Journal de bord

dimanche 13 septembre 2009

Être bien assuré

Quand je suis arrivé à Montréal et que j’ai pris une assurance pour mon logement, la préposée de la compagnie d’assurance m’a proposé un supplément « tremblement de terre ». Ca m’a fait éclater de rire. J’ai dit « Montréal n’est pas sur une zone sismique ». Elle a dit « C’est vrai, mais on la propose quand même, c’est seulement 20 $ par an. » Je lui ai demandé si elle avait un supplément astéroïde… Elle n’en avait pas. Je n’ai pas pris le supplément tremblement de terre. Mes inquiétudes ont des limites.

Marc Zaffran alias Martin Winckler : “« Si le virus A H1N1 mute… » ou l’escroquerie à l’échelle planétaire”.

Sauf qu’il existe bel et bien un risque et une histoire sismique à Montréal… J’y ai même déjà ressenti l’effet d’une légère secousse.

Carte du risque sismique au Canada.

Pendant que les habitants de la Californie se croisent les doigts en attendant «the big one», les Québécois dorment sur leurs deux oreilles, convaincus d’être à l’abri de tout séisme majeur. Erreur! dit Alessandro Forte, professeur au Département des sciences de la Terre et de l’atmosphère, et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en modélisation de la dynamique terrestre.

Certes, le Québec ne se trouve pas à proximité d’une grande faille géologique, lieu de rencontre de deux plaques tectoniques. Malgré tout, la province, et surtout la vallée du Saint-Laurent, serait l’une des régions à plus haut risque sismique en Amérique du Nord.

Journal L’UQAM, Dominique Forget : “Risque sismique : après San Francisco, Montréal ?

L’histoire a permis de constater que Montréal est située au cœur d’une zone à hauts périls sismiques. Un fort tremblement de terre en 1663 et l’activité sismique continue dans la vallée du Saint-Laurent témoignent de ce fait. Le risque sismique de Montréal est fort bien documenté, malgré l’absence de conscience populaire généralisée à ce sujet. Quand on sait que le bâti urbain dense comme celui de Montréal s’est fait avec beaucoup de remplissage, donc de sol meuble du point de vue géologique, il faut comprendre que les dommages résultant d’un tremblement de terre pourraient être considérables, notamment sur les infrastructures essentielles, les ponts et des installations à risque industriel.

Ville de Montréal, Centre de Sécurité Civile.

Il y a un mois, un séisme a provoqué une consternation inexprimable [à Montréal]. La première secousse qui ne dura que deux à ou trois minutes endommagea plus de 300 maisons, de nombreuses cheminées sont tombées, des murs fendus, des personnes furent blessées, une fille fut tuée ; des averses de pierres se répandirent partout, comme jetées par des mains invisibles ; enfin il y avait un effroi si universel que les maisons ont été désertées, les gens ont dormi dans les jardins, les bêtes poussaient des cris perçants redoublant de ce fait les craintes des hommes.

Beaucoup ont fui et sont venus à Québec de peur d’être ensevelis sous les ruines de cette pauvre ville. Le plus fâcheux est que cela n’est pas fini. Il n’est point de jour où il ne se fasse pas sentir ; quelques puits sont entièrement taris et les chemins apparaissent labourés.

Lettre de Sœur Duplessis de Sainte-Hélène, Supérieure de l’Hôtel-Dieu de Québec, le 20 octobre 1732.

Carte des séismes significatifs au Québec.

Séismes Canada : “ L’Est du Canada”.

Séismes Canada : “Un survol des dommages causés par les séismes de l’Est du Canada de 1925, 1929, 1935, 1944 et 1988”.

1. Le 13 septembre 2009,
Maxime

Il n’existe pas d’endroit sur Terre complètement à l’abri d’un séisme. C’est juste beaucoup plus probable à certains endroits que d’autres.

2. Le 13 septembre 2009,
Martin Winckler

Dont acte. Est-ce que ça va m’inciter à prendre une assurance séisme ou à me vacciner contre le H1N1 ? Je ne crois pas. Le risque zéro n’existe pas. Qui a lu les livres de Bill Bryson sait qu’une météorite géante peut nous tomber sur le crâne d’un jour à l’autre et un volcan s’ouvrir n’importe où sur la planète. Mais il n’y a pas deux solutions : il y a vivre en sachant que la vie c’est risqué, et cesser de vivre en se calfeutrant dans la peur. J’ai choisi. Quitte à mourir la semaine prochaine, de la grippe ou d’un séisme à Montréal, j’ai choisi de vivre. Chaque jour. Voilà.

3. Le 13 septembre 2009,
Martin Winckler

D’autant qu’après consultation de l’article parlant du travail de Monsieur Forte, il s’avère que ses estimations sur la sismicité du Québec sont… une hypothèse de travail. Il n’a rien démontré du tout. Et l’article dit à plusieurs reprises qu’il “croit”… En matière de sciences de la terre, la facilité que nous avons à passer de la croyance à la terreur et de la terreur à la certitude est incommensurable…

4. Le 13 septembre 2009,
Maxime

Disclaimer : IANAL. Sorry, I am not a doctor.

@Martin Winckler: Il ne faut pas paniquer, soit. D’ailleurs je ne suis pas les infos concernant cette grippe. Ce n’est pas très différent de la grippe qui arrive en moyenne tous les 2 à 3 ans à me clouer 3 ou 4 jours au lit, et me faire consommer mes réserves d’aspirine et de paracétamol qui sont habituellement dédiés aux lendemain de soirées trop alcoolisées. La létalité est juste le double de la “grippe saisonnière”.

Prenons le problème comme j’ai l’habitude de le prendre, et comme souvent la médecine le prends. Faisons des probabilités.

Du peu de connaissances médicales que j’ai (je n’ai jamais été en Fac de médecine, mais j’ai fréquenté des carabins), je sais aussi que l’intérêt médical d’un vaccin est évalué de la sorte : on compare le nombre de décès lié aux effets secondaires (et leurs complications) de la vaccination, au nombre de décès d’une population vaccinée.

Quels sont les effets secondaires/indésirables de la vaccination contre cette grippe mexicaine ? Voilà une question à laquelle il faudrait répondre. A priori, ce sont les mêmes que … la “grippe saisonnière”. Donc, par analogie, se faire vacciner est une option valable médicalement, au moins pour les populations auxquels le vaccin habituel contre la grippe est recommandé tous les ans, et vraisemblablement pour une population bien plus large.

Pour l’aspect financier : Quelle est la probabilité que je contracte ce fameux virus, et me retrouve 3 ou 4 jours au lit avec 39° ou 40° de fièvre, à bouffer du paracétamol (ce qui est le vrai risque) ? Combien je vais perdre ? A 100€ la journée de travail, je perds 400€ (je fais cadeau du prix du paracétamol). Ou un week-end, ce qui n’est pas mieux, surtout si c’est celui où j’avais prévu de partir en amoureux à Venise (ce qui n’est cependant pas prévu pour le moment).

Difficile à calculer, mais comme je serais vraisemblablement cet hiver dans un pays où il n’y a pas encore de foyer d’infection pour le moment (Bulgarie), mettons 40%. Estimation pifométrique, je le conçois, n’étant ni médecin, ni épidémioligiste.

Si je ne me vaccine pas, l’espérance mathématique de perte financière sans vaccination est donc de 40% de 400€, soit 160 €. Le vaccin me coûte-t’il moins de 160 € ? Si oui, ce qui est je crois le cas (je ne me suis pas renseigné, ne paniquant pas), alors j’ai intérêt à me faire vacciner.

Ca c’est pour l’aspect médical et financier. Prenons l’aspect économique et politique (puisque comme chacun sait, l’un est très lié à l’autre) : que risque l’économie du pays en cas d’épidémie ?

1) Si 40% des travailleurs se font porter pâles 4 jours, on va avoir des journées de travail en moins. Et automatiquement donc une baisse de la productivité, ce n’est pas bon les gens malades pour l’économie (scoop : la sécurité sociale est aussi une arme du patronat pour s’assurer que les travailleurs soit en état de le servir). Tout le monde sait que le SIDA et le paludisme coûtent des points de croissance à l’Afrique. 2) La psychose s’auto-entretient. Si les gens ne sortent pas de chez eux cet hiver lorsque la grippe sera très présente, ce sera un manque à gagner pour les commerçants. Une personne vaccinée continuera de consommer normalement. 3) Plus il y aura de gens vaccinés, moins il y aura de porteurs du virus dans la population à un moment X. Ainsi 3 personnes vaccinés qui n’auront pas la grippe éviteront à une 4ième de la contracter.

De manière assez évidente, les gouvernements vont encourager les gens à se vacciner. Plus encore si le vaccin n’est pas remboursé par l’Etat ou les assurances santé dont il a la charge.

5. Le 13 septembre 2009,
Joachim

Pourquoi perdre du temps à se poser ces questions s’il s’agit juste de vivre. Chaque Jour. ?

6. Le 13 septembre 2009,
Maxime

Le Tamiflu est une fabriquée à partir de la badiane chinoise. La badiane est également utilisée dans le célèbre ‘pastis’. Faites comme les cheminots, pour votre santé buvez du Ricard.

7. Le 13 septembre 2009,
Maxime

J’oubliais : plus il y a de personnes vaccinés, moins il y a de malades, et moins il y a aussi de chances pour qu’il puisse muter.

Vaccinez-vous afin que ce virus ne mute pas ;-)

8. Le 13 septembre 2009,
michel v

Chaque année la France survit au mois d’août, où toute activité et toute productivité est fortement ralentie, en dépit du bon sens (bon sang, il y a d’autres mois où partir en vacances), et dans certains corps de métiers en dépit du bon sens commercial quand les décideurs posent leur mois d’août et se casse en laissant les exécutants dans le noir, tout en promettant des livrables dès le 1er septembre.

Si la France survit chaque année au mois d’août, son économie peut bien souffrir quelques employés alités en plus par jour.

9. Le 13 septembre 2009,
Eric

Si l’on considère les modèles disponibles, passé un pic de 15% de la population, l’épidémie cesse de progresser. En prenant la fourchette haute de mortalité, cela représente en France environ 2200 personnes, essentiellement des gens fragiles, aux âges extrêmes de la vie.

La grippe peut se compliquer à distance de syndrome de Guillain-Barré, avec une fréquence de 1/100000, soit environ une centaine de cas.

La principale complication des vaccins anti-grippaux en général, et celui-ci ne devrait pas faire exception, est ce même syndrome de Guillain-Barré avec à peu près la même fréquence. Avec un objectif de 30% de la population vaccinée, cela représente environ 200 cas.

Donc en gros, si vous vous faites vacciner, vous avez deux fois plus de risques de faire un SGB que si vous ne faites rien.

La vaccination pour faire diminuer le taux de mutations est probablement efficace, mais spontanément le taux en est extrêmement élevé : environ une mutation aléatoire pour 10000 bases recopiées, le génome du virus étant composé d’environ 13000 bases, chaque nouveau virion est susceptible d’avoir muté, un certain nombre de ces mutations pouvant s’avérer létales pour le virus lui même.

L’efficacité du Tamiflu est modeste, ce médicament diminuerait la durée de contagiosité et de la maladie d’environ 24 h sans modifier la gravité. Son utilisation prophylactique est préconisée chez les sujets fragiles exposés. La réalité des effets secondaires neuro-psychiques pouvant aller jusqu’au suicide est controversée, mais il y a eu quelques cas au Japon où le médicament a été incriminé. Des syndromes de Lyell chez les jeunes enfants, faisant déconseiller l’administration chez les moins de un an.

Le vrai risque est surtout économique et social, comme le disait Maxime, avec un grand nombre de journées de travail perdues, directement et indirectement pas le biais de la fermeture d’institutions publiques, ou par le biais des journées “enfants-malades”.

Il suffit de choisir en connaissance de cause. Personnellement, je pense que je me serais fait vacciner, si je n’avais pas déjà eu la grippe A H1N1 et perdu une semaine de travail :-P

10. Le 13 septembre 2009,
Laurent Gloaguen

Je crois que je vais retenir l’option Ricard.

11. Le 13 septembre 2009,
Karl, La Grange

Ah le danger et les assurances d’une vie haute en couleur.

Plus près du ciel

12. Le 13 septembre 2009,
Dodinette

de toutes façons, si c’est pas à cause des mouvements telluriques, c’est le passage des poids lourds à toute berzingue à 2 pas des maisons d’habitation en pleines zones résidentielles qui font shaker les maisons…

13. Le 13 septembre 2009,
Laurent Gloaguen

“Shaker” ? Tu te québécises chère Dodinette…

Blah ? Touitter !

Effondrement du marché des mass-media

Une excellente synthèse de la situation, qui est un extrait du livre “La fin des journaux et l’avenir de l’information” de Bernard Poulet [Le débat/Gallimard] à lire chez Acrimed.

Les publicitaires n’ont pas vocation à financer la presse et l’information. Ce n’est pas leur métier, et les journaux, les radios ou les télévisions ne sont pour eux que des « supports », dont les « contenus » ne sont pas nécessairement des « news ». La migration des budgets publicitaires semble irrépressible. Un seul exemple, celui du Figaro : entre 2003 et 2007, son chiffre d’affaires publicitaire est tombé de 120 millions d’euros à 80 millions, et les revenus engendrés par les petites annonces sont passés de 97 millions d’euros à 25 millions. C’est tout le modèle économique des médias d’information qui est déstabilisé. Les journaux ont été les premiers touchés, mais désormais toute la chaîne de l’information est menacée.

[…] En 2007, une étude de Goldman Sachs estimait qu’il faudrait au moins cinq ans pour que les revenus « digitaux » des journaux compensent les pertes de la publicité sur le papier. Depuis, cette prévision est considérée comme beaucoup trop optimiste, et la publicité en ligne récupérée par les sites d’information des journaux risque de ne jamais réussir à compenser celle qui est perdue dans le papier. Les investissements publicitaires ne sont pas infinis, et les parts de marché qui sont détournées vers de nouveaux « supports » électroniques sont généralement perdues pour de bon. Enfin, la multiplication des supports offerts aux annonceurs et leur fragmentation provoquent mécaniquement une baisse tendancielle du coût des annonces et donc, là aussi, des revenus des médias.

Ce bourgeonnement des nouveaux « supports » ne veut pas dire que tous les nouveaux entrants (sites Internet, TV numériques, journaux gratuits, moteurs de recherche, sites sociaux, jeux, etc.) auront les moyens de vivre de la publicité ; mais simplement qu’ils captent suffisamment d’argent pour ruiner une partie des médias d’information traditionnels. Quand un quotidien français qui peine à mettre ses comptes à l’équilibre (c’est le cas de la plupart d’entre eux) perd brusquement 10 % de son chiffre d’affaires publicitaire, captés par les nouveaux acteurs du numérique, il est immédiatement menacé de faillite. Nous le constatons tous les jours.

[…] Il faut tordre le cou à un lieu commun qui voudrait que « jamais l’apparition d’un nouveau média ait fait disparaître ceux qui le précédaient ». L’affirmation a des allures d’évidence : la radio n’a pas fait disparaître la presse écrite, la télévision n’a pas tué la radio, et la multiplication des chaînes télé n’a pas ruiné les grands networks. On oublie de préciser que les grands quotidiens généralistes, qui, en France, diffusaient plusieurs millions d’exemplaires au début du XXe siècle et qui comptaient encore des dizaines de titres après 1945, ne sont plus que quatre — Ouest-France, Le Parisien-Aujourd’hui en France, Le Monde et Le Figaro — à atteindre ou dépasser, parfois péniblement, les 400 000 exemplaires, que les grandes radios généralistes ont vu leur audience divisée par deux depuis les années 1980 et que les grandes chaînes de télévision perdent chaque année des dizaines de milliers de spectateurs.

Acrimed, Bernard Poulet : “Publicité, les journaux asphyxiés”.

Bernard Poulet est rédacteur en chef à L’Expansion. Il a été auparavant rédacteur en chef de L’Événement du Jeudi, puis de Courrier international.

Vous pouvez également retrouver les notes laudatives de lecture de ce livre par Narvic — “Ce livre est le meilleur que j’ai lu depuis bien longtemps”.

1. Le 14 septembre 2009,
~laurent

Comme pour le business de la musique, ce n’est pas (à mon avis) qualité de la production qui est en cause, c’est “seulement” un nouveau modèle économique à trouver. Ce qui émergera n’a aucune raison d’être de moins bonne qualité. Il n’y pas de danger pour la démocratie, tant le net fait remonter des débats qui n’avaient pas leur place dans les médias traditionnel. Des modèles solides émergeront nous sommes seulement une période de transition (certes violente).

Il n’y aura pas place pour tout le monde : les nouvelles rédactions seront certainement plus peites véloces, collées au net, enfin différentes. Il faudra savoir “tout faire”. Ce qui est déstabilisant, pour les professionnels installés c’est de voir la fin de leur mondes, de leurs acquis, d’où la colère la panique. Place aux “jeunes” à la génération Y ? … enfin ce que j’en dis ;-)

2. Le 14 septembre 2009,
Eolas

Le scoop serait que Narvic trouve excellent un livre affirmant que la presse écrite payante a un avenir.

3. Le 16 septembre 2009,
narvic

Le problème, cher maître, c’est que ce livre, je ne le trouve pas. ;-)

Blah ? Touitter !