Journal de bord

dimanche 22 mai 2005

N’ayez pas peur

Ça fait mal au début, mais c’est très bon après. [Via Matoo.]

1. Le 22 mai 2005,
Nathanael

Perso, je trouve que ça fait mal même à la conclusion.

2. Le 22 mai 2005,
Laurent

Tu as essayé ?

3. Le 22 mai 2005,
Nathanael

La sodomie ou la constitution ? :) Mon commentaire concernait le côté constitution du post en lien. Et la constitution, j’ai pas encore essayé. Mais j’espère ne plus être puceau dans une semaine. :p

Blah ? Touitter !

Sur le front du “oui”

Il existe un petit îlot de résistance au sein d’ATTAC (ceux qui embauchent des prostituées slovaques pour la propagande noniste).

Nous altermondialistes, membres d’ATTAC ou sympathisants, appelons à voter OUI au Traité Constitutionnel Européen. Ce sont les principes fondateurs d’ATTAC qui nous poussent à suivre notre conscience plutôt que la direction nationale d’ATTAC.

Par ailleurs, les Britanniques euro-sceptiques s’interrogent :

The French seem to be against for precisely the reasons - free trade and competition - that moderate Euro-sceptics should be broadly for it; and British Euro-sceptics are against it for precisely the reasons - more regulation and interference - that your average French Lefty should be in favour of it. We can’t both be right. One of us must be mad, and the answer (I suppose I would say this, but it is true) is that the French Non campaign has seized the wrong end of the stick with awesome tenacity. [Boris Johnson, via Publius.]

Nous avions déjà lu que les “ultra libéraux” anglo-saxons rêvent d’un “non” français

Donc, si je résume, nous avons dans le camp la cacophonie des nonistes :

Entre l’extrême droite qui est contre la construction européenne depuis toujours et une partie de la gauche irréaliste qui rêve d’un traité socialiste, le camp du “oui” a bien peu pour mobiliser sur un texte forcément long, technocratique et juridique, qui n’est définitivement pas “sexy”. Sauf à se ridiculiser avec des arguments du niveau “avec l’Europe, vos cheveux seront moins ternes”. Il ne reste qu’à faire appel à la rationalité et l’intelligence, mais ça, c’est jamais gagné.

Enfin, avec Jacques Chirac (le FN a beau jeu de ressortir l’appel de Cochin…) et Raffarin, le “OUI” est bien plombé… Le référendum est une course à handicap.

1. Le 22 mai 2005,
aqb

En matière de cacophonie, le “camp” du oui n’a rien à envier à personne. A moins que MM. Hollande et Sarkozy (qui n’ont jamais été aussi proche que sur la couv’ d’un hebdo célèbre) s’accordent sur ce fameux “nouveau modèle social”, que ce dernier défend avec ardeur ces temps-ci, de là à penser qu’il commence à croire au oui… Ou encore les verts qui semblent se satisfaire d’une ligne politique constitutionnalisée qui promet une économie hautement compétitive et concurentielle…

Sans utopie le monde n’avance pas. L’Europe n’est-elle pas elle-même justement une utopie?

2. Le 22 mai 2005,
Laurent

Bon, ok, c’est vrai que côté cacophonie, c’est pas mal non plus du côté du “Oui”…

3. Le 22 mai 2005,
François

“Ou encore les verts qui semblent se satisfaire d’une ligne politique constitutionnalisée qui promet une économie hautement compétitive et concurentielle…”

Pourquoi, c’est mieux une économie non compétitive et planifiée ?

Allons, il y a des raisons économiques pour voter non, mais tout n’est pas bon à prendre…

4. Le 22 mai 2005,
Damien B

“Pourquoi, c’est mieux une économie non compétitive et planifiée ?”

NON, François fait le sophiste ! C’est juste qu’il y a une contradiction flagrante entre le “développement durable” (perspective moyen/long terme) et une économie hautement compétitive et concurentielle (qui, quoi en dise, restera toujours dans une perspective court terme). Mais ce n’est pas grave, on a déjà vu que les verts aimaient bien les utopies.

5. Le 22 mai 2005,
jchris

Juste se souvenir que Hollande et Sarko sont copains de classe, au même titre que Chirac et Rocard si mes souvenirs sont bons… Eh oui, nos politiques sortent des mêmes écoles… Donc, cesson de croire que ces gens ne voient pas… Un copain de classe même opposé dans ses idées reste un copain de classe… Pas pour vous ?

6. Le 22 mai 2005,
Fulcanelli

Le référendum concerne les Français et pas seulement les partis politiques. Pour ma part, je ne me reconnais dans aucun parti politique partisan du Non mais je vote quand même Non, par convictions philosophiques

7. Le 22 mai 2005,
François

C’est du sophisme qui répond à du sophisme, désolé !

Sur le développement durable vous avez tout à fait raison, sanctifier la compétitivité ne suffit pas. C’est la raison pour laquelle l’article I-3-3 déclare :

“L’Union oeuvre pour le développement durable de l’Europe fondé sur une croissance économique équilibrée et sur la stabilité des prix, une économie sociale de marché hautement compétitive, qui tend au plein emploi et au progrès social, et un niveau élevé (je souligne) de protection et d’amélioration de la qualité de l’environnement.”

Mais ça implique de lire les phrases en entier, ce que seuls les sophistes font, comme chacun sait.

Je préfère passer sur “l’utopie du développement durable” (ce qui est utopique c’est au contraire refuser ce qu’Albert Jacquard a appelé la finitude de notre domaine).

8. Le 22 mai 2005,
Eolas

Aqb dit “Sans utopie le monde n’avance pas. L’Europe n’est-elle pas elle-même justement une utopie?”

Non, non et NON !!! Précisément, la construction européenne telle qu’elle se fait depuis 50 ans est tout le contraire d’une utopie, c’est ce que rappellent à l’envi les nonistes amateurs de la destruction créatrice, du non positif, de l’électrochoc du non,etc, faites votre slogan. L’Europe s’est construite sur les ruines fumantes qu’avait laissée une utopie d’un empire d’humains sélectionnés qui devait durer mille ans, et sous la menace d’une utopie qui allait faire des dizaines millions de morts au nom d’une idéologie de la fraternité et de l’égalité, sans que le paradoxe n’ait suffi à réveiller les doux rêveurs de ce coté ci du rideau de fer. L’Europe a toujours honni les idéologies, les utopies, et les promesses de bonheur qui vous expliquent pourquoi vous en chiez aujourd’hui. Alors, STOP, merci de ne pas me faire le coup du renversement d’argument et de me dire que le libéralisme promet la richesse et apporte la pauvreté. C’est de la connerie par pack de douze avec la 13e offerte. Le libéralisme ne promet pas le bonheur, la richesse, un pénis plus grand. Il proclame des droits essentiels (vie, liberté, propriété privée…) que l’Etat doit protéger, et pour le reste affirme que chaque homme doit être laissé libre d’agir à sa guise dans la recherche de son propre intérêt, dont il est le meilleur juge, attendu que trop souvent, le bonheur général n’est qu’un alibi pour justifier des millions de malheurs individuels. Ce n’est pas une idéologie, et on n’a jamais déporté en masse dans des camps au nom de la propriété privée et de la libre entreprise. Revenons en à l’Europe anti-idéologique. L’idée qui lui a donné naissance est le refus définitif de la guerre. L’Europe n’a jamais connu la paix sur tout son territoire en deux mille ans d’existence, il faut rendre cette guerre impossible. Comment ? En rendant les pays d’Europe dépendant les uns des autres. Par quel moyen ? La défense commune, on a essayé, la France qui a lancé le projet l’a joyeusement coulé elle même le 30 août 1954 sous l’argument visionnaire que le réarmement de l’Allemagne, c’était le retour de la Wermacht (l’affiche qui affirmait cette déclaration d’amour à l’Europe montrait une botte d’où dépassait un couteau des jeunesses hitlérienne, je ne sais pas si c’est celui de Benoît XVI). Du coup, l’Europe s’est retrouvée dépendante de l’OTAN et des Etats Unis contre les missiles fraternels que l’URSS avait pointé sur elle, mais au moins, on n’a pas eu à faire confiance aux boches. Alors, on a repris, pargmatiquement, ce qui marchait. La CECA, qui existait depuis 1951, fondée sur l’abolition des droits de douanes sur le charbon et l’acier, élements essentiels à la reconstruction. Idée totue conne. Plutôt que de se battre pour le contrôle des mines de houilles de Lorraine et de la Rhur, et bien, va y faire ses courses qui veut. On a étendu l’idée aux reste des marchandises, c’est le marché commun. Et puisque ça marche, on l’étend aux personnes, aux capitaux, et aux services (bien que dans ce dernier cas, il reste du chemin à faire, cf la directive Bolkestein qui fait hurler les utopistes anti plombiers polonais. Et quand je lis aujourd’hui dans le camp du non certaines tendances demander en toute bonne foi, je n’en doute pas, si cette constitution européenne ne serait pas une excellente occasion de renoncer à l’économie de marché, je constate sidéré que non seulement beaucoup de mes compatriotes ne connaissent rien à l’histoire contemporaine, à la construction européenne, ou n’y ont rien compris, et surtout, avec une certaine peur, je constate qu’ils sont près à se jeter dans les bras de la première utopie qui les caresse dans le sens du poil en leur sussurant que non, décidément, rien de bon n’est jamais sorti du capitalisme, rien n’en sortira jamais, et qu’il faut tout casser pour être heureux. Au moins, ce referendum m’aura apporté cela. Une douche froide.

9. Le 22 mai 2005,
Guillermito

Eolas, quand il s’enerve, est brillant. Belle plaidoirie. Il me convaincrait presque. Je lui conseille une carriere d’avocat :)

10. Le 22 mai 2005,
karl

Cela commençait bien. J’étais pas d’accord mais cela se tenait et puis soudainement : « Ce [Le libéralisme] n’est pas une idéologie, et on n’a jamais déporté en masse dans des camps au nom de la propriété privée et de la libre entreprise. »

Est-ce que esclavage est un mot trop fort ? Est-ce que élémination des mains d’oeuvres est un mot trop fort ? Maintenant ce n’est plus les peuples que l’on déporte en masse, ce sont les entreprises, parce-que le truc super bien avec la planète terre et le libéralisme, c’est que des pauvres, il y en a toujours à un endroit qui acceptent de travailler pour des clopinettes, ils n’ont pas vraiment le choix et en plus cela fait le bonheur de nos modes de consommation. Les pauvres ils ont pas beaucoup le droit d’émigrer vers les terres riches, les entreprises en revanche la libre circulation au delà même de l’Europe, c’est l’extase.

11. Le 22 mai 2005,
Eolas

Karl dit : “Est-ce que esclavage est un mot trop fort ? Est-ce que élémination des mains d’oeuvres est un mot trop fort ?”

Les libéraux, cher Karl, ont toujours honni l’esclavage, attendu que cela viole les droits fondamentaux de l’être humain : droit à la vie, à la liberté, et à la propriété privéen l’esclave étant dépouillé des trois. Adam Smith a ainsi écrit “l’ouvrage fait par les esclaves, quoiqu’il paraisse ne coûter que les frais de leur subsistance, est au bout du compte le plus cher de tous”, par allusion au prix moral qu’il faut payer.

Quant à l’élimination de main d’oeuvre, je crois que les libéraux se sont toujours contenté d’un licenciement, aucun n’ayant supprimé physiquement de la main d’oeuvre. Ou alors, je suis mal renseigné.

Enfin, la “déportation d’entreprise” est je suppose une plaisanterie. La déportation est quelque chose de trop grave pour l’assimiler par une analogie douteuse à une délocalisation. Et tu auras beau y faure, je ne verrai jamais ce qu’il y a de mal à fermer une usine qui perd de l’argent dans un pays, fut-ce la France, pour en ouvrir une qui en gagnera dans un pays lointain. Comme tu le dis, les pauvres de ces pays ACCEPTENT de travailler pour des clopinettes. Ce n’est donc pas de l’esclavage, et je ne vois pas ce qu’il y aurait de moral à respecter la dignitié de ces pauvres en leur refusant le droit à des clopinettes.

C’est à dessein que je reprends ton exemple des clopinettes, sans tenter de t’expliquer pourquoi, au biafroghalistan, on vit bien avec une clopinette par jour, tandis qu’en France, tu es en dessous de seuil de pauvreté à moins de 20 clopinettes par jour et par personne.

12. Le 23 mai 2005,
karl

Merci Eolas, cela confirme mon opinion de départ. :)

13. Le 23 mai 2005,
Eolas

Karl : je t’en prie, il ne t’en coutera qu’une clopinette (dont le cours a chuté en plus).

14. Le 23 mai 2005,
GM

les pauvres de ces pays ACCEPTENT de travailler pour des clopinettes. Comme en Chine par exemple.

Sinon belle plaidoirie pro-euro, oui.

15. Le 23 mai 2005,
Damien B

C’est du sophisme qui répond à du sophisme, désolé !

C’est assez cyclique, je vois que vous continuez tres bien tout seul :-)

16. Le 23 mai 2005,
François Granger

Eolas > qu’une clopinette (dont le cours a chuté en plus).

Déflation ?

Blah ? Touitter !