Journal de bord

jeudi 6 mars 2003

Manifestation

manifestation

Manifestation anti-france devant l’ambassade française à Washington. Au moins 10 personnes ! Un grand succès : plus de journalistes que de manifestants (sans doute un groupuscule de comiques locaux).

Sofitel, Accor, lâches ?

Les hôtels Sofitel du groupe Accor enlèvent le drapeau français pour “ne pas offenser la clientèle américaine”.

[ en savoir plus ]

P.S. Position du groupe Accor :

Accor’s Position on Sofitel in the United States
The temporary decision to remove the French flag displayed on the front of a few Sofitel hotels in the United States is the result of local initiatives, taken as precautionary measures to calm the situation, in response to reactions in the immediate vicinity.
The decision reflects the need for local managers to ensure good working conditions and the security of their teams. This is a top priority for the managers of the 4,000 Accor hotels in the approximately 100 countries where we operate.
Accor wishes to relativize the importance of these events.

Tam Tam

Pascale Clark, sur France Inter, a fait son éditorial de ce matin sur le site France Stinks.

On ne parle plus que de ça. Haine, racisme, cela ne finira donc jamais…

Les mêmes rhétoriques pourraient servir à des sites comme JewsStinks.com, NigersStinks.com, FagsStinks.com.

1. Le 10 mars 2003,
Chryde

Ce France Stincks, il a eu la chance de tomber sur un journaliste de l’AFP peu inspiré, dont une Pascale Clark encore moins inspirée a récité l’article. Dommage : parmi les nombreux sites anti-français, c’est loin d’être le plus fin.

Blah ? Touitter !

Art Spiegelman

Art Spiegelman, Roll Up Your Sleeves America

Long entretien avec Art Spiegelman à lire dans Télérama cette semaine.

J’ai fait deux découvertes après le 11 septembre. D’abord, j’ai compris pourquoi les juifs n’avaient pas quitté l’Allemagne après la Nuit de cristal. Même si la tentation de fuir a été forte, je me suis rendu compte que New York était ma vie. Je me sens cousu dans le tissu de cette ville. Je ne veux pas partir, parce que si New York est détruite, le monde tel que je le comprends est détruit avec elle, et je ne suis pas sûr de vouloir vivre dans un monde de rechange. Cela dit, si le maire Michael Bloomberg continue de nous emmerder avec ses lois antifumeurs, il pourrait réussir là où Al-Qaida a échoué.

(…)

Je me suis penché sur mon ressentiment à lier la marche pour la paix à la question palestinienne ; il vient de cette Schadenfreude (“délectation morose”) qui me touche quand je m’aperçois que les juifs ne sont pas meilleurs que les autres. Pas pires, mais pas meilleurs non plus. C’est suffisant pour provoquer en moi l’indignation. J’ai envie de travailler sur ce thème. Je me demande, par exemple, comment une idée aussi peu judicieuse que la création d’Israël a pu, en plus, aussi mal tourner. Si vraiment il devait y avoir un Etat d’Israël, on aurait dû le mettre en Allemagne plutôt que chez ces pauvres bougres de Palestiniens qui n’avaient rien demandé. Et dans la foulée, on aurait dû abattre toutes les frontières, la Seconde Guerre mondiale ayant suffisamment prouvé que le nationalisme est une maladie, pas un remède. Enfin, l’Europe a créé le problème d’Israël, c’est à elle de trouver une solution équitable afin que ces deux peuples qu’on a collés ensemble ne se tapent plus dessus.

(…)

Télérama : Vous n’êtes donc pas tenté par l’émigration, comme Crumb…

Art Spiegelman : Vous devriez voir les couteaux dans les yeux de ma fille quand je lui parle de quitter New York ! Et puis vivre à New York n’est pas vivre aux Etats-Unis. Quand je vais faire une conférence dans les facs du pays, je reçois un choc culturel. Je comprends que certains profs puissent se sentir assiégés. Regardons la carte de l’élection présidentielle en 2000. En rouge, le territoire républicain. En bleu, les démocrates. Ne faisons pas trop grand cas des démocrates, ils ont tellement viré à droite que je ne les reconnais pas. Mais quand même, on a deux pays posés l’un à côté de l’autre, l’un obsédé par l’avortement et les armes, l’autre par la liberté de parole et les soins médicaux gratuits. Deux nations différentes et une opposition 50/50 qui a permis à neuf salopards, à la Cour suprême, de choisir le résultat des élections ! Alors, pour répondre à votre question, tant que je vis dans la capitale de la zone bleue et que cette zone bleue a un coin fumeurs, je reste à New York…

À voir également, Spiegelman dans la revue Forward.

Art Spiegelman’s MAUS: Working-Through The Trauma of the Holocaust.