Journal de bord

jeudi 30 mai 2013

Dictature en France

Jérome Triomphe, avocat

Un avocat dénonce la dictature en France :

[…] Si l’étudiant s’est montré peu bavard devant le tribunal, qui n’a eu de cesse de rappeler que les prévenus sont jugés non pour un quelconque délit d’opinion, mais pour des infractions pénales, son avocat, lui, est monté au créneau.

« Il y a eu un mépris, depuis le début, de ceux qui s’opposaient à cette loi », a plaidé Me Jérôme Triomphe, qui a produit une vidéo montrant un policier relançant vers les manifestants une bouteille en verre qui avait atterri à ses pieds. Bien que la présidente Isabelle Pulver lui rappelle qu’il ne faudrait pas que ce tribunal soit transformé en tribune, il a dénoncé un contexte de « terreur policière ». « Ceux-là ont le sentiment d’être méprisés, réprimés car il ne pensent pas comme le gouvernement », a-t-il poursuivi, se faisant le porte-parole des prévenus.

En marge de l’audience, Me Triomphe a annoncé qu’il préparait, avec une trentaine d’autres avocats, une plainte pour « arrestations arbitraires », allant jusqu’à parler de « dictature », d’« État policier » et même de « rafle ».

L’avocat, dont le client a été condamné à 30 jours-amende, s’est félicité que le tribunal ait « redonné un peu de mesure à ces poursuites odieuses marquées par l’acharnement », dont témoignent, selon lui, les réquisitions « ubuesques » du parquet.

Le Parisien, AFP : “Mariage gay : premières condamnations après la manif”.

Jérôme Triomphe est un avocat proche de l’extrême droite catholique, notamment de l’Agrif de Bernard Antony et du mouvement Civitas d’Alain Escada, qui intervient souvent sur les ondes de Radio Courtoisie, et qui s’illustre régulièrement dans les médias en défendant différentes racailles cathos.

Parmi ses clients, on peut trouver : des supporters Boulogne Boys dans l’affaire de la banderole “Pédophiles, chômeurs, consanguins : Bienvenue chez les Ch’ tis”, des casseurs intégristes du Renouveau Français [Pierre Colinge, Rémi Crassous, Benjamin Michelet et Gaël de Crepy] qui se sont attaqués à l’œuvre de Serrano à Avignon, etc. Il est aussi défenseur et tête pensante de l’AGRIF ou Alliance générale contre le racisme [anti-blanc, bien entendu] et pour le respect de l’identité française et chrétienne [lol], ce qui le fera plaider pour l’interdiction du spectacle Golgota Picnic. On note aussi avec amusement qu’il a défendu le journal Rivarol poursuivi en diffamation par Jean-Marie Le Pen et le Front national. Codes civil et pénal ne lui suffisant pas, Maître Triomphe est aussi un spécialiste en droit canonique.

Pour lui, le mariage homosexuel est une “attaque subversive à l’ordre de la Création”.

1. Le 30 mai 2013,
Hoedic

Bref, un personnage fort sympathique.

Je n’ose imaginer le tumulte que ce serait si la flicaille se comportait en plus comme leurs homologues montréalais. Je n’ai pas suivi de manière assidue, mais de ce que je vois, et contrairement à ce que je pensais il y a quelques années, les vaches françaises sont moins promptes à la souricière, à la matraque et au poivre de cayenne que les boeufs montréalais…

(remarque: la parenthèse fermante après Golgota Picnic ne semble pas avoir d’amie ouvrante)

2. Le 30 mai 2013,
Laurent Gloaguen

(La parenthèse solitaire a été expulsée…).

Si Jérôme Triomphe était au barreau de Montréal, oui, il pourrait parler de police politique et de rafles. En France, ça se discute…

3. Le 31 mai 2013,
padawan

Le mariage homosexuel est une attaque subversive à l’ordre des cons. Et comme ça se voit, ça les fait hurler encore plus fort.

Blah ? Touitter !

Vallée de l’Omo, sauvages photogéniques

Argent, violence, alcoolisme, prostitution, sida, évangélistes, touristes, photographies et kalachnikovs, voilà le quotidien des hommes du zoo humain qu’est devenu vallée de l’Omo en Éthiopie.

Toutes les photos ci-dessous sont de Hans Silvester.

Hans silvester 00

[…] Rien d’étonnant, donc, que la vallée de l’Omo ne soit devenue un piège à touristes mettant en scène les origines de l’humanité. L’auteur estime que les albums de peintures corporelles des peuples surma ne sont pas l’effet d’une créativité spontanée, mais naissent de situations de survie alimentaire. Les « indigènes » savent que leurs excentricités corporelles plaisent aux visiteurs de passage et plus encore à ceux qui s’installent pour un temps dans le pays pour y monter de vrais studios photographiques. Pour des salaires de misère, ces gens, qui ne disposent, face à l’étranger, d’aucun moyen efficace pour défendre leur dignité et leurs droits, se prêtent ainsi malgré eux à une marchandisation éhontée des images de leurs corps. […]

Les photos de Voge qui illustrent ce reportage sont en tous points comparables à celles qu’un autre magazine, non moins médiatique [Paris Match (24-30/08/2006)], avait choisies, pour créer une star pour Perpignan [Et sa manifestation estivale « Visa pour l’image ».] et en même temps promouvoir les albums à paraître d’un photographe de génie : Hans Silvester. Ce nouveau reportage est titré « Les arts premiers dans la peau », clin d’œil complice au musée du Quai Branly qui avait ouvert ses portes deux mois plus tôt. Citons : « la séance de pose terminée, les enfants se font gazelle, singe, oiseau pour s’ébattre dans la forêt primitive ». Pour illustrer ce propos voici, en pleine page, un garçon nu, artistement peint de la tête aux pieds, suspendu à une branche au-dessus de somptueux feuillages. Sur la page d’en face, deux adolescents, également grimés et concentrant leur regard sur l’objectif du photographe, se livrent, tête-bêche à une joyeuse exhibition, une partie de « bête à deux têtes ». Scène ambiguë, pouvant évoquer la sodomie, mais sans doute présumée innocente chez ces « Naturels ». Plus loin, un espiègle au bizarre couvre-chef de cuir serre entre ses dents un joli poisson à écailles et nageoires argentées. Grotesque : ces pasteurs ne mangent du poisson qu’en cas de disette (manque de lait et de sorgho), mais cru, jamais. Les autres photos sont du même acabit : la plupart sont des gros plans sur des visages, mais aussi sur des fesses, des seins, les sexes puissants de ces guerriers en herbe. […]

Nous y sommes : ces mises en scène exubérantes – ces pantalonnades dirions-nous si les acteurs étaient habillés – sont un exutoire de cour de récréation à l’usage du photographe. Le même aveu est fait dans l’article cité plus haut du Figaro Magazine : « Tout le village saisit le prétexte de l’arrivée du photographe pour transformer la fête en événement. On en rajoute ». C’est bien là que se situe la réalité. Même s’il y a, derrière ces grimages, quelques traditions attestées – se protéger contre le mauvais-œil, les maladies, intimider un adversaire, se parer pour une fête, une cérémonie – ces activités, telles qu’elles sont données à voir dans ces albums, sont devenues l’expression d’une nouvelle forme d’aliénation : la marchandisation de la seule chose que possèdent les Surma et leurs voisins de la vallée de l’Omo. Pour l’heure, ils ne vendent aux étrangers que des images de leurs corps. Dans le dénuement où ils se trouvent, il est à craindre que le pire soit à venir.

Ayant contribué à l’étude linguistique, sociale et culturelle de l’un de ces peuples, je pense que ces gesticulations photographiques et leur exploitation commerciale sans retenue sont non seulement indécentes, mais constituent un outrage à la dignité humaine, quand elles ne sont pas empreintes de relents racistes, comme ce cliché de l’enfant nu qui fait le singe dans son arbre. Pour autant, enfermer ces populations dans des « réserves », comme cela a été fait pour les Indiens d’Amérique, serait également outrageant et définitivement contraire aux droits des « minorités culturelles ». Mondialisation oblige, le tourisme peut constituer une ressource appréciable. Encore faut-il que les prestataires en demeurent les maîtres d’œuvre, comme semblent y parvenir, au Mali, les Dogons. Il y a dix ans, cette maîtrise a été contestée aux habitants de l’Omo. En 1996, le Figaro magazine, décidément très friand des « paradis perdus », racontait une visite chez les Karo qui a failli tourner très mal : « à Dus, petit village karo, on attend avec impatience l’arrivée d’une dizaine de touristes. Les femmes ont revêtu leurs plus belles parures. Les hommes ont sorti les fusils. Sans idée préconçue […] ils savent que les Blancs préfèrent les prendre en photo armés. Les visiteurs arrivent. Le guide leur fait la leçon. L’argent demandé par les Karo pour accepter d’être photographiés leur sert à acheter des armes. Exceptionnellement donc, pas de photos ». La situation dégénère rapidement : « énervement, explications houleuses, menaces ». « Quelques fusils s’abaissent. Le ton monte. Retraite précipitée du bataillon de touristes. » L’effort de certains voyagistes pour « moraliser » le tourisme est certes louable, mais il n’y a pas de solution miracle pour rendre harmonieuses ces rencontres éphémères. Les populations ont compris que le seul intérêt des touristes est de « prendre » des photos, la modeste contrepartie en monnaie étant la seule garantie qu’il s’agit d’un échange et non d’un vol. Si cet échange n’existe plus, les étrangers ne représentent qu’un danger, « le mauvais œil ». Personne ne s’étonnera que leur vie soit alors en danger. […]

Serge Tornay : « Du corps humain comme marchandise », Afrique et histoire 1/2009 (vol. 7), p. 331-342.

Hans silvester 01

Joey Lawrence est un jeune photographe canadien qui a assis sa notoriété avec des photos de tribus de l’Omo :

[…] I took these images in a Hamar tribe village named Labaltoy in the Southern Nationalities Region, Ethiopia. You may recognize some faces from photographs I took years ago. Originally I wanted to wait until all my images from this most recent trip were complete, and to release them together. However, I feel these images work together as a story.

The Hamar are a agro-pastoral tribal group living amongst the many diverse ethnic groups that occupy Ethiopia’s Lower Omo Valley. A complex belief system with deep animistic roots intertwines their daily lives with their livestock, a central part of Hamar culture. The women are well known for putting beautiful red river clay in their hair and skin.

Although many foreigners associate the Hamar with the reputation of an “unchanged stone-age” people, this in fact holds no truth. The culture is ever-evolving and changing, adapting to the unpredictable semi-arid climate of the Omo Valley, political pressure from larger ethnic groups around them, unsustainable tourism, and the inescapable advances of the modern world.

The Hamar have their essential traditional knowledge passed down from older generations of elders, but a new “second” form of education is also becoming a normal part of every day life.

[…] We hear a lot about endangered ecosystems and wildlife, but seldom do we hear about an endangered people. Over the last 4 years of visiting the Omo Valley, I have seen many changes in the area. There are many cases of forced assimilation. In fact, there are some horrendous human rights abuses happening nearby among other ethnic groups that occupy the valley. However, that is actually not the story I’m trying to tell with these particular images.

So often do visitors look at the romanticized, “noble-savage” images we view of tribes and draw their own uninformed conclusions about their role in our world. Although I am still very much a visitor, I like to think I have become informed after my countless months spent in the Omo Valley.

All cultures over history are constantly changing. There are no “pure” people, unchanged by time. We all adopt practices from one another and our ideas merge…. This is actually what shapes a culture, and selective traits taken on can add to it’s core.

Some may look upon these images and draw the conclusion that going to school is somehow eroding away a once “pristine” culture. However, I believe that an education with a proper structure can be a key tool in preserving a cultural heritage. Educating the young generation is integral to protecting the tribe’s rights.

Joey L., 2013: “Education in the Omo Valley, Ethiopia.”

[…] It has been my perception, over the last fifteen years of visiting the area and its peoples, that there have been a number of significant changes in the valley. The reasons for these changes are many and varied but there is little doubt that tourism has acted as a catalyst for many which may have unforeseeable consequences. One of my main concerns is the extent to which tourism in the lower Omo will undermine the area’s traditional cultures and the perspective that they have of their own position in the world.

[…] The long-standing fascination with the cultural expression of some of the local cultural groups - such as the Mursi’s lip plates, the body painting Karo and the bull-jumping Hammer - has combined with the increased cash economy, poorly trained guides and a complete lack of local tourism controls to produce a cultural interaction that is often uncomfortable.

Although there are many different cultural groups in the Omo Valley I feel that the Mursi are worth a special mention because of the potential damage that poorly managed tourism is having on them. They are an exceptional group whose lack of contact with the outside world, up until recently, makes them very vulnerable.

The Mursi have been the subject of many coffee table books and newspaper travel articles, which has made them a prime attraction for tourists. Many visiting tourists will endure the relative hardships of getting into the Omo just to see the Mursi, who are probably the most recognizable cultural group in the lower Omo due to the tradition of their women wearing lip-plates.

[…] The interaction between the visiting traveller and the Mursi is often, as mentioned before, an uncomfortable one. The often aggressive negotiating process - and the identifying of individual ‘specimens’ for photographs - can be an awkward process for the Mursi. David Turton describes the interaction as one that is stripped of the normal rules of social intercourse and one that has eventually resulted in an altered Musri view of the world and their position in it. Where once they occupied the centre of their physical and moral world, they now find themselves marginalized and remote.

Photography has a lot to answer for. The Mursi see the act of photography as predatory, rich westerners taking photographs of the poor African, and not just of the poor but of a particular, altered area of their bodies - not of their cattle, their lifestyle or their homes. As David Turton again points out, the Mursi realize that photographs are being taken not because the rich traveller wishes to emulate the practice, but because it represents this power imbalance and a gulf between the rich, technologically advanced world and the poorer, technologically backward world of the Mursi. The capture of an image of oneself that you will never truly know or understand is a disconcerting one for the Mursi, as it is for most. It is clearly evident that most Mursi find this degrading as they are presented before the camera whilst the photographer stands behind and operates the mechanism by which he will capture their image.

Another psychological challenge for the Mursi is the sense that they are being visited by a globally mobile audience, whilst they remain trapped at the end of a dead-end road, marginalized and captured on film. […]

Journeys By Design, William Jones, 2005: “Tourism without controls - a case study in Ethiopia’s lower Omo Valley.”

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Telegraph Travel, Oliver Smith, 2013: “Exodus abandons Omo Valley tours.”

[…] Today, the Omo Valley and its peoples face other challenges in the form of development. The tourist mecca of Turmi boasts several new bars, a clinic, telecommunications center, hostels, motels and campgrounds for foreign tourists. And with more exposure to the West, many Hamar youth have begun to abandon their villages on most days in pursuit of tourist dollars through crafting and selling curios, posing for photographs, and even selling themselves through prostitution. A new paved road is currently under construction that will replace its often washed-out gravel counterpart, and with it will bring much more tourism traffic. Also, a new cell-phone tower is being erected and will not only bring mobile service to the area for the first time, but more contact with the outside world. One elder has said: “With the road, comes everything.”

Lars Krutak: “Ethiopia’s Last Frontier: The Bloody World of the Hamar Tribe.”

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Hans Silvester se dit écolo. Au sud de l’Ethiopie, dans le pays de l’Omo, où vivent des populations animistes, converties par les évangelistes, Hans Silvester en payant les chefs de tribus et surtout en les alcolisant comme le font en routine les Evangélistes, a réussi à obtenir un quasi droit absolu sur les femmes et les enfants en les déguisant, les peignant pour faire une soi-disante oeuvre artistique et ethnique! Pour y être allé, c’est à dégueuler d’horreur, en voyant les hommes avec leurs Kalash, saouls depuis 10 h le matin, et ces gamins qui mendient pour la moindre photo. Ce Monsieur a transformé en singes savants ces pauvres populations et en fait son gagne pain. mais la conséquence, c’est que les hommes exploitent ces enfants et ces femmes, pour avoir leur alcooll quotidien! Bravo Monsieur l’écolo!

Claude Mawas: pétition pour l’annulation de l’exposition de Hans Silvester.

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Hans écrit sur la page 6 de son livre “Les habits de la nature” publié chez La Martinière que “la rencontre avec les étrangers a intensifié la pratique de ces peintures corporelles, au risque de les dénaturer. Car ces peintures sont maintenant une forme de revenu pour certaines tribus. Le tourisme progresse, bouleversant et détruisant plus sûrement la vie de ces ethnies que ne le font la guerre civile, les conflits tribaux, les trafics ou les aléas climatiques. […] Un village mursi en particulier, sur cet itinéraire obligé, accueille de façon régulière des touristes. Ses habitants se sont parfaitement adaptés au rythme des visites, une manne tombée du ciel. Quand arrivent les 4 x 4, aux alentours de dix heures, eux sont prêts à les accueillir, arborant parures et peintures de circonstance. Cette séquence assez surréaliste dure jusque vers midi, heure à laquelle les touristes doivent s’en retourner, jusqu’à la vague du lendemain. Ces « figurants » se font payer en monnaie locale, selon un tarif rigoureusement établi: deux birs pour se faire photographier - onze birs valant environ un dollar. L’argent est aussitôt converti en alcool ou en munitions, objets de trafics prospères. Tout cela est évidemment assez tragique.”

Silvester regrette le coté tendancieux “de tirer argument de cette situation [qu’il a lui-même] dénoncée, en la généralisant pour jeter le soupçon sur cet art et nier qu’il ait jamais existé avant l’arrivée des touristes”

Photographie.com, François-Marie d’Andrimont, 26 octobre 2008 : “Voleurs de couleurs”.

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J’ai des difficultés à me faire une opinion sur les responsabilités de Hans Silvester, faute d’éléments factuels à charge, mais les photographies parlent à la place de l’auteur : elles sont plus dans l’univers de la mode (on jurerait qu’il y a eu l’intervention de styliste sur certaines prises de vues) que dans l’authenticité ethnographique.

Le reproche qu’on pourrait lui faire, à la vue de son travail, est de ne montrer qu’une réalité travestie, théâtralisée, une vision imaginaire du bon sauvage.

On ne voit pas dans ses images très travaillées, posées, le moindre véhicule automobile, t-shirt, sac en plastique, pas la moindre trace de modernité, et encore moins l’emblématique kalachnikov de ces sociétés tribales de la corne de l’Afrique. Je veux bien croire aussi que les “parures” soient parfois tout à fait artificielles et créées spécifiquement pour le photographe.

Hans Silvester ne montre pas le réel, il montre son désir, son fantasme. Un paradis perdu.

Il montre son esthétique et sa conception du monde. Certains compareront sans doute son travail à celui tout aussi esthétisant de Leni Riefenstahl chez les Noubas du Soudan [The Last of the Nuba] (travail vu comme fasciste par Susan Sontag)… Mais, je ne sais pas si ce genre de comparaison éclaire vraiment.

Outre le contexte local du Sud éthiopien, nous avons souvent dans les débats deux visions de la photographie qui s’affrontent, faire du beau pour le beau au prix d’ajuster le réel (ne serait-ce qu’en utilisant un flash par exemple), ou rapporter le réel, du mieux et le plus sincèrement qu’on peut… Vieux débat.

Cher Claude, je comprends que tu es allé dans la vallée de l’Omo et que tu as été profondément choqué, en humaniste que tu es, par ce que tu as vu, ce safari humain, ce spectacle dégradant. Mais je ne sais pas si vouloir interdire une exposition artistique est une bonne réponse au problème (surtout que la censure m’indispose en général), aussi, je ne signerai pas ta pétition. Toutefois, j’en fais la publicité, chacun jugera de ce qui lui semble opportun. Le fait est que nous en parlons et c’est bien, c’est peut-être même l’intérêt premier de cette exposition.

Dans ce billet, le lecteur trouvera de nombreuses pistes de recherche s’il souhaite se constituer sa propre opinion. La mienne n’est pas définitive, et même un peu floue, le sujet est complexe — comme passionnant, car il met en jeu de façon aiguë la photographie et sa pratique.

1. Le 31 mai 2013,
Guillermito

Fascinante problématique. Plus on recherche l’authenticité, plus on la fait disparaitre. Les fantasmes d’exotisme remplacent la réalité complexe. Et, comme d’habitude, je lis six témoignages d’occidentaux, fort intéressants par ailleurs, mais personne n’a pris la peine de demander leur avis aux habitants photographiés.

2. Le 31 mai 2013,
Raveline

+1 avec ce gaucho de Guillermito sur sa dernière phrase.

Lorsque tu écris que :

Le reproche qu’on pourrait lui faire, à la vue de son travail, est de ne montrer qu’une réalité travestie, théâtralisée, une vision imaginaire du bon sauvage.

Tout en étant intuitivement d’accord, je me demande quel critère on peut avoir pour savoir ce qu’est la “vision réelle”.

3. Le 31 mai 2013,
Laurent Gloaguen

“personne n’a pris la peine de demander leur avis aux habitants photographiés”.

J’ai cherché, mais je n’ai pas trouvé. Ça doit bien exister quelque part (plutôt dans des travaux d’ethno.).

4. Le 1 juin 2013,
Patrice C.

Ça me fait penser à cet excellent court-métrage, disponible sur vimeo, du tandem Resnais-Marker sur le colonialisme à travers l’art africain (on dit nègre dans le film), Les Statues meurent aussi (France, 1953).

Blah ? Touitter !