Journal de bord

dimanche 9 décembre 2012

Parents indignes

9 décembre, mon blogue entre dans le temps des fêtes…

Saint Éloi

Je ne comprends pas les parents qui valorisent le mensonge dans l’éducation des enfants. Ils sont à mes yeux indignes. Comme peuvent-ils après enseigner la valeur de l’honnêteté comme une vertu cardinale ?

Pour les catholiques, les vrais, ceux contre l’égalité des droits, la question est tranchée : le père Noël n’est qu’un vil usurpateur. Nous saluerons ainsi la mémoire de Monseigneur Guillaume Marius Sembel, évêque de Dijon, bon pétainiste, qui fit brûler le père Noël sur un bûcher le dimanche 23 décembre 1951 devant 250 enfants du patronage, après l’avoir condamné « comme usurpateur et hérétique, puis pendu aux grilles de la cathédrale ».

Cette « divinité du monde marchand, figure du consumérisme importé des États-Unis » ne saurait avoir sa place dans les foyers chrétiens, car « à la vérité, le mensonge ne peut éveiller le sentiment religieux chez l’enfant et n’est en aucune façon une méthode d’éducation ».

(Pour mon analyse, la religion étant déjà un gros mensonge, il ne saurait y avoir pour le clergé la concurrence d’autres mensonges. Mais je partage le point de vue comme quoi le mensonge n’est en aucune façon une méthode d’éducation. C’est pourquoi je condamne aussi fermement toute éducation religieuse des enfants qui n’est qu’une intoxication intellectuelle, un endoctrinement mensonger et sectaire.)

Pour les athées, qu’ils réfléchissent bien à la nécessité d’intégrer l’image d’un vieillard pédophile dans l’imaginaire de leurs enfants, qu’ils songent également au sentiment de trahison qu’éprouveront leurs enfants quand ils découvriront la tromperie, malhonnêteté parentale qui restera inscrite dans leur inconscient et qu’ils feront payer fort cher lors de leur adolescence en mettant systématiquement en doute la parole de leurs géniteurs.

N’oubliez pas également le traumatisme de se faire traiter de « bébé » ou de « débile » à l’école parce que l’on croit à des balivernes qui n’ont pas cours dans de nombreux foyers progressistes qui ont chassé l’obscurantisme. Vous pourrez toujours expliquer « que vous aussi, vous y avez longtemps cru, que vous trouviez cela merveilleux et avez voulu reproduire cette magie avec lui », vous resterez à ses yeux ce que vous êtes en réalité, un traître.

Pour les gauchistes et les écolos, vous enseignerez à vos enfants que le père Noël est une figure culturelle inventée pour glorifier la société de surconsommation, ce qui est historiquement incontestable.

Pour ma part, si je croise des enfants qui me disent croire au père Noël, je me charge de leur expliquer que leurs parents sont des menteurs qui abusent de leur naïveté et que le bonhomme rouge du centre commercial n’est qu’un gros vieux pervers qui veut les tripoter.

Que fêter alors le 25 décembre ? La renaissance de Sol Invictus, ou soleil invaincu. La fête romaine dédiée au solstice d’hiver qui a été honteusement volée par les chrétiens qui n’ont pas hésité à déplacer la naissance du Christ du 6 janvier au 25 décembre, comme l’a rappelé récemment et opportunément Benoit XVI dans son dernier livre.

Pour nous adultes, nous fêterons également la mémoire de Varius Avitus Bassianus, dit Héliogabale, en organisant banquets et orgies de nos sens. Merry Fistmas to one and all!

1. Le 9 décembre 2012,
Gilles

Tu n’as pas d’enfants, tu ne peux pas comprendre :)

Sinon tu as raison, mais une fois que tu as menti un coup, tu es obligé de faire pareil. Et si tu veux t’intégrer socialement…

2. Le 9 décembre 2012,
Esurnir

Ca depend comment tu le prends je suppose. J’ai appris que le pere noel n’existait pas dans un cours d’hygiene dentaire quand le professeur a dis que la petite souris n’existait pas. J’ai additioner 2+2 et conclus que le père noël aussi était une invention et est passer à autre chose. À vrai dire, dans ma famille ma petite soeur savait depuis longtemps que le père noël n’existait pas, mais a continué de faire “comme si” parceque elle pensait que ça ferait de la peine à son papa de révélé qu’elle savait. Les enfants sont moins con qu’on le pense. Je pense que ça dépend si les autres enfant se moque de lui ou pas, je n’ai jamais vu cela arriver dans mon école. Les enfants sont moins cons et plus résistant qu’on veut bien le croire :)

3. Le 9 décembre 2012,
ossobuco

Oui mais si on arrête de leur parler du père Noël, on arrête aussi de lire des contes de Perrault ou de Grimm aux enfants, auxquels ils doivent bien accorder la même véracité. D’ailleurs je ne sais pas si ” croire ” a le même sens pour eux que pour des adultes. Je n’ai pas souvenir d’un traumatisme et je suis à peu près sûr d’avoir menti bien avant d’avoir appris qu’il n’existait pas : le mensonge vient tout seul aux enfants, je dirais. Sinon je garde le bon souvenir des images du père Noël qu’on nous donnait à la maternelle, au dessin tout en rondeurs joviales, très colorées, brillantes et sentant bon les encres d’imprimerie et la pellicule vernissée. J’aimais bien l’odeur de la peinture avec laquelle on peignait des œufs à Pâques, aussi. Tuer Dieu n’a pas suffi pour tuer la religion, alors je crois pas que tuer le père Noël tuera le consumérisme. Vivre et laisser vivre, toujours.

4. Le 9 décembre 2012,
Krysalia

La légende du père noël, avec ses grosses invraisemblances, est en fait un de nos rites de passage occidentaux. L’enfant ne remet pas en cause la parole des adultes ni les histoires qu’il entend, jusqu’à un certain âge ou “ça ne peut plus tenir”. Certains sont traumatisés par une découverte qu’ils n’étaient pas prêts à faire, comme dans tout rite de passage qu’on peut passer plus tôt parfois, qu’il ne le faudrait. ça ne se fait pas sans dégâts, petits ou grands.

En revanche les enfants qui sont prêts passent ce cap sans souffrance, et ont en général une fierté de faire “partie des grands qui savent, qui ont compris”. Ils ne s’y trompent pas pour ce qui est d’avoir passé un cap, et ils en sont contents. C’est aussi pour ça qu’il n’est pas rare que des grands frères ou des grandes sœurs perpétuent avec un grand sérieux la légende pour les plus jeunes qu’eux.

J’avais lu d’ailleurs de bons conseils, quant à la façon d’aider l’enfant à passer ce cap : il ne s’agirait pas de lui expliquer les choses, mais de le renvoyer à lui même, quand il a des questions. ” mais comment il fait pour visiter toutes les maisons, c’est pas possible ?!” pourrait recevoir comme réponse “qu’est-ce que tu en dis, toi, c’est possible ?”. Un enfant prêt à évoluer dans son rapport aux histoires qu’on lui raconte saura décider si c’est possible ou pas, et dire “tu m’auras pas, je sais que ce n’est pas vrai”.

Je pense que c’est cet aspect de rite de passage qui a permis la préservation de ce genre de “fariboles”, sur les dizaines d’années où elles ont été - et sont encore - utilisées. Il y en avait d’autres avant elles, et il y en aura d’autres après ou pendant, suivant la partie du monde concernée.

Halloween par exemple tel qu’on le fête en Amérique du nord correspond aux mêmes besoins : l’enfant passe différentes étapes comme aller chercher les bonbons avec ses parents ou en groupe, voire ne plus aller les chercher du tout mais faire la fête à la place, ce qui le fait sortir définitivement de l’enfance.

On sait moins qu’il s’agit également pour l’enfant de passer par trois phases : celle de l’ignorance où un zombie/vampire n’a pas plus de sens pour lui qu’un boulanger ou sa maîtresse d’école, celle de la prise de conscience des légendes effrayantes (le moment ou il est déstabilisé car il “croit” plus ou moins au fantastique, à la magie/la chance et aux monstres, car il pense que ces choses ont une prise sur sa vie), puis le temps de la prise en main de son propre univers, quand il cesse d’avoir peur de ces choses, et quelque part, d’y croire. Il se rend compte que ce qui se passe dans sa vie peut être contrôlé au moins en partie par ce qu’il choisit de faire ou non. il accepte la responsabilité pour ses actes, et commence à prévoir/construire/anticiper.

Avant un certain âge, avant de passer ces rites, l’enfant n’est jamais persuadé de son propre contrôle sur sa vie. (ça se transcrit par exemple par les comptes d’apothicaire pour les moyennes et les espèces de martingales développés par les élèves au bac et au brevet. ils font très tard le lien entre travailler et réussir, et comptent bien souvent sur la chance - ou pour certains, sur la magie :D !)

J’ai toujours pensé que les gens bloqués sur la nécessité de remplir leur vie avec la religion n’ont pas été capables de passer ces caps correctement.

Il n’y à qu’à voir les regards outrés ou terrorisés qu’on peut tirer d’eux si on leur présente ce qu’ils appellent “des diables” ou “des monstres”… Ça, et la façon dont ils ne voudront jamais croire qu’il n’y a personne là haut qui décide à leur place ou qui leur impose un schéma écrit d’avance. l’absence même d’une telle personne les effraie, tout comme l’enfant reste aveugle à sa responsabilité dans les choix qu’il fait grâce à des histoires de superstitions, de chance, de magie et de monstres effrayants.

C’est en ça que le père noël est utile, il offre un premier exercice grossier, un premier passage de cap relativement innofensif, dans cette évolution nécessaire.

5. Le 9 décembre 2012,
Thierry

Pour ma part, si je croise des enfants qui me disent croire au père Noël, je me charge de leur expliquer que leurs parents sont des menteurs qui abusent de leur naïveté et que le bonhomme rouge du centre commercial n’est qu’un gros vieux pervers qui veut les tripoter.

J’espère que tu n’est pas sérieux quand tu dis ça. C’est vraiment une idée à la con.

Papa de 4 enfants, athée et n’hésitant pas à discuter religion avec eux et avec les religieux, je suis content de mentir à mes enfants à propos de Noël, pour de multiples raisons :

  • d’abord, le père Noël ne va pas les envoyer brûler en enfer pour l’éternité s’ils ne le respectent pas, il ne les menace pas, contrairement à un autre barbu qui voudrait leur faire croire qu’ils sont nés imparfaits et pécheurs et doivent se repentir toute leur vie.

  • ensuite, il y a ce moment de leur développement où ils doutent et commencent à développer un vrai esprit critique autour du père Noël. Souvent un moment où ils continuent de faire croire qu’ils croient, au cas où les parents arrêteraient de faire les cadeaux. Cette expérience leur sera très utile dans le futur (“j’ai cru à un être imaginaire, avec toutes les preuves de son existence qui m’entouraient… A quoi d’autres peut-on croire qui ne serait pas vrai, juste parce que l’idée fait chaud au cœur ?”). Déjà tôt, ils s’étonnent d’en voir tout pleins de différents dans les rues, alors on leur explique exactement ce qu’il en est. C’est une première étape de réflexion. Puis la présence de cadeaux pour eux chez différents membres de la famille, là aussi, ça cloche un peu avec ce qu’ils croient savoir… Enfin, le jour où ils comprennent clairement qu’ils se sont fait berner et que les cadeaux venaient d’êtres tout ce qu’il y a de plus naturels.

  • enfin, contrairement aux autres êtres imaginaires, celui-ci ne dure que le temps de l’enfance (a priori jusqu’au 6 ans en gros chez moi) et reste festif et joyeux pour les enfants. Lorsqu’ils savent, ils sont eux-même heureux de cacher la vérité et de voir les plus jeunes ouvrir les cadeaux ou parler du père Noël.

  • quant à cette idée d’aller à l’encontre des parents lorsque ceux-ci ont fait un choix d’éducation, sérieusement, garde ça pour toi. Les avis sur l’éducation, c’est comme les trous du culs, chacun en a un. Merci alors de ne pas aller penser que tu as la science infuse en terme d’éducation. J’imagine assez mal si chaque personne que je croise assez longtemps pour discuter venait donner son avis sur le monde à mes enfants, on ne s’en sortirait plus.

Il n’y a pas de meilleur parent que celui qui n’a jamais eu d’enfants. On croit alors tout savoir de la meilleure façon de les élever.

6. Le 9 décembre 2012,
juli1

Après tant de bonnes paroles pleines d’amour, je n’ai qu’une chose à dire : joyeux Noël !

7. Le 9 décembre 2012,
Malta

@Thierry : bof, de toute façon ton gamin il y a de grande chance que quelqu’un le lui explique qu’il n’existe pas le bonhome rouge, un autre gamin par exemple. Comment tu protèges tes “choix d’éducation” (un bien grand mot je trouve) des autres enfants ? Que ce soit le capitaine qui lui dise ou un autre…

8. Le 9 décembre 2012,
Mox Folder

Les enfants ont la chance de vivre dans un monde merveilleux, pourquoi leur retirer ça ? Et bonne pour expliquer à ma fille, persuadée que le chien de nos amis fait toutes les bêtises à sa place (il a bon dos le chien), que le père n’existe pas…

9. Le 9 décembre 2012,
Mox Folder

Oups quelques oublis juste au dessus: bonne chance, et père Noël.

10. Le 9 décembre 2012,
Thierry

@malta : ce n’est pas la même chose quand un copain leur dit que quand c’est un grand dadais d’adulte qui se croit malin…

11. Le 9 décembre 2012,
Q

N’est-il pas, au contraire, souhaitable qu’un enfant, sans drame ni traumatisme, soit éduqué aussi tôt que possible à cette réalité qui devra éclairer le reste de sa vie : les adultes peuvent à tout moment, sous couvert de mille et un prétextes, dont certains aussi anodins que la tradition ou le divertissement, trahir ceux qu’ils aiment, dissimuler, mentir, comploter, etc. Pour moi, la découverte de la mascarade du père Noël fut l’un des évènements intimes fondateurs du doute et de la prise de conscience des vertus de la coalition. Car la possibilité, entre enfants, de déjouer un complot d’adultes vaut mille démonstrations. Vous ne pouvez pas réduire la tradition du père Noël au seul mensonge. Il faut admettre qu’elle contient le mensonge ET son dénouement. En cela, elle est bien plus complexe et, finalement, subversive que vous ne le prétendez.

12. Le 9 décembre 2012,
Xuelynom

Ces obsessions avec la figure du vieux pédophile… T’as des choses à faire remonter ? Un bon raccourci, bien rapide : Attention les gens, si un vieux sourit en regardant un gosse, c’est forcément un pédophile ! Et hop, Bucher et Fourches, comme l’évêque en 51.

13. Le 9 décembre 2012,
karl, La Grange

les cadeaux de noël, c’est pour tous les sexes

14. Le 9 décembre 2012,
padawan

« j’ai cru à un être imaginaire, avec toutes les preuves de son existence qui m’entouraient… A quoi d’autres peut-on croire qui ne serait pas vrai, juste parce que l’idée fait chaud au cœur ? »

Bien vu.

15. Le 10 décembre 2012,
Maxime

Tiens, tu as retrouvé ton appeau à trolls ?

16. Le 10 décembre 2012,
Sacrip'Anne

Rhooo tu appuies là où ça fait mal.

Mais à côté, elle milite contre l’homophobie à 6 ans et demi, dans la cour de récré, quand elle entend “sale pédé”.

Est-ce que j’ai droit à une demi rédemption d’indignitude, dis ???

17. Le 10 décembre 2012,
Jean

C’est faux. Le bonhomme rouge du centre commercial est un intermittent du spectacle qui boucle sur le fil son quota de 507 heures de cachets en 10 mois, indispensables au renouvellement de son allocation ASSEDIC pour les mois qui vont suivre ; pas du tout un pédophile tripoteur… Car le Père Noël n’existe pas non plus pour les artistes en fin de droits.

18. Le 10 décembre 2012,
flor

moi, ce qui m’afflige, outre la vacuité de l’argumentation aussi provoc que prévisible (un peu Frigide Barjot, somme toute) pour rameuter les trolls que nous sommes (mais bah , la fin justifie etc.), c’est que comme d’hab, les agnostiques sont pas dans la liste de toutes ces (in)croyances. C’est toujours pareil, les agnostiques ou le vote blanc, même bitin : aux chiottes, tout le monde s’en fout (quand on les fout pas, suprême outrage, dans le même sac que les athée). Pourtant, tout irait si bien dans un monde 100% agnostique, où le doute serait la valeur cardinale du savoir, sans prétentieux athée ou religieux moralisateur… et là, justement le père noël deviendrait le symbole de l’entrée dans le monde du doute et de la défiance envers le merveilleux, ah je peux rêver…

19. Le 10 décembre 2012,
Thierry

@flor : les américains ont une autre définition de l’agnosticism, qui fait que l’on peut être athée agnostique, ou religieux agnostique.

C’est peut-être pour ça

Y’a que les français qui croient que les athées sont sûr de savoir si Dieu existe ou non, alors qu’en réalité leur message est qu’un athée n’a pas de raison de croire. On trouve très peu d’athées non agnostiques, qui disent avoir la certitude que Dieu n’existe pas.

20. Le 10 décembre 2012,
Laurent Gloaguen

@flor : vous êtes agnostique quant à l’existence du père Noël ? Sinon, la discussion sur l’agnosticisme, on a déjà fait.

21. Le 10 décembre 2012,
ossobuco

Les trolls sont des cons, c’est clair (et je sais de quoi j’parle).

22. Le 10 décembre 2012,
flor

oh non je ne doute pas du père nöel, bien que les père noël douteux abondent… Mais je crois que nous devrions en faire notre Ange Gabriel, car c’est finalement par ce vieux-barbu-vert-puis-rouge-depuis-que-coca-bla-bla-bla qu’arrive la révélation de notre douteuse existence dans un monde douteux. Gloire au père noël. Je suis un Noëlien de la première heure et ma foi dans le doute est à toute épreuve (ou pas).

23. Le 10 décembre 2012,
Thierry

Sinon, la discussion sur l’agnosticisme, on a déjà fait.

Ah ouaip, je radote, moi !

24. Le 11 décembre 2012,
Jack

Le mensonge est le fondement de la vie en société. Plusieurs politiciens l’ont bien saisi, avant nous.

Blah ? Touitter !