Journal de bord

dimanche 20 mai 2012

Les terrasses de Montréal

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Intervention policière… au milieu des pichets :

Les policiers sont même intervenus sur les terrasses, selon le propriétaire du bar Le Saint-Bock, rue Saint-Denis, interrogé par Radio-Canada. Il a raconté que les policiers étaient intervenus directement dans son établissement, utilisant même des gaz lacrymogènes pour déloger des clients de sa terrasse, dont plusieurs sont partis dans l’urgence, sans payer. Il a affirmé que des serveuses, incommodées par les gaz, devraient probablement quitter le travail. Il a expliqué qu’il consulterait ses avocats pour déterminer la suite des choses.

Radio-Canada : “La 26e manifestation nocturne donne lieu à 69 arrestations”.

J’ai suivi la manifestation cette nuit sur CUTV live et sur Twitter, la couverture des événements étant indigente (et parfois mensongère) sur les chaînes de télévision traditionnelle.

J’ai vu beaucoup de violence policière, de la violence gratuite, des victimes choisies un peu au hasard, même des touristes.

J’ai vu une grande incompétence des forces policières à isoler les rares excités, faisant presque toujours le choix de l’intervention massive et non discriminante. Pour le plaisir de frapper ?

J’ai vu aussi un total manque d’organisation des manifestants, qui prêtent le flanc aux dérapages policiers.

J’ai vu beaucoup de larmes, et ce n’était pas les gaz.

Je me suis couché nauséeux.

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Idée de manif : réunissez-vous à un point, puis divisez-vous par groupes de 40 personnes et sillonnez la ville (en respectant les sens uniques). Ce sera légal (pas d’itinéraire à déposer).

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[Photos Olivier PontBriand, La Presse.]

Premières cicatrices

Depuis le début de la grève, Gabriel prend part au mouvement étudiant et aux manifestations contre la hausse des droits de scolarité. Même s’il sait que je paierai ses études jusqu’à la toute fin de son doctorat en médecine, même s’il n’aura pas à débourser une seule cenne pour enrichir sa tête et son esprit, il fonce dans le tas avec ses camarades, en sachant aussi que le combat est maintenant tout autre. Il croit à la solidarité, il sait la chance qu’il a, il a envie de redonner un peu de cette chance à d’autres qui en ont moins. Il désire ardemment que cette société de marde change. Je l’y ai toujours encouragé. Hier soir, il a désobéi au pouvoir et à l’autorité en place en prenant part à la manifestation. Alors que l’esprit était à la fête et à la camaraderie, les policiers ont pris d’assaut la place Émilie-Gamelin. Il a eu peur pour sa sécurité. Mais il y est quand même demeuré aussi longtemps que possible. Parce qu’il a des convictions, parce qu’il sait que c’est grâce à des gestes comme ceux-là que le monde deviendra meilleur, plus juste. Voici la fin d’une note qu’il a écrit sur Facebook à son retour:

C’est drôle à quel point voir de la brutalité policière avec nos propres yeux laisse une cicatrice sur la conscience, une peur empoisonné qui laisse un goût amer dans la bouche et qui nous tue lentement.

Y a pas pire souffrance que celle de savoir son enfant mal. Mais malgré mes tripes qui se froissent à chaque fois qu’il met le pied hors de la maison, je sais qu’il le fait parce qu’il y croit et je m’incline devant sa force et son courage. Le gouvernement et la société de moutons nombrilistes peuvent bien me pointer du doigt en me traitant de parent indigne. J’en ai rien à foutre et je les emmerde. Parce que c’est grâce à des jeunes comme Gabriel qu’on finira par se sortir de cette mascarade sociale. C’est grâce à des jeunes comme lui qu’on mettra fin aux abus, à la corruption, aux inégalités et à l’injustice.

Désobéir, contester et crier son indignation, ça fait grandir et évoluer, qu’on ait 7 ou 77 ans.

Parce qu’y a pas juste les chips qui sont croustillantes !, Patrick Dion : “Désobéissance civile”.

Lettre à La Presse

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Lettre à Monsieur Crevier, président et éditeur de La Presse,

Christian Bégin au clavier. Comédien, auteur et citoyen, évidemment.

J’ai eu le plaisir de passer une soirée agréable en votre compagnie il y a deux ans maintenant. Peut-être vous en souvenez-vous. Échanges chaleureux, ludiques, éclairés; je vous trouvais sympathique et inspirant. Il y a de ces gens qu’on rencontre fugitivement et qui vous apparaissent intègres, qui vous inspirent spontanément confiance. Faut dire que je fais facilement confiance aux gens, que je suis souvent enthousiaste à l’idée d’aller à la rencontre, si brève soit-elle, de gens qui font dans la vie autre chose que moi et qui semblent le faire avec passion et sincérité.

En lisant votre journal depuis le début de cette crise étudiante, journal auquel je suis abonné depuis de nombreuses années, je ressens un malaise croissant avec la ligne éditoriale choisie par La Presse. J’y trouve une manipulation pernicieuse de l’information et un travail de propagande inquiétant. Samedi matin, le 19 mai 2012, vous atteignez des sommets de mauvaise foi et de détournement de l’opinion publique en faisant de votre première page un mensonge éhonté. Ce sondage tendancieux, dont la méthodologie est même contestée et expliquée plus précisément dans Le Soleil, laisse entendre que le Québec est massivement en faveur de la loi 78 et de la ligne dure choisie par ce gouvernement indigne et — c’est là que je considère que vous faites preuve d’une odieuse malhonnêteté — ce n’est que beaucoup plus loin dans l’article qu’on mentionne du bout des lèvres que ce sondage ne comporte aucune question relative au droit de manifester et qu’il a été tenu avant même que soit rendu public l’entièreté du contenu de la loi. De plus l’échantillonnage utilisé est fort contestable et ses résultats sont non probabilistes.

Je ne parle pas ici des éditoriaux de monsieur Pratte ou des commentaires de madame Gagnon et consorts qui sont désolants mais qui reflètent leur opinion que, vous aurez compris, je ne partage pas du tout et qui me découragent… et qui souvent me semblent dictées par de plus hautes instances… Mais bon… Ça se peut… C’est souvent dans l’ordre actuel des choses… malheureusement !

Vous comprendrez que je vous parle de manipulation volontaire de l’information. Je vous parle monsieur Crevier de DÉSINFORMATION et de propagande. Je vous parle d’un journal à la solde des puissants et qui outrepasse son droit à une ligne éditoriale en choisissant de trafiquer l’information.

Devant ce qui me semble odieux et malsain et pervers dans cet indicible détournement de l’opinion publique à des fins inqualifiables, je vous annonce monsieur Crevier que je me désabonne de votre journal et que je vais m’employer, de par l’image publique dont je jouis de par le métier que j’exerce et qui m’offre des fenêtres de visibilité une peu plus grandes, que je vais m’employer donc à inviter les gens tout aussi inquiets et en colère que moi devant ce manque de rigueur journalistique et d’honnêteté à en faire autant.

J’appellerai à un désabonnement massif de votre journal. Cela aura l’effet que ça aura et sûrement que ça ne vous inquiète pas beaucoup mais, vous comprendrez que je ne peux me taire devant cet affront fallacieux…

Nous vivons des temps sombres vous ne croyez pas ? Pourquoi contribuer si malhonnêtement à l’obscurantisme ambiant ?

Christian Bégin.

Caquiste déçu

[…] Quel est le résultat de tout ça? Paix sociale?

La CAQ n’a passé que des amendements cosmétiques pour se donner une raison d’appuyer cette loi extrême qui ne passerait pas le test de la Cour supérieure, la Cour Suprême, ainsi qu’Amnistie internationale.

Je ne suis pas dupe de croire que l’appui à cette loi de la CAQ, vient de l’influence de l’aile la plus à droite de la défunte ADQ qui prend encore trop de place dans ce parti. Responsabilité, paix sociale. Je n’y crois pas, car cette loi risque d’étendre la contestation aux autres secteurs de la société qui en ont plus que marre du gouvernement et du Parti libéral.

En conclusion, François Legault et la CAQ ont joué un rôle dans la pièce de théâtre mise en scène par Jean Charest en légitimant cette loi et à mes yeux, la CAQ, François Legault et son aile parlementaire se sont discrédités pour des fins de stratégie électorale. Si c’est ça faire de la politique autrement, je passe mon tour. La CAQ, François Legault et tous ses députés devraient avoir honte aujourd’hui, du vendredi le 18 mai, car cette date a démontré hors de tout doute raisonnable que la CAQ est finalement un parti comme les autres.

Lettre de Guy Brosseau, ancien membre fondtaeur de la CAQ.

Mais si certains caquistes quittent, certains comme Mario Asselin assument. L’histoire s’en souviendra.

La CAQ est un croupion libéral opportuniste. Rien de plus qu’une escroquerie politique comme la défunte ADQ.

Un grand tonnerre