur le sens de « construction sociale du genre ». Si c’est se construire pour faire ce que la société attend de nous (ou ce que l’on croit qu’elle attend de nous), alors oui clairement c’est variable dans le temps et l’espace. Je connais plein de gens qui se déclarent homo mais ont passé l’essentiel de leur vie à se prétendre hétéro (donner le change, se marier, avoir des gosses, la routine…) avant de cesser de se mentir. La question de la phrase initiale porte donc sur la posture sociétale (comportement social) et non sur la genèse de l’orientation sexuelle (un état individuel qui est un tout autre sujet).

Blah ? Touitter !