Nouvelles du printemps
Face à un gouvernement coléreux, arrogant et calculateur, des leaders étudiants raisonnés, calmes et posés. Lire en priorité chez La Presse cet entretien avec Martine Desjardins et Léo Bureau-Blouin.
On lira aussi chez le National Post (quotidien conservateur modéré) : “Quebec student protests not just about tuition but battle against ‘greedy elites’”.
Par ailleurs, Denis Lessard note une division au sein du groupe parlementaire libéral au pouvoir :
Les députés de Montréal, très inquiets des débordements de violence, ont presque unanimement exhorté Jean Charest à mettre de l’eau dans son vin. Au même moment, les élus des régions, ceux de Québec en particulier, prônaient la ligne dure devant les « enfants gâtés ».
[…] Fermeté… ou entêtement? Ce n’est pas la première crise qui survient parce que le premier ministre Charest reste campé sur ses positions. La centrale du Suroît, la privatisation d’Orford et l’agonie autour de la décision sur le déclenchement de la commission Charbonneau sont autant de cas où, inflexible, le gouvernement Charest a donné prise à des affrontements, avant de céder. Ce n’est pas la première crise, mais c’est de loin la plus grave.
[…] En 11 semaines, M. Charest n’aura pas souvent fait mouche. Québec a mésestimé l’ascendant de la CLASSE sur l’ensemble du mouvement étudiant et sous-évalué la solidarité des associations. On s’attendait à ce que le mouvement s’étiole de lui-même après les vacances de Pâques. Québec s’est trompé en pensant que les tribunaux forceraient le retour en classe. On pensait pouvoir diaboliser le jeune Gabriel Nadeau-Dubois. Autant de déconvenues pour Québec.
L’attitude de Jean Charest vendredi en disait long sur son exaspération. Dans un bien rare moment d’impatience, il a sauté les plombs quand une journaliste a insisté pour qu’il dise carrément qu’il ne déclencherait pas d’élections avant l’été, pour inviter les Québécois à trancher dans ce débat. C’est « grotesque », a-t-il répondu, de penser qu’on puisse appeler les électeurs aux urnes dans ce contexte de crise. Mme Marois a été « ignoble » de laisser entendre que le gouvernement pourrait tenter de tirer profit de cette crise, a-t-il dit. « Si vous n’avez pas compris ma réponse, vous ne la comprendrez jamais ! », a-t-il lancé, irrité. Il a dû s’excuser deux heures plus tard.
La Presse, Denis Lessard, “Droits de scolarité : le caucus libéral divisé”.
(Le premier paragraphe s’inscrit dans la traditionnelle division qui oppose les villes de Montréal et Québec. La ville de Québec est traditionnellement le refuge de la droite populiste qui flirte avec l’extrême-droite — ce qui s’y manifeste, en autres, par le phénomène des “radios-poubelles”. En regard, la ville de Montréal, plus cosmopolite et cultivée, est réputée plus libérale.)
(Le “caucus” est un anglicisme signifiant “groupe parlementaire” au Canada.)
Pour un résumé de la situation actuelle au Québec, lire : AFP, “Enlisé dans le conflit étudiant, le Québec regarde vers les urnes”.
P.S. En dédicace amusée (il comprendra) à Mario Asselin, cet excellent papier de Marie-Claude Lortie traite de cette fameuse démocratie directe qui trouble tant les politiques et éditorialistes québécois.
P.S. bis. Pascal Henrard : “J’étais pour”.
Blah ? Touitter !