Aujourd’hui, c’était le grand oral de la candidate socialiste, Ségolène Royal. Les cassandres attendaient le naufrage, force est de constater que la dame du Poitou ne s’est pas trop mal sortie de cet exercice de la grand messe, mais sans panache exceptionnel non plus.

Concernant l’organisation de l’événement, et ayant assisté, invité par l’UMP, au sacre de Nicolas Sarkozy porte de Versailles, il m’est difficile d’éviter les comparaisons. Globalement, la réunion d’aujourd’hui faisait pauvre et gentiment brouillonne. Nous étions très loin de la scénographie opulente de l’UMP, des grands moyens déployés et de la logistique sans failles du congrès du 14 janvier. Les budgets consacrés doivent être très différents. Au pif, un rapport de 1 à 5 au moins.

Côté assistance. Le triste hall 5B du parc d’expositions de Villepinte fait 26 058 m2 (le hall 1 de la porte de Versailles en fait 51 017, soit presque le double). Je dirais qu’environ 1/6e de l’espace était pris par le “backstage”, la scène et divers équipement techniques. Sur le reste, moins de 50 % était occupé (la photo ci-dessus a été prise à 15 h 10, pendant le discours de Mme Royal), soit un grand maximum de 11 000 m2. Ce qui me permet d’avancer qu’il y avait entre 10 000 et 12 000 personnes présentes. C’est à dire bien moins que pour l’intronisation de Nicolas Sarkozy (environ 30 000 selon mes calculs faits suivant la même méthode). Le faible nombre d’autocars que j’ai dénombré sur les parkings va dans le sens de mon estimation et mon RER était loin d’afficher complet.

Côté atmosphère, cela ressemblait pas mal au meeting de l’UMP, avec les jeunes (MJS) pour mettre l’ambiance et faire du bruit, mais, je n’ai pas perçu la même intensité de ferveur. L’indice lacrymal était, par exemple, bien moins élevé. Les militants socialistes sont-ils plus pudiques ? Ou bien encore, cèdent-ils moins au culte de la personnalité ? Sont-ils pour certains encore circonspects vis à vis de leur candidate ? La scénographie un peu misérable n’était-elle pas vraiment propice ? Le discours ne s’y prêtait pas ? Je n’ai pas de réponse sur le sujet.

Concernant le fond du long et riche monologue de Ségolène Royal, on peut se dire que l’on aurait bien pu se passer de processus “participatif” pour arriver à ce résultat. (La matinée consacrée à la “restitution des débats participatifs” était peut-être plus intéressante.)

Pas grand chose de neuf, rien de révolutionnaire. Un long catalogue de résolutions et de promesses qui, mises bout à bout, risquent de coûter bien cher, car si Ségolène a commencé par l’état de la dette publique, nous a parlé du passif de la droite au pouvoir, elle nous a pas dit comment elle comptait résoudre ce problème. La suite de son discours fut plutôt l’énumération de moyens d’aggraver la dette… Ce qui est un peu dans la logique de son nouveau slogan, d’abord la justice sociale, puis la France plus forte. Permettez moi d’avoir un doute…

Oui, rien de vraiment neuf, de la politique à l’ancienne, du vieux fond de sauce, et ce qui aurait pu être oublié en chemin est toujours là, comme l’encadrement militaire des jeunes délinquants, les “jurys citoyens”, la carte scolaire… Ségolène Royal est têtue et opiniâtre.

La bonne nouvelle, c’est que la candidate semble avoir trouvé un nouveau ton, moins soporifique qu’avant. Certains moments d’exaltation sincère et enflammée seront sans doute repris en boucle par les télés.

Cette prestation me laisse mi-figue, mi-raisin. Ni un échec, ni une réussite. Si c’est un échec, c’est que je n’y ai rien entendu de propre à me remobiliser aux côtés des socialistes. Mais n’étant pas d’un naturel optimiste, je n’y comptais guère. Je crains, hélas, ne pas être tout seul. Je ne vois pas en quoi ce discours serait en mesure de redynamiser la campagne un peu molle du Parti Socialiste et le concept de “démocratie participative” a, sans surprise, montré ses limites. Rien de franchement original et nouveau ne semble être sorti des débats.

D’ailleurs, étais-je bien dans un meeting socialiste ? Je n’ai pas beaucoup, voire pas du tout, entendu ce qualificatif. Sévère, Marie-George Buffet du PCF juge aujourd’hui que “la candidate qui a été désignée comme la candidate officielle de la gauche depuis des semaines et des semaines ne porte pas un projet qui soit vraiment à gauche”.

Côté anecdotes. Non loin du secteur dévolu à la presse, le début du discours de Ségolène Royal fut brièvement perturbé par des agitateurs canadiens [P.S. En fait, des blagueurs spécialisés dans le canular qui n’ont rien de canadien.] venus manifester pour l’unité du Canada, sans doute en réaction aux propos récemment tenus par la candidate après un entretien avec le chef péquiste, André Boisclair. Lorsque l’un des gaillards a commencé à chanter de toutes ses forces l’hymne national canadien “Ô Canada ! Terre de nos aïeux, Ton front est ceint de fleurons glorieux !”, le service d’ordre est rapidement intervenu pour expulser sans ménagement les fauteurs de trouble.

Et mon rayon de soleil de la journée fut sans conteste de croiser brièvement Arnaud S. des MJS, qui est un jeune homme absolument charmant. Je n’ai pas eu la chance d’apercevoir le beau Valerio Motta. À mon goût, il y a plus de beaux mecs au PS qu’à l’UMP… (Mais non, Loïc, fais pas la gueule… tu es toujours une icône gay.)

(Enfin, fort peu de blogueurs-commentateurs politiques, j’ai juste croisé Pierre-Etienne Pommier de iPol… Il faut dire que le Parti Socialiste ne fait aucun effort pour les faire venir.)