Journal de bord

dimanche 25 mars 2012

Noir, c’est noir

[…] Ainsi que l’explique le chef correcteur au Monde, Lucien Jedwab, le terme « black » – qu’il qualifie de « bienveillant » – est acceptable pour les acteurs et les chanteurs, mais ne doit pas être utilisé dans tous les contextes pour « éviter une forme de paternalisme ». On ne peut pas écrire que Barack Obama est un président black, ça ne fait pas très sérieux. […]

De même, à la suite d’un récent article de Slate.fr sur la place des noirs dans le cinéma français, de nombreux lecteurs se sont indignés que cette question soit abordée. Beaucoup ont répondu qu’il était contreproductif de tout ramener à la couleur de peau, que seul le talent comptait, et que le débat n’avait donc pas lieu d’être.

En France, l’attitude qui passe pour le nec plus ultra de la tolérance est de « feindre de ne pas voir la différence », explique François Durpaire. Au jeu du plus antiraciste, le meilleur serait celui qui ne se rend pas compte que l’autre est noir, et qui en déduit donc qu’il ne faut pas parler des Noirs. Sauf, que dans la vie quotidienne, les Noirs sont bien considérés comme tels.

Slate, Claire Levenson : “Pour une utilisation décomplexée du mot noir”.

1. Le 25 mars 2012,
Krysalia

on aura peut être un peu avancé quand être noir sera comme être chatain ou comme chausser du 42.

l’acteur qui chausse du 42 a reçu un oscar. le président des états unis est chataîn, pour la première fois… wow, ça c’est de la news dites donc :D !

quand on me dit que les gens sont noirs ou gays ou avec un handicap, c’est ce que j’entends. une information sur eux sans grande valeur pour m’indiquer qui ils sont en tant qu’êtres humains, tout comme être chatain pour un acteur me renseigne moyennement sur ses capacités à jouer la comédie :D ! à la télé, on voit des bruns, des blonds, des chatains, des roux, on voit des très grands et des très petits, et ça nous semble une diversité totalement banale. j’attends vivement qu’il en soit de même pour la couleur de peau, tout comme pour l’orientation sexuelle (et les différences de tour de taille tant qu’à faire).

2. Le 25 mars 2012,
Laurent Gloaguen

@Krysalia : Pour ma part, être gay est plus important dans ma personnalité, ma vie, ma relation avec le monde, que de chausser du 41 ou être châtain… Bien plus important.

Quand à savoir si l’autre est gay, c’est une information de grande valeur pour draguer à bon escient ;-)

3. Le 25 mars 2012,
Krysalia

c’est à dire qu’elle a une grande valeur justement quand tu peux en profiter pour essayer de te placer :D. pour les autres par contre…

Je pense que ça peut être important pour soi oui, pas seulement être gay mais aussi être noir, gros, chatain ou avec un handicap. ça fait partie de son image et on peut choisir de se définir aussi avec ces éléments.

mais je ne vois aucune raison pour que ça soit important dans la tête des autres…

Par exemple quelqu’un dont je fais la connaissance et qui me dit qu’il est gay, je ne sais jamais quoi dire à part “ah heu… ok :) ” . parce que pour moi c’est comme s’il venait de me dire “ah au fait, tu sais j’ai les cheveux châtain”. mais s’il me précise “nan mais je dis ça parce que ça me définit, c’est important pour moi que les gens le sachent”, j’entends qu’il veut qu’on le connaisse mieux. ça m’apprend ce qu’il considère important, pas un truc qui ferait de lui quelqu’un d’une autre sorte d’êtres humains.

si X me parle d’un autre gars en me disant que le gars est gay et que c’est important, ça m’apprend surtout quelque chose sur X. j’entends qu’il fait une distinction qui lui importe, au sujet de cet autre gars. mais je n’arrive pas à trouver à cette distinction des fondements “généraux”, “universels”.

je ne sais pas si je suis très claire…

4. Le 25 mars 2012,
Cedric

Krysalia moi en tout cas j’ai parfaitement compris et (car?) je pense la même chose.

Parfois (attention, extime à suivre), je me rends compte plusieurs mois après que je travaille avec un noir ou un arabe ou autre (genre je me fais la remarque, dans ma tête, “ah tiens il est __, j’avais pas remarqué”). Globalement, m’en fout. Est-ce que cela vient du fait que je fus roux enfant, je ne sais pas. ;)

Ce n’est pas parce que X se définit à Y comme possédant “en premier” les propriétés P1 et P2, que P1 et P2 sont des propriétés “premières” pour Y. Que Laurent soit gay m’indiffère totalement. Mais s’il était pas très subtil, je ne serais pas là. :)

Les gens qui essaient de promouvoir sérieusement la diversité évoquent des propriétés objectives (genre, être noir, c’est évidemment un fait). Mais on trouvera des membres de minorités (au sens de groupes objectivement politiquement dominés, restons dans le sérieux) qui refusent d’être là où ces faits semblent les mettre (je pense à Frantz Fanon notamment).

5. Le 25 mars 2012,
Krysalia

ah voilà, exactement. bon alors ça va c’est que j’ai su exprimer ce que je voulais dire sans trop m’embrouiller :D !

6. Le 25 mars 2012,
Laurent Gloaguen

@Cedric “Je me rends compte plusieurs mois après que je travaille avec un noir ou un arabe ou autre”…

Ah, nous voyons que tu portes beaucoup d’attention à tes collègues… ;-)

7. Le 26 mars 2012,
Krysalia

on dirait ça hein, mais justement non, c’est juste que la couleur est un détail sans importance pour nous comme d’autres détails sont sans importance pour d’autres gens :D.

par exemple ce n’est pas donné à tout le monde, si on pose la question par surprise, de savoir dire qui dans son bureau a les yeux bleus, verts ou marrons, ou qui dans son open space est gaucher ou droitier.

la couleur des gens, ça me fait le même effet et je pense qu’à cédric aussi :D. J’ai déjà dit à quelqu’un “ah mais t’es noir en fait, j’avais jamais remarqué” (quelqu’un qui heureusement ne l’a pas mal pris !)

8. Le 26 mars 2012,
celui

Un jour j’ai dit à mon patron, ah mais t’es un fille j’avais pas remarqué !

Un jour j’ai dit à ma copine, ah mais t’es pas blanche, j’avais pas remarqué !

10. Le 26 mars 2012,
Krysalia

:D nan mais évidemment si quelqu’un est très foncé de peau je vais le remarquer comme je remarque quelqu’un qui a les cheveux très blonds ou très roux ou très sombres. mais ça ne me viendrait pas plus à l’idée de dire “je travaille avec un noir”, que “je travaille avec un châtain”. d’autre part, je n’ai donc, pas du tout au début, remarqué la couleur de peau de certains de mes collègues. je ne pense pas aux gens dans ces termes là. remets toi :D.

11. Le 26 mars 2012,
Marie-Aude

Dans un autre domaine, je suis obèse. Quelqu’un qui prétendrait ne pas le voir, ou que j’entendrais me décrire sans y faire allusion, ça me gênerait. Je me demanderais pourquoi il tourne autour du pot d’un truc aussi évident, si ça le gêne, si il y voit une connotation péjorative, et donc il évite, si il a vraiment besoin de lunettes, si il saucissonne dans ma personnalité ce qui lui convient ou pas.

On peut me décrire sans considérer que je suis “moins bien” parce que grosse. On peut me percevoir sans s’arrêter à cette caractéristique unique, et s’intéresser à tous les autres aspects de ma merveilleuse personnalité, mais ça en fait partie, et ne même pas le mentionner, ce n’est pas non plus reconnaître qui je suis.

Je vis avec un Monsieur qui est très foncé de peau, avec des cheveux frisés courts, presque crépus. Et c’est pareil, ça fait autant partie de lui que sa taille, ses yeux (et ça lui va super bien surtout quand il est bronzé). Le jour où je le décris à quelqu’un qui ne l’a pas rencontré, je ne vais pas dire qu’il fait 1m80, qu’il a des grands pieds, etc… sans dire qu’il est basané.

Sa couleur de peau symbolise plein de choses. Elle signifie un héritage, une histoire familiale. Elle signifie aussi qu’à un moment où à un autre, il a été confronté au racisme le plus bête “les blancs sont plus beaux”.

En ce qui concerne le débat intiial, sur le cinéma, je pense que non, seul le talent ne compte pas. Ce n’est pas encore vrai - peut être en passe de le devenir, mais pas encore vrai. Ce sera vrai le jour où on n’aura plus besoin de nommer des “personnalités issues de la diversité”, le jour où le nombre d’hommes et de femmes “issus de la diversité” et de femmes tout court à la tête de grandes entreprises sera proportionnel à leur place dans la société française. Cela “commence” dans le cinéma (mais commence tout juste), pour le reste c’est loin d’être gagné.

Bref, à titre perso, je rejoins plutôt Slate.

12. Le 26 mars 2012,
Cedric

Toutes les généralités tirées de cas particuliers ont un fort potentiel liberticide, quand même.

Les situations de discrimination restent du one to one. Et le discriminateur potentiel (c’est-à-dire une personne en position dominante, dans le contexte de ce one to one, vous ou moi donc) comme le discriminable (c’est-à-dire une personne en position dominée, dans ce one to one, vous ou moi, donc) ont chacun un rôle. Il y a bien sûr des contextes socio-culturels qui tendent à faire pencher l’un des deux ou les deux vers la situation de discrimination, mais si on créait les conditions socio-culturelles parfaites (et on n’y est pas encore), la situation de one to one ne serait pas éliminée pour autant.

Expérience de pensée : soit un recruteur très ouvert, se fichant pas mal d’embaucher un #### ou non (n’y pensant même pas, en fait), se retrouvant lors de l’entretien avec un candidat parlant de ####. WTF se dit-il.

13. Le 27 mars 2012,
Krysalia

marie aude : je vois ce que tu veux dire quand tu te dis “s’il ne le mentionne pas, est-ce que c’est parce que ça le gêne, qu’il évite etc”. En fait, non, enfin je veux dire pas pour moi et je pense que pas pour tout le monde non plus. Simplement certains détails dans l’apparence ne sont pas toujours ce qui marquent le plus.

ce sont deux débats différents : éviter de parler d’un truc ou non parce qu’il est censé être +/- négatif dans la société, comme “être coloré” “être obèse” “avoir un handicap” etc, et forcément chercher à définir les gens par ces points de détail même très visibles, quand on s’en fout, qu’ils ne nous importent pas.

je pense que le premier point doit être évité, on peut dire “le président noir”, “l’acteur handicapé”, parce qu’il n’y a rien de mal à l’être ni à en parler. c’est une information comme une autre qui n’est pas offensante parce qu’elle est simplement vraie, et l’utiliser c’est aussi désactiver tout le potentiel négatif qu’elle peut avoir. Je suis pour avoir des copains “pédés”, aussi, et pas “hmm, tu sais, de l’autre bord, je ne t’en dis pas plus, tu as deviné”.

mais la partie qui me tient à coeur, c’est que si on “peut” utiliser ces qualificatifs, je me demande si on “doit”. Les gens sont plus riches que ça, plus complexes, que la simple apparence évidente. je suis pour se laisser guider par ce que les gens dégagent pour les décrire, plus que ce à quoi ils ressemblent, même si on oublie des éléments visuels très prégnants dans le tableau :D ! Ce ne sont que des éléments visuels après tout, et s’ils n’ont pas marqué naturellement, ça me choquerait de les introduire “exprès” dans le discours, comme par principe.

14. Le 27 mars 2012,
Gilles

@Krysalia (1er comm) : marrant ton propos, j’ai pensé la même chose quand j’ai entendu qu’un français (de nationalité de naissance), fils de français (idem nationalité de naissance, mais à vérifier), petit-fils de (à vérifier mais le propos reste le même) d’origine algérienne, avaient été encerclé par le RAID dans son appart. de Toulouse. Bah oui, une super info qu’il était d’origine algérienne… il y a 100 ans ? Mais c’est bien sûr une info sans conséquence :) @marie-aude : je ne te décrierais pas, de vive voix à toi perso en disant que tu es grosse ou obèse. Car j’aurais peur (sans te connaître plus que ça) de te blesser. J’ai peut-être tort mais en société on apprend les préjugés et le tact :)

@les 2 : je suis gros (surpoids assez prononcé soit 180 pour 105 (taille poids) et d’origine flamande à la Xème génération :)

Sinon, maintenant, avec un poil de recul, on mets dans la même pièce le Capitaine, Marie-Aude, une pile de playmobil et mon fils de 4 ans et demi à qui on a expliqué que le Capitaine aime les meussieurs et s’est marié avec un, que la dame est grosse (si ça se voit physiquement, i lva vite le savoir) et qu’il peut jouer avec ce qu’il préfère et mélanger le tout. En 5 minutes j’en connais deux qui n’auront jamais été jugé et qui joueront aux playmobils. Bah merde tout n’est qu’éducation donc ? Donc si un noir est noir, c’est bien si on le voit mais qu’on ne le dit pas ou le contraire ? Désolé si je HS un peu là mais mince, on voit ce qu’on veut, on dit ce qu’on veut, le noir est toujours noir.

15. Le 27 mars 2012,
Gilles

Bon ok, désolé c’est un peu confus mais j’aime pas lire ce qu’il faut que je pense sinon c’est pas bien.

Blah ? Touitter !

Aujourd’hui, ma vie c’est d’la marde

Romance trash-folk acado-néo-brunswickoise par la bluesy Lise Leblanc. Son album sort mardi.

♥ J’adore !

1. Le 25 mars 2012,
Martine

J’adore aussi! J’ai cette chanson en tête depuis des semaines… Son album sort ce mardi, le 27 mars.

2. Le 25 mars 2012,
TDM

Merci de nous faire découvrir la culture acadienne :)

Au passage, très sympa le nouveau design du blog, surtout le logo.

3. Le 27 mars 2012,
Gilles

Purée on va faire simple les gars : si jamais elle traverse l’Atlantique, c’est une déclaration de guerre du Québec à la France et on vous envoie Zaz pour vous punir. Namého ! Pis ça manque de sous-titres aussi LOL Pitié quoi, déjà Céline Dion pis ça maintenant…

Blah ? Touitter !