Journal de bord

lundi 10 mai 2004

Je m’excuse

Je me dois de présenter des excuses par anticipation à l’intention d’une bonne partie de mes lecteurs. En effet, je ne vous ai pas accoutumés à cela, mais le risque est grand que les prochains jours voient une publication excessive de billets où je raconte ma vie (le fameux syndrome du repas chez la tante Cécile). Et pour vous achever, il est également possible que mon carnet Web devienne, ces trois semaines à venir, quelque peu mono-thématique (Québec ou Belle Province, alternativement). Retour à l’ordre normal des choses prévu début juin. Alors, si vous ne vous sentez pas concernés par ces deux sujets (le Québec et mon ego), vous pouvez totalement zapper pour la période, me suspendre de votre agrégateur, je ne vous en tiendrai pas rigueur. Qui m’aime, me suive.

Je m’excuse aussi pour mon niveau de langue qui va se faire moins recherché, plus rapide, et entaché de québécismes et autres anglicismes, c’est le prix à payer de mon imprégnation au décor.

;-)

1. Le 10 mai 2004,
Guy

Mon Dieu, on la dirait vêtue de dentelle et toute émoustillée de devoir laver la vaisselle.

2. Le 10 mai 2004,
Laurent

Heu, cher Guy, je crains que le sens de ton commentaire ne m’échappe…

3. Le 10 mai 2004,
Guy

C’est ton commentaire sur le niveau de langage. Nous ne sommes pas assez recherchés à ton goût?

4. Le 10 mai 2004,
Laurent

De fait, c’est une maladresse d’expression qui peut être mal interprétée en accolant deux choses qui n’ont pas de relations de cause à effet. Donc, point 1 : j’ai plein de choses à écrire, ne serait-ce que pour garder trace de ce vécu actuel, donc mon écriture s’en trouvera relâchée (et parce que je n’ai pas le goût de me prendre la tête, plutôt de saisir des instantanés, et de privilégier la quantité à la qualité). Point 2. Québécismes et anglicismes car ils sont mon quotidien du moment, l’air que je respire, l’exotisme facile qui séduit le voyageur.

5. Le 10 mai 2004,
Guy

Nuances appréciées. Merci.

6. Le 10 mai 2004,
Laurent

Héhé, voilà que je me sens sous la surveillance d’un comité de lecture tatillon…. ;-) Mais enfin, il faut bien que je nourisse quelque peu ma réputation de prototype de Français chiant et méprisant, sinon, ça va pas être drôle. ;-) Rebond : Et si tout le monde découvrait un jour que je suis qu’un bon gars, ben ordinaire, tout gentil dans le fond, dont le cynisme n’est que la protection d’un coeur trop gros, qu’en sera-t-il de ma réputation on-line ?

7. Le 10 mai 2004,
lolo

Laurent, c’est toujours Kedlagueul ! Vous allez voir qu’il va nous refaire “la recherche” en trois semaines top chrono. Mais comment va cette chère “rue ste Catherine” ? En tous cas tes chroniques montréalaises me plaisent bien. Continue.

8. Le 10 mai 2004,
Guy

Laurent. Bien sûr que t’es un gars sympa, puisque le Lapin t’aime.

9. Le 10 mai 2004,
padawan

Je confirme, que d’la gueule le Laurent ;-).

10. Le 10 mai 2004,
Laurent

Mais, y m’agace ce Padawan…. ;-)

11. Le 10 mai 2004,
lolo

et moi ? j’ai couché avec les allemands ? non désolé !!

12. Le 11 mai 2004,
padawan

Je confirme, que d’la gueule le Laurent ;-).

Blah ? Touitter !

Lettre perdue

Hier, descendant l’avenue du Parc, le long du Mont Royal, mon regard est attiré par une enveloppe close, abandonnée à terre, zébrée, flétrie de la trace d’un pneu de vélo. Je continue mon cheminement quelques pas, le temps d’être saisi d’un regret, je rebrousse, et m’abaisse à relever l’éventuelle missive perdue.

Je saisi délicatement l’enveloppe salie et la retourne, j’y découvre une adresse tremblante et un timbre vierge. Je vérifie que l’enveloppe est bien close, elle l’est. Je l’examine par transparence, elle semble abriter un genre de petit coupon opaque. Je lis la première ligne de l’adresse à la bille bleue, “À mes petits enfants chéris”.

“— Mon lapin, il nous faut trouver une boîte à lettres.”

Moralité, soyez toujours curieux sur votre chemin. J’imagine qu’une grand-mère, attristée d’avoir perdu son petit message d’amour, sera toute surprise d’apprendre qu’il est arrivé à bon port. Et je plains les promeneurs qui ne se sont pas abaissés à retourner une enveloppe souillée, et qui se sont privés du petit bonheur du jour de faire une infime bonne action.

1. Le 10 mai 2004,
Guy

Très gentil et “civique” de ta part. :-)

2. Le 10 mai 2004,
Michel

Les aventures d’Amélie Poulain au Québec… ?

3. Le 10 mai 2004,
Laurent

Rire, Michel ! :-)

4. Le 11 mai 2004,
Guillermito

Très jolie anecdote, et très joli geste. Ca me fait penser aux deux films fascinants de Resnais, “Smoking / No Smoking”, dans lesquels tout commence par la décision de Sabine Azéma de fumer une cigarette ou pas. Une petite hésitation, un petit geste sans importance, dont les films explorent les multiples conséquences. Dans ton cas, une seconde d’hésitation, deux pas en arrière, c’est à dire pas grand-chose, et tu vas peut-être transformer la journée d’une famille.

Blah ? Touitter !

Sur le cul-ture

Télévision de qualité (Télé Québec), radio d’exception branchée en permanence dans la cuisine (Radio Canada, première chaîne, FM 95,1), concertos de Mozart dans le taxi, Beethoven dans le bus, suis-je tombé dans quelque Eldorado ?

Non, il ne faut pas rêver, il suffit de se promener rue Sainte-Catherine pour tomber sur une vitrine dédiée à la gloire juvénile de Lorie. Oui, vous ne rêvez pas, notre Lorie à Montréal. Pourquoi tant de haine de la part de mes compatriotes à l’égard de l’Amérique francophone ? Je propose un traité d’amitié franco-québécois (puisque Jean Charest semble bien introduit, sans chaperon fédéral, auprès de notre cher Jacquot), un traité de respect mutuel qui nous prometterait que chacun garderait ses merdes chez soi, sans velléités de les exporter en abusant de la faiblesse de nos marchés, en flattant nos instincts de facilité.

1. Le 10 mai 2004,
Guy

N’est-ce pas elle qui fut tout étonnée de se faire dire: «t’es bonne, Lorie!» (l’expression ici, doit être prise textuellement, à savoir, t’es une bonne artiste, Lorie).

2. Le 10 mai 2004,
Laurent

Le mâle de France, qui dit à une femme “t’es bonne”, l’imagine à quatre pattes ou à genoux.

3. Le 10 mai 2004,
Guy

Oui, je sais… :-)

Blah ? Touitter !

Sentiments

Il y a un sentiment qui m’imprègne ici, c’est celui de la précarité. J’ai l’impression que ce qui nous fait différer ici de la vieille Europe, c’est, non pas un sentiment du précaire (qui ne peut appartenir qu’au visiteur), mais le fait même de vivre le précaire. Les choses d’ici ne sont pas installées pour durer, elle sont là pour servir. J’ai un sentiment de provisoire, de fragile, de bercé au gré des flots. La pérennité ne semble pas une valeur, les gens sont plus dans l’instant. Nomadisme, tribulations, aventures, tout semble plus ouvert, plus acceptable. Je me sens comme fragilisé dans cet environnement, en perte de repères. Le tout est de bien vouloir se laisser bercer par le flot, sans résistance inutile, mais ce n’est pas tous les jours faciles. Bon dieu que le réfrigérateur est bruyant dans ce nouveau lieu de vie qu’est la cuisine, et mon ami l’écureuil semble s’être éclipsé la pluie venue.

1. Le 10 mai 2004,
Guy

Tu as visé juste, je crois. J’ai écrit hier soir un billet qui aborde la chose sous un autre angle. Le pays est encore jeune et le rude climat oblige à un certain combat. Le Québec s’est “éveillé” dans les années 60, si bien que tout semble encore à faire.

2. Le 10 mai 2004,
Martine

Tiens, je pensais exactement la même chose de San Francisco. Je crois que c’est particulier à certaines villes, dont Montréal, où les gens vont et viennent. Mais je ne crois pas que ce soit un phénomène québécois.

Il faudrait t’organiser une petite visite à Québec…

3. Le 11 mai 2004,
Laurent

Je n’aime pas trop Québec (trop “provincial”)…

4. Le 11 mai 2004,
Martine

Bon, bon, bon…

5. Le 11 mai 2004,
Laurent

Oups, j’avais oublié que la Martine était de Québec ;-)

Blah ? Touitter !

Gourmandises pour le lapin

Hmmmm…

Saloperie

Anne Archet : je vais mieux, je vais mourir.

De quoi définitivement plomber cette journée grise et pluvieuse. Si la vie était juste, cela se saurait. Allez, vogue la galère.

Guerre sale

À lire chez Netlex : De la sale guerre à la guerre sale.

1. Le 10 mai 2004,
karl

Il n’y a pas de guerre propre. La guerre c’est une barbarie, c’est une négation de l’humanité, la torture en un de ses éléments. Il n’y a pas de manières correctes de tuer un ennemi, on ne devrait juste pas le faire que ce soit sous la torture ou les balles.

Cette affaire n’est que le pâle reflet de tous les conflits.

L’article de Netlex est très bien pour cela et rejoint ce que j’ai dit il y a quelques jours sur la Guerre et Irak

2. Le 11 mai 2004,
Guillermito
Ce qui me fascine, c’est que, comme avec My Lai en 1968 - et il y a plein d’autres exemples - s’il n’y pas d’images, personne n’en parle, on étouffe les incidents, et au final ça n’existe pas. Quand la barbarie n’est pas photographiée, elle ne rentre pas dans les livres d’histoire. Il y a un article à ce propos dans Libé aujourd’hui. Les militaires vont sans doute interdire aux soldats d’avoir des petits appareils photos numériques, maintenant.

Karl: je ne crois pas que la guerre soit la négation de l’humanité. Ou peut-être ça dépend de la définition que l’on donne à ce mot, “humanité”. C’est sans doute parce que je suis dans un jour pessimiste, mais je crois au contraire que la guerre est l’essence de l’humanité. Les animaux ne pratiquent pas de boucheries organisées ni de génocides. Quand ils tuent, c’est souvent une question basique de survie immédiate. La guerre est ce qui définit l’humanité. L’Homme est mauvais. La Femme, un peu moins :)

Blah ? Touitter !