J’avais, le 29 octobre dernier, parlé de l’étonnante initiative d’eBay de mettre aux enchères ses spots de publicité pour la campagne de communication d’ebay. Les enchères sont depuis terminées, j’étais persuadé que les montants des enchères seraient plus élevées que cela, j’aurais du enchérir sur l’informatique puisque l’enchère gagnante est à 252€ au final… ce qui est acceptable pour passer à la TV! [2803, Henri Labarre : “Post sponsorisé : Ebay 2.0”.]
Sinon, Julien V. m’a écrit. Le Monsieur est apparemment candide. Il s’étonne de ma réaction, s’interroge sur la présence de mon adresse de courrier sur mon blogue qui serait, selon lui, une invitation à recevoir des sollicitations non sollicitées. Et, il se refuse à comprendre que c’est en l’occurrence plus la forme que le fond que je juge.
Julien fait partie de ces nombreux communicants qui considèrent les blogues comme les soutiers plus ou moins bénévoles de leurs opérations de communication, qui sont sincèrement surpris lorsqu’ils rencontrent des signes de rébellion.
À qui la faute ? Probablement à cette quantité de blogueurs qui docilement se font les duplicateurs des communiqués de presse qui nous arrosent, blogueurs généralement bénévoles, mais espérant toujours une éventuelle rémunération, la faute à ces innombrables Techcrunch-like. La faute également à ces entreprises de communication 2.0, BlogRider, BuzzParadise, etc. qui vendent du publireportage à deux balles. Le message donné aux communicants est navrant : “la blogosphère, c’est simple, il suffit de payer — et, ce n’est pas cher — les blogueurs ne demandent que ça”.
La blogosphère française a une image de prostituée. Et elle se l’est donnée toute seule.
Mais, devrions-nous nous en étonner dans un monde où des gens sont prêts à payer 252 € pour passer à la télé ?
Sinon, chers amis attachés de presse et autres publicitaires, je vous donne les recettes infaillibles qui vous assureront un relais de votre opération sur mon blogue :
- Me tutoyer comme si j’étais un vieux pote.
- Me parler avec un langage de “djeune.”
- Mettre des smileys.
- Surtout ne pas se relire et laisser un maximum de fautes.
- Me prendre pour un débile.
- Ne pas personnaliser son courrier.
- Dans un second temps et en bonus, râler si je ne me fais pas écho de votre formidable produit ou service.
Si vous respectez un maximum de ces règles, vous avez de très bonnes chances que je parle de vous sur Embruns. Essayez, vous verrez, ça marche.
Faute de revendication précise et fondée, les étudiants d’extrême-gauche ratissent large pour parvenir à mobiliser.
Bloquer les gares, ben voyons, ils vont être populaires les zozos… J’ose espérer que des ordres très fermes sont déjà arrivés aux préfectures, et qu’on n’attende pas des heures avant de leur faire tâter du bâton. À moins qu’on ne les laisse se faire lyncher par quelques passagers exaspérés ou se faire écraser par un TGV…
Quant à la coordination qui souhaite empêcher les votes à bulletins secrets et toute idée de vérifier que les “votants” fassent bien partie de l’effectif de l’université, nous voyons bien là une conception de la démocratie héritière de la révolution bolchevique.
Doit-on également s’étonner que la ville de Rennes, capitale de la dipsomanie estudiantine, soit encore au centre de cette chienlit ?
Maître Eolas s’est fait prendre par Benjamin Boccas. Superbe.
Via MetaFilter, je tombe sur un doux dingue, Laurent Antoine, alais Lemog, qui s’est engagé dans la reconstitution de l’exposition universelle de 1900 en 3D, soit plus de 120 édifices aux formes les plus tarabiscotées.
Il espère en avoir fini vers 2010. Fascinant.
Ne ratez pas non plus cette vidéo.
Gérard Mermet : “Appel aux citoyens inquiets, en colère… et silencieux” [via Koztoujours].
Sous divers prétextes, les bénéficiaires des régimes spéciaux défendent le maintien de ce que l’on doit appeler, en toute objectivité, des privilèges. À tous ceux qui s’efforcent de regarder la société sans prisme idéologique ou politique, mais en se réclamant du bon sens, de l’équité, de la solidarité, de la responsabilité, leur attitude paraît irresponsable, voire indécente…
Une auberge en Estrie, ça vous dit ?
Ils sont à vendre, à priori pour pas cher (je suis curieux de connaître le coût…).
[Ajout : merci Gonzague, c’est donc 250 € la passe. Des vraies putes de luxe… Putain, 250 euros pour ces billets merdeux, je n’en reviens pas… Et Julien V. de BETC Euro RSG, fallait-il en plus que je rase gratis ? Vous vous êtes un peu foutu de ma gueule.]
Le point commun entre tous ces blogues (à une ou deux exceptions près) ?
Ce sont des blogues de merde, des bozzos du buzz, des techcrunchowanabe, des gizmodos-du-village, du jetable.
D’un autre côté, tapin Web 2.0, pourquoi pas, c’est peut-être un métier aussi honorable que sur les boulevards des Maréchaux, mais il faut assumer pleinement son activité et ses conséquences (comme se trouver ici sous la bannière “blogueurs vendus”).
Pour trouver le maquereau, je crois que ça se passe par là.
Si un jour la blogosphère se résume à eux, à lire la même merde en X exemplaires avec un paquet cadeau différent…
N’hésitez pas à m’aider à compléter la liste.
“Je suis libre de son contenu”. Non, vous n’êtes pas libre. Vous en avez l’impression, mais vous ne l’êtes pas. Laissez-moi deviner : 99.9999% des productions payées sont positives pour le produit en question. Et si vous sortez un jour une critique négative, et bien je suppose que les agences se passeront de vos services d’homme-sandwich a dix euros l’heure.
Comme Yves, je trouve ça lamentable de se vendre ainsi. Une fois, peut-être, pour expérimenter. Si cela continue, ça change complètement la nature de la relation entre celui qui écrit et celui qui lit. Ça instille un doute sur l’objectivité de chacun de vos articles, un doute qui ne s’effacera plus. Peut-être d’autres billets ont aussi été payés, mais l’auteur n’a pas juger bon de le préciser ? Ce genre de question. Franchement, je parie que ces pubs vont vous faire gagner une poignée d’argent momentanément, et vous faire perdre des lecteurs sur le long terme.
Les euros que vous gagnez influencent votre point de vue. Et aussi celui de vos lecteurs. Vous n’y pouvez rien.
[Guillermito, cité par Yves Duel — un vieux con.]
P.S. Libération s’y met aussi sur le sujet.
Le phénomène commence à se développer aussi en France. Des blogs reconnus, comme Presse Citron ou 2803 acceptent d’écrire des notes contre rémunération. Dans les deux cas, les auteurs signalent dans le titre même de la note son aspect rémunéré. Mais n’échappent pas pour autant à des réactions parfois épidermiques. Comme celle de Fred sur Presse-citron : « C’est une escroquerie intellectuelle de vouloir faire passer de la pub pour une note. »
Sur Problogger, Mark, un lecteur, s’interroge : « juste une question : voudriez-vous manger dans un restaurant qui a payé ceux qui en ont fait la critique ? »
P.S. bis. Et il y a le blogueur qui a le sentiment d’être berné qui se désolidarise. (Merci Michel.) Hmmm, fameuse opération pour BETC EuroRSCG… Plein de buzz !
Autant l’obligation de réserve du magistrat ne doit pas lui interdire toute appréciation sur son ministre dès lors qu’il demeure à la fois respectueux de la fonction et dans le champ professionnel, autant sa participation aux manifestations bruyantes et parfois grossières qui s’organisent lors des visites de Rachida Dati me semble contredire la conception que j’ai de notre mission et de notre image dans la société. C’est au nom de cette même argumentation qu’à titre personnel, je suis hostile à la grève du 29 novembre et que je crains, en dépit des apparences, une désaffection encore plus vive du citoyen à notre égard. Je ne méconnais pas que l’action syndicale a des libertés et s’assigne des objectifs qui pourraient paraître justifier ce décalage total entre ce qu’on attend du juge et ce que la contestation moderne lui permet. Il n’en demeure pas moins qu’à mon sens, au sujet de la carte judiciaire, le magistrat s’engage dans un combat douteux et se mêle à une fronde collective dont il devrait, au contraire, s’éloigner.
[Philippe Bilger : “La carte ou le menu ?”]
Phillippe, ne vous inquiétez pas… Quand on approche de la nullité, l’affection ne peut pas aller plus bas. Ce “bouhaha revendicatif” des robes noires, le citoyen n’en a au mieux rien à faire, et au pire, il ne cachera pas sa mesquine satisfaction au spectacle des petites misères (“moi, déménager ?”) infligées à une corporation bourgeoise (injuste étiquette, je le sais).
Comme vous dites si bien, “Le maintien d’une justice de proximité devient l’alibi démocratique de beaucoup de calculs sans grandeur” (“moi, déménager ?”).
Vous pouvez me dire si je passe dans votre école ? Parce que ce pédé de Ron l’Infirmier, c’est pas bien grave, mais moi…
Moi, je dis non à la lecture de blogueurs homosexuels dans les écoles de commerce. Bon, qu’en pense Pascal Morand (pas de lien, la pauvresse n’a même pas de page sur Wikipedia) ?
P.S. La page Wikipedia sur l’ESCP-EAP est absolument effarante…
Anne
C’est ça qui est bien quand on est pas un VIB : pas de sollicitation. Tout petit trafic confidentiel entre potes, personne pour venir vous pourrir avec des offres en pagaille à promouvoir.
Mais ces blogueurs qui sont prêts à faire de la pub pour une poignée de cacahuètes, ils ne ressemblent pas un peu aux gens prêts à payer 252 euros pour passer à la télé, des fois ?
Laurent Gloaguen
Si j’en crois l’exemple donné dans mon billet, M. Labarre, il semble que cela soit le cas…
Damien B
La Blogosphère, un nouveau centre.
XIII
“La blogosphère française a une image de prostituée” -> C’est très joliment dit :-) Ceci dit je ne suis pas sûr que ce soit spécifique à la blogosphère française…
Manu
XIII: Attention, tu as mis un smiley ! (cf. 3eme point)
Mr Peer
balmeyer
Bien joué. Autant le truc sur “Claire Dupas”, avec les insultes itou, ça me laissait dubitatif, autant là, c’est la grande classe.
Laurent Gloaguen
@balmeyer : la différence, c’est que Claire Dupas est un personnage fictif.
Eric
Ecrire un blog, c’est déjà se prostituer…
balmeyer
@Laurent : oui, je l’ai compris par la suite. J’admets avoir encore pas mal de déniaisement devant moi.
Guillermito
Eric : ah non. Ecrire un blog, c’est se donner gratuitement.
Aymeric Jacquet
Chiboum : hélas, ça n’a rien à voir avec le trafic. J’ai un blog (perso/pro mais on appellera ça un blog à défaut d’autre chose) à faible trafic très ciblé et je reçois, en gros, de 1 à 3 sollicitations par semaine.
Mox Folder
” Mais, devrions-nous nous en étonner dans un monde où des gens sont prêts à payer 252 € pour passer à la télé ? “
Il ne s’agit pas juste de passer à la télé pour passer à la télé, il s’agit d’un passage télé à 252€ (ce qui est très bon marché) même si sur le fond on est d’accord que le principe est d’enculer le gentil vendeur tout content d’avoir eu sa pub pour une bouchée de pain…
bastien
Tout a fait, c’est très bien résumé. Je reçois des mails d’agence de plus en plus incroyable. Ca me fait bondir.
Mais le pire c’est pas vraiment les agences, c’est plutôt les blogueur qui se donnent pour que dalle. On arrive a recevoir ton mail car on nous respecte plus, on nous prend pour des gros cons qui relaient tout pour avoir leur heure de gloire de dire qu’ils sont influent pour parce qu’ils sont sollicité par des agences et veulent continuer à l’être.
Je soutiens à 2000% ce coup de gueule !!
Yves Duel
Bin moi, je reçois très très peu de commentaires, sauf de femmes ravissantes, ce qui me convient parfaitement ; et les seuls qui dérogent, ce sont des gens qui me traitent de “gros connard” : j’en conclus, peut être imprudemment, qu’ils n’ont rien à me vendre ?
Gonzague
tiens…. je n’avais pas fait attention à la ligne sur les publis reportages mais : BuzzParadise ne fait pas de publi-reportages, c’est BlogRider ça :)
le blogueur masqué
Pourquoi les agences de buzz ont de l’influence ? elle sont compétentes et professionnelles ? Vous me permettrez d’en douter enormément, le mois écoulé m’en a donner la preuve si des fois j’avais eu des doutes.
bastien
par contre je ne critique pas buzz paradise mais d’autres agences peu respectueuse
greg
Ca me fait plaisir que tu (comme on se connaît je peux :)penses tout de suite à BuzzParadise quand il s’agit de relation avec les blogueurs par contre, clairement nous ne faisons pas dans le communiqué de presse… Nous sélectionnons avec minutie les personnes que nous sollicitons et nous n’avons pas de vue à priori sur ce qui est dit (ou pas puisque les gens ne sont pas obligé d’en parler). Plus que cela nous sommes pour la critique constructive car elle fait partie intégrante de la recommandation.
Laurent Gloaguen
@Greg : on ne prète qu’aux riches, la rançon de la notoriété ;-)
Blah ? Touitter !