Journal de bord

samedi 9 septembre 2006

Tableau de chasse

Tableau de chasse.

1. Le 10 septembre 2006,
Denys

Un seul chat et pas un cycliste ? Peut mieux faire.

Blah ? Touitter !

Ils n’en ratent pas une

« COLONISATION n. f. — 1769 ; anglais colonization, de to colonize → coloniser ◊ 1 Le fait de peupler de colons ; de transformer en colonie. La colonisation de l’Amérique, puis de l’Afrique, par l’Europe. ◊ 2 Mise en valeur, exploitation des pays devenus colonies. »

« COLONISER v. tr. (1) - 1790 ; de colonie, probablt d’après l’anglais to colonize ◊ 1 Peupler de colons. ◊ 2 Faire de (un pays) une colonie. Coloniser un pays pour le mettre en valeur, en exploiter les richesses. »

[Le nouveau Petit Robert 2007.]

Le MRAP demande le retrait du Petit Robert 2007.

“Devant cette nouvelle tentative de réhabilitation et de glorification du colonialisme, le MRAP demande le retrait pur et simple de ce dictionnaire.”

Nouvelle tentative ?

Je tiens énormément à mon exemplaire du Petit Robert, car il s’agit de la première édition, celle de 1967. Rien ne m’en ferait changer pour une version plus récente. Enfant, je le lus intégralement comme d’autres auraient pu lire la Bible.

Petit Robert 1967 - Colonisation

Me voici donc à feuilleter ma précieuse bible, et que constaté-je ?

Petit Robert 1967 - Colonisation

COLONISATION… “Mise en valeur, exploitation des pays devenus colonies.” COLONISER… “Coloniser un pays pour le mettre en valeur, en exploiter les richesses.” 1967… tu parles d’une nouvelle tentative.

Ce qui chagrine Rey, c’est « l’inculture économique que ces attaques manifestent. Il faudrait avant tout qu’elles (les associations, ndlr) ouvrent le Petit Robert à l’entrée “valeur”. C’est un terme qui relève de la sphère financière, qui n’a en soi pas de connotation positive ou négative. La mise en valeur d’une station de sport d’hiver ne veut pas dire qu’on va s’occuper de la nature, mais qu’on l’aménage pour se faire du fric! Et qu’était la colonisation de nouvelles terres sinon l’exploitation, la mise en valeur de ses richesses, au bénéfice des colons? Au-delà de ça, si on n’a pas le droit de parler des côtés positifs d’une chose qui est globalement négative, c’est une forme de révisionnisme! » [Libération : “Colonisation : Alain Rey contre «l’inculture économique»”, via Radical Chic.]

Quelle bande d’andouilles ! J’ai toujours la plus grande méfiance à l’égard de ceux qui s’attaquent aux livres… “Le MRAP demande le retrait pur et simple de ce dictionnaire”. Des crétins potentiellement dangereux.

Sinon, une raison de chérir mon édition 1967, ça me protège des nouveaux mots de 2007

Définition de djeune.

Définition de bananer et niaque.

Définition de addict.

Définition de bloguer.

1. Le 9 septembre 2006,
ZeBob

Bah je ne trouve pas ça si choquant les nouveaux mots présentés. Peut-être que certains seraient plus appropriés dans une édition « argotique ».

2. Le 9 septembre 2006,
Laurent

Faut bien que je cultive mon image de vieux-con-réac-conservateur…

3. Le 9 septembre 2006,
VinZ

Je vais répéter ce que je viens de dire sur mon propre blog : à force d’attaquer tout et n’importe quoi, le MRAP et le CRAN discréditent fortement la cause pour laquelle ils sont censés se battre.

4. Le 9 septembre 2006,
Dominique

Ce n’est pas la première fois que le MRAP se distingue par sa bêtise crasse en matière linguistique, la direction actuelle semble faire un concours à celui qui sera le plus crétin dans l’affaire la plus tordue (qu’on se souvienne des caricatures).

Pour rappel, l’affaire du dictionnaire des synonymes (incapables de comprendre le fonctionnement d’un dictionnaire électronique).

Ou le cas du Nouveau Littré (là, il y avait un vrai problème de présentation, mais sans les intentions qui étaient prêtées d’abord aux auteurs).

5. Le 9 septembre 2006,
Thierry Bélanger Clermont

Je n’en reviens pas. “Home cinéma”, addict et djeun; heureusement que le ridicule ne tue pas. Et Maurice Druon ne dit rien? :P

6. Le 9 septembre 2006,
Stéphane Z.

« COLON n. m. — Personne peu raffinée dans ses idées comme dans ses manières, caractérisée par ses préjugés ou par son conservatisme. Syn : rustre. Exemple : Hey toué mon maudit colon, tu vas l’payer ! »

(À ne pas confondre avec le segment de l’intestin non loin du trou du cul qui s’écrit avec un accent circonflexe)

C’est pas moi qui le dit, c’est l’Office de la langue française du Québec. Preuve qu’un colon peut-être avoir pour vocation de mettre en valeur un territoire tout en étant un rustre fini.

7. Le 9 septembre 2006,
gilda

Cela dit, en 2007, au Robert, déjà qu’ils y font à présent entrer n’importe qui, ils auraient quand même pu virer ce “mise en valeur” quelque peu tendancieux.

C’est toujours un peu triste de voir des associations de défense s’attaquer à l’accessoire au lieu de combattre l’essentiel.

Le “Djeuns” est assez étrange, je ne l’ai jamais entendu employer que par des journalistes ni anglo-saxon ni maghrébins (déjà que le terme à mes yeux est tellement bourré d’hypocrisie que je l’en trouve méprisant), jamais dans ma banlieue par les principaux concernés. En revanche bananer, si.

Quant à bloguer, qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire :-) :-) ?

8. Le 9 septembre 2006,
Eolas

“Sinon, une raison de chérir mon édition 1967, ça me protège des nouveaux mots de 2007…”

Des fois, tu parles comme un wikipédiste…

9. Le 9 septembre 2006,
Guillaume

“Bloguer” ou en français “journalextimiser” mais c’est plus long… :)

10. Le 10 septembre 2006,
Maxime

Bon, Laurent va me détester, mais tant pis : le terme djeun, il m’arrive de l’utiliser, mais uniquement au pluriel : djeun’s.

Par contre niaque, je connaissais pas. Je connaissais le “niak”, mais si je dis que ça désigne un chinois, le MRAP va m’attaquer pour vocabulaire pas politiquement correct.

11. Le 10 septembre 2006,
karl

Où sont les femmes ?

En passant, Laurent, fais un tour pour « Colony » dans le dictionnaire du Mac. Ce serait amusant que les gens donnent la définition dans les autres dicos.

Par exemple, dans « Le bon usage » du Littré. Entrée - 158-c: « c) La colonisation a mis les pays occidentaux en contact avec le monde entier, mais la France et la Belgique n’y ont joué qu’un rôle tardif et assez limité. C’est pourquoi les mots exotiques sont venus d’ordinaire par l’espagnol, par le protugais, lpus tard par l’anglais, parfois par le néerlandais. En particulier, la découverte de l’Amérique a révélé beaucoup de produits qui se sont vulgarisés sur le vieux continent sous des noms dont la forme est due à l’intermédiaire espagnol : cacao, caoutchouc, chocolat, patate, tabac, tomate, … »

(dans la section 158 consacrée aux autres langues)

12. Le 10 septembre 2006,
Anne Archet

C’est une définition positive de colonialisme qui aurait été choquante. Parce que des colonies et des colonisations, il en a existé de différents types. Il y a une différence entre la Rhodésie et New Harmony

13. Le 10 septembre 2006,
ron

La niaque, ça fait trente cinq ans que je l’entends dans mon département (les landes). J’ai toujours été sur le cul de voir cette andouille de Nikos le reprendre à son compte.

14. Le 10 septembre 2006,
palpatine

Et bien j’allais demander ce qu’en disais le Littré, mais Karl est décidément formidable :) (quelqu’un saurait-il où en trouver un original neuf par hasard ? De Littré, évidemment)

Il ne me reste plus donc qu’à proposer “emboucaner” (ou avec deux ’n’ ?) à rajouter au Robert, ou même “engatser”, tiens ; c’est très utilisé dans le Sud, autant que le désormais célèbre “minot” (qui a déjà dû entrer au dico, non ?). Il y a d’autres mots assez locaux, mais on ne va pas attirer les googlisateurs marseillais non plus…

On m’a déjà proposé un Littré révisé (et très — beaucoup trop — allégé, étrangement), mais là encore, il y a trop de mots que je ne souhaite vraiment pas voir figurer dans un dictionnaire… C’est dur d’être un linguisto-réac’ parfois ;).

15. Le 10 septembre 2006,
Dominique

Un collaborateur de Littré, Beaujan, a publié différents abrégés du dictionnaire à la fin du XIXe s. C’était destiné aux écoles et il y en a des centaines de milliers dans la nature. Il y manque surtout ce qui fait la saveur de ce dictionnaire : les exemples littéraires et les étymologies délirantes et dépassées. C’est l’édition qui est vendue en 10-18. On peut avoir cela aussi à des prix dérisoires chez les bouquinistes (si on vous fait payer plus de 10 euros, c’est de l’escroquerie). Elle a servi récemment à établir le Nouveau Littré qui comprend l’abrégé de Littré et de nouvelles entrées ou bien des ajouts de sens dans les articles : le texte est hybride, mi-historique et mi-actualisé. Sinon, en édition papier il a été réédité dans les années soixante, mais sans tout le texte. Pour le lire complètement, on peut commander un cédérom chez Redon ou bien se connecter au site de François Gannaz chez Free (en plus, il offre des tas de possibilités de lecture qui ne sont pas présentes sur les cédéroms).

16. Le 10 septembre 2006,
yves duel

@Laurent : conservateur ET réactionnaire : c’est pas poss, tu te vantes !

17. Le 11 septembre 2006,
Louise

Et le troisièmement ? Laurent, nous n’avons sans doute pas beaucoup de choses en commun, sinon le Petit Robert dans son édition de 1967. Je m’y suis donc replongée. A l’article “coloniser”, il y a un 3° “Envahir, occuper” mais il est bien précisé que c’est… au figuré !

18. Le 11 septembre 2006,
Guillermito

L’ajout de nouveaux mots - meme si je ne les utilise pas - ne me choque pas plus que ca (quoique “addict” est un mot purement anglais, mais bon, “web” aussi). Toute langue est en constante evolution. Definir et geler une langue dans un dictionnaire, c’est essayer de tirer sur une cible mouvante. Les langues ont des variations dans le temps et dans l’espace, et aussi des transferts entre elles. C’est un peu comme l’evolution des especes, et les transferts horizontaux d’ADN. Tiens, par exemple, si je te dis : “Vé, Laurent, arrete de rouméguer comme une vieille agasse !”, c’est du francais matiné d’un peu d’occitan, tres comprehensible dans le trou perdu ou je suis né, mais peut-etre pas a Paris. Et je doute que ces mots soient dans le Littré ou le Robert :)

19. Le 11 septembre 2006,
Dominique

@Guillermito : perdu !

20. Le 11 septembre 2006,
Guillermito

Dominique : oh, merci beaucoup pour ce lien, je ne connaissais pas ce Littré informatisé, qui va immédiatement dans mes liens utiles, à côté du Trésor de la Langue Française et autres bases de données. J’ai de plus en plus souvent besoin de ce genre de béquille mentale, pour cause d’utilisation abusive de l’anglais (le pire, ce sont les doubles consonnes, qui sont souvent différentes dans les deux langues). Bref, je suis bien content d’avoir perdu :)

Blah ? Touitter !