Journal de bord

jeudi 16 février 2012

Angoisse de l’avocat

Et merde, à tous les coups, tu es tombé sur le pire cas de figure : un innocent. Le stress absolu à défendre, car s’il est condamné, c’est que tu n’auras pas fait ton travail.

Journal d’un avocat : “Procédure 2012/01 (5e partie)”.

Hymen Made In China

Se refaire une virginité comme on s’achète un string. Au souk du coin, en moins de 5 minutes et pour moins de 300 DH [Dirhams marocains, 27 €]. Ce pourrait être une réclame, mais, surtout, devenir une réalité. L’hymen artificiel, produit chinois digne d’une boutique de farces et attrapes, risque de faire fureur sur le marché informel marocain. Kesako ? Une petite poche translucide de quelques centimètres de large contenant du liquide rouge, placée à l’intérieur du vagin, environ 20 minutes avant le rapport sexuel. Sous l’effet de la chaleur corporelle, la membrane se dilate et, lors de la pénétration, une sensation de défloration est ainsi recréée, le liquide rouge se dégage, imitant la rupture de l’hymen et tachant de quelques gouttes les draps. Et le tour est joué pour une somme modique.

Ce produit d’origine japonaise, conçu dans les années 1990 par un fabricant d’accessoires coquins, était proposé comme un sex-toy pour couple débridé. Mais la société chinoise Gigimo, qui propose une livraison dans le monde entier, sous pli discret, pour 30 dollars (230 DH), a saisi le potentiel commercial d’un tel produit dans les pays musulmans. “Ce kit est actuellement disponible en Asie du sud-est, en Asie du sud et dans les pays du Moyen-Orient”, détaille le distributeur sur son portail Internet. Bien décidé à pénétrer ces marchés, Gigimo s’est offert, fin septembre, une publicité -en arabe- sur les ondes égyptiennes. Stupeur dans les chaumières. La presse locale enfonce le clou en affirmant que le produit serait bientôt disponible sur le marché pour 83 livres égyptiennes (120 DH). Scandale dans le landerneau politique. Les députés conservateurs montent au créneau. Le cheikh Sayed Askar, membre des Frères musulmans et de la commission parlementaire des affaires religieuses, demande au gouvernement l’interdiction d’importer et de commercialiser ce produit “dangereux”, qui permettrait aux femmes de “succomber à la tentation du vice”. La polémique franchit vite les frontières et arrive au Maroc… avant même le produit incriminé.

[…] Il n’en fallait tout de même pas plus au Conseil des ouléma de Rabat. Fidèle à l’adage “mieux vaut prévenir que guérir”, il n’a pas attendu pour se prononcer sur le sujet. Sans suspense, il condamne cette “brèche ouverte” aux relations illégitimes. Dans une fatwa émise fin octobre, ces gardiens du temple religieux réaffirment que, selon le Coran, “l’hymen ne peut être recousu” et déclarent que l’utilisation d’un hymen artificiel est une “tricherie interdite”, qui porte “atteinte aux principes et valeurs de l’islam”. Les ouléma s’attaquent aux utilisatrices et aux vendeurs du gadget, qui portent préjudice aux maris. Mais les théologiens ou autres prédicateurs ne sont pas unanimes. Pour Abdelbari Zemzmi, député islamiste du Parti de la vertu et de la renaissance, l’hymen artificiel peut être licite pour les femmes victimes de viol ou en cas de perte accidentelle de la virginité. Et l’ancien imam d’ajouter qu’il n’existe pas d’obligation d’en informer l’époux. “Le mariage est souhaitable dans l’islam et tout moyen pour y parvenir est légitime”, a-t-il expliqué dans la presse.

TelQuel Magazine, Wafaa Lrhezzioui : “Like a Virgin…”.

1. Le 16 février 2012,
Eric

Donc, si je comprends bien, les valeurs de l’islam sont suspendues à l’intégrité d’un fragment de muqueuse. Ouais. Bof. Et j’aime aussi “l’hymen ne peut être recousu”. Si je fais le compte du nombre de femmes maghrébines que j’ai endormies pour “plastie hyménéale” en cachette de leur famille, ça ressemble assez rapidement à une montagne d’hypocrisie religieuse. C’est vrai que la virginité est une qualité essentielle si l’on se souvient d’une certaine histoire de mariage annulé. À quoi bon une qualité essentielle quand sa seule finalité est d’être perdue ? On y voit surtout un moyen et un instrument de contrôle de la sexualité féminine qui ne doit passer que par leur mari. Le plaisir, on n’en parle même pas, c’est accessoire. D’ailleurs dans la même veine pourquoi ne pas généraliser l’excision ? Qui a une fatwa dans sa poche pour cette horreur ?

2. Le 17 février 2012,
Marie-Aude

Je n’ai pas publié ma première réaction exaspérée à la lecture de ce condensé d’incompréhension bobo des vrais enjeux. Je serais curieuse de savoir si l’auteur de ce commentaire a une quelconque connaissance des réalités de la vie dans un monde rural, pauvre et traditionnel ?

Parce que pour ressortir l’excision à la lecture de cet article, c’est aussi con et cliché que les points godwin, dans leur genre, ou les considérations de Vanneste sur l’aberration anthropologique du mariage homosexuel.

Oui, l’hypocrisie sociétale est à tous les coins de rue. Oui, la plupart des religions ont un certains nombres de principes, genre, tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, tu ne forniqueras pas en dehors des liens sacrés du mariage. Oui, on s’est débarrassés du troisième allègrement, depuis l’invention de la pilule, et curieusement, en même temps la pratique religieuse a fortement baissé (ce qui tendrait à prouver que les Imams qui font un lien entre virginité et valeurs de l’Islam ne sont pas si tant gâteux que ça, en fait), mais bon dieu, qu’est ce que ça a à voir avec l’excision ?

Rien.

L’excision est une pratique “culturelle” largement pré islamique, qui n’a pas été interdite par l’Islam (en bon politique Mahomet n’interdisait que ce qu’il était capable de réellement interdire), mais limitée. Elle se pratique dans quelques pays de la péninsule arabique, mais pas tous, et dans un certain nombres de pays africains. Il se trouve que dans ces derniers, la pratique est totalement indépendante de la religion, et on excise autant chez les coptes égyptiens que chez les frères musulmans ou les animistes.

Est ce qu’on soupçonne le Pape de soutenir l’excision parce qu’il est contre le préservatif ?

Faudrait arrêter de tout mélanger.

Accessoirement, ça se passe au Maroc. Un pays qui mélange une bourgeoisie très occidentalisée et une nombreuse population traditionaliste. Tu voulais qu’il dise quoi l’Oulema ? Ah c’est bien mes filles, copulez et mentez à vos maris ? N’importe quoi….

Ce qui est très intéressant dans cet article, c’est la position de l’islamiste, qui dit que c’est licite dans certains cas, et qu’une femme a le droit de mentir à son mari. ça rejoint les aller et retours qui se produisent en ce moment sur le sujet de l’avortement. Le Maroc sera sans doute un des tous premiers pays musulmans à légaliser l’avortement. C’était en route avant les élections, Bassima Haqqaoui, la seule femme au gouvernement s’étant fait indirectement souffler dans les bronches par le porte parole du gouvernement quand elle avait refusé la possibilité de faire une loi.

http://ibnkafkasobiterdicta.wordpress.com/2012/01/19/avortement-quand-le-pjd-fait-de-la-triangulation/

(et ibnkafka est TOUT sauf un islamiste).

Ici, et dans beaucoup de pays musulmans, c’est un coup à droite, un coup à gauche, trois pas en avant, un de côté, un en arrière. http://www.mezgarne.com/maroc/blog/fouad-mourtada,2008,02 (ça date de quatre ans, mais c’est toujours d’actualité, désolée pour l’autopromo).

3. Le 20 février 2012,
Karl, La Grange

Blah ? Touitter !

Instrumentaliser l’histoire

Ces informations sont connues et disponibles. Dès lors, le malaise ne vient pas du caractère “négationniste” des propos de Christian Vanneste. Ils sont insupportables moins dans leur littéralité (il ne dit rien de faux) que dans leur intentionnalité assumée et exprimée. La déportation est évoquée ici de manière exclusivement instrumentale au bout d’à peine cinq minutes d’un entretien où le député déverse sans ambiguïté sa haine de l’homosexualité. Il s’agit pour lui de dénoncer une “légende” - entendre un mensonge délibéré qui aurait été proféré pour obtenir une forme de reconnaissance indue. Or le “mensonge”, c’est bien lui qui le profère car il réduit à une formule polémique et volontairement provoquante un débat qui court depuis deux ou trois décennies sur la forme que doit prendre la reconnaissance de ces victimes-là dans l’économie générale de la mémoire de la guerre en France.

Et si débat il y a eu, c’est précisément parce que qu’il y a, en la matière, deux propositions vraies, mais en apparence contradictoires : non, il n’y a pas eu en France de processus de déportation des homosexuels, au sens où la déportation était une politique de répression et de persécution de masse, mobilisant un appareil policier spécifique ; oui, des homosexuels ont été victimes de la déportation, la majorité pour des raisons autres que leur situation sexuelle. Considérer que l’arrestation de six personnes en zone occupée, sans doute parce qu’elles étaient homosexuelles, justifie de parler de “déportation des homosexuels en France”, relève là d’une construction rhétorique dont la justification se situe dans les débats du présent et non dans les situations d’hier. Quand bien même on prend la précaution de préciser que cette déportation serait différente des autres, on créé une catégorie sans pertinence historique pour un usage politique, fut-il légitime.

Le Huffington Post, Henry Rousso : “La déportation des homosexuels: comment nuire sans mentir”.

Flabbergasting

By xgabberx.

Les chats envahissent Vimeo, la fin du monde approche.

1. Le 17 février 2012,
Karl, La Grange
2. Le 17 février 2012,
Martine

J’ai failli faire une crise du coeur.

Blah ? Touitter !