Journal de bord

lundi 28 janvier 2008

Décalage

Putain, dans un état de conscience extrême des douleurs de l’homme, mises en abîme par la « Shoah », j’ai déclaré que ce n’était pas seulement le peuple juif qu’il fallait exterminer, mais l’humanité tout entière, et j’ai été assassiné pour ça ?

De quoi justifier encore plus mes pulsions nocturnes de misanthropie devant ce spectacle de bêtise.

La Shoah est la plus grande œuvre de l’humanité. Nul ne peut le contester à mes yeux, elle a atteint là un paroxysme de son expression sauvage, mécanisée, “inhumaine”. Et j’ai écris précisément “Dommage qu’elle fut imparfaite. En pensant que toute tentative de l’humanité à aller vers sa destruction est bénéfique à la vie sur terre” (ok, niveau style et rhétorique, c’était pas génial). C’est une bouffée misanthrope. Éliminer une humanité capable d’une telle abomination, d’une monstruosité que rien ne dit qu’elle ne sera dépassée un jour, pourrait être l’ultime solution aux misères réitérées et continuelles du monde.

C’est sans doute violent, noir et cynique, et traduit plus un accablement, un soupir de souffrance, après avoir passé toute la soirée à fréquenter des sites sur les camps de la mort, suite à un billet sur le jeune compositeur Gideon Klein, mort à Auschwitz.

Pour reprendre les termes d’Authueil : « Dans ce billet, il n’y a ni négationnisme, ni révisionnisme, seulement le désespoir d’un misanthrope qui trouve que la solution n’ait pas été assez “finale” en se limitant à une catégorie de personnes alors que c’est l’humanité qu’il aurait fallu exterminer. »

Vous êtes libre de trouver ça très con, mais c’était mon état d’esprit du moment. Et ces moments ne me sont pas rares.

1. Le 28 janvier 2008,
XAVIER BORDERIE C@MMUNICATION

De grâce, fermez les commentaires de cet article.

Que celui qui ne s’est jamais pris un retour de flamme suite à un texte/une idée qu’il pensait légitime jette la première pierre. De mon côté, j’ai connu la transpiration et les battements de coeur quand on se retrouve pris dans son propre piège, donc j’aimerai qu’on laisse Laurent savourer un peu le reste de la journée, et avec la chance le lynch-mob actuel ne l’aura pas enfoncé plus que nécessaire dans la misanthropie ou le dégoût de soi.

Pif paf.

(ah, et je réitère : if (url == ’http://allainjulesblog.blogspot.com/’) commentDiv.setStyle(’display’, ’none’); )

2. Le 28 janvier 2008,
Laurent Gloaguen

@Xavier : Excellente suggestion. Commentaires fermés, donc. Et supprimés par la même occasion.

Touitter !

Kerviel, star du Web

Libération : “Jérôme Kerviel, nouvelle star du web”.

Site de soutien à Jérôme Kerviel, “victime d’un lynchage médiatique sans précédent”.

P.S.

Jérôme Kerviel a été mis lundi soir en examen pour «abus de confiance», faux et usage de faux» et «introduction dans un système de traitement automatisé de données informatiques», a annoncé son avocate Elisabeth Meyer. L’homme a cependant été laissé en liberté sous contrôle judiciaire.

Me Meyer n’a pas souhaité préciser quelles mesures accompagnaient le contrôle judiciaire, se contentant d’ajouter qu’aucune caution n’avait été demandée. Jérôme Kerviel est «mis en liberté, c’est une belle victoire mais ça n’est que justice», a déclaré Me Meyer.

J’avais vu juste

1. Le 28 janvier 2008,
Guillermito

Si je comprends bien, le trader a été capable de masquer ses investissements foireux uniquement parce qu’il avait bossé des années auparavant dans le département qui vérifie, justement, les investissements foireux. Et il avait encore les logins et mots de passe, qui étaient toujours valides.

Règle no 1 de sécurité informatique, connue même des débutants : on change les mots de passe fréquemment. On utilise des scripts, c’est automatique. après un mois, le mot de passe doit changer, sinon on ne peut pas accéder au système. Même chez nous on fait ça, pour protéger trois résultats scientifiques dont tout le monde se branle.

J’aimerais savoir combien sont payés les incompétents qui assurent la sécurité informatique a la Société Générale.

2. Le 28 janvier 2008,
Christophe

Pour info, à la Sogé, sur le marché Commodities, pour toutes les applis du front, le mot de passe, c’est le prénom du user ;-)

Et on peut pas le changer.. Plutôt safe, non ?

3. Le 28 janvier 2008,
petit chahut

Espérons maintenant qu’on ne va pas retrouver Kerviel “suicidé” dans quelques jours ou semaines… (oui, bon, j’ai peut-être vu trop de films de gangsters)

4. Le 28 janvier 2008,
Nicolas

@Guillermito: ah, personnellement j’aurais dit: quand un utilisateur n’a plus besoin de son accès, on le désactive. La suppression du compte pose souvent des problèmes d’intégrité du référentiel.

5. Le 28 janvier 2008,
Maxime

Mots de passe boss-friendly : autoriser des mots de passe aussi bidons que le prénom de la personne, et ne jamais en changer. Personne ne perdra son mot de passe, et le patron sera heureux de ne jamais le perdre (ou de voir ses employés le perdre), et de ne pas perdre du temps à le changer (ou de voir ses employés en changer). Et toujours utiliser le même mot de passe pour tout ses comptes. Pour avoir tes stocks-options et plaire à ton patron, tu ne l’emmerdes pas avec des mots de passe. Lêcher les culs ça rapporte.

Le meilleur système informatique devient toujours une passoire parce que seul le responsable sécu et/ou l’admin sys sont contents d’appliquer les règles de sécurités. L’humain est paresseux et n’aime pas les mots de passe.

Il existe évidemment des moyens d’améliorer la sécurité et le confort des utilisateurs. Mais ça couterait trop d’argent à l’entreprise qui aime couper dans les budgets. Et hop, 5 milliards en fumée.

Je rajouterai volontiers monde de merde, voire je demandera où est le bouton rouge pour tous nous exterminer (non, pas DMC), mais là je suis plutôt dans ma phase : “bande de boulets, je vais bien en profiter de votre sécurité à chier”. Moi je ne lèche pas les culs des patrons, je les encule à sec (s’ils sont de type hétéros coincé uniquement, sinon j’en connais qui y prendraient du plaisir).

6. Le 28 janvier 2008,
Patrick

Avec tout ça à la Socge il y a un bouton (pas rouge) qui ne tient plus qu’à un fil !

7. Le 28 janvier 2008,
karl, La Grange

remis en liberté ? Si c’est une histoire véreuse il va y avoir un accident.

8. Le 28 janvier 2008,
Arnaud H

Voilà pourquoi les réflexions sérieuses ne se prêtent jamais aux médias étroits et simplistes comme la messagerie instantanée ou Twitter.

9. Le 29 janvier 2008,
Off Topic

Karl, croies-tu qu’il faille lancer rapidement l’équivalent de ce site pour gagner quelques sous ?

Blah ? Touitter !

Quizz musical #02 - La solution

Il s’agissait du trio pour piano n° 3 en ut majeur, opus 87, du compositeur norvégien Christian Sinding.

Bravo à Bladsurb qui a trouvé le compositeur. Vous êtes trop forts !

[Enregistrement Marco Polo, 1988.]

1. Le 29 janvier 2008,
XIII

Tu devrais varier un peu tes devinettes, par exemple en mettant une photo de bite et en nous laissant deviner à quel pédéblogueur elle appartient. Tu vas finir par perdre des lecteurs, sinon, avec tes quizz musicaux ! :-)

2. Le 29 janvier 2008,
Off Topic

Two girls one cup, version exhib.

3. Le 8 février 2008,
Bill

Voici un texte de Jean Baudrillard, à propos de la Shoah :

L’idée de faire de la Shoah une référence absolue, en tant que telle, et donc de ne plus la prendre comme ce qu’elle est, à savoir un événement historique tragique, avec un amont et un aval, des possibilités d’analyse… Après les 50 ans en 1995, on a commémoré les 60 ans de la Shoah. Entre les deux commémorations, j’ai constaté des disparités et un vrai changement d’optique : d’un seul coup, cet événement tragique s’est transformé en une mythologie. Ca avait déjà commencé, mais là c’est devenu limpide et mondial par ailleurs. Tout le monde était concerné, y compris des pays ou des cultures qui n’ont rien à voir avec ça. Là, c’était vraiment l’élaboration d’un alibi… D’ailleurs, aujourd’hui, si vous n’affirmez pas que la Shoah est le crime absolu, vous êtes tout de suite du côté du Mal. Je sais de quoi je parle, puisque je suis habitué à ce type d’accusation… Il y a dix ans, on ne cherchait pas à en faire un mythe mondial, à la mythifier, et donc à la mystifier. Cette transformation de l’événement en mythe permet d’autant mieux d’évacuer toute question sur le Mal qu’est entretenue la confusion entre le Mal et le malheur. La Shoah c’est le Mal. Or il est possible, et même souhaitable, de cultiver une intelligence de ce Mal. Sauf que si l’on confond la Shoah avec un malheur, alors elle se négocie comme n’importe quelle valeur, elle devient l’objet d’un pathos d’autant plus fort que ce malheur est absolu. Ce malheur se partage, et il ne peut se partager que sous la forme la plus pathétique. Etre heureux ou malheureux, ça implique de l’affect pathétique. Le Mal, lui, n’a rien à voir avec l’affect. Il est au-delà de toute morale, de tout jugement. A un degré fantastique, la commémoration nous a renvoyé ce “retour image” pathétique du malheur absolu, inconsolable, incommensurable… L’ennui, c’est qu’en faisant de l’événement historique un malheur absolu, on se prive de tout recul, de toute intelligence du Mal.

Blah ? Touitter !