Journal de bord

À ses débuts dans le monde merveilleux du blogue, j’avais pensé de Maître Eolas que c’était un “animal à sang froid” à lire ses textes posés, distanciés, raides comme la justice. Le personnage m’agaçait.

Je ne pouvais pas plus me tromper. Non seulement, il est drôle, ce que nous avons découvert peu à peu, mais il peut être aussi être un tribun enflammé, sanguin. Il peut même troller à l’occasion. (D’ailleurs, je ne cesse de m’étonner combien les gens qui ont des carnets Web bien sages se lâchent complètement chez moi, même LLM, c’est dire…)

En fait, il nous aura fallu un référendum, pas moins, pour qu’il nous révèle toute sa personnalité. Et je vous invite (surtout si vous faites partie des 20 % d’indécis) à lire les raisons de son oui.

Quand on attend le débarquement anglais. Bloody britts!

Comment convaincre l’électorat du PS, très divisé, qui fera la différence ?

(…) Enfin, vous êtes plus que d’autres conscients, après ce qui s’est passé le 21 avril 2002, qu’il ne faut pas se tromper de scrutin. Le 29 mai, il n’y aura pas de second tour. Soit il y a un traité, soit il n’y en a plus.

Selon notre enquête, les tenants du non rejettent le carcan libéral…

Mais, alors, il faut déchirer tous les traités existants et en finir avec le marché commun, la monnaie unique et le libre-échange ! Qui peut prétendre que l’on pourra trouver un accord à 25 sur cette base ? Et si on ne le peut pas, il faut aller jusqu’au bout et sortir de l’UE. Je pense au contraire que l’Union est une réponse à la mondialisation, pas un cheval de Troie. Le traité nous offre de nouveaux leviers. A la gauche européenne de savoir les utiliser.

[François Hollande, dans Libération.]

Ce n’est pas le moment de dire non.

La France enragée a le droit de l’être, elle peut tout à fait se donner les moyens de changer toute la classe politique, demain s’il le faut. Mais, aujourd’hui, en votant rage, c’est-à-dire non, elle risque d’aggraver les raisons de sa colère, rendre l’Europe encore plus brinquebalante, moins organisée, sacrifier les chances de rééquilibrer, un tant soit peu, le monde fou qui roule à tombeau ouvert, surtout de se faire encore un peu plus mal, et souffrir beaucoup plus. C’est toujours un très mauvais calcul, celui qui consiste à encourager dans les faits, du fait de la colère, ce que l’on combat en principe, en l’espèce un libéralisme économique dérégulé.

[Serge July, Rage, Europe et faux calculs.]

Cette histoire ne lasse pas d’intriguer et détient sa part de rêve. Il y a tous les ingrédients d’un futur film : Le pianiste. On imagine même le plan d’ouverture, le travelling dans la rue mouillée de pluie et baignée de lueur bleuâtre du port bétonné de Sheerness-on-Sea…

• Jean-Pierre Cloutier : Qui est cet homme ?
• Guardian : Do you know this man?
• Libération : Fugue en moi majeur.

En 2003, je donnais cette définition au mot blogogeois :

Blogogeois, geoise - n. et adj. Blogueur faisant partie de la blogogeoisie. Les blogogeois, c’est comme les cochons, plus ça devient vieux, plus ça devient con.

Petit journal d’un trentenaire ordinaire : Les phrases qui font peur.

- tu m’aimes ?
Là mon gars, t’es dans la mouise
- c’est beau une église, non?
Là mon gars, t’es vraiment dans la mouise
- j’ai du retard
Là mon gars, t’es vraiment vraiment dans la mouise.

Paru samedi, un article du “Monde” sur les blogs. La visite des blogs cités (et de leurs liens), créés par des gars qui en veulent, les golden boys de la blogosphère, d’une fatuité incroyable, linkés à mort, avec des avis sur tout, l’oeil rivé sur leur indice de popularité personnel, hautement chiantissimes car ne parlant jamais vraiment d’eux-mêmes malgré leur ego pachydermique, permet de penser qu’on n’est pas si mal ici. L’article insiste beaucoup trop sur ce côté snob et parisien, car après tout, le blog de Virginie Despentes n’a rien de plus que celui de la lycéenne anonyme de La Réunion. Ils auraient pu développer sur les blogs d’entreprise, autre aspect de la récupération du phénomène. En fait, on ne parle des blogs que lorsque ça rapporte, que ça fonctionne comme ascenseur social, que ça permet d’injecter de l’esprit d’entreprise, de faire de la pub, bref, d’ennuyer le monde. Il ne disent rien du blog comme continuation des journaux intimes, du type de complicité que cela crée, de l’autocensure. [Chien de lisard.]

Assez d’accord sur le fond, sauf que le journal intime est historiquement un parasitisme du blogue.

Kozlika lance un exercice de style qui pourrait être assez amusant : Billets en sablier. Si vous êtes en panne d’inspiration du 30 mai au 6 juin, c’est idéal.

(Ne ratez pas le commentaire d’Obni.)

Mais LLM fait partie de ces gens qui divisent, sucitant un coup l’admiration, un coup le mépris, une véritable couveuse à trolls. Et je prends un malin plaisir à suivre les blogoguéguerres (pas facile à lire ce néologisme), les histoires avec Tristan Nitot, la Veuve Tarquine, Laurent Gloaguen… avec la conviction qu’ils prennent autant de plaisir à se tartignoler la figure que moi à les regarder faire. Blogueurs régleurs de compte de tous les pays, je vous aime. [Mitternacht Reloaded.]