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Kristen Stewart seins nus consulte son iPhone 5 qui merde à cause de Free

Statistiques pure players 2013

[Source.]

Pas super frais, mais la situation n’a certainement pas changé depuis six mois :

[…] La plupart des sites d’infos généralistes recherchent le clic car les revenus publicitaires dépendent de cela. LE CLIC ET LES CHIFFRES, LES CHIFFRES, LES CHIFFRES. Or la pub est à des prix tellement bas sur internet que la plupart de ces sites ne sont même pas à l’équilibre. Mediapart s’est distingué en mettant en place des abonnements, le New York Times a créé un « mur payant » (une limite de papiers après laquelle il faut payer) et Buzzfeed, le modèle qui a notamment inspiré Melty et Minutebuzz, aide les marques à « parler le langage du web » pour gagner de l’argent.

[…] Un journaliste web d’un site d’info généraliste traite et enrichit de la dépêche, et publie entre 1 et 7 papiers par jour : il est là pour produire toujours plus de contenus. Seulement, laissez-moi vous dire qu’après avoir édité quatre dépêches, rédigé trois articles à partir de liens ( « vigies », « lu, vu, entendu », « vus sur le web ») et torché un papier en deux heures, on a pas toujours le sentiment d’apporter une information originale au lecteur. Surtout quand tous les concurrents ont la MÊME info. Les rédactions où l’on vous donne le temps d’enquêter sont de plus en plus rares : Mediapart le fait, Rue89 a mis en place un pôle investigation, Le Monde a les moyens pour laisser travailler les journalistes et les effectifs grandissants permettent de partir en reportage.

Mais du point de vue d’un lecteur qui ne saurait pas comment fonctionne un média en ligne, il est possible qu’il ait régulièrement l’impression de lire le même papier s’il se rend sur L’Express.fr, LeMonde.fr, le Nouvelobs.com, le Figaro.fr ou 20minutes.fr (…), pour la simple et bonne raison que beaucoup de sites (Le Point, 20minutes.fr, le Nouvelobs.com) publient les dépêches des principales agences de presse brutes, sans editing et signées par l’AFP ou Reuters.

Ces agences alimentent la plupart des sites pour les infos les plus chaudes. Chaque site se dote ensuite d’éditeurs et de « Front page editor » pour enrichir et éventuellement valoriser en une ces dépêches. Ces journalistes hyper-réactifs éditent plus vite que leur ombre, apprennent aussi à faire du copier-coller comme personne, font de la veille, traitent et relisent de l’info à toute allure. À se demander si les journalistes qui sont le plus publiés sur le web ne sont pas au fond les agenciers.

Google a changé le journalisme sur Internet : les sites dépendent pour beaucoup du trafic et savent que la plus grande part de leur audience vient du moteur de recherche. L’important est ainsi de titrer un papier avec les bons mots-clés, de publier des articles qui sont susceptibles d’être référencés par Google, et d’être repéré par l’algorithme qui mettra un article dans la page Google actualités (et le plus haut possible sur la page).

Le fonds de commerce des fermes de contenu ? La production de titres avec des contenus pauvres derrière. Cela fait baver les rédacs-chef qui ont des contraintes de résultats chiffrés. Paradoxalement, les éditeurs continuent quand même à demander de l’argent à Google alors qu’il font tout pour draguer ses robots qui référencent leurs papiers habilement titrés.

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« Il faut que les journalistes arrêtent de s’accrocher à leur carte de presse. Il n’y a pas qu’eux qui pourraient faire ce qu’ils font », n’hésite donc pas à lancer un directeur de médias si un journaliste a le malheur de la ramener et de souligner ce fonctionnement aliénant : « Dans la vie, je suis éditeur de dépêche de journalistes à l’AFP, créateur de liens hypertexte et d’url magiques du genre kristen-stewart-seins-nus-consulte-son-iphone-5-qui-merde-à-cause-de-Free.html » (CLIC, CLIC, CLIC, CLIC).

La ligne éditoriale est directement modifiée par Google, faut pas déconner : certains articles n’existeraient pas sans l’injonction de ces mots qu’il faut avoir à tout prix sur son site. Et il est de plus en plus fréquent que les personnes du service marketing suggèrent des « idées » aux rédacteurs en chef. Si vous avez déjà fait 12 papiers sur un sujet qui clique, le lendemain on va vous demander d’en faire un 13e même s’il n’y a qu’une ligne d’info à ajouter. Mais il faut un titre.

Et c’est assumé dans les rédacs : vous « écrivez pour être lu ». (C’est vrai que mon but dans la vie était de n’être lu que par ma mère. No shit sherlock). L’accès aux statistiques du site est donné aux journalistes. Surveiller sans cesse l’article le plus lu sur le site à la minute près est encouragé, via des outils comme Xiti ou Chartbeat. Plutôt que d’être félicité par un rédac-chef parce que mon papier a été beaucoup lu (des gens lisent tous les jours, merci chef), je préfèrerais plutôt être félicité parce que j’ai bien enquêté (sans que les deux ne soient incompatibles).

Le modèle économique semble donc tellement difficile à trouver qu’on se demande où les sites de presse vont s’arrêter avant de devenir des fermes de contenus. Certains de ces rédac-chefs lorgnent sur Melty, un site qui est tout sauf journalistique, mais qui draine un trafic important. Newsring, site de débats lancé fin 2011, évolue clairement dans ce sens, en sollicitant les internautes pour les faire réagir sur des sujets d’actualité. Ce témoignage d’une pigiste est assez édifiant quant au nombre de réactions demandées. Le problème, c’est que les lecteurs ne sont pas forcément intéressés par ce que les autres internautes ont à dire sur des sujets tels que : « Palestiniens, Israéliens, qui a raison ? »

[…] La revue de web – comme la revue de presse avant elle – est aujourd’hui le format facile employé par certaines rédactions pour évoquer des sujets qu’elles ne savent pas vraiment comment traiter. Car le bon journaliste web est celui qui sait repérer un bon buzz qui monte. C’est celui qui mettra moins de temps que les autres à publier un papier de 500 signes, en insérant trois tweets et une capture plus vite que ses confrères. Quatre heures plus tard, tout le monde a fait le même papier avec les mêmes tweets… […]

Slate.fr s’est distingué des autres en prenant le parti dès le début de faire du long avec des angles originaux, différents de ceux de ses concurrents : l’affaire Bettencourt via le faux facebook d’Eric Woerth n’est qu’un exemple parmi d’autres. Pendant les campagnes présidentielles française et américaine, ils multiplient pourtant les lives et les brèves et se rapprochent de ce que fait la concurrence.

[…] Et, pour motiver les troupes qui s’éclatent au quotidien, les contrats sont toujours plus précaires et les stagiaires occupent parfois des postes qui devraient faire l’objet de CDD ou CDI. C’est bien utile dans les rédactions web qui publient de plus en plus d’articles et qui ont besoin de petites mains.

[…] La logique cynique du clic et de la production de contenu ne s’arrête pas là. Pour multiplier les articles et donc le contenu, et donc le clic (LES CHIFFRES), le journalisme citoyen ou participatif a bien aidé les rédactions. Sous couvert d’une ouverture des rédactions aux lecteurs, aux internautes, les médias ont compris que laisser la parole aux internautes permet d’apporter toujours plus de contenus : commentaires, photos, vidéos, billets de blogs, contributions. Un internaute qui commente est un internaute qui revient et donc qui clique. Un journaliste, un expert pourront aussi contribuer ponctuellement et gratuitement, on leur dira que « c’est bon pour leur visibilité » (et LES CHIFFRES du site aussi). Newsring a les ambitions d’audience de sites comme PurePeople (ils font tous les deux partie du groupe Webedia). Le Plus, et feu Le Post avant lui, sont lancés pour aider un média existant en traitant des sujets plus buzz que LeMonde.fr et Le Nouvelobs.com.

Jusqu’au dérapage : le jour où Jean Dujardin meurt (mais en fait non) selon Le Post.fr (en non vérifié). Et Le Plus publie un billet à propos d’une publicité évoquant « cette grosse qui remue me révulse » après une campagne très débattue sur le web. Deux articles, parmi d’autres, qui seront supprimés après publication.

[…]

Anonyme, 10 janvier 2012 : “Je n’avais pas signé pour ce journalisme web”.

Ceci n'est pas Kristen Stewart seins nus qui consulte son iPhone 5 qui merde à cause de Free

[Photo GuysWithiPhone.]

Journalism doesn’t pay

[…] From the Atlantic:

Thanks for responding. Maybe by the end of the week? 1,200 words? We unfortunately can’t pay you for it, but we do reach 13 million readers a month. I understand if that’s not a workable arrangement for you, I just wanted to see if you were interested.

Thanks so much again for your time. A great piece!

From me:

Thanks Olga:

I am a professional journalist who has made my living by writing for 25 years and am not in the habit of giving my services for free to for profit media outlets so they can make money by using my work and efforts by removing my ability to pay my bills and feed my children. I know several people who write for the Atlantic who of course get paid. I appreciate your interest, but, while I respect the Atlantic, and have several friends who write for it, I have bills to pay and cannot expect to do so by giving my work away for free to a for profit company so they can make money off of my efforts. 1200 words by the end of the week would be fine, and I can assure you it would be well received, but not for free. Frankly, I will refrain from being insulted and am perplexed how one can expect to try to retain quality professional services without compensating for them. Let me know if you have perhaps mispoken.

best,

Nate

From the Atlantic:

Hi Nate — I completely understand your position, but our rate even for original, reported stories is $100. I am out of freelance money right now, I enjoyed your post, and I thought you’d be willing to summarize it for posting for a wider audience without doing any additional legwork. Some journalists use our platform as a way to gain more exposure for whatever professional goals they might have, but that’s not right for everyone and it’s of course perfectly reasonable to decline.

Thank you and I’m sorry to have offended you.

Best,

Olga

From me:

Hi Olga: No offense taken and no worries. I am sure you are aware of the changing, deteriorating condition of our profession and the difficulty for serious journalists to make a living through their work resulting in the decline of the quality of news in general. Ironically, a few years back I was offered a staff job with the Atlantic to write 6 articles a year for a retainer of $125,000, with the right to publish elsewhere in addition. The then editor, Michael Kelly, was killed while we were both in Iraq, and we both, as it were, moved on to different places. I don’t have a problem with exposure but I do with paying my bills.

I am sure you can do what is the common practice these days and just have one of your interns rewrite the story as it was published elsewhere, but hopefully stating that is how the information was acquired. If you ever are interested in  a quality story on North Korea and wiling to pay for it, please do give me a shout. I do enjoy reading what you put out, although I remain befuddled as to how that particular business model would be sustainable to either journalism and ultimately the owners and stockholders of the Atlantic.

I understand your dilemma and it really is nothing personal, I assure you, and I wish you the best of luck.

Natet Thayer: “A Day in the Life of a Freelance Journalist.”

Lex Google.fr

Pigeon de la bêtise trônant sur la tête de la raison.

01net : “Google va-t-il rémunérer les journalistes allemands et… français ?”.

Le Figaro : “La presse veut faire payer les moteurs de recherche”.

LE FIGARO. - Les éditeurs de presse présentent un projet de loi visant à faire payer les moteurs de recherche pour l’utilisation de leurs contenus. Pourquoi?

Nathalie COLLIN. - Nous travaillons sur ce projet depuis le printemps, après avoir constaté l’échec des discussions entamées depuis trois ans avec Google. Aujourd’hui, tous les éditeurs de presse quotidienne, magazine ou purement Internet sont rassemblés derrière ce projet qui a été soumis à la ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti, la ministre déléguée au Numérique, Fleur Pellerin et au premier ministre, Jean-Marc Ayrault. Ce projet de loi est simple à mettre en œuvre et il est équilibré. D’un côté, les éditeurs s’engagent à renoncer à leur droit d’interdire l’indexation de leurs contenus par les moteurs de recherche. La presse ne veut pas entraver l’accès des internautes à l’information. Au contraire, elle a besoin de promouvoir ses contenus. En contrepartie, nous demandons la création d’un droit voisin qui permettrait de faire payer par les moteurs de recherche une juste rémunération, chaque fois qu’un de nos contenus est indexé. Pour fixer le ­niveau de cette rémunération équitable, il suffit de créer, comme cela existe déjà pour la musique et les paris sportifs, une commission paritaire réunissant la presse et les moteurs de recherche et qui sera dirigée par un président nommé par le gouvernement. Une société de gestion collective répartira les sommes perçues entre les journaux.

Je suis accablé quand je découvre des conneries pareilles… Ces éditeurs de presse ne comprennent décidément rien à Internet.

Et le jour où Google blacklistera les journaux français du service “Search” (cela est déjà arrivé aux belges), qui va pleurer ?

Pour faire bonne mesure, le Syndicat de la presse quotidienne nationale (SPQN ) a également présenté une proposition de loi pour taxer les ordinateurs et tablettes. Histoire de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier…

J’apporte ma touche en suggérant une taxe sur les vendeurs de journaux qui exposent gratuitement la presse à la vue du public.

Vautours sur un cadavre

Philippe Kieffer aime bien planter des clous dans les cercueils.

[…] Grandiloquent à souhait, teinté du regret d’un prospère passé qui ne reviendra jamais, le microcosme ressasse jusqu’à l’auto-intoxication ses fantasmes favoris. Ainsi, peut-on lire et entendre un peu partout, de blogs en déclarations, d’éditos en tribunes, il en irait avec le cas du Monde de « l’avenir la démocratie » et d’une presse écrite décrétée « indispensable à son bon fonctionnement »… Raisonnement et clichés d’un autre siècle, qui furent vrais mais ne le sont plus que de moins en moins.

Quotidien engagé depuis des années, comme tant d’autres, dans ce que les nouvelles technologies ont transformé en impasse éditoriale et financière, le Monde serait une cause nationale. Une sorte de paquebot France en perdition dans une mer d’encre. Un enjeu de « patrimoine » à conserver quel qu’en soit le prix… Émotion et gravité garanties. De gauche comme de droite. C’est beau comme de l’antique. Normal, c’est pleinement, furieusement, lugubrement… de l’antique !

[…] La troisième chose, c’est que, compte tenu de la nouvelle donne technologique, et avec beaucoup moins que 130 millions d’euros, il serait aujourd’hui possible, en partant de rien, de créer sur Internet un nouveau groupe d’information de qualité (avec radio, Télévision, et même, un jour, qui sait, un nouveau quotidien de papier qui, n’étant pas criblé de dettes à sa naissance, aurait quelques chances de survivre en kiosque). L’actuelle montée en puissance et notoriété, malgré des moyens très modestes, de nouveaux venus sur le terrain d’une information de qualité (Mediapart, Rue89, Slate.fr pour ne citer qu’eux…) devrait donner à réfléchir aux candidats. Mais, c’est vrai, pourquoi réfléchir, faire sobre et novateur quand on a les immenses moyens de se précipiter, de faire bancal et passéiste ?

Rue89, Philippe Kieffer : “Pourquoi cette rage à vouloir s’offrir un Monde finissant ?”.

Paywalls

Delivering the 2010 Hugh Cudlipp Lecture today, Rusbridger said that universal charging for newspaper content on the internet would remove the industry from a digital revolution which is allowing news organisations to engage with their readers more than ever before.

Rusbridger described universal paywalls as “a hunch” and said that the newspaper industry would learn valuable lessons from trying different business models, including staying generally free while charging for specialist content or asking readers to pay on different platforms, such as mobile.

[…] Rusbridger pointed out that News Corp has frequently used the price of news to attack rivals. “Murdoch, who has in his time flirted with free models and who has ruthlessly cut the price of his papers to below cost in order to win audiences or drive out competition (‘reach before revenue’, as it wasn’t called back when he slashed the price of the Times to as low as 10p), this same Rupert Murdoch is being very vocal in asserting that the reader must pay a proper sum for content - whether in print or digitally,” he said.

[…] “It’s not a ‘digital trend’. It’s a trend about how people are expressing themselves, about how societies will choose to organise themselves, about a new democracy of ideas and information, about changing notions of authority, about the releasing of individual creativity, about resisting the people who want to close down free speech.

[…] “If you erect a universal pay wall around your content then it follows you are turning away from a world of openly shared content. Again, there may be sound business reasons for doing this, but editorially it is about the most fundamental statement anyone could make about how newspapers see themselves in relation to the newly-shaped world.”

[…] “Growth isn’t being bought by tricks or by setting chain-gangs of reporters early in the morning to rewrite stories about Lady Gaga or Katie Price. In that same period last year, our biggest growth areas were environment (up 137%), technology (up 125%) and art and design (up 84%).

He noted that roughly a third of the Guardian’s 37 million unique users came from North America - at a total marketing spend over 10 years of only $34,000 (£20,942). He contrasted the influence of UK papers in the US with that of 50 years ago, when the Manchester Guardian’s total foreign sale was 650.

The Guardian: “Guardian editor hits back at paywalls”.