Journal de bord

Si ça peut lui ôter des scrupules - à lui et à d’autres - y’a aussi la solution de ne pas parler des invitations de “boîtes à buzz” (quelle distanciation vis-à-vis de son activité).

Bruno Frappat, dont j’ai tendance, sans vouloir être désagréable, à préférer l’expérience et la pensée, écrivait il y a peu : “Les dictatures ne craignent rien tant que la publicité donnée à leur existence, à leurs crimes, à leur illégitimité. Elles détestent la lumière. Pesons donc de tous nos regards: c’est notre seule arme. Il faut regarder les dictateurs dans le blanc des yeux.”

Ecrire aux militaires pour leur dire que ce sont des méchants ? Non. Il s’agit simplement d’une minime action de plus. Je trouvais encore récemment un peu ridicule ces rappels permanents en cas de prise otage “X, otage depuis 43 jours”. Et puis, certains d’entre eux ont déclaré qu’ils avaient eu l’occasion de voir des JT enregistrés et que ça comptait énormément.

Alors, oui, c’est probablement dérisoire et ça ne mettra certainement pas à bas la dictature. Mais c’est tout de même un mouvement emblématique, pacifique, non-violent, démocratique. Si cela peut seulement témoigner qu’individuellement, nous n’en avons pas rien à foutre, ça ne me semble pas foncièrement inutile.

Et puis… le minimalisme l’agace ? Y’a aussi un truc qui est agaçant chez certains : le fait de cacher leur cynisme sous un prétendu réalisme.

“L’idée n’est pas de critiquer les actions et la parole des blogueurs, le propos est de critiquer les opérations “flash” qui ne durent qu’une journée et qui ne concernent leurs auteurs que cette seule journée. Je pense que ce conflit mérite mieux qu’un simple logo apposé pour 24h.”

C’est certain, Christophe, mais as-tu des informations précises sur le fait que les personnes qui ont affiché ces bannières s’en soucieraient seulement 24 h ?

J’ai peut-être réagi un peu fort ci-dessus parce que je trouve aussi ridicule les pétitionnaires professionnels.

Mais faut-il tirer prétexte de l’hypocrisie de quelques-uns ?

Comme tu le réponds à Delphine sur ton blog, les medias passent à autre chose faute d’images à fournir. N’est-ce pas, précisément, utile à ce moment précis de témoigner que ce n’est pas parce qu’ils ont zappé que l’on a nécessairement fait de même ?

Les birmans ne verront pas ces logos, c’est certain. En revanche, si cette initiative peut (ou avait pu) montrer (é) qu’il y a toujours une préoccupation de l’opinion publique, ça ne sera pas forcément inutile. Plus que vis-à-vis des birmans, ou vis-à-vis de la junte, c’est peut-être vis-à-vis de nos gouvernements, de nos medias, de nos entreprises que cette action peut avoir un peu d’efficacité.

Et puis, simplement, montrer qu’on y pense. Ce qui n’empêche personne d’en reparler demain.

michelv > si vous êtes de ceux qui se croient en dictature ici, je vous suggère un voyage en Birmanie, au hasard, ça vous évitera d’en dire de plus grosses que vous.

J’ai dans l’idée que ce que Cathy, comme moi, nous nous demandons, c’est, grosso modo : avant de donner des leçons aux autres, Christophe, nous as-tu apporté la démonstration que tu en avais eu quoi que ce soit à talquer de la Birmanie, le reste de l’année ?

Bref, qu’est-ce qui te qualifie pour donner ces leçons ? Qu’est ce qui te qualifie, surtout, pour présumer que les blogueurs dont tu parles se suffisent de l’affichage d’un logo pendant 24 heures ? Tu réponds à Delphine sur ton blog : “vous ignorez tout d’une philanthropie personnelle que la morale m’impose de conserver discrète”. On en reste sur le cul.

Eh bien, Christophe, je te le donne en mille, tu ignores tout des blogueurs dont tu parles, de leurs intentions, de leur sentiment profond sur cette question… de la philantropie personnelle que la morale leur impose de conserver discrète.