Journal de bord

mercredi 23 janvier 2008

Marketing du mensonge

Encore une belle histoire Facebook…

Peu à peu, l’évidence s’impose : Rachel Bekerman n’a jamais signé dans Le Monde, personne n’a jamais entendu parler d’elle, la photo publiée sur Facebook n’évoque aucun souvenir. Son nom n’est même pas référencé sur Google, ce qui est rare pour une journaliste. Conclusions provisoires : il s’agit peut-être d’un journaliste du Monde qui utilise un pseudo quand il a envie de se faire passer pour une jolie blonde. Ou alors, Rachel Bekerman ment sur toute la ligne.

Quelques dizaines de membres du groupe Journalistes français sont prévenus de la situation par Le Monde. Certains, se sentant trahis, se désinscrivent aussitôt. D’autres remercient Le Monde de les avoir alertés et font passer le message.

Rachel se décide alors à reprendre le contact sur Facebook, tout en refusant une interview en face à face ou au téléphone. Elle avoue qu’elle n’est plus employée par le Monde.fr, mais continue à affirmer qu’elle y a travaillé en 2004 — ce qui est à nouveau démenti par les services administratifs. Puis elle propose une nouvelle version de sa vie : “Je suis attachée de presse pour un média Web dont j’aimerais garder le nom secret. (…) Mon travail consiste à faire parler des sites Internet que nous éditons. Je profite des réseaux sociaux pour créer un maximum de buzz. L’information se diffuse plus vite par le biais des journalistes. C’est pourquoi j’ai créé ce groupe.” Elle explique sans détour pourquoi elle ment sur son statut : “Dire que je travaille au Monde suscite plus de confiance aux journalistes qui me posent la question.” Quand on lui demande si elle trouve ce procédé honnête, elle contre-attaque : “Pourquoi me poser une question à laquelle personne ne pourrait répondre “oui” ? Je suis journaliste et on ne me la fait pas.”

[Le Monde, Yves Eudes : « Le “Monde” virtuel de Rachel Bekerman. »]

Plus loin dans l’article, je manque d’avaler mon café de travers en lisant les paroles d’un certain Antoine Barthélémy, “créateur de Whosdaboss” :

“C’est de bonne guerre. C’est même une bonne méthode. En marketing, la fin justifie les moyens. Dans la vraie vie, ce n’est pas bien de mentir, mais sur Internet, tout le monde ment. C’est le jeu.

(Étrange, sur le site Whosdaboss, on peut lire : “Ce site web créé par James Ameziane, un entrepreneur de 32 ans, qui espère s’acheter une villa à Dubaï en vendant un espace publicitaire au plus offrant.” Mais le nom de domaine est bien enregistré pour un Antoine Barthélémy à Juvisy…)

Rachel Bekerman a toujours un profil sur Facebook. On peut encore y trouver dans sa liste d‘“amis”, David Abiker, Xavier Borderie, “Chauffeur De Buzz”, David Carzon, Cyrille de Lasteyrie, Quitterie Delmas, Manuel Diaz, Emery Doligé, Guillemette Faure, Christophe Ginisty, Christophe Grébert, Damien Guinet, Yves Jégo, Gilles Klein, Fred de Mai, Xavier Moisant, Nicolas Voisin, Jean-François Ruiz, etc.

Et… Arash Derambarsh.

Et… Jean-Paul Ney.

Rachel reste injoignable hors de Facebook, et continue son travail. Elle envoie des nouveaux messages aux journalistes du Monde, en se présentant comme une ancienne de la maison, devenue attachée de presse pour un éditeur de sites Internet et désireuse de renouer avec ses anciens collègues : “Tu as dû entendre parler de whosdaboss.com, contre qui Paris Hilton herself (!!!) a porté plainte, ça nous a fait un coup de pub énorme aux USA. Enfin bref ça me ferait plaisir de boire un verre un de ces 4.” Chiche. [Ibid.]

(Merci Guillermito !)

1. Le 23 janvier 2008,
Guillermo

Cela prouve surtout une chose : que ses “amis” ne foutent plus les pieds sur facebook passé la première période de découverte… Une fois qu’ils ont déconnecté les notifications spamantes, et même si par miracle ils ont trouvé le fil RSS, ils ont perdu le fil et ils s’en foutent.

Et quant au blaireau qui trouve que la fin justifie les moyens, c’est encore un exemple pathétique de la culture du bullshit, à savoir (de mémoire) “le probleme n’est pas le mensonge, mais que la notion même de vérité soit devenue accessoire” (et sans doute un peu chiante).

2. Le 23 janvier 2008,
koz

Ne soyez pas injustes avec ledit blaireau : il dit la vérité. A savoir qu’il ment. Au moins, ses interlocuteurs savent désormais à quoi s’en tenir.

3. Le 23 janvier 2008,
versac

Trois petites remarques :

  • on a souvent des amis qui se proposent sans les connaitre. Un moyen de juger (je l’ai peut-être croisée à une soirée ?), c’est son réseau déjà existant. L’adoption par d’autres proches peut alors faire effet (ah, elle connait déjà 24 de mes amis, je dois donc la connaitre plus ou moins). Ca facilite l’imposture.
  • Elle m’avait sollicité, mais j’avais refusé, pour le coup. Parce que je ne suis pas journaliste.
  • Dans la nouvelle petite économie de la visibilité, toute personne se déclarant comme journaliste ou noeud de réseau devient quelqu’un à séduire, pour bon nombre de personnes. Y’a qu’à voir les messages sur son wall ou dans le groupe : objectif émergence flah et autopromotion. Un peu pathétique.

Depuis un certain temps, je n’accepte plus grand monde comme ami sur facebook, et ai viré pas mal de profils dont je ne peux pas dire qui ils sont. Résultat : des commentateurs de mon blog sont venus me dire : “mais si, je suis machinbidule !”. Comme si je pouvais le deviner à la première prise de contact…

4. Le 23 janvier 2008,
Xavier

Morte-couille ! Comme quoi on ne devrait vraiment ajouter que les gens que l’on connait.

Cela étant, je n’ai aucun souvenir de l’avoir ajoutée à mes amis contacts. J’ai été invité et ai intégré son groupe “Journalistes français”, principalement parce que s’y trouvaient déjà deux anciens collègues de JDN. Je suppose que c’est pour la même raison que je l’ai ajoutée, prrft, no idea ; ou alors bien, que n’étant plus rédacteur à l’époque des faits, ça ne coutait pas cher de garder un contact dans le milieu sous la main. Réseautage facile.

On peut voir dans FB le “pourquoi vous êtes amis” (genre “you were members of ParisCarnet”, tout ça). Pour elle, je vois que j’avais utilisé “You are Facebook friends”, c’est tout dire…

Cela montre en tout cas que ce que dit Guillermo est très très vrai, sur deux points:

1) la facilité du réseautage sur FB fait perdre de vue où l’on en est, qui l’on a dans sa liste (ou plutôt dans la liste de qui nous sommes, ce qui est plus chiant), et donc mélange dangereusement “amis de la vraie vie/gens dont je me sens proche” et “contacts potentiellement intéressants pour ma carrière/vagues connaissances”. Perso, tous les “contacts” sont placés dans ma Limited Profile List, c’est-à-dire qu’ils n’ont accès qu’à une version expurgée d’icelui mien profil - une version proche de ce que l’on trouverait sur LinkedIn. Tout le monde ne fait pas ça, c’est dommage. La petite Rachel Bekerman se trouve évidemment dans cette liste…

2) Facebook, finalement, c’est chiant. Et contraignant.

Pour le côté “usine a buzz de merde” (redondance, s’il en est), j’aurai dû en avoir la puce à l’oreille quand le système de “mail à tous les membres” du groupe “journaliste français”, ouvert par Rachel, s’est mis à m’envoyer les dernières évolutions de whosdaboss.com, rédigées par une certaine Sarah Azoulay dont la photo du profil laisse envisager qu’elle n’est pas forcément proche de la réalité.

Contact viré, groupe quitté, comme il se doit. Merci de l’info. Il faut de toute façon que je nettoie un peu tout ça, trop de gens que je n’ai jamais rencontré ou qui ne sont intéressants que professionnellement, là où FB n’a rien d’un réseau professionnel.

5. Le 23 janvier 2008,
Xavier

Fichtre, versac a raison, je n’avais pas lu son wall : “bravo pour le buzz et l’article dans le monde. Joli coup de pub !”, “Bravo pour le buzz”.

Tristes sirs.

Blah ? Touitter !

Victoire à la Pyrrhus

Enfin, pour la requérante, c’est une victoire à la Pyrrus. Elle a demandé l’agrément pour adopter un enfant quand elle avait 37 ans. Elle en a aujourd’hui 47. Cela laisse présumer une arrivée d’enfant à 50 ans. En supposant que son âge ne lui soit pas opposé, ce n’est plus le même projet de maternité. La joie de Mme B. doit être bien ternie par un rêve à jamais brisé. Qu’elle soit assurée de ma sympathie.

L’intérêt et la portée de cet arrêt sont en résumé que la Cour, sans revenir sur sa position réservée à l’égard de l’adoption homosexuelle, et notamment sur le fait que l’intérêt de l’enfant peut être valablement invoqué pour refuser l’adoption à un homosexuel quand des éléments objectifs sont soulevés à l’appui (arrêt Fretté), estime que l’absence de “référent paternel” n’est pas un argument valable car il s’applique aussi à l’adoption par un célibataire hétérosexuel, et surtout que la France ne peut pas prétendre que l’adoption homosexuelle est légale et pratiquer une discrimination de fait en faisant en sorte que ce qui n’est pas interdit ne soit jamais autorisé.

[Journal d’un avocat : “La France condamnée pour avoir refusé l’agrément en vue de l’adoption à une personne homosexuelle”.]

Citation du jour

“Chaque jour un peu plus, je ressens la nécessité de préserver mon état d’hystérique, gros boudin, mal baisée et castratrice.”

Kozlika : “Hystérique oui merci, et vous mêmes ?”.

J’ai toujours eu une grande révérence pour la lucidité, surtout chez les autres.

1. Le 23 janvier 2008,
Yves Duel

moi aussi, et particulièrement pour elle.

2. Le 23 janvier 2008,
Laurent Gloaguen

[Bon, je descends à l’abri antiatomique…]

3. Le 23 janvier 2008,
Kozlika

Tu as oublié salope ! (Tiens si j’étais sur FaceBook ça ferait un chouette profil !)

4. Le 23 janvier 2008,
samantdi

Prends des raisins secs et ton rude-boy, dans l’abri atomique, parce que t’es pas près de ressortir, mon gars. Les hordes féministes t’attendent à la sortie armées de poêles en fonte et de rouleaux à pâtisserie.

(ah mais j’entends dans le lointain la psalmodie des prières de tes copains culs-bénis, quel réconfort ce sera, pour toi!)

5. Le 23 janvier 2008,
Laurent Gloaguen

@Samantdi : “De poêles en fonte et de rouleaux à pâtisserie”… Je vois que tu es encore dans le cliché de la femme à la cuisine.

6. Le 23 janvier 2008,
Maphto

Vous me semblez assez lucide à priori.

7. Le 23 janvier 2008,
Maxime

L’humanité aura progressé le jour où les hommes seront battus à coups de machettes, de batte de base-ball et de canettes de bières (vides).

8. Le 23 janvier 2008,
samantdi

Ah je me vois bien pratiquer le lancer de canettes (vides), mais la machette et la batte de base-ball, euh…

9. Le 24 janvier 2008,
Eve La Fée

<mode hystérique>On pourrait utiliser les jolis rasoirs rose ou verts pomme, ils seraient bien mieux utilisés pour émasculer plutôt que pour se raser les poils des jambes.</mode>

Blah ? Touitter !