Journal de bord

jeudi 31 décembre 2009

À la bonne soupe

Ça pose, évidemment, un très gros problème quant à l’indépendance d’une presse française aussi largement subventionnée par l’État, qui plus est de manière particulièrement opaque dans le cas de la presse en ligne. La liste des bénéficiaires, comme le montant des subventions publiques à la presse en ligne (aux anciens guichets réservés aux sites adossés à un média présent également hors ligne, comme à ce nouveau guichet auquel ont cette fois accès les pure players eux-aussi) n’ont jamais été rendus publics !

C’est plus qu’étrange, c’est plus qu’une anomalie. C’est un scandale. Le fait même que la presse, dans son ensemble, se refuse délibérément à jouer son rôle d’information des citoyens-contribuables sur l’utilisation des fonds publics, dès lors qu’elle en est elle-même la bénéficiaire, suffit, à mon avis, à pointer la gravité du problème : la presse a donc bel et bien des choses à cacher, à nous cacher, sur notre argent et sur ce qu’elle en fait !

Mais le fait que les pure players, à leur tour, acceptent de telles règles du jeu pose un autre problème de fond auquel des blogueurs comme Thierry Crouzet ou moi ne pouvons qu’être extrêmement sensibles. Cette manne publique est en effet placée sous conditions. Et ces conditions (il faut aller y voir dans le détail) consistent bel et bien pour la presse en ligne pure players à rentrer dans le rang du bon vieux journalisme « à l’ancienne ». Ça conduit bien à renier, le mot n’est pas trop fort selon moi, ce qui faisait l’originalité de ces expérimentations d’information en ligne, ce brouillage des frontières traditionnelles du métier de journaliste, cette hybridation entre amateurs et professionnels si caractéristique du net. C’est la restauration pure et simple d’un Mur de Berlin de l’information sur internet, la bunkérisation du journalisme professionnel. C’est, à mes yeux, une trahison pour un plat de lentilles.

Novövision : “Subventions à la presse en ligne : une trahison pour un plat de lentilles”.

1. Le 31 décembre 2009,
unouveaucompte

rue89 projette de réaméanger sa plateforme technique je n’y vois pas de perte d’indépendance comme le monde ou libé aidés pour réinvestir dans des imprimeries

2. Le 31 décembre 2009,
narvic

@ unnouveaucompte

Pour obtenir la subvention, il faut commencer par signer ce statut d’éditeur de presse en ligne, qui est juste le reniement de cette “info à 3 voix: journalistes, experts, internautes”, qui était le programme initial de Rue89.

Ce statut ne dit pas autre chose que : l’information est une affaire trop sérieuse pour la confier à d’autres que des journalistes professionnels, qui doivent surveiller de près ces grands enfants que sont les internautes, commentateurs ou blogueurs.

Et pour ce qui est du partage de ton fric qui va avec, on fait ça entre nous et n’avons aucun compte à te rendre…

Après, si ça te convient, comme fonctionnement, je t’envoie un RIB et tu pourra me payer directement pour que je contrôle tes commentaires. :-p C’est toi qui voit..

3. Le 31 décembre 2009,
Tom Roud

C’est marrant, cette histoire de vouloir ramener tout au statut de journaliste “à l’ancienne”, cela me rappelle en fait la situation de certaines professions au Canada justement. On ne peut pas s’appeler “ingénieur” si on n’a pas le tampon “ingénieur” de je ne sais quelle organisation/école d’ingénieurs. Cela créée pas mal de problèmes aux ingénieurs français dont le diplôme est quasi illégal. Je connais aussi une prof de chimie dans une université, qui forme des chimistes canadiens, mais n’aurait pas le droit de se proclamer chimiste car elle est étrangère et n’est pas passée par le système canadien pour sa formation.

Blah ? Touitter !

Profilage ou surenchère

De façon plus prosaïque, son dispositif inséré sous les vêtements n’aurait pas résisté longtemps à une légère fouille corporelle. Mais même cette méthode n’est pas infaillible, estime l’expert américain Bruce Schneier, cité par le Los Angeles Times. «Tant que vous n’effectuez pas un contrôle complet, incluant les cavités du corps, vous n’aurez jamais la certitude que la personne ne porte pas des explosifs», dit-il avant de conclure «qu’il faut arrêter les terroristes avant qu’ils n’arrivent à l’aéroport». Une opinion partagée par Douglas Laird, un ancien chef de la sécurité de la Northwest Airlines.

Slate, Alexandre Lévy : “Jusqu’où ira la sécurité dans les aéroports?

Despite fearful rhetoric to the contrary, terrorism is not a transcendent threat. A terrorist attack cannot possibly destroy a country’s way of life; it’s only our reaction to that attack that can do that kind of damage. The more we undermine our own laws, the more we convert our buildings into fortresses, the more we reduce the freedoms and liberties at the foundation of our societies, the more we’re doing the terrorists’ job for them.

CNN, Bruce Schneier: “Is aviation security mostly for show?

[…] Despite facing dozens of potential threats each day, the security set-up at Israel’s largest hub, Tel Aviv’s Ben Gurion International Airport, has not been breached since 2002, when a passenger mistakenly carried a handgun onto a flight. How do they manage that?

[…] Five security layers down: you now finally arrive at the only one which Ben Gurion airport shares with Pearson - the body and hand-luggage check.

“But here it is done completely, absolutely 180 degrees differently than it is done in North America,” Sela said.

“First, it’s fast - there’s almost no line. That’s because they’re not looking for liquids, they’re not looking at your shoes. They’re not looking for everything they look for in North America. They just look at you,” said Sela. “Even today with the heightened security in North America, they will check your items to death. But they will never look at you, at how you behave. They will never look into your eyes … and that’s how you figure out the bad guys from the good guys.”

The goal at Ben Gurion is to move fliers from the parking lot to the airport lounge in 25 minutes tops.

The Toronto Star: “What Israel can teach us about security”.

Broad-based ethnic profiling creates in turn panic and the false sense of security that airlines are actually preventing terrorist attacks. It also causes law enforcement resources to be squandered chasing the wrong targets. Worse, it’s a witch-hunt against a group based solely on their religion and ethnicity. This fuels even greater racial division, fear and hysteria. The public whispers and the right wing’s open talk of Muslim only airport lines do the same.

The Huffington Post, Earl Ofari Hutchinson: “What’s Next—Muslim Only Lines at Airports?

2. Le 31 décembre 2009,
flauna

vieux principe : “Celui qui sacrifie sa liberté pour sa sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre”… dixit un président américain (jefferson franklin)

3. Le 31 décembre 2009,
Jean-Baptiste

En tant que pilote, je confirme que les contrôles et fouilles successives n’ont aucune influence positive sur le risque terrorriste. Les personnes qui décident de telles mesures ne prennent jamais un avion de ligne. Leur idée de “rassurer les passagers en leur montrant qu’on contrôle beaucoup pour leur sécurité” est évidemment contre-productive, et je rejoins le journaliste de CNN qui dit qu’on fait le job des terroristes en terrorisant ainsi les gens. Avez-vous normalement plus peur lorsque vous ne voyez pas de présence policière, ou bien lorsque vous voyez plein de forces de l’ordre?

Dans la même veine, les restrictions aériennes durant les JO à Vancouver n’empêcheraient pas un avion de s’écraser sur l’agglomération avant d’être intercepté, mais vont rendre la vie plus compliquée pour tout le domaine aérien dans la région, qu’il s’agisse des contrôleurs, des pilotes, ou de leurs passagers.

Blah ? Touitter !