Journal de bord

jeudi 17 décembre 2009

Faire couler l’encre

2009-caran-01.

— Surtout ! Ne parlons pas de l’affaire !

Vendredi 18 décembre, un cahier spécial de Mediapart sera en vente dans les kiosques, au prix de 2,50 euros. Son thème : dire non au débat sur l’identité nationale. Tiré à 50.000 exemplaires, ce numéro spécial de 32 pages couleurs fait suite au grand succès de l’Appel de Mediapart « Nous ne débattrons pas » qui a déjà recueilli près de 40.000 signatures.

Pourquoi un numéro spécial papier ? Parce que beaucoup de nos lecteurs l’ont souhaité, notamment autour de cet appel pour lequel la demande d’un support utilisable partout a été forte. En cette période de fin d’année, où il n’est pas toujours simple de se déplacer avec un ordinateur, ce prolongement imprimé d’un journal numérique permet de nouveaux usages de Mediapart. Il répond aussi à la demande de « contre-débats » qui monte des universités et des associations.

Mediapart, la rédaction de Mediapart : “Un cahier spécial de Mediapart ce vendredi”.

Il y a quelque chose qui m’échappe un peu, dire “non au débat sur l’identité nationale”, le clamer, en faire des analyses, envahir l’espace public avec ce message, n’est-ce pas participer au débat ?

L’ironie de la démarche n’échappe pas aux commentateurs sur la même page :

Mais c’est stupéfiant, Mediapart passe son temps dans ses articles, dans les commentaires à débattre de ce sujet !

Je l’ai déjà écrit, il ne fallait pas du tout dans ces colonnes aborder le sujet, il fallait le boycotter tout simplement, comme je le fais dans la vie de tout les jours, je zap le sujet et je passe à autre chose lorsque quelqu’un autour de moi me demande de débattre de ce sujet.

À force de faire des pétitions sur un tel sujet, il est amplifié, ne serait-ce que pour savoir si le sujet vaut la peine d’être débattu, avec arguments pour ou contre. C’est totalement contre productif !

Ce “débat” qui n’en est pas un ressemble à un troll gouvernemental, un appeau à gauchistes, pire, une diversion façon contre-feu, une manœuvre de communication dilatoire.

2009-caran-02.

… Ils en ont parlé.

Et deux bouteilles plus tard, il ajoutait, en fixant d’un œil toujours malicieux et vaguement supérieur le clan des bobopposants : “Moi, je dis ça comme ça mais vous les opposés au débat, vous ne valez pas plus que les approuveurs de débats, tous vous entrez tout pareil dans le jeu au petit Nicolas.” On faisait semblant de l’ignorer, les uns et les autres, et citoyennement on débattait de plus belle. Alors, un peu vexé par notre bruyant silence, et à peu près complètement désinhibé par le divin breuvage qu’il avait consommé comme nous autres sans trop de modération, il en rajouta une couche, qu’il croyait ultime, en agitant son index céleste sous nos nez sublunaires, mais l’œil sombre, plus du tout malicieux cette fois-ci : “Je dis non au débat sur le débat. La planète brûle ! Les pauvres sont pauvres !” Il y tenait à renvoyer dos à dos les patriotes impliqués et les opposants concernés. Et surtout, il voulait que ça se sache.

Causeur, Florentin Piffard : “In vino veritas”.

1. Le 17 décembre 2009,
Mox Folder

Ils sont ridicule, et cette peur de participer au débat me fait me demander si ça pas cache quelque chose… au fond ils ont surement la trouille de s’appercevoir qu’on retrouverait les mêmes courants idéologiques à gauche et à droite.

Blah ? Touitter !

Twitter et surréalisme

Doc Mailloux et Madame Jourdain.

Affrontement du jour

Bibliobs : “Finkielkraut-Badiou : le face-à-face”.

C’est dense et tendu, au cœur des débats actuels. À lire.

Lapidation

2009-lapidation.jpg

13 décembre 2009. Des militants du Parti islamique somalien Hizbul Islam extirpent le corps ensanglanté de Mohamed Ibrahim, 48 ans, après l’avoir lapidé à mort.

Mohamed Ibrahim a été condamné à mort par le tribunal islamique pour infidélité. [Reuters/Strunger.]

La religion et des hommes…

[Via Boston Globe : “2009 in photos (part 3 of 3)”.]

1. Le 17 décembre 2009,
Blizougu

Mais finalement, faut-il dire « caillasser » ou « lapider » ?

2. Le 17 décembre 2009,
Karl, La Grange

@manur: ah oui ?

tribunal islamique

3. Le 17 décembre 2009,
Laurent Gloaguen

(@Karl : j’ai viré le commentaire de Manur. Je ne vois pas ce que Nadine Morano vient faire là dedans.)

4. Le 17 décembre 2009,
Eric

Pas de bol, le Christ était coincé dans le RER… En finir avec les reigions. On ne vivra hélas pas assez vieux pour voir ça.

5. Le 18 décembre 2009,
la mouche du coche

z z C’est évidemment de la faute de la religion. Jamais Staline n’aurait oser faire cela. z z

6. Le 18 décembre 2009,
pikipoki

Bonjour, La mouche du coche voit probablement juste. Si ce n’était la religion, il est possible que ce serait autre chose qui serve d’alibi à cette forme de violence. La religion, ici, c’est une posture, une position par laquelle on recherche à légitimer la violence. Ce pourrait fort bien être autre chose. Dis autrement la religion n’est pas la cause de la violence mais seulement ce qui permet aux actes violents de recevoir le masque d’une certaine acceptabilité. Ce n’est donc sans doute pas la religion qui doit être pointée du doigt, mais autre chose. (mais quoi bon sang? hin, quoi? ^^)

7. Le 18 décembre 2009,
franCk

Je comprend le commentaire de La Mouche (même si il trolle un peu et si Staline c’est mieux car on en a vu la fin…) car religion ou pas, la connerie humaine est sans limite, et les lapidations continueront malheureusement quand même quand on aura pendu le dernier aristocrate avec les tripes du dernier curé… Et probablement à l’heure actuelle les lapideurs en puissance (si si il y a des gens qui kiffent de faire souffrir les autres, cf Pasolini et Salo ou les 120 jours de Sodome) seront plus souvent religieux (si la religion justifie la lapidation, bien sûr), les cons qui aiment la baston feront plus souvent partie des supporters de foot (car le foot tolère la baston)… et que les mouches restent près des coches :-)

8. Le 18 décembre 2009,
Koz

Non, pas “la religion”, Laurent. L’amalgame est trop facile, je ne comprends pas que tu tombes dedans.

En l’occurrence, ce n’est pas “la religion”, ce sont (i) des musulmans (ii) fanatiques.

Quant à la religion chrétienne, la seule fois où la lapidation est évoquée, c’est lorsque le Christ répond que “celui qui n’a jamais pêché lui jette la première pierre”.

9. Le 18 décembre 2009,
vanch'

@KOz : effectivement c’est bien connu, la religion chrétienne n’a jamais, JAMAIS, utiliser la violence.

10. Le 18 décembre 2009,
pikipoki

Vanch, Si je peux m’immiscer, il me semble que vous faites un raccourci d’expression qui aboutit à une erreur de raisonnement. Car la religion chrétienne … n’a en effet jamais utilisé la violence. En revanche, ce qui est bien arrivé c’est que des gens qui se prévalent ou se prévalaient d’être chrétiens ont eux utilisé la violence, parfois en la justifiant au nom de leur religion. Mais ce n’est pas la même chose.

Le fait que la regligion soit utilisée par certains comme alibi à leur violence ne dit rien sur la faculté qu’ils auraient à s’extraire de cette violence si cet alibi n’existait pas.

Que je précise un peu mon idée, par rapport à mon premier commentaire. L’essentiel pour moi ne tient pas à l’utilisation de la religion, mais à l’utilisation du langage. Qui peut utiliser la religion ou toute autre justification argumentée pour se donner un alibi (à ce titre l’exemple de la mouche du coche n’était pas tout à fait idiote puisque les révolutionnaires communistes justifiaient également la violence au nom d’une idéologie non pas religieuse mais politique - aujourd’hui les menaces qu’ils profèrent envers les patrons en témoignent encore).

Ceci étant je crois qu’il y a quelque chose de spécifique à la religion, qui vient du contenu que les personnes y mettent. Pour certains elle est constitutive d’une part importante de leur identité (en tant que personnes et en tant que membres d’un groupe qui s’est donné des signes de reconnaissance). Ce point me paraît très structurant dans le mécanisme de violence qui peut s’ensuivre. Une identité forte ce sont des marqueurs d’identité forts, c’est autant d’inflexibilité, de mécanismes mis en place pour la défendre ou pour assurer son hégémonie, etc. La violence vient juste ensuite.

11. Le 18 décembre 2009,
Karl, La Grange
12. Le 19 décembre 2009,
la mouche du coche

z

Le plus vertigineux dans toutes ces conversations est que les assassinats par milliers, que dis-je par millions perpétrés par les régimes athée du XXème siècle n’ont pas entamé d’un pouce notre profonde conviction que les religions sont criminelles par nature, et que nous sommes hautement civilisés. Les images de camps de concentration jusqu’en Chine, les murs de cranes cambodgiens ne nous déstabilisent pas une seconde. Nous sommes tous complètement conditionnés en pensant tous avoir des pensées intelligentes et personnelles. Et humanistes.

Pourvu que mes enfants ne soient pas comme nous. Je n’estimerais que celui qui me crache à la figure.

Z

13. Le 22 décembre 2009,
krysalia

“Car la religion chrétienne … n’a en effet jamais utilisé la violence”

En plus de ce qu’a dit Karl, j’ajouterais l’Inquisition. A moins que les buchers ne soient des réprimandes débonnaires et les tortures de douces caresses…

14. Le 22 décembre 2009,
Yogi

@Koz : “C’est pas ma religion c’est l’autre” est un argument qui me paraît tomber à plat dans la mesure où (quasiment) personne ne choisit sa religion.

C’est le principe même du fait religieux, par lequel il est demandé de recevoir et de transmettre comme Vérité immuable un jeu de mythes et légendes généralement infantiles et arbitrairement déterminés par les aléas de l’Histoire, qui est critiquable.

Que vous soyez personnellement tombé sur une religion plutôt moins violente que d’autres est une chance, mais il reste que ce mode général de transmission de mythes faisant foin de la réflexion critique, de la capacité d’observation et de raisonnement, me semble plus s’apparenter à du dressage qu’à de l’éducation.

Maintenant oui, en effet, il vaut mieux dresser à la charité plutôt qu’à la violence. Mais que chacun surtout chante les louanges de son dresseur.

Blah ? Touitter !

Le ton journalistique

Télérama : “Le ton journalistique : petite leçon de formatage”.

Il y a Envoyé spécial qui passe en ce moment sur TV5, un reportage sur le comédien Guillaume Canet par Jérémie Drieu et Jean-François Monier. La sorte de scansion hachée de la voix off est lancinante, insupportable, d’autant plus lorsqu’on vient d’entendre le document de Télérama, il n’est plus possible de s’empêcher de noter tous les tics exaspérants.

Même à l’écrit, ça passe mal :

Il en rêve… Depuis qu’il est tout petiiit…

Faire du cinémaaa…

Réaliser des filmeuhs.

Et tenir lui-même…

La caméraaa…

Pour Guillaume Canet.

Le cinéma et la vie sont une seule et même chose.

Le jeune réalisateur semble habité.

Porté par la certitude d’être à sa place.

Pour son nouveau film. Les Petits mouchoirs il a tout ce qu’il veut.

17 millions d’euros de budget. Et un très beau casting.

Pénible.

1. Le 18 décembre 2009,
des fraises et de la tendresse

Toi, tu n’aimes pas Guillaume Canet, ou je me trompe.

2. Le 18 décembre 2009,
OlivierJ

Excellent cet article sonore. C’est vrai que c’est insupportable à la longue, ça dissuade de regarder des sujets parfois intéressants. J’ai quasiment arrêté de regarder Capital à cause de ça.

Sans oublier le désormais fameux : « et là, c’est le drame. » dont on a commencé à se moquer.

Blah ? Touitter !