Journal de bord

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Not as cool

Samsung Electronics won a legal ruling after a U.K. judge said its Galaxy tablets aren’t “cool” enough to be confused with Apple’s iPad.

The design for three Galaxy tablets doesn’t infringe Apple’s registered design, Judge Colin Birss said today in London in a court fight between the world’s two biggest makers of smartphones. Consumers aren’t likely to get the tablet computers mixed up, he said.

The Galaxy tablets “do not have the same understated and extreme simplicity which is possessed by the Apple design,” Birss said. “They are not as cool.”

Bloomberg: “Samsung Wins U.K. Apple Ruling Over ‘Not As Cool’ Galaxy Tab”.

iPad, vraiment de la merde ?

Et moi de répondre, très sérieusement : “c’est vraiment de la merde !”.

[…] Ce qui me chagrine avec l’iPad, c’est justement qu’il est beau, qu’il va réussir à établir une nouvelle plate-forme matérielle là où d’autres vont échouer. Ce qui me chagrine, c’est qu’Apple, qui donnait le pouvoir aux utilisateurs en 1977 avec l’Apple ][, qui continuait avec le Mac en 1984 en en faisant la machine des créatifs, cherche aujourd’hui avec l’iPad à enfermer ses clients pour les gaver de contenu numérique payant tout en prétendant détester les DRM.

[…] Mais ce que je n’aime pas chez l’iPad d’Apple, c’est la direction dans laquelle nous nous dirigeons en tant que société, où l’utilisateur est réduit à consommer, où la bidouille et la créativité sont interdites, où un gardien décide de ce qui est bon pour vous et donc ce qu’il daigne vous autoriser à utiliser. Et ça, c’est à peu près l’opposé de la société que je souhaite, en tant que père, citoyen numérique et du monde, activiste et et producteur de contenu numérique.

Standblog : “iPad : au-delà de l’esthétique”.

Ce qui me chagrine avec Tristan, c’est justement qu’il est beau ce sont ses œillères. Ce qui me chagrine moins, c’est sa mauvaise foi en l’occurence qui est de bonne guerre.

Non, Apple II ne donnait pas le pouvoir aux utilisateurs. Apple II était cher et réservé à une élite. Apple II était compliqué à maîtriser, et poker du 6502 n’était pas à la portée du premier venu. La micro-informatique a fait un pas de géant quand Steve Jobs a décidé que ça en était fini avec les ports d’extensions, les cartes à n’en plus finir pour faire le minimum (affichage vidéo ou son par exemple…) et a inventé le premier ordinateur non bidouillable, le concept Macintosh. Il fallait même une clé Allen introuvable à l’époque pour pouvoir ouvrir son boîtier. C’était “fermé” et pas “extensible”, ça ne supportait pas CP/M et aucun autre système de commande en ligne, et ça faisait rire tous les “experts” de la micro-informatique.

Avec Macintosh, encore plus horriblement cher que l’Apple II, le pouvoir a été donné aux créatifs avec des logiciels qui n’avaient vraiment rien de gratuit. Il n’y avait que MacPaint et MacWrite de livrés avec la machine. Illustrator, Photoshop ou X-Press coûtaient un bras.

Non, décidément, on ne peut pas prendre Macintosh comme référence alors qu’il fut lors de sa création un monument à la gloire de la non-bidouillabilité. Est-ce que la non-bidouillabilité empêchait Macintosh d’être révolutionnaire ? Certes non.

iPad est abordable financièrement et techniquement, tout simplement superbe, ouvert sur le Web (sans Flash™) et va conquérir de nouveaux marchés (la preuve). Il est parfaitement utilisable sans débourser un dollar supplémentaire, on ne vous met pas le couteau sous la gorge pour acheter le dernier titre de Lady Gaga ou l’application multimédia de Wired, qui vous coûteraient de toute façon aussi de l’argent sur tout autre support. Je ne suis pas du clan des grincheux, j’applaudis le succès.

La bidouille, c’est pour les geeks et les nerds, ce n’est pas pour Monsieur et Madame Tout-le-Monde qui veulent des trucs fiables qui marchent tout de suite et qui n’ont aucune intention d’aller bricoler tout ça. Monsieur Tout-le-Monde préfère Mac OS ou Windows à Linux. Ça lui coûte plus cher, mais ça lui évite de perdre un temps disproportionné avec son usage réel de la machine, et d’avoir accès à des éventails logiciels bien plus larges. Monsieur Tout-le-Monde ne s’improvise plus menuisier pour construire le berceau du petit dernier, il va chez Ikea.

Non, iPad n’est pas porteur d’un message de société, pas plus que Apple II ou Macintosh (même si le marketing de l’époque voulait vous le faire croire). C’est juste une borne importante dans l’histoire de la micro-informatique et un produit qui va connaître un succès planétaire, notamment auprès des non-technophiles.

D’autre part, Apple a toujours été “control freak”, cela a commencé avec les “Apple Human Interface Guidelines” et la ToolBox qui corsetaient le programmeur dès le Mac 128. Cela n’a rien de nouveau. Ce qui est neuf, c’est le “business model” à succès depuis le retour du Steve Jobs, on ne vit plus sur le hardware, pas même sur le software, mais sur les ventes de contenus réalisés via les canaux propriétaire d’Apple. Si ça permet à Apple de proposer une machine aussi géniale que iPad à 499 $, ça fait mon bonheur.

Apple gagne son argent en vendant des iPad, des iPhone et des iPod ? Ciel, vilaine société capitaliste. Apple, çapuecépaslibre ? Oh ! Vous êtes brillants, quelle découverte.

J’ai parfois le sentiment que le principal grief que l’on fait à Apple, c’est juste son succès. Apple ne contrôle pas votre utilisation du Web via Safari, Apple contrôle l’environnement logiciel de machines fermées comme les téléphones et les liseuses, ce qui convient à la plupart de leurs utilisateurs en raison des bénéfices induits (stabilité, sécurité, cohérence des interfaces, etc. — Installez deux ou trois extensions gratinées dans Firefox, ça peut devenir assez rapidement une usine à gaz visuelle et ergonomique, qui met deux plombes à se lancer et qui plante…). Si cela ne vous convient pas, allez voir la concurrence, elle existe. Apple ne veut pas vendre de p0rn sur sa boutique ? C’est son problème et c’est respectable. Le jour où Apple bloquerait vos accès aux sites pornos ou vous empêcherait d’écouter le meilleur de la musique goth, cela serait un vrai problème. (Qu’il y ait eu des applications ridiculement bloquées sur l’AppStore, personne ne le nie.)

iPad, on est libre de ne pas aimer, ne pas en avoir besoin, mais aller dire que c’est de la merde, c’est un incroyable mépris pour les millions de personnes qui en ont acheté un, et surtout, c’est juste pas vrai. Ce n’est pas l’utilisateur qui est réduit à consommer, c’est l’utilisateur qui fait le choix de consommer, c’est l’Homo consumericus qui satisfait ses besoins.

Et Apple est très fort pour concevoir des produits à haute désirabilité et de plus en plus grand public, à défaut de bidouillabilité.

Si vous voulez attendre la version “Ubuntu Touch Tablet OS” que vous installerez sur un hardware toujours propriétaire, ou une tablette Dell moche sous Android, ce qui vous permettra de snober la quasi-totalité de vos contemporains, libre à vous aussi. Mais le fait que vous ne puissiez installer Linux sur iPad (pas plus que sur un téléviseur ou une automobile) n’en fait pas une merde.

Il y a d’autres choix dans la vie, comme le très respectable freeganism, mais nous admettrons que cela n’est pas à la portée de tout le monde (principalement en termes d’engagement personnel et de courage de ses idées). Peut-être nos visions de la société et de l’homme diffèrent-elles… Je trouve naïf de croire que les gens soient esclaves de la consommation, ils sont avant tout esclaves d’eux-même et de leurs appétences naturelles. Pour l’obésité, ce n’est pas MacDo que l’on doit tuer, c’est l’éducation qui est à revoir et la pauvreté qui est à combattre, c’est un problème comportemental. Et je veux rester libre de m’empiffrer une fois de temps en temps d’un dessert qui nourrirait un Somalien pendant 3 jours et boucherait mes artères. Pour le logiciel libre, ce n’est pas Microsoft ou Apple qu’il faut tuer, c’est proposer des solutions imbattables dans certains domaines (les succès du libre sont en fait légion si l’on y songe bien). Et je veux rester libre de m’acheter un Shoot ‘em up qui pue, qui n’est pas libre, que je jouerai sur une console ou une tablette fermée mais bien confortable à l’utilisation.

iPad n’est en aucun cas exclusif d’autres solutions pour ronchons. Je crois pour ma part que cracher dans la soupe ne fait absolument avancer la cause du logiciel libre (qui doit constituer les 9 dixièmes de l’architecture du système de l’iPad).

iPad et typographie

Contrary to some reports, the iPad does support CSS font linking via @font-face, but it’s limited to SVG. There are many reasons why SVG isn’t a legitimate font format — stability and selectability, for example — but the most important is that a majority of font makers have already settled on WOFF or services like Typekit as their format of choice. This blasts developers back to those dark ages (a few months ago) when there were very few professional fonts available for embedding. Typekit is working on a solution, but its not ready for prime time.

So, webfonts are out. Fortunately there’s a much longer list of fonts installed on the iPad compared to the iPhone/iPod Touch, but very few of them are very interesting or practical for modern web and app design.

TheFontFeed, Stephen Coles: “What the iPad is Missing (No, it’s not a Camera)”.

The iPad Big Picture

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[…] Lastly, there’s the fact that the iPad is using a new CPU designed and made by Apple itself: the Apple A4. This is a huge deal. I got about 20 blessed minutes of time using the iPad demo units Apple had at the event today, and if I had to sum up the device with one word, that word would be “fast”.

It is fast, fast, fast. The hardware really does feel like a big iPhone — and a big original iPhone at that, with the aluminum back. (I have never liked the plastic 3G/S iPhones as much as the original in terms of how it feels in my hand.) I expected the screen size to be the biggest differentiating factor in how the iPad feels compared to an iPhone, but I think the speed difference is just as big a factor. Web pages render so fast it was hard to believe. After using the iPhone so much for two and a half years, I’ve become accustomed to web pages rendering (relative to the Mac) slowly. On the iPad, they seem to render nearly instantly. (802.11n Wi-Fi helps too.)

The Maps app is crazy fast. Apps launch fast. Scrolling is fast. The Photos app is fast.

The iPad hardware is exactly what you think. It looks great, it feels great. It’s very nice to hold. […] Just like with the iPhone, it’s all in the software. And the software is obviously marvelous in many ways. It is clearly the result of deep thought and hard work.

But: everyone I spoke to in the press room was raving first and foremost about the speed. None of us could shut up about it. It feels impossibly fast. […]

Apple doesn’t talk much about the technical details of the iPhone. They never talk about CPU speed or the name of the chip being used. They don’t tell you how much RAM is in there. Part of their vision for moving computers from technical culture to popular culture is about getting away from defining these things by their technical specs. So the prominent talk about A4 is telling. This is something they want us to notice.

[…] Apple now owns and controls their own mobile CPUs. There aren’t many companies in the world that can say that. And from what I saw today, Apple doesn’t just own and control a mobile CPU, they own and control the hands-down best mobile CPU in the world. Software aside (which is a huge thing to put aside), it may well be that no other company could make a device today matching the price, size, and performance of the iPad. They’re not getting into the CPU business for kicks, they’re getting into it to kick ass. […]

Daring Fireball, John Gruber: “The iPad Big Picture”.

J’ai la mansuétude de ne pas citer d’innombrables “blogueurs geek” qui écrivent pas mal d’idioties sur le iPad, tout comme ils l’avaient fait lors de la sortie de l’iPhone. Il y a également les gens que j’estime, comme Daniel Glazman, qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez, pas au-delà de leur propre univers qui ne représente pas un marché de masse. Ce n’est pas parce qu’un produit ne correspond pas à vos attentes de “technophile”, parfois ultra-spécifiques, que cela en fait un mauvais produit.

Pour reprendre les principales critiques de Daniel :

“iPhone OS and not Mac OS X”. Le iPad est un produit grand public, comme le iPod, destiné en partie aux récalcitrants à la micro-informatique. Et c’est aussi un produit familial. “Keep it simple”. Tu veux de l’OS X ultra-portable, tu prends un MacBook Air.

“No camera”. Le iPad n’est pas positionné comme un périphérique de communication (ce qui me semble vraiment important de retenir), mais principalement de consultation et de jeu. De mon côté, je me fiche de cette absence. Et il est probable que les prochaines générations en soit équipées.

“No multitasking at all”. “No SD slot”. Le grand public s’en tape. Même si l’absence de multitâche pourra frustrer le geek…

“iWork has a very bad I18N track record”. Ah, oui, c’est grave…

“I love too much books to use an ebook reader; I’m not interested in iBooks at all. The books I really loved are carefully stored in my library and wait for my sons to be old enough to read them. Electronic books I buy today will be unreadable in 20 years from now. For me, that’s pure gadget even if it’s a real market.” Daniel est un vieux con comme moi, mais n’est absolument pas représentatif du marché en général. Il se serait vendu 1.5 million de Amazon Kindle (pourtant vraiment pas sexy…). Nous sommes juste pas dans la cible.

“Newspaper in A4 format; ah. I read newspaper at my preferred bar or in the subway and I don’t want to be a target for thiefs. The Canard Enchaîné is not online anyway.” Le papier, ça salit les doigts, et tout le monde ne vit pas dans un pays aussi dangereux que la France. À New York, on voit plein de Kindle dans le métro. Et lorsque j’ai vu l’appli New York Times, je me suis dit “Wow, c’est beau”, on retrouve le plaisir du papier et ça me donne envie de payer pour ça. Je me dis même qu’il y a là une source de revenus non négligeable qui pourrait faire basculer certains rétifs à la modernité qui font coin-coin.

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“It’s Safari only. Sorry but I don’t buy that. On a large screen, I want to use the browser of my choice and I want an extensible browser”. C’est très bien Safari, mangez-en, ça respecte les Standards du Web, c’est rapide et c’est beau. Et comme dit plus haut, le iPad est un produit pour le grand public qui se contrefiche des extensions, ou de la “bidouillabilité” (dont le corollaire est l’instabilité) chère à Tristan Nitot.

“I rarely play computer games.” Quand je disais que Daniel n’était pas représentatif de la masse… Les gamins vont adorer iPad. (J’y vois pour les plus jeunes le même succès que pour Etch A Sketch.)

“No AdobeFlash.” OK, un point qui peut se discuter dans le cadre du marché grand public. Mais merde, Flash, ça pue, c’est pas libre, et un univers sans publicités qui te bouffent la CPU et les yeux, quel bonheur ;-) [Vive ClickToFlash sur Safari !]

“No digital tv tuner.” Un iPad en téléviseur d’appoint, oui, ce serait intéressant.

“My jeans don’t have 10” wide pockets.” Le beurre et l’argent du beurre, on ne peut pas avoir un écran de 10 pouces de diagonale, et le confort de lecture qui va avec, qui entre dans une poche de 5 pouces de large, c’est la vie.

Ce que je veux dire, c’est que si l’on souhaite juger de la révolution de l’iPad et de sa portée, il faut utiliser une grille d’analyse “consumer electronics” plutôt que “geek-informatique”, cette dernière, à œillères, manquant toujours la vision d’ensemble.

D’autre part, de mon point-de-vue, le concept iPad tue les “e-books” qui n’ont qu’une fonction qu’ils exécutent souvent mal (et dans un noir et blanc obsolète). Et Apple a le pouvoir de porter l’écosystème économique favorable à la disponibilité de contenus (cf. succès d’iTunes), ce qui manquait cruellement au marché des “e-books” avant l’arrivé d’Amazon. Fred Cavazza pense le contraire. Nous en reparlerons dans un an.

L’iPad, c’est aussi le truc qui va traîner à la cuisine pour lire les infos le matin en buvant son café, amuser les enfants au petit-déjeuner, avoir toutes les recettes de cuisine à portée de main, le truc qu’on s’échangera autour de la table pour montrer les photos de vacances, le truc au salon qui servira au “fact-checking” quand on regarde la télévision en famille, et peut-être le bidule qui va remplacer la pile de magazines aux chiottes.

Et l’iPad, c’est le genre d’outil Internet que j’offrirai à ma maman, qui va fêter ses 82 ans.

P.S.

Voilà qui développe ce que je pense quand j’écris “Je lis les même conneries sur iPad que lors du lancement du iPhone. Bis repetita…” :

Remember way back to January 2007, when the iPhone was announced? Oh Internets, you wailed and gnashed your teeth endlessly. No 3G network? No MMS? No apps on the iPhone? No replaceable battery? Oh, your complaints were endless. You were sure that the iPhone was doomed because it didn’t meet all your requirements.

And what happened? Well, Apple has sold 40 million iPhones. FORTY MILLION. They have become the largest mobile device company in the world.

So today, you moan on and on about all the features you expected and demand in the iPad. What no Verizon? No two-way camera? It’s not weightless? A full half inch thick? Only 10 hours of battery life? […]

And you know what, just like Steve Jobs said, you need to hold it for yourself. It’s a different computing experience. It’s intuitive and simple. The device is blazingly fast and obvious how to use. It is a third kind of computing between a smartphone and a laptop.

For those that have iPhones, you know the experience of showing someone the iPhone for the first time. The look in their face, when they first flick the screen or squeeze the image to zoom. The realization that this is something different, very different, than what they have experienced before. […]

Oh Internets, I know you won’t believe till you hold one in your hands. You’ll bang on about features, data plans, DRM, open source, and a multitude of issues. You’ll storm the message boards, wring your hands, and promise you won’t buy one till ‘Gen 2’. The din will grow and grow as time passes.

And then one day, in a few months, you will actually hold one and use it. And you will say, “I want one. I want one right now.”

So, my sweet beloved Internets, please take a deep breath, relax and stay away from your regular knee-jerk reactions. Have a little patience, a quality you are not known for, my sweet Internets.

And please, please stop trying to make predictions about what’s next, you have no clue and just look stupid when you do.

Cruft, Michael August Pusateri : “A message to the Internets regarding the iPad”, via John Gruber.

Et vous souvenez-vous de la sortie du premier iPod ?

The Tablet

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“Last time there was this much excitement about a tablet, it had some commandments written on it.” — Martin Peers, The Wall Street Journal.

Nous avons la douleur de vous faire part du décès ce jour des “e-books” et autres “kindle”.

Steve Jobs, notre sauveur.