Journal de bord

samedi 28 avril 2012

Nouvelles du printemps

Face à un gouvernement coléreux, arrogant et calculateur, des leaders étudiants raisonnés, calmes et posés. Lire en priorité chez La Presse cet entretien avec Martine Desjardins et Léo Bureau-Blouin.

On lira aussi chez le National Post (quotidien conservateur modéré) : “Quebec student protests not just about tuition but battle against ‘greedy elites’”.

Par ailleurs, Denis Lessard note une division au sein du groupe parlementaire libéral au pouvoir :

Les députés de Montréal, très inquiets des débordements de violence, ont presque unanimement exhorté Jean Charest à mettre de l’eau dans son vin. Au même moment, les élus des régions, ceux de Québec en particulier, prônaient la ligne dure devant les « enfants gâtés ».

[…] Fermeté… ou entêtement? Ce n’est pas la première crise qui survient parce que le premier ministre Charest reste campé sur ses positions. La centrale du Suroît, la privatisation d’Orford et l’agonie autour de la décision sur le déclenchement de la commission Charbonneau sont autant de cas où, inflexible, le gouvernement Charest a donné prise à des affrontements, avant de céder. Ce n’est pas la première crise, mais c’est de loin la plus grave.

[…] En 11 semaines, M. Charest n’aura pas souvent fait mouche. Québec a mésestimé l’ascendant de la CLASSE sur l’ensemble du mouvement étudiant et sous-évalué la solidarité des associations. On s’attendait à ce que le mouvement s’étiole de lui-même après les vacances de Pâques. Québec s’est trompé en pensant que les tribunaux forceraient le retour en classe. On pensait pouvoir diaboliser le jeune Gabriel Nadeau-Dubois. Autant de déconvenues pour Québec.

L’attitude de Jean Charest vendredi en disait long sur son exaspération. Dans un bien rare moment d’impatience, il a sauté les plombs quand une journaliste a insisté pour qu’il dise carrément qu’il ne déclencherait pas d’élections avant l’été, pour inviter les Québécois à trancher dans ce débat. C’est « grotesque », a-t-il répondu, de penser qu’on puisse appeler les électeurs aux urnes dans ce contexte de crise. Mme Marois a été « ignoble » de laisser entendre que le gouvernement pourrait tenter de tirer profit de cette crise, a-t-il dit. « Si vous n’avez pas compris ma réponse, vous ne la comprendrez jamais ! », a-t-il lancé, irrité. Il a dû s’excuser deux heures plus tard.

La Presse, Denis Lessard, “Droits de scolarité : le caucus libéral divisé”.

(Le premier paragraphe s’inscrit dans la traditionnelle division qui oppose les villes de Montréal et Québec. La ville de Québec est traditionnellement le refuge de la droite populiste qui flirte avec l’extrême-droite — ce qui s’y manifeste, en autres, par le phénomène des “radios-poubelles”. En regard, la ville de Montréal, plus cosmopolite et cultivée, est réputée plus libérale.)

(Le “caucus” est un anglicisme signifiant “groupe parlementaire” au Canada.)

Pour un résumé de la situation actuelle au Québec, lire : AFP, “Enlisé dans le conflit étudiant, le Québec regarde vers les urnes”.

P.S. En dédicace amusée (il comprendra) à Mario Asselin, cet excellent papier de Marie-Claude Lortie traite de cette fameuse démocratie directe qui trouble tant les politiques et éditorialistes québécois.

P.S. bis. Pascal Henrard : “J’étais pour”.

Le coût du gratuit

Le respecté sociologue Guy Rocher a lui aussi plaidé récemment pour le libre accès aux études supérieures, au cours d’un entretien au Devoir. « Il s’agit d’un choix de société qui coûterait 1 % du budget du Québec », a fait valoir celui qui a été membre de la commission Parent. Le principe de la gratuité était d’ailleurs déjà présent dans le rapport de cette commission historique. À cette époque, au début des années 1960, on avait souligné que la gratuité était « souhaitable à long terme ». Mais aucun gouvernement du Québec n’a depuis opté pour cette avenue.

Le Devoir, Alexandre Shields : “Le coût de la gratuité”.

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Frais annuels de scolarité en université (US$), source OCDE.

Les frais au Québec sont actuellement de 2168 CA$ (2208 US$). Le gouvernement souhaite les augmenter à 3793 CA$ (3864 US$).

1. Le 30 avril 2012,
Karl, La Grange

Ce que je ne comprend pas en fait c’est le gel des frais de scolarité. De 1990 à 1994 au moment où j’ai fait mes études à l’université de Montréal, il y a eu le dégel des frais de scolarités sur 3 ans (après un gel de 20 ans). Ils sont passés pendant cette période de 300 dollars par session à 1000 dollars. (~ x3).

Et puis regel en 1994. Fast forward aujourd’hui, augmentation monstrueuse de nouveau et bien sûr mouvements sociaux. Deux possibilités:

  1. Gratuité scolaire comme projet de société. (La solution que je préfère)
  2. Augmentation graduelle indexée sur le coût de la vie.

Mais surtout, surtout pas des augmentations brutales après des périodes de gel de 20 ans. C’est très très con.

Blah ? Touitter !

Il n’ira pas

[…] Qu’on me comprenne bien: je ne cautionne d’aucune manière le geste, indéfendable, que Betrand Cantat a fait. Je ne prétends pas qu’il ne faille pas discuter de la décision controversée de Mouawad de l’inclure dans sa plus récente production.

Ce que je regrette, c’est que l’on ait décidé qu’il est préférable que je n’entende pas Cantat chanter. Que l’on ait jugé qu’il était inacceptable que je puisse le voir sur scène. Et que l’on m’empêche d’apprécier la mise en scène de Mouawad telle qu’elle a été imaginée et conçue, dans son intégrité, sans compromis.

Je n’irai pas voir la trilogie Des femmes. Parce que je refuse les diktats d’une société infantilisante. Que je crois à la réhabilitation des criminels. Et que je n’ai pas envie, d’aucune manière, de cautionner la censure.

La Presse, Marc Cassivi : “Je n’irai pas”.

1. Le 30 avril 2012,
Nicolas B.

Ce que je trouve souvent pénible sur ce sujet, c’est la nécessité de prévenir en préambule que l’on ne cautionne pas le geste. C’est une autre forme du diktat dont il est question dans l’article.

Blah ? Touitter !