Journal de bord

mardi 28 mai 2013

Communautarisme homophobe

Dans aucun pays au monde, une fois le mariage pour les couples de même sexe adopté, la mobilisation conservatrice n’aura déployé autant d’énergie pour dénoncer une loi démocratique comme la droite extrême française. Si le mouvement dépasse aujourd’hui la dénonciation de la loi Taubira, il ne faut pas oublier que ce qui fédère le Tea Party hexagonal est d’abord et principalement le sentiment anti-homosexuel. L’acte fondateur de « la génération manif pour tous », pour reprendre la une d’un grand journal conservateur, est la négation des familles homoparentales.

Pendant longtemps, à chaque avancée des droits, ces mêmes médias et ses idéologues n’hésitaient pas à brandir la menace du communautarisme gay, désintégrateur du tissu républicain. En revanche, face à l’organisation d’une minorité agissante basée sur le refus des droits pour une partie des citoyens, personne ne fait référence au communautarisme homophobe. D’abord, il s’agit d’une minorité. Contrairement à l’idée répandue par certains médias selon lesquels la loi Taubira diviserait les Français, les opposant à l’égalité des droits pour les LGBT constituent une minorité. Une large majorité est favorable au mariage (67%) et si l’opinion sur l’adoption recule de 53% à 49% cela s’explique par la confusion, entretenue de manière irresponsable par l’opposition, entre adoption, PMA et GPA. Et rappelons-nous que près de trois quarts des Français (72%) pensent que les manifestations contre la loi sur le mariage pour tous doivent s’arrêter.

Il s’agit bien d’une communauté, dans le sens donné par la sociologie, c’est-à-dire un groupe d’individus caractérisé par l’attachement spontané à certaines valeurs : la famille traditionnelle, la patrie, la religion… Valeurs considérées comme relevant du sens commun (« un père + une mère c’est élémentaire », « il n’y a pas d’ovules dans les testicules » pouvait on lire dans les pancartes de la manif pour tous). Le moteur de cette communauté n’est autre que l’antipathie envers l’homosexualité. En effet, d’autres lois sociétales « menaçant » les valeurs défendues par la communauté homophobe n’ont pas suscité autant d’acharnement que la loi sur le mariage pour tous. Ni la loi sur l’adoption plénière pour un individu en 1966, ni la loi Neuwirth légalisant la contraception en 1967, ni la reconnaissance des enfants nés hors mariage en 1972, ni la loi Veil sur l’IVG en 1975, ni encore l’abolition de la peine de mort en 1981 n’ont mobilisés autant les parlementaires conservateurs et les forces réactionnaires que le mariage pour tous. Mobilisation d’autant plus étonnante qu’elle reproduit une autre grande réaction contre le Pacs en 1999.

Le sentiment anti-homosexuel (plus ou moins déguisée en défense de l’intérêt de l’enfant) se déployant de surcroit sur les allures de la Gay Pride (Manif pour tous) ou aux accents de révolte à la Act-Up (le Printemps français), constitue le lien unissant des groupes aussi variés que le Renouveau français, les Jeunesses nationalistes, le GUD, les catholiques traditionnalistes, certains militants et représentants du Front National et de l’UMP. Toutefois, sans la complicité de milliers de personnes qui disent ne pas appartenir à ces formations mais qui n’hésitent pas à manifester à leurs côtés, ce type d’expression se réduirait à sa dimension purement folklorique. Aussi, les explications des politologues médiatiques qui non seulement se refusent à qualifier ces expressions d’homophobes mais de surcroit nous expliquent que cela va bien au-delà du mariage pour tous, devraient seulement un instant se mettre dans la peau des millions de gays et de lesbiennes qui assistent désolés à la violence d’une minorité, à l’indifférence d’une majorité et à la relativisation des experts, bref à tous les éléments permettant de faire de cette haine anti-homosexuelle une chose banale…

Libération, Daniel Borrillo : “Le communautarisme homophobe”.

1. Le 28 mai 2013,
GB

13-11-1981 : Vendredi 13 pour le malheureux élu. Au moins une dent cassée mais il l’a bien cherché le pervers. Tout ça a commencé rue du Dragon pour finir dans une chambre de bonne à deux pas de là. Il devrait s’estimer chanceux. Pas de trop de casse comparé à ceux qui ont suivi. A suivre.

2. Le 28 mai 2013,
Laurent Gloaguen

Gnéh ?

3. Le 28 mai 2013,
JMU

Pas d’accord avec l’article.

Certes il existe une “communauté homophobe”, mais c’est plutôt celle des cathos traditionnels (par là je n’entends pas forcément les catholiques très croyants et pratiquants, mais plutôt ceux qui vont à la messe parce que tout le monde le fait dans leur entourage, qui sont un peu xénophobes et islamophobes, et pas mal conservateurs). L’homophobie n’est qu’un facteur parmi d’autres, dans ce qui les soude.

Mais ceux-là sont une minorité assez restreinte dans les rangs de la manif “pour tous” (contre certains ?). Autant je veux bien croire qu’ils soient nombreux en milieu rural (à vrai dire je n’en sais rien), mais les manifs, c’est le fait des citadins ; dans les grandes villes on n’en trouve plus beaucoup des cathos tradi.

La vraie horreur à mes yeux, c’est que le noyau dur des manifs a réussi par une communication habile à se faire passer auprès de certains pour la “vraie” France, fière de ses valeurs ancestrales, etc. et que du coup des gens qui au départ s’en foutaient les ont rejoint. Pour ceux-là, c’est sûr que c’est plus séduisant de se poser en protecteur des valeurs traditionnelles que de défendre un progrès qui ne les “concerne pas”.

Le problème, c’est qu’après ce sont les hard-liners qui montent au créneau sur internet (y a qu’à voir les commentaires du monde.fr sur la centaine d’articles depuis le début du “débat”), et qu’il prétendent que ce sont exclusivement eux sur les photos de manif.

4. Le 28 mai 2013,
Krysalia

JMU> tu oublies la france des bistrots. C’est celle des vieux cons hétéros blancs CIS qui méprisent ces salauds de tarlouzes. Ou alors ils en ont certains parmi leurs amis mais ces pédés leur ont assuré qu’ils savaient ou était leur place. pas de mariage, et bien sûr pas d’enfants “parce qu’allez on sait bien qu’on est un peu pervers quand même hein”.

c’est un peu pareil pour la france de la militance d’extrême droite ou de droite. C’est la france qui n’en finit plus de chercher des catégories de gens sur les épaules de qui marcher pour se sentir exister.

la france militaire pose problème aussi (et il me semble avoir vu passer un article s’inquiétant de la terrible proportion de femmes d’officiers parmi les vieilles merdeuses avec leur bougie, là). De la même façon les micro manifsdelahonte à l’étranger seraient corrélées à la présence de garnisons…

il y a aussi la france des petits bourgeois et des commerçants, qui s’en foutent des pédés mais qui n’aimeraient pas être pris “sans opinion” par leurs voisins et leurs concurrents. En conséquence de quoi ils préfèrent être “contre, menton levé, nez pincé” parce ça les élève mécaniquement dans leur idée de l’échelle humaine. Ils manifestent surtout pour faire savoir que ce ne sont pas les gens comme eux sur le dernier barreau.

je dis chaque fois “la france des xxx” , mais c’est de leur point de vue évidemment. Leurs œillères à la con les empêchent de considérer que “la france la vraie” ne se réduit pas au cliché qu’ils représentent.

En gros oui, il y a ainsi une vraie communauté homophobe française, sauf qu’elle est plurielle. Elle se rassemble néanmoins sous l’idée même d’homophobie, à savoir cette hiérarchie qu’ils font entre les différentes orientations sexuelles.

Chacune de ces entités tire quelque chose de différent de cette hiérarchie homophobe qu’ils souhaitent, mais avec toujours le sentiment d’être “le peuple”, dans cet accord effrayant de bêtise et de haine.

5. Le 29 mai 2013,
Krysalia

ah ben tiens, la france des bistrots ! c’est exactement ce que je disais :-}

Blah ? Touitter !

Capacité de l’esplanade des Invalides

Esplanade invalides 01

Selon mes calculs (et avec l’aide de l’application Google Earth), l’esplanade des Invalides fait 136 685 m2.

Esplanade invalides 02

Si on enlève certaines emprises (sans être exhaustif), on descend à 117 700 m2. Sur cette surface, je crois qu’on peut estimer qu’il y a au moins 700 m2 occupés par les troncs d’arbres, la signalisation, les lampadaires et autre mobilier urbain.

Cela permet d’établir la surface disponible à 117 000 m2, ce qui est sans doute un chiffrage très généreux (ne tenant pas compte, par exemple, d’éventuelles automobiles garées sur les rues Fabert et de Constantine, voies incluses dans mon calcul).

En tassant bien sur toute la surface disponible, à une moyenne élevée de 3 personnes par mètre carré, nous avons donc une capacité maximale théorique de 351 000 personnes. Maximum théorique qui suppose que l’intégralité de l’esplanade soit noire de monde, sans aucun espace libre.

Le maximum pratique est sans doute plus proche du nombre de 280 000 personnes, atteint lors de la messe du pape Benoît XVI, en septembre 2008.

Le collectif “Manif pour tous” revendique, je cite, “plus d’un million de Français aux Invalides”. Ce qui ferait 8,5 personnes au mètre carré. Chiffre extravagant qui peut uniquement être atteint dans le premier mètre d’une scène de concert de Justin Bieber, ou dans la backroom d’un bar gay du Marais un vendredi soir.

En tout cas, quelque soit le nombre réel de manifestants dimanche dernier, il sera toujours trop élevé pour les consciences humanistes.

1. Le 28 mai 2013,
Anonym

Au contraire, je pense que c’est jouable… En tassant un peu plus ; c’est convivial les manif pour tous et puis tous sont sveltes ; on doit pouvoir arriver à 4 personnes / m2, ce qui donne 468000 personnes… Reste plus qu’à mettre les cousines sur les épaules, hop, 2ème couche, ; oui ils en tiennent une bonne de toute façon, donc ils ne sont pas à ça prêt ; et hop on approche le million 936000 exactement…

2. Le 28 mai 2013,
Kozlika

À 18 heures, Tibo Leclerc a traversé sans encombres la place bien remplie mais pas très dense, en 6 minutes. À lire et à voir dans cet article + vidéo.

3. Le 28 mai 2013,
Christophe D.

Le semaine dernière, dans le billet amicalement intitulé « France, le pays des gros cons », tu relayais un sondage indiquant que ton pays d’origine est une odieuse nation intolérante, portant une proportion importante de racistes et homophobes. Et aujourd’hui, tu cherches (avec raison) à minimiser le nombre de manifestants ?

Alors ? Ils sont nombreux ou pas ? ;-)

4. Le 28 mai 2013,
Laurent Gloaguen

@Kozlika : ça a l’air pas mal clairsemé sur cette vidéo. On est très, très loin du 3 personnes par mètre carré et on peut diviser au moins par deux la capacité maximum théorique, ce qui ferait moins de 175 000 personnes.

5. Le 28 mai 2013,
Arnaud

C’est encore bien trop pour une loi qui n’enlève rien aux manifestants… (pour une fois qu’on ne nous pond pzd une loi qui réduit nos libertés, on trouve encore des gens pour manifester contre…)

6. Le 30 mai 2013,
Polydamas

Seul souci, il n’y a là qu’un seul cortège sur les trois de la manif’, les deux autres ayant été déroutés vers d’autres lieux. Invalides, c’est le nom générique pour désigner la fin de la manifestation, mais il faut rajouter l’avenue de Breteuil, de l’autre côté des Invalides, pleine également. D’autant que les manifs étaient tellement longues que beaucoup ont dû repartir de l’esplanade dès leur arrivée.

7. Le 30 mai 2013,
Fikmonskov

Vous oubliez simplement que ceci n’était qu’un seul des trois cortèges : les deux autres étaient de l’autre côté des Invalides, et occupaient deux avenues (Breteuil et je ne sais plus) au moins, sur uns très longue partie.

Quant aux 3 personnes par mètre carré, ça ne fait pas du tout une densité énorme. Faites le test.

Donc votre calcul ne prouve rien, sinon que vous refusez de voir l’intégralité du mouvement. Ce n’est pas en votre faveur.

8. Le 30 mai 2013,
Laurent Gloaguen

J’ai pourtant vu de nombreuses photos où il restait de la place sur l’Esplanade. Et il n’y a eu manifestement jamais grand monde dans les carrés boisés et les voies latérales. Mauvaise organisation ?

Parce que si on enlève les carrés boisés et les rues latérales, on tombe à 56 250 m2, ce qui fait un grand maximum de 168 750 personnes.

Il manque vraiment des photos aériennes pour être sûr et certain.

Blah ? Touitter !

Sociologie patronymique

En partant de la page Facebook de soutien à Nicolas Berns, jeune homme arrêté dans les échauffourées aux Champs-Élysées le 25 mai dernier (Nicolas est le garçon en short rose dans la vidéo), et en allant de groupe en groupe, j’ai été surpris de découvrir une surreprésentation très significative de patronymes issus de la noblesse chez les jeunes qui gravitent autour des mouvements Veilleurs, Hommens, Manif pour Tous

Par exemple, tu t’appelles Anne-Garance de P***, tu as 19 ans, tu es lycéenne à la Maison d’Éducation de la Légion d’Honneur, catho, forcément catho. Et bien sûr militante contre les droits des gays…

Dans tous ces groupes, il y a au moins 10-15% de noms à particule. Et tous les prénoms possibles du Carnet du Jour du Figaro.

Manifestement, les Révolutionnaires n’ont pas bien terminé leur travail. ;-)

1. Le 30 mai 2013,
Raveline

Je proteste : j’ai entendu parler d’un trouple de lesbiennes dont deux se sont rencontrées à la MELH. (Et puis il faudrait compter la noblesse d’Empire pour être historiquement correct). (Je sais, je suis chiant).

2. Le 30 mai 2013,
Laurent Gloaguen

Je ne suis pas étonné un seul instant de l’existence de lesbianisme à la Maison d’Éducation de la Légion d’Honneur. On sait ce qu’il en est dans certains couvents…

Et Raveline, non, tu n’es jamais chiant.

3. Le 30 mai 2013,
Raveline

Je t’aime aussi, grand fou.

Blah ? Touitter !

Québec : un con de moins

L'exil de Jacques Villeneuve

Jacques Villeneuve a raison de déménager : le Québec n’est vraiment plus un bon endroit où vivre. L’ex-coureur automobile a fait une autre sortie éclairante au Journal de Montréal, publiée samedi, expliquant pourquoi il quitte le Québec pour un paradis fiscal.

L’argent n’a rien à voir, rassurez-vous. D’abord, il y a les manifestations. Eh bien oui, les manifs, vous savez, ces dizaines de milliers d’étudiants et autres timbrés qui descendent dans les rues pour s’opposer. Vraiment, les manifs, c’est n’importe quoi, alors fini le Québec.

Ensuite, il y a les « habitudes des assistés ». Au Québec, les assistés ont de ces habitudes, c’est connu. Et en prime, au Québec, il fait froid six mois par année. Pas une semaine, six mois. Alors rendu à un certain âge, comme lui, le froid, vous savez…

« Je ne me sentais plus chez nous au Québec, a-t-il déclaré. Je n’apprécie pas son évolution, ça me fait penser à la France. […] Tout ce qui est mauvais en France est transféré au Québec. Les problèmes sociaux, la colère des étudiants, les habitudes des assistés… Il y a des conflits dans tous les sens. »

Jacques Villeneuve a donc choisi la Principauté d’Andorre, un très petit pays montagneux situé entre la France et l’Espagne, dans les Pyrénées. Le fait qu’Andorre ne prélève que très peu d’impôts n’a rien à voir avec sa décision, a expliqué le millionnaire au Journal. Là-bas, dit-il, « il n’y a pas de criminalité. Pour les enfants, c’est primordial ».

Et surtout, aurait-il pu ajouter, il n’y a pas de manifestations et très peu « d’assistés ». De fait, en 2010, on comptait 378 prestataires de l’aide sociale sur quelque 78 000 habitants. De toute façon, mendier est illégal à Andorre. […]

La Presse, Francis Vailles : “Jacques Villeneuve et le Québec”.

Richard Martineau ne s’est pas encore exilé, aux dernières nouvelles.

(On ajoutera que Jacques Villeneuve a, de toutes façons, fort peu vécu au Québec.)