I AM WILFRIED CHEVALIER, BETTER KNOW AS WILFRIED KNIGHT, PROUD OF EVERYTHING I HAVE DONE. AND A DISTRAUGHT WIDOW.
Queerty: “Death Of Porn Actor Wilfried Knight Confirmed. Committed Suicide Two Week’s After Husband’s Death.”
Alors je m’y suis mise et l’angoisse s’est dissoute dans le travail. L’angoisse se dissout toujours dans la vie. La difficulté, ce sont les moments de solitude ou rien d’extérieur ne vient me chercher.
Fais pas ta maligne : “Le voile du deuil”.
Toujours étrange d’apprendre que quelqu’un qui a croisé votre vie, avec qui vous avez partagé certaines choses, disparaisse…
Claude était un sacré personnage.
Triste, mais pas désespéré.
Le deuil évolue comme une croûte sur la plaie. Cette croûte protège, elle durcit et endurcit. Mais la blessure dessous jamais ne cicatrise.
Il suffit de gratter pour révéler le sang comme la peine. Gratter comme on le fait au minimum annuellement lors de ce genre d’anniversaire.
Et j’ai les hommes et l’amour qui coagulent.
[Photo Frédéric G.]
Hier matin, un homme bien ne s’est pas réveillé.
Luce a quitté Nice pour venir à Paris et c’est là que leur fille Louise est née le jour de Noël. La vie a suivi son cours heureux. François a retrouvé du travail, Luce donnait des cours d’Art Dramatique et exerçait son métier de comédienne avec plénitude. Louise grandissait, petite fille joyeuse et vive.
Les gens heureux n’ont pas d’histoire.
François a été rattrapé par une sale petite toux qui ne passait pas et qui l’a conduit chez le radiologue qui l’a conduit chez le pneumologue qui l’a conduit chez l’oncologue…
Jusqu’au bout François s’est battu, endurant des traitements pénibles pour stabiliser la maladie qu’il savait incurable, espérant vivre le moins mal possible. Luce et François ont partagé ce combat dans leurs deux blogs, tenant leurs amis au courant des progrès mais aussi des échecs des traitements, de leur amour toujours vivant et fort, du chagrin terrible quand la mort ne se contente pas d’être un horizon lointain, mais s’invite au quotidien.
L’amour est plus fort que la mort. Le leur reste dans nos coeurs.
Toutes mes pensées vont vers eux, vers François qui a quitté ce monde, vers Luce et Louise, au fond de leur peine, dans ce que Luce appelle “l’au-delà du chagrin”, ainsi que vers les familles Granger et Colmant. Aujourd’hui,notre blogosphère est en deuil.
Vie Commune : “François et Luce”.
Et tu sais, François ? Tous les gens qui ne savent rien et qui parlent de nos “virtuels”. L’empreinte que tu nous laisses à nous fait que nos larmes, notre peine, sont bien réelles. Comme nos souvenirs avec toi. Alors promis, en hommage à ça, à cette belle humanité, on va faire ce qu’on peut pour que ça soit le moins pire possible pour ceux qui restent. Mais tu ne nous as pas laissé une mission facile, tu sais ?
Salut François. Merci pour tout ce que tu as donné de beau.
Sacrip’Anne : “Lettre à Paco”.
Ton sourire et ta voix ne nous quitteront pas.
Vice: That’s something I was going to ask you about. I wondered if issues of mortality had anything to do with you thinking about time so much in your work.
Marina: Oh, so much work is about that. I was always thinking how every artist, in his own work, you could see the way that he’s going to die. It’s so strange.
Vice: How do you mean?
Marina: So many artists die on the toilet. But they dress them up and say they died in the studio. It’s amazing. I even studied it—how many artists died on the toilet.
Vice Magazine : “Marina Abramović, interview by Jesse Pearson and Richard Ken”.
Julie, elle, n’écrit pas sur le mur de Mathieu. Elle dit « ne pas avoir besoin de Facebook pour lui parler », « avoir un accès direct à lui pour lui dire ce [qu’elle a] sur le cœur ». Pour autant, elle n’a pas modifié la « situation amoureuse » de son ancien petit ami décédé: il est toujours signalé comme étant « en couple avec Julie ». La jeune femme n’imagine pas rester « toute [sa] vie “en couple” avec Mathieu » mais avoue avoir « du mal à rompre ce lien. Je ne me sens pas capable de cliquer sur “supprimer la relation” ». Un premier pas a pourtant été franchi, puisque sur son propre profil, Julie a décidé de masquer l’état de sa relation.
Slate, Vincent Matalon : “Facebook, pierre tombale virtuelle”.
Demain, c’est le 17 décembre.
Je n’ai pas la mémoire des dates (ni des nombres, ni des numéros de téléphone, etc.), mais ce 17 décembre me revient régulièrement dans la gueule, il ne sait pas se faire oublier. Je me souviens que j’en maintiens une haine farouche envers Noël et ses festivités. Je me souviens aussi que l’être aimé qui meurt dans ses bras, ça ne laisse pas indemne. Bref, je suis dans le temps du souvenir. Et, c’est encore bien douloureux.
Au jeu de l’amour, je ne sais pas si qui perd gagne. Salut l’artiste.
C’était un 17 décembre. Ça fait 12 ans. Anniversaire.
Pas de pathos. J’ai gagné la sérénité, ce fut rude, ce fut long. Je suis aimé, je survis. J’espère que la nuit ne sera pas trop longue.
À la voix que tu donnes
Détendue, un peu lasse
Toute en creux qui m’apaisent
Et m’installent à ton bord,
J’entame le voyage,
Car les voiles ont claqué
De ce vent régulier
Frisant l’eau qui se fend
D’une étrave inclinée,
Un filet d’écume fine,
Et mon cœur à la gîte
Répond à l’oiseau
Que la terre précieuse
Est un désir par l’horizon,
Un murmure à la face du ciel.3 décembre 1993.
Le cœur à la gîte. J’aime pas Noël. Vivement l’année prochaine.