Journal de bord

Le jury du concours “Gribouille toi !” s’est réuni hier soir.

Je n’étais pas au meilleur de ma forme, mais j’ai tenu à remplir avec sérieux mes obligations de jury.

(Je crois que c’est la première fois de ma vie où l’on m’a vu, lors d’une soirée au restaurant, limiter ma consommation à boire 3 verres de Badoit, manger seulement une poignée de radis sans beurre, ni pain, et terminer ces agapes par une infusion verveine sans sucre. Il parait même que j’ai fait un compliment sur une photo avec un enfant et que je n’ai dit aucune chose désagréable, c’est dire comment mon état était pitoyable. Un peu plus, j’aurais même pu trouver DarkPlanneur sympathique.)

Après moult discussions, hésitations, tractations, le jury a unanimement décidé de choisir pour la première place la participation de Transs qui défendait les couleurs de l’Association du Syndrome de Benjamin qui réunit, informe et aide les transsexuels/les.

Suivaient, ex-aequo, Charles Liebert (photo) et Marion (photo), et enfin, en 3e place, Frez (photo).

Votre pays a accueilli de nombreux travailleurs étrangers et leurs familles, qui ont largement contribué au développement de la Nation depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Il importe aujourd’hui de les remercier, eux et leurs descendants, de cette richesse économique, culturelle et sociale à laquelle ils ont participé. La plupart d’entre eux sont devenus ainsi des citoyens français à part entière. Le défi consiste aujourd’hui à vivre les valeurs d’égalité et de fraternité, qui font partie des valeurs mises en exergue par la devise de la France, prenant soin de faire en sorte que tous les citoyens puissent réaliser, dans le respect des différences légitimes, une véritable culture commune, porteuse des valeurs morales et spirituelles fondamentales.

Il importe aussi de proposer aux jeunes un idéal de société et un idéal personnel, pour qu’ils conservent des raisons de vivre et d’espérer, et qu’ils aient davantage confiance en un avenir meilleur leur permettant d’édifier leur existence, de trouver un travail pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille, pour avoir le bien-être auquel ils ont naturellement droit. C’est donc en définitive à faire un pas supplémentaire pour l’intégration de tous dans la société que votre pays est invité, de même que d’autres nations du Continent, au nom même de la dignité intrinsèque de toute personne et de son caractère central dans la société, que rappelait le concile œcuménique Vatican II (Gaudium et Spes, n. 9), comme vous l’évoquiez vous-même. La paix sociale est en grande partie à ce prix.

[Joseph Alois Ratzinger, alias “Benoît XVI”, recevant hier le nouvel ambassadeur de France auprès du Vatican.]

Il esquisse pourtant un soupçon d’agacement à l’évocation du double jeu volontiers pratiqué au PS : discours électoral radical et pratique gouvernementale réformiste. Il y voit le signe d’une carence doctrinale majeure. “La social-démocratie française souffre de faiblesse idéologique chronique, explique-t-il. Elle se contente d’un entre-deux qui lui a longtemps servi de viatique : entre le capitalisme et le communisme, il y avait le socialisme.” Jamais défini, toujours proclamé comme une incantation vaudoue.

Pourquoi cette incapacité à “stabiliser une plate-forme idéologique” ? Parce que cela supposerait de cesser de diaboliser le libéralisme, de reconnaître que, si “le capitalisme de marché a ses défauts, tout ce que nous avons essayé de lui substituer depuis cent cinquante ans a échoué”. Cela supposerait de connoter positivement la notion de “compromis”, qui devrait être au coeur de la démarche sociale-démocrate : quel compromis passer entre le capital et le travail, entre le libéralisme et sa nécessaire régulation, etc.

[Le Monde, “Pascal Lamy, libéral de gauche”.]

Le juge pennsylvanien John Jones a établi que l’enseignement du créationisme (mon correcteur orthographique, se mutant soudainement en dictionnaire des synonymes, me propose “crétinisme”, ce qui n’est guère éloigné), re-looké “dessein intelligent”, violait le principe constitutionnel interdisant l’enseignement religieux dans les écoles. [BBC, “‘Intelligent design’ teaching ban”.]

Voilà qui augure mal pour l’enseignement du pastafarisme…

Selon un sondage effectué par l’institut Pew en juillet dernier, 64 % des Étasuniens sont favorables à l’enseignement du créationnisme ou “dessein intelligent”, en plus de la théorie de l’évolution. Pas moins de 38 % des sondés souhaitent que Charles Darwin soit tout simplement éliminé de l’école, pour mettre l’accent sur le rôle de Dieu.

De l’obscurité, toujours plus d’obscurité, et, surtout, du pain et des jeux.

1. Le 21 décembre 2005,
Eolas

Ouais, et si on écoutait les sondages, le président actuel s’appellerait Lionel. Laissons les de côté et regardons l’information comme elle doit être : une minorité (j’insiste sur le terme minorité) veut imposer un enseignement conforme à ses convictions et non à la science, et même si elle est localement majoritaire au point de diriger un conseil d’éducation, la loi et les juges les empêchent de nuire.

Voilà la vraie leçon : la protection n’est pas dans le fait de confier le pouvoir à la majorité, mais de mettre les questions fondamentales hors d’atteinte de cette majorité.

Puisse ce juge être touché par la grâce de la Grande Tentacule Spongieuse et de sa Sainte Sauce Carbonara.

2. Le 21 décembre 2005,
pHiLoGrApH

Un détail pour poildecuter, Maître Eolas : l’enseignement n’est-il pas toujours fondé sur une conviction ? Qu’elle soit politique, sociale, culturelle, morale, ou religieuse, c’est toujours à un faisceau de convictions que les états conforment l’enseignement, pas à la science. Vous autres, gens d’Outre-Quiévrain, parlez d’enseignement “républicain”, par exemple. Par ailleurs, une certaine loi visant à imposer une lecture idéologique de votre histoire coloniale me semble curieusement faire écho aux velléités créationnistes des Ricains : gardons-nous de nous croire protégés par nos acquis… une simple loi suffit.

3. Le 21 décembre 2005,
Eolas

@ pHiLoGrApH : Non à votre première question. Les mathématiques ne reposent pas sur une conviction. Le français non plus, je ne vois quelle conviction politique, sociale, culturelle, morale, ou religieuse régit l’accord du participe passé. Même l’histoire repose sur des faits, l’étude de leurs causes et de leurs conséquences. La loi du 23 février 2005 ne change aucun fait, mais exige qu’un jugement moral positif soit émis sur une page de l’histoire. C’est débile, mais ça ne change pas le programme, et surtout cette loi n’est assortie d’aucune sanction : un professeur qui dirait que la colonisation n’a eu que des aspects négatifs n’encourt pas la prison.

4. Le 21 décembre 2005,
Briscard

Maître Eolas, Vos affirmations sur les convictions, a priori frappées au coin du bon sens, n’en sont pas moins quelque peu péremptoires, voire présomptueuses et mériteraient d’être nuancées. En effet:

1. Les mathématiques reposent bien sur une conviction: celle que le monde peut-être compris par une combinatoire de chiffres et d’équations, combinatoire qui, poussée dans ses limites extrèmes confine au mysticisme. Pour autant cette conviction permet effectivement aux mathématiques de comprendre une partie du monde réel: celle dévolue aux boutiquiers, marchands et facturiers de tous poils.

2. De la même manière la structure du français, comme toute langue est totalement de l’ordre de la conviction: Saussure et Barthes ont définitivement réglé la question de l’arbitraire du langage. L’accord du participe passé reste d’ailleurs à ce titre un mystère aussi insondable que celui de la Sainte Trinité, et force m’a été, à l’école de la République d’adhérer à la conviction de mes bons maîtres…

3. Quant à l’histoire le débat est très largement entamé aujourd’hui et il faut bien admettre que c’est du point de vue des convictions que les faits sont examinés, de Michelet à Le Goff, en passant par Braudel et Toynbee.

Cependant les convictions sont utiles. En effet les convictions sont à la pensée ce que le slip est aux couilles : ça les maintient et les compriment. Pour ma part je ne porte que des caleçons, qui laissent la couille libre de flotter et de se rétracter au gré de ses envies et de ses besoins. A vrai dire je n’ai pas beaucoup de convictions non plus. Mais il y aurait beaucoup à dire sur les mérites comparés des slips, boxers et caleçons…

5. Le 21 décembre 2005,
Arnaud

Briscard > Au ton de votre commentaire, je devine que l’enseignement des mathétiques ne vous a pas laissé un souvenir impérissable… :) Pour répondre à votre point 1, j’ai le sentiment que la conviction que vous évoquez concerne l’utilité d’enseigner les mathématiques plus que le contenu de l’enseignement. Les mathématiques ne sont qu’un outil aux service des sciences qui permettent de comprendre le monde et non pas une science proprement dite (dans certains milieux, ça peut faire un très beau troll, ça…). Enfin avant d’accuser ces pauvres mathématiques de tous les maux libéralistes, n’oublions pas que le socialisme aussi peut se modèliser gràce aux mathématiques, Marx était d’ailleurs un mathématicien reconnu.

Pour les deux autres points, c’est beaucoup moins ma partie, bah oui j’ai fait éco… Mais je me souviens qu’un copain en Lettres m’avait convié à un cours de grammaire en me disant, tu vas voir c’est assez marrant : en effet le cours était régulièrement squatté par des collègues en total désaccord et cela finissait en des empoignades verbales particulièrement réjouissantes!

6. Le 21 décembre 2005,
pHiLoGrApH

Maître Eolas>Le contenu de l’enseignement est une chose, et l’on peut par raccourci estimer que “la science” permet plus ou moins de l’objectiver, je vous l’accorde. Mais la planification de l’enseignement par les états, sa fonction en somme, ne répond pas à un critère scientifique : on forme des individus pour qu’ils prennent place dans une modèle idéologique (ou idéalisé si ce mot vous chipote) de société… pas “parce que” la science aurait établi que l’on doit transformer le nourrisson en honnête homme comme ci plutôt que comme ça.

7. Le 21 décembre 2005,
castor

Les mathématiques n’ont pas pour intention de comprendre le monde. C’est la physique qui a ce rôle. Et la mathématique ne se résume pas à des chiffres. On peut faire bien des variations dessus, mais les implications politiques et religieuses ne sont pas évidentes de prime d’abord.

Par contre, quasiment toutes les autres sciences utilisent les mathématiques comme un outil, et là, on peut y glisser le message que l’on veut.

Sinon, je me demande pourquoi diable on essayerait de faire passer un message dans l’accord du participe, alors qu’on peut tout simplement choisir les auteurs à étudier et les textes de lecture en fonction des desiderata du gouvernement en place.

8. Le 21 décembre 2005,
xave

(interlude publicitaire : ça marche bien, les antispams de MT, dis…)

9. Le 21 décembre 2005,
Damien B

(On t’as dit que MT était un Véritâble Système de Gestion de Contenu, et qu’est ce que le spam ? Du contenu mon bon.)

10. Le 21 décembre 2005,
Laurent

(@Xave : MT est très efficacement protégé contre les spams, mieux que d’autres. Si vous voyez passer du spam, c’est seulement dans le fil RSS des commentaires [merci donc de vous y être abonné]. Ils ne sont jamais publiés sur le site. Tout est de ma faute, à cause d’un vieux plugin hors d’âge (-2 av. DC), qui me permet de fusionner différents blogues mais qui ne tient pas compte du nouveau flag “junk”. Il faudrait que je change mon template de RSS de commentaires multi-blogues… mais, la flemme en ce moment — en passant, c’est bientôt le multiblogue et les templates chez DC ?)

11. Le 21 décembre 2005,
Patrick

Il y a toujours cette solution : Teblog: Moving from TypePad to WordPress ;-)

12. Le 21 décembre 2005,
Kozlika

Laurent > si on perdait moins de temps à trier les spams de l’ivraie et du bon grain dans tes RSS, ça irait plus vite…

Sinon, c’est quoi ta définition de bientôt ?

13. Le 21 décembre 2005,
Patrick

D’autant que : WordPress Development Blog › WordPress 2.0 Release Candidate

14. Le 21 décembre 2005,
Laurent

@Kozlika : oh, 3-4 spams par semaine, faut pas exagérer… ma définition de bientôt ? En janvier ? ;-) @Patrick : WordPress, vraiment, j’aime pas.

15. Le 22 décembre 2005,
Kozlika

3-4 spams par semaine ? Tu veux dire que tu ne lis même pas tous les commentaires de ton blog ? Ben dis donc tu es gonflé toi ! Ah on est bien reçu ici tiens… Pour janvier 2007, ça roule, juré craché :-D

16. Le 22 décembre 2005,
Laurent

Bon, je suis très attaqué depuis 24-48 heures… il y en a quelques uns qui passent les mailles du filet. Mais, promis, je vais revisiter mon template du RSS commentaires ou faire un fix de GlobalListings pour qu’ils ne passent plus dans le RSS.

Touitter !