Journal de bord

dimanche 12 février 2012

Peurs

I realized lately that French people are afraid. And that’s why they are so arrogant and embittered.

Afraid of theft, afraid of being involved in a fight, afraid of loosing their job, afraid of being attacked/rapted, afraid of the police(!), or just afraid of being fooled. It creates a very nasty environment to live in, a vicious circle of rejection of the others leading to all kinds of extremisms. The constant attention required by fear consumes a lot of useless energy. People are exhausted and they don’t even realize why.

Let’s compare this situation to Japan. Of course. In Japan, the level of trust (I prefer that word vs. security or safety) is so high that you can even lost money and find it back. When you put your bag somewhere, you’re 99% sure to find it at the exact same place hours later (the remaining 1% is due to tourists :p). You’re never afraid of wandering by night. No one will ever tried to fool you when you stand in line for a restaurant or an exposition. So relaxing that you can’t believe it without actually living it. It sounds incredible and it shouldn’t be.

David Larlet: “Fear”, via @karlpro.

Dans une moindre mesure, on vit à peu près la même chose au Québec. Si tu te rends compte subitement que tu as oublié de fermer une porte ou une fenêtre de ta maison, tu ne stresses pas, tu ne rentres pas chez toi en courant, tu te dis juste que tu seras plus attentif la prochaine fois. (C’est moi qui verrouille la porte de la maison la nuit, mon mari québécois n’y songerait jamais… et celle du jardin est toujours ouverte…) Les gens font sagement la queue en attendant le bus et personne ne tentera de passer devant toi, même pas les petites vieilles (seuls les touristes français se permettent cela). Tu ne fais pas attention aux pickpockets dans le métro, il n’y en a pas. Il n’y a pas de portes aux tourniquets du métro parce que personne ou presque ne saute par-dessus. Tu n’as aucune pointe d’angoisse quand on sonne à l’improviste à ta porte, au pire, ce sont des Mormons baisables. Le journal télévisé n’est pas anxiogène. Les policiers sont souvent gentils et serviables. Etc. Les gens se font naturellement confiance (au point qu’il doit être assez facile d’abuser de leur crédulité).

(Un des problèmes qui empoisonne toutefois bien des montréalais, c’est le vol de vélos, l’antivol est obligatoire.)

1. Le 12 février 2012,
eservant

C’est exactement ce qui m’a choqué quand j’étais à Montréal, et c’est pour ça que je fais tout pour aller m’établir là-bàs :)

2. Le 12 février 2012,
Matt

Faudrait pas confondre Paris et la France non plus. Sans nier la difference (j habite au Japon, donc je comprends), la province francaise est beaucoup plus cool…

3. Le 13 février 2012,
Jérôme

@ Matt: je sais bien qu’il ne faut pas généraliser mais la province c’est aussi des zones pavillonnaire avec des murs de parpaing plus haut que la maison pour se protéger et de la publicité autours des opérations type “voisins vigilants” et autres réunions de la gendarmerie sur le thème “nous sommes là, n’ayez-pas peur mais quand même un peu”…

4. Le 13 février 2012,
Mitternacht

Notez qu’on peut aussi décider de faire confiance et de ne pas avoir peur. Si je ne considère pas mes congénères comme des ennemis potentiels, il y a beaucoup moins de chances qu’ils le deviennent, et puis c’est une question de respect de l’autre. Surtout, dans le climat politique actuel, il y a une forme de résistance dans le refus de la peur, de la méfiance vis-à-vis de l’autre. La peur rend con, la peur infantilise. Pour garder la tête froide et une pensée indépendante, insensible aux propagandes quelles qu’elles soient, il faut refuser d’avoir peur, ce qui n’exclut évidemment pas la lucidité (précaution oratoire).

5. Le 13 février 2012,
padawan

Faudrait pas confondre Paris et la France non plus […] la province francaise est beaucoup plus cool…

Vu le développement de la vidéosurveillance un peu partout en province, ou les votes extrêmistes de rejet liés à la peur de « l’autre » dans des coins comme le sud, je n’en suis pas si sûr. En fait je pense même que c’est faux, le problème me semble politique et culturel à l’échelle du pays.

6. Le 13 février 2012,
Maïa

Et quand tu as gardé l’empreinte parisienne, tu psychotes jusqu’au Danemark à vouloir verrouiller ton vélo même pour deux secondes, et à vérifier tes poches dans le métro…

7. Le 13 février 2012,
Matt

(attention, generalites ahead)

@Jerome: les zones pavillonnaires sont de facto plus nombreuses en ville, ca va plutot dans mon sens.

@padawan: je ne pense pas, j’ai toujours vu des provinciaux (=ma famille) ne pas fermer leur maison, je n’ai jamais vu ca a Paris. Ce que tu dis n’est pas forcement faux mais limite a certains coins en province: PACA. Donc je corrige: “faut pas confondre Paris/PACA et la France, la province est beaucoup plus cool”

@tous: il n’y a pas un probleme d’assurance aussi? En France, en cas de cambriolage, si tu as laisse ouvert ta maison, tu ne peux pas te faire rembourser me semble-t-il (a verifier).

8. Le 13 février 2012,
manur

Ce qui serait également intéressant, c’est d’étudier l’évolution de ce sentiment de peur, sur les dix ou vingt dernières années, disons.

10. Le 13 février 2012,
Mox Folder

Si tu habites sur la plateau je recommande quand même l’installation de bonnes serrures et d’un système d’alarme… Les cambriolages y sont fréquents.

11. Le 13 février 2012,
Laurent Gloaguen

Signalons, à toutes fins utiles, que le Plateau est le ghetto des Français.

12. Le 13 février 2012,
François

Pas encore découvert Montreal mais tes mots sur les gens qui font la queue et les tourniquets dans le métro m’ont rappelé mon expérience à San Francisco : le choc de voir les gens faire la queue en ligne pr entrer ds le “RER”, ça fait bizarre au début mais qu’est-ce qu’on s’y habitue vite… ;)

13. Le 13 février 2012,
Karl, La Grange

Chez nous, la timidité est plus forte, ainsi qu’une sorte de « révérence » pour les personnes auxquelles on prête une autorité, et qu’on va difficilement contredire ou questionner. Autre chose : la peur de passer pour un idiot est très forte, on préfère ne rien dire que de risquer de dire une chose incongrue. Le résultat c’est que les ateliers de nos Bookcamps ressemblent parfois plus à des mini conférences, et que ceux qui y prennent la parole sont le plus souvent ceux qui sont habitués à le faire en public. — Virgine Clayssen dans un paragraphe comparant BookCamp aux USA et en France.

14. Le 13 février 2012,
David Larlet

@Matt : donc on enlève Paris, PACA, les pavillons, je propose d’enlever les villes de plus de 100000 habitants en fait. La campagne française est beaucoup plus cool… mais il n’y reste plus grand monde pour en témoigner.

@manur : la peur est très difficile à quantifier.

@Anonyme/ossobuco : malheureusement vu le nombre de réactions que j’ai pu avoir, j’ai bien peur (argh) d’avoir touché une corde sensible. Je n’ai aucun intérêt à entretenir la peur ou à en faire commerce comme les media. Je donne juste mon ressenti après 5 mois au Japon. Mon frère est en Australie depuis quelques mois également et me faisait part du même constat.

@François : les japonais font même la queue pour commander une boisson en boîte de nuit, je m’en suis toujours pas remis :)

15. Le 13 février 2012,
padawan

@Matt : tu as vu tel truc en province, fort bien, moi aussi mais l’inverse. Je peux te citer l’exemple de Nouméa — un bled à l’échelle d’une ville française — où le même travers culturel existe avec le développement démentiel de la vidéo-surveillance. Donc, non, la logique consistant à ajouter une province à Paris dans ton équation pour prétendre que c’est juste un problème parisien ne tient pas la route ;-).

Blah ? Touitter !