Journal de bord

intellectuels médiocres

Bernard-Henri Lévy atteint de botulisme

Il s’en prend tout aussi fougueusement à Kant, « ce fou furieux de la pensée, cet enragé du concept ». Un peu audacieux de la part d’un penseur qui ne peut, somme toute, revendiquer à son actif qu’un brelan de concepts pour news magazines comme le « fascislamisme » ? Même pas peur. BHL a des billes. Le vieux puceau de Königsberg n’a qu’à bien se tenir. À la page 122, il dégaine l’arme fatale. Les recherches sur Kant d’un certain Jean-Baptiste Botul, qui aurait définitivement démontré « au lendemain de la seconde guerre mondiale, dans sa série de conférences aux néokantiens du Paraguay, que leur héros était un faux abstrait, un pur esprit de pure apparence ». Et BHL de poursuivre son implacable diatribe contre l’auteur de La Critique de la raison pure, « le philosophe sans corps et sans vie par excellence ».

Il en sait des choses, Bernard-Henri Lévy. Le néo-kantisme d’après-guerre. La vie culturelle paraguayenne. Seul problème, Jean-Baptiste Botul n’a jamais existé. Pas plus que ses conférences dans la pampa, auxquelles BHL se réfère avec l’autorité du cuistre. Ce penseur méconnu est même un canular fameux. Le fruit de l’imagination fertile de Frédéric Pagès, agrégé de philo et plume du Canard enchaîné, où il rédige notamment chaque semaine « Le journal de Carla B. ». Un traquenard au demeurant déjà bien éventé depuis la parution de « La vie sexuelle d’Emmanuel Kant », pochade aussi érudite qu’hilarante publiée en 2004 aux éditions Mille et une nuits sous le pseudonyme de Botul. Une simple vérification sur Google aurait d’ailleurs pu alerter le malheureux BHL. Le même Botul y est en effet aussi répertorié pour avoir commis une œuvre au titre prometteur : « Landru, précurseur du féminisme ».

Nouvel Observateur, Aude Lancelin : “Bernard-Henri Lévy en flagrant délire”.

Blandine se livre aux lions

Libération se fait écho aujourd’hui de ces intellectuels qui se laissent séduire par la droite. Le quotidien illustre son discours par la philosophe Blandine Kriegel, ex-mao déçue du socialisme, professeur ambitieuse à l’université Paris X-Nanterre, qui a consommé sa rupture avec la gauche en devenant conseillère de Jacques Chirac, ce qui l’a propulsée présidente du Haut Conseil à l’Intégration. Son mari, l’historien Alexandre Adler a lui aussi rallié l’étendard chiraquien et rejoint le groupe Figaro comme conseiller rédactionnel et éditorial.

Blandine Kriegel se justifierait ainsi : “dans une société démocratique il est normal que les universitaires, les intellectuels viennent à la décision et à l’action. Cela n’a rien de scandaleux”. On ne déniera pas effectivement le droit aux philosophes de venir à la décision et à l’action, ils l’ont toujours eu, et plus d’un philosophe s’est naguère illustré dans l’action. Il n’y a pas de scandale.

Les intellectuels ont aussi droit aussi à la bêtise, Blandine en est le vivant exemple.