Je participais hier à l’atelier “Apparaître, paraître, disparaître” organisé par le programme “identités actives” de la FING, non seulement pour le plaisir d’y revoir Charles Népote, mais aussi parce que le sujet me passionne.
J’y suis allé avec une idée assez précise du sujet, mais j’en suis parti avec plus de questions que de réponses. J’ai surtout noté combien les débats étaient parfois faussés par le manque d’une définition commune du concept d’identité numérique. Ainsi, certains pouvaient dire “j’ai 100 identités numériques”, confondant allégrement comptes utilisateur, inscriptions à des services, et notion d’identité…
Et je ne suis pas le seul à me faire cette réflexion :
Ces discussions ont mis en lumière un besoin de mieux définir la notion d’identité numérique.
Alors que j’ai tendance à considérer mon identité numérique comme la somme de tout ce que l’on trouve à propos de moi sur le web, il m’a semblé que beaucoup de personnes considèrent une identité numérique comme un « compte » sur un site Web. Ainsi, quand il a été question de savoir combien d’identités numériques chacun d’entre nous possédait, il a semblé naturel de compter le nombre d’applications sur lesquelles nous avons créé des comptes.
Michel Desbois a fait remarquer que les choses n’étaient pas si simples et que l’on pouvait avoir plusieurs comptes et donc plusieurs identités sur une seule application.
Certes, mais on peut également, ce qui est mon cas, être dans la situation inverse et avoir une seule et même identité numérique sur plusieurs applications et même sur le Web en dehors de ces applications. Partager une même identité numérique sur plusieurs applications est assez simple : il suffit d’utiliser le même nom ou pseudonyme et de créer des liens entre ces applications.
[Eric van der Vlist : “Insaisissables identités numériques”.]
Dans les présentations, celle du sociologue Dominique Cardon d’Orange Labs était particulièrement limpide et proposait une typologie du web participatif particulièrement stimulante pour les neurones.
Ce qu’il ressort, c’est qu’unique ou fragmentée, singulière ou plurielle, l’identité numérique reste un vaste et riche champ d’exploration, en friche pour grande partie.
Alain Minc ne voit donc d’autre salut pour le journal, que dans la vente (plus ou moins déguisée, mais il s’agit bien de cela) au groupe Lagardère (associé au groupe espagnol Prisa), qui mégoteront sans complexe « les droits qu’ils laisseront à la Société des rédacteurs ».
Alain Minc ne semble accorder aucun intérêt à ce que fut la philosophie du projet du Monde, et qui reste à mon sens au fondement de sa crédibilité : le contrôle du journal par les journalistes. En perdant son indépendance, le journal perd cette valeur fondamentale. Si l’on suit Minc, que reste-t-il de ce que l’on a prétendu sauver ? Est-ce autre chose que de jeter le bébé avec l’eau du bain, ou pire encore scier la branche sur laquelle ont est assis ? Et ce décalage, voire cette profonde contradiction, ne semble pas poser à Alain Minc plus de problème que cela…
Peut-être faut-il lui parler en termes économiques alors ? Quelle valeur Le Monde conserve-t-il si sa survie est au prix de la vente de son actif principal ?
Ce discours vaut finalement plus pour ce qu’il sous-entend que pour ce qu’il affiche. Et ce qu’il ne dit pas clairement alors que c’est ce qui inspire tout son propos, c’est que la vision de l’avenir du Monde par Alain Minc, c’est l’enterrement à la sauvette de l’ambition d’indépendance éditoriale du journal : garantir une médiocre survie , au prix d’y perdre son âme. Pur cynisme en effet…
[Novövision : “Le cynisme sans complexe d’Alain Minc”.]
Autrefois idole bo-bo, Carla Bruni, en se mariant, est entrée dans le camp des méchants. Durement et immédiatement, Michel Labro, directeur de la rédaction du Nouvel Observateur, la considère comme une “imbécile”. Elle n’a pas dit une imbécilité, non, elle est une imbécile. Pathétique de surcroît. Il n’aura pas fallu longtemps à la douce Carla pour connaître la violence des grands défenseurs de l’humanité.
Sans vouloir chipoter, je trouve que l’attribution du point Godwin est indue. La loi de Godwin veut qu’il y ait eu une longue discussion avant qu’on en arrive à la comparaison avec les nazis ou Hitler. Là, c’est une comparaison malheureuse, certes, mais qui est sortie aussi bêtement qu’immédiatement. Il ne s’agissait pas pour Carla Bruni-Sarkozy d’insulter un interlocuteur qui l’aurait mise en difficulté lors d’un échange un peu vif, ce qui caractérise la loi de Godwin, mais de rappeler que ce n’est pas parce qu’on peut publier facilement sur Internet qu’il faut le faire sans réfléchir.
[Delphine Dumont : “Carla Bruni et sa boulette”.]
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Post-scriptum, sur le sujet du fameux SMS : l’éditorial de Jean Daniel, directeur et co-fondateur du Nouvel Observateur, “Une erreur ? oui”.
La “dérive”, c’est l’affirmation sur notre site internet – et non dans l’hebdomadaire -, par l’un de nos journalistes, que le président de la République était prêt, quelque temps avant son mariage, à en annuler les cérémonies à la condition que son épouse précédente, dont il venait de divorcer, revienne à lui.
C’est là que nous sommes sommés de nous expliquer. A juste titre car, encore une fois, il ne s’agit pas de relations avec la Libye, ni même de pacte électoral plus ou moins avouable… Il ne s’agit pas de l’avenir de la France, de l’Europe ou du monde. Il s’agit d’un homme dans ses relations avec une épouse et une femme dont il a divorcé. Il est vrai (c’est un euphémisme) que c’était loin d’être en conformité avec notre éthique. Cela ne l’a jamais été. Je me souviens que l’on nous accusait d’un certain snobisme dans la façon d’élever le débat et, à force de vouloir garder les mains propres, de n’avoir plus de mains du tout. Mais enfin, le président de la République Française, M. Nicolas Sarkozy, a jeté lui-même sa vie privée en pâture, comme ne l’avaient jamais fait aucune des hautes personnalités que j’ai citées plus haut. On ne parvenait donc pas à éprouver pour lui le respect que nous avions eu pour d’autres présidents et le mépris que nous éprouvions alors pour ceux de nos confrères qui les attaquaient avec bassesse.
Et c’est là que les adversaires du président de la République ont eu tort. Car c’est précisément parce qu’il faisait tout pour nous entraîner dans son univers qu’il ne fallait pas s’y laisser conduire. La porte qu’il a ouverte en étalant sa vie privée, nous n’avions pas à la franchir. Si j’avais eu l’information dont Airy Routier a disposé, je me serais empressé de m’en détourner.
LOmiG
Merci pour le lien qui est passionnant effectivement. Oui l’identité numérique est encore à peaufiner…penses-tu que les sites du style de Ziki, par exemple, approchent d’une identité numérique ?
Laurent Gloaguen
Les sites style Ziki sont de l’agrégation en un point unique de ressources relatives à votre identité numérique éparpillées sur les services du Web participatif. Je n’en ai pas personnellement l’usage. Et je ne sais pas si une agrégation, aussi parfaite soit-elle, définit une identité.
JF Ruiz
En effet beaucoup de question se pose sur l’identité numérique et Dominique Cardon a fait un travail exemplaire dans la cartographie des enjeux de l’identité et de la visibilité sur Internet.
Ziki a commencé par être un moyen de rassembler en un seul point diverses informations que nous partageons en ligne. Tout ça dans le but de permettre aux individus d’activer une présence supplémentaire centralisé et cohérente dans le champ de l’identité agissante.
En pratique, on peut en effet avoir plusieurs identités sur Internet actives (qu’on entretient) ou passive (abandonné). Mais il y a une constante qui ne change pas c’est votre nom complet. Aussi il est devenu pratique courante que de googler quelqu’un pour en savoir plus.
Ce que nous proposons aujourd’hui avec Ziki, c’est de garantir le positionnement d’un lien commercial sur tout le réseau Google (91% du marché de la recherche en ligne en france). De manière à augmenter la présence en ligne de nos membres et à garantir que quand on les cherche, on les trouve sous la forme qu’ils souhaitent en premier. Le référencement naturel est aussi efficace ;)
Ziki propose une solution rapide et efficace pour établir une présence en ligne, une identité active pour les individus des plus novices (CVs, Contacts, Réseaux Sociaux) aux plus aguerris (producteur de contenus, blogueurs, …)
Petit à petit nous assistons à la prise de conscience collective des enjeux que représentent les empreintes numériques que laissent nos échanges sur Internet et comment elles affectent notre vie “réelle” ou devrais-je dire quotidienne ;)
Personnellement, ça fait 2 ans que ça transforme ma vie ;) C’est très stimulant d’être au Nord-Est :)
gilda
Effectivement, réduire la notion d’identité numérique à celle de comptes ouverts (je ne sais même plus combien j’en ai : certains ne l’ayant été que pour moyen d’accès indispensables à certains sites et plus jamais réutilisés après que j’y ai trouvé ou au contraire pas du tout, ce que j’étais venue y chercher), me paraît extrêmement euh … réducteur.
Par ailleurs que le Capitaine soit un explorateur du XXIème siècle, ne m’étonne guère. Le seul continent non encore cartographié de partout, c’est bien le virtuel. Qu’inventera-t-on après ? Nous dématérialiserons-nous tous entièrement une fois la petite planète de sous nos pieds bousillée ?
Olivier G.
Du coup tu viens au semanticWebCamp de samedi ?
Laurent Gloaguen
@Olivier G. : À 9 h 15 du matin, je dors moi Monsieur ;-)
Bob
Chers co-lecteurs, une publicité s’est dissimulée parmi les commentaires, saurez-vous la retrouver ?
Olivier G.
@Laurent : personne ne te force à venir à l’heure ^^
marie-hélène
Effectivement c’est un sujet passionnant. Merci de m’ouvrir cette vaste piste de réflexion.
élisabeth
J’en profite pour tester mon compte open ID nouvellement créé ;o)
y
je ne résiste pas à la tentation de copier/coller la pub qui apparait en haut à droite de cette page à cet instant “Carla Bruni Interview Carla Bruni : les egos surdimensionnés l’ennuient”… votre identité numérique serait-elle cernée ou en voie de l’être cher blogueur ? ;-)… enfin tout ça pour dire que derrière la définition même du concept qui n’est pas encore faite, il y a déjà des intentions assez évidentes.
Gilles Meiers
VOus pouvez retrouver un autre compte-rendu de l’atelier à l’adresse : Compte rendu Atelier Identité Active
Merci encore à laurent pour sa présentation très personnelle de sa présence numérique et de son blog.
Blah ? Touitter !