Journal de bord

blogueurs > tristan nitot

La France moisie

Premier parti france 2014

[Photo Reuters.]

Elle était là, elle est toujours là ; on la sent, peu à peu, remonter en surface : la France moisie est de retour. Elle vient de loin, elle n’a rien compris ni rien appris, son obstination résiste à toutes les leçons de l’Histoire, elle est assise une fois pour toutes dans ses préjugés viscéraux. Elle a son corps, ses mots de passe, ses habitudes, ses réflexes. Elle parle bas dans les salons, les ministères, les commissariats, les usines, à la campagne comme dans les bureaux. Elle a son catalogue de clichés qui finissent par sortir en plein jour, sa voix caractéristique. Des petites phrases arrivent, bien rancies, bien médiocres, des formules de rentier peureux se tenant au chaud d’un ressentiment borné. Il y a une bêtise française sans équivalent, laquelle, on le sait, fascinait Flaubert. L’intelligence, en France, est d’autant plus forte qu’elle est exceptionnelle.

La France moisie a toujours détesté, pêle-mêle, les Allemands, les Anglais, les Juifs, les Arabes, les étrangers en général, l’art moderne, les intellectuels coupeurs de cheveux en quatre, les femmes trop indépendantes ou qui pensent, les ouvriers non encadrés, et, finalement, la liberté sous toutes ses formes.

[…] La France moisie a bien aimé le XIXe siècle, sauf 1848 et la Commune de Paris. Cela fait longtemps que le XXe lui fait horreur, boucherie de 14 et humiliation de 40. Elle a eu un bref espoir pendant quatre ans, mais supporte très difficilement qu’on lui rappelle l’abjection de la Collaboration.

[…] Oui, finalement, ce XXe siècle a été très décevant, on a envie de l’oublier, d’en faire table rase. Pourquoi ne pas repartir des cathédrales, de Jeanne d’Arc, ou, à défaut, d’avant 1914, de Péguy ? À quoi bon les penseurs et les artistes qui ont tout compliqué comme à plaisir, Heidegger, Sartre, Joyce, Picasso, Stravinski, Genet, Giacometti, Céline ? La plupart se sont d’ailleurs honteusement trompés ou ont fait des oeuvres incompréhensibles, tandis que nous, les moisis, sans bruit, nous avons toujours eu raison sur le fond, c’est-à-dire la nature humaine. Il y a eu trop de bizarreries, de désordres intimes, de singularités. Revenons au bon sens, à la morale élémentaire, à la société policée, à la charité bien ordonnée commençant par soi-même. Serrons les rangs, le pays est en danger. […]

Le Monde, Philippe Sollers, 28 janvier 1999 : “La France moisie”, citée par Jean Quatremer.

Bienvenue en fRance.

(Le premier parti de France, ce n’est pas le FN, c’est le FUA — Front Unifié des Abstentionnistes.)

Le doute

Conne catho

[Photo AFP/Kenzo Tribouillard.]

[…] Je suis né au milieu des années 60, d’un famille de la bourgeoisie parisienne. Baptème, école primaire chez les soeurs, première communion et profession de foi, collège chez les frères. Mariage à l’église. Mon besoin de spiritualité, cette recherche spirituelle que je revendique, a été naturellement encadré par la religion dans laquelle j’ai toujours baigné. Ma foi est catholique, parce que c’était évident que ça ne pouvait pas être autre chose, vu l’environnement.

[…] Mais ce silence ne peut plus durer, car il est pénible à vivre. En effet, la manifestation qui a lieu en ce moment même révèle à quel point mes coreligionnaires peuvent se montrer intolérants et rétrogrades, dans le cas présent en faisant preuve d’une homophobie qui ne dit pas (toujours) son nom.

J’ai de nombreux amis et collègues homosexuels. Je ne me sens pas le droit de leur interdire le mariage civil. Qui serais-je pour leur interdire cela ? De quel droit pourrais-je décider cela ? L’article premier de la déclaration universelle des droits de l’homme indique-t-elle que “Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits (sauf les homos)” ? Non.

Je crois au respect de l’autre quel que soit sa couleur de peau et son orientation sexuelle. C’est une valeur fondamentale pour moi, en tant que citoyen et en tant que croyant. Que d’autres, se revendiquant de la même religion, aient un réflexe de rejet, d’homophobie, une contraction morale, une telle attitude réactionnaire m’afflige et m’indigne au plus au point.

Être catho en 2012 n’était pas facile. En 2013, c’est devenu beaucoup plus difficile.

Et d’ailleurs, je me demande si je me reconnais désormais sous ce terme. En d’autres lieux, en d’autre temps, ma recherche spirituelle aurait pu s’orienter vers d’autres religions ou d’autres philosophies. Faut-il que je continue à m’accrocher au catholicisme ? J’y ai rencontré des personnes formidables, respectueuses de l’autre. Il serait fort dommage que les gens ordinaires qui vivent leur foi catholique sans bruit et de façon authentique et généreuse soient mis dans le même sac qu’un groupe bruyant animé par la peur et exprimant l’intolérance. Alors aujourd’hui, je suis toujours catho, juste encore un peu moins fier de l’être.

StandBlog : “Mon coming-out”.

Être catho, ce douloureux problème…

Tristan me semble très lucide sur le fait qu’être catholique est juste le fruit d’un conditionnement social et d’un enrégimentement précoce dans une structure autant coercitive qu’anachronique qui se veut monopolistique de la quête spirituelle. Le doute s’installant, je le vois bon candidat à l’apostasie et j’imagine qu’il y a mille façons de se vivre chrétien en dehors de la doctrine catho.

Le catholicisme est une version propriétaire d’un logiciel libre, le christianisme.

Désinstallation en cours…

Degré de liberté

C’est un exercice très difficile de pouvoir conserver une certaine liberté de parole sur des sujets qui représentent des conflits d’intérêts pour l’organisation qui vous emploie. Peu importe les précautions oratoires que vous prenez en amont, les personnes le sortiront du contexte dans lequel vous l’avez cité. Imaginons que Tristan pousse la chansonnette un peu plus et que cela crée des vagues au niveau de la direction de Mozilla, du financement de Mozilla par Google, etc. Et qu’au final, Tristan perde son emploi chez Mozilla. Qui est le vrai perdant ? La liberté ou Tristan (et sa famille). D’autre part, s’il perd son emploi, il n’est justement plus cette personne médiatique que les personnes voudraient voir défendre les intérêts de la vie privée.

Je suis sûr que c’est douloureux pour Tristan, mais son dernier billet est justement indépendant. Il explique la limite, ses limites. Je suis à peu près sûr que Tristan trouvera également d’autres façons de partager son désir de plus lisibilité des enjeux de l’opacité sur le Web.

Ne tirez pas sur l’ambulance. La visibilité publique est parfois un fardeau.

Karl & Cow - Le carnet Web : “Suis-je vraiment libre ?”.

Shebam ! Pow ! Blop ! Wizzzzz….

Je sais bien que mes amis Karl ou Guillaume, et sans doute plein d’autres silencieux, trouvent tout cela insignifiant et sans intérêt. Mais, que voulez-vous, en tant qu’observateur attentif du microcosme, et en particulier se sa blogogeosie, tout cela me fait bien rire (surtout quand je ne suis pas acteur de la polémique, il faut le préciser).

Après m’être fait traiter de tous les noms par Monsieur le Président de Mozilla Europe (mais ce n’est pas lui qui le dit), voici maintenant Monsieur le Trésorier de la même organisation qui me traite de boucher bronzé, de médiocre gesticulant autour d’une pensée vide comme une coquille de noix, de lâche (commentaires) car il est vexé de ne pas avoir été invité à intervenir au Senat et que je n’ai pas daigné répondre rapidement à sa question sur son blog. Du coup, sa majesté philosophe, méprise et se retire.

J’utilise Firefox et Thunderbird et les apprécie chaque jour plus, le premier aspect négatif que je découvre est votre attitude incompréhensible vis à vis de moi.

Loïc Le Meur.

Bon, heu, mercredi prochain, c’est Paris Carnet ! Et peut-être même qu’il y aura le Président de Mozarella Europe

Tristan & Loïc

Voilà une journée blogosphérique comme je les aime, avec plein de polémiques et débats !

Ainsi, Loïc Le Meur publie aujourd’hui une (très) longue réponse à Tristan Nitot. Connaissant les gabarits physiques respectifs des forces en présence, j’aurais bien imaginé un combat de lutte gréco-romaine dans la boue. Hmmm… Oups, je m’égare…

C’est assez posé et pensé, ce n’est plus le même Loïc qu’il y a un an. Mais, il faut savoir que Loïc est désormais coaché par un conseiller expert es blogobille honoris causa, qu’il consulte régulièrement par IRC. Et on dit qu’on apprend avec l’expérience…

Faudra juste qu’il oublie l’avis de son “juriste” qui, aux dires d’un autre qui m’est proche, ne vaut pas tripette. Et qu’il oublie ses menaces, plus ou moins voilées, de recours à la justice. Ça donne une image de lui peu flatteuse, du style : “ne me touche pas, je vais le dire à la maîtresse”, surtout quand les faits constitués sont, somme toute, assez anodins.

Nous apprendrons également, au détour de ce billet fleuve, que LLM me “respecte énormément”… J’en prend note. Et j’imagine que certains vont me classer, à lire cela, dans le clan des “tous-pourris-avec-LLM”. ;-)

La question qui émerge de ce débat est : “doit-on avoir peur du grand méchant loup Loïc Le Meur ?”