Le tribunal de Turin a publié lundi les considérants du procès Eternit. Il en ressort que les industriels suisse Stephan Schmidheiny et belge Louis de Cartier connaissaient la nocivité de l’amiante mais n’ont rien fait pour y remédier.
Les deux hommes ont été condamnés à seize ans de prison en février pour la mort de milliers de personnes dans les quatre usines italiennes du groupe Eternit S.p.a. Gênes. Dans les 733 pages de considérants, le tribunal juge que leur comportement a été marqué par « une tromperie d’une gravité extrême ».
MM. Schmidheiny et de Cartier - considérés par l’accusation comme les dirigeants de la société - avaient connaissance des problèmes liés à l’amiante, écrivent les juges piémontais, citant en particulier une étude datant de 1968.
« Malgré tout », ils ont continué et n’ont pas cru devoir agir pour améliorer l’environnement de travail et limiter la pollution dans les usines du groupe. Au contraire, les accusés ont « cherché à cacher et à minimiser les effets nocifs » de l’amiante « pour l’environnement et pour les personnes », ajoute le document.
Selon les juges, « aucune circonstance atténuante ne peut être retenue, car il semble évident que les accusés ont agi en exécution d’une même volonté criminelle ».
Tribune de Genève : “Procès Eternit : Les accusés ont dissimulé la nocivité de l’amiante”.
Les Indiens, déjà, il y en a trop, alors quelques-uns de plus ou de moins… Ensuite, la pollution, ils y sont habitués, c’est presque un mode de vie, alors un peu plus, un peu moins, ça ne les change pas trop.
Alors au Québec, nous sommes fiers (on aime bien être fiers au Québec) d’aider l’Inde à lutter contre la surpopulation (bon, on le sera peut-être moins dans dix ou vingt ans quand certains Québécois seront traduits devant un tribunal pénal international pour crime contre l’humanité).
The Daily Show with Aasif Mandvi.
Je propose de créer le Prix Steve McQueen pour honorer les assassins et autre criminels de l’amiante.
Sont nominés pour le Canada :
Entre l’exploitation de l’amiante et celle des sables bitumineux, entre la destruction de la forêt boréale et les ravages des barrages hydro-électriques, le Canada a un des bilans environnementaux les plus calamiteux parmi les grandes nations. Les provinces d’Alberta et du Québec se montrent particulièrement actives dans la destruction de l’environnement et dans la mise en danger de la santé humaine.
[…] Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, réitère la position de son gouvernement : si des rapports « disent qu’il y a des maladies liées à l’amiante », il n’en reste pas moins que son utilisation peut se faire de façon sécuritaire. Ses propres chercheurs estiment pourtant que, même au Québec, l’utilisation sécuritaire de l’amiante est impossible.
« Nos études nous montrent que le Québec éprouve des difficultés à contrôler l’exposition dans les secteurs des usines qui fabriquent des produits en amiante et dans le secteur de la construction », explique le Dr Louise deGuire, médecin conseil à l’Institut national de Santé publique du Québec.
[…] La question a également ressurgi au cours de la récente mission économique québécoise en Inde, il y a une dizaine de jours. Des dirigeants de la Trade Union Centre of India, puis de la Building and Wood Workers International, des centrales syndicales représentant plus de 2 millions de travailleurs, ont tour à tour interpellé Jean Charest sur les dangers du chrysotile.
Accusant le Québec d’être irresponsable parce qu’il exportait un produit cancérigène, ils ont réclamé qu’il en fasse cesser les exportations. Un des dirigeants a estimé que près de 25 % des travailleurs indiens exposés à la poussière d’amiante développent des maladies pulmonaires, comme l’amiantose ou le mésothéliome.
Le syndicat avait aussi indiqué que 94 % des emplois, en Inde, sont des « petits boulots » où il est difficile de faire respecter des normes de sécurité. Jean Charest a rétorqué qu’il revenait au gouvernement indien de légiférer de manière à protéger les travailleurs qui doivent travailler avec de l’amiante chrysotile produit dans la province.
L’American Journal of Industrial Medecine vient par ailleurs de publier une enquête qui montre que l’amiante qu’exporte le Québec a aussi des conséquences dévastatrices sur la santé des travailleurs mexicains.
Radio Canada : “Charest accusé de travestir la vérité”.
[Québec > scandale de l’amiante.]
La Presse a appris que des employés du secteur de l’amiante se préparent à manifester leur colère contre le Québec, lundi prochain à Bombay. Avec l’appui d’importants syndicats, ils entendent demander eux aussi la fin de l’exportation de l’amiante en Inde.
« Des travailleurs et d’ex-travailleurs des usines qui reçoivent l’amiante du Québec, des centrales syndicales et des groupes d’appui aux travailleurs de Bombay et d’Ahmedabad participeront à la manifestation », a confié par courriel la militante Madhumita Dutta.
« Le message au premier ministre: cessez d’appuyer l’exportation de ce produit toxique », a-t-elle indiqué.
[…] En parallèle, les scientifiques entendent profiter de la mission économique de M. Charest en Inde pour accroître la pression sur le Québec. Dans une lettre transmise au cabinet du premier ministre, hier, 106 experts de tous les horizons, provenant de 28 pays, exigent la fin de l’exportation d’amiante en Inde et dans l’ensemble des pays en développement.
[…] On trouve parmi les signataires des professeurs de la Chine, de la Corée ou encore du Brésil, des experts de santé publique de l’Australie, du Liban et de la Suède ainsi que des Canadiens comme la professeure d’épidémiologie de McGill Abby Lipman et Fernand Turcotte, professeur émérite de médecine à l’Université Laval.
La lettre souligne ce que les experts voient comme une contradiction: le Québec dépense des millions de dollars pour enlever l’amiante des écoles, des hôpitaux et des bâtiments gouvernementaux, mais il encourage l’exportation de ce « produit dangereux » vers les pays du tiers-monde. « C’est une ligne de conduite indéfendable », note-t-on.
La Presse, François Cardinal : “Amiante : l’Inde attend Charest de pied ferme”.
Radio Canada a diffusé un reportage de Catherine Kovacs sur l’amiante le lundi 7 décembre 2009. Certains journalistes québécois participent activement à la désinformation en faveur de l’amiante.
Lire “Amiante et désinformation sur Radio Canada”.
Le Canada continue d’exporter de l’amiante, essentiellement vers des pays en développement, malgré plusieurs études faisant état du risque cancérigène de l’amiante. Le nombre de cancers liés à l’amiante est d’ailleurs en hausse. Selon Statistique Canada, le mésothéliome, une forme de cancer virulente causée essentiellement par l’exposition à l’amiante, a tué 32 % plus de Canadiens en 2005 qu’en 2000.
Selon les experts, les personnes atteintes d’une maladie reliée à l’amiante après y avoir été exposées la développent dans une période de 25 à 40 ans. Ils prédisent donc que le nombre de décès continuera de grimper pendant plusieurs années.
Des dizaines de spécialistes de la santé ont par ailleurs envoyé une lettre, mercredi, à la ministre fédérale de la Santé, Leona Aglukkaq, dans laquelle ils réclament un resserrement des normes encadrant l’exposition des travailleurs à l’amiante.
L’industrie québécoise de l’amiante affirme que le minerai qu’elle extrait est parfaitement sécuritaire lorsque certaines précautions sont prises. Le gouvernement du Québec, le Bloc québécois et le Parti conservateur fédéral défendent la même position.
Radio Canada : “Un rapport qui dort dans les tiroirs”.
Précédemment sur nos ondes :
Le gouvernement québécois compte un ministre originaire de Thetford-Mines, Laurent Lessard, député provincial de la circonscription de Frontenac, incluant Thetford Mines.
Le gouvernement canadien compte un ministre originaire de Thetford-Mines, Christian Paradis, député fédéral de la circonscription de Mégantic-L’Érable, incluant Thetford Mines.
Laurent Lessard était encore présent à une conférence du Mouvement ProChrysotile québécois le 29 novembre dernier (source Le Soleil) et s’est souvent illustré dans la défense de l’exploitation de l’amiante au Québec, qualifiant les travaux scientifiques de “rapports de bonne femme” jetant le discrédit sur la région de Thetford Mines.
Christian Paradis se vante d’avoir “toujours défendu fermement l’industrie du chrysotile et ses travailleurs”.
Michael Ignatieff, chef du Parti libéral du Canada, s’est prononcé contre l’exploitation et l’exportation de l’amiante.
L’Association médicale canadienne, la Société canadienne du cancer, l’Organisation mondiale de la santé et le Congrès du travail du Canada demandent que l’amiante chrysotile soit interdit.
En France, Joseph Cuvelier, l’ancien dirigeant d’Eternit , l’un des principaux fabricants de matériaux en amiante en France, a été mis en examen mardi 24 novembre pour “homicides et blessures involontaires”. Joseph Cuvelier a été longtemps l’un des acteurs de la stratégie de lobbying qui visait à minimiser les dangers et à retarder l’instauration de mesures réglementaires de protection de la santé.
Peut-être qu’un jour viendra où messieurs Lessard et Paradis auront à répondre de leurs actes, de même que le Parti conservateur et le Bloc Québécois.
Le Canada promeut toujours l’exploitation et l’exportation de l’amiante extraite au Québec. Mais cette idyle pourrait bientôt se terminer, indique The Economist.
“Pendant plus de dix ans, des ouvriers en combinaison de protection ont percé les plafonds et les murs du Parlement canadien pour enlever l’amiante qui s’y trouvait. Ce travail cher et monotone avait un objectif, protéger la santé des parlementaires. L’amiante cause le cancer des poumons et le mésothéliome, un cancer encore plus grave. Ce risque a déjà poussé plusieurs pays à interdire l’amiante”, rappelle The Economist.
Mais le Canada s’y refuse toujours et continue d’exporter de l’amiante en Asie.
[Le Québec vu d’ailleurs, Marc-Olivier Bherer : “Un étrange amour pour l’amiante”.]
Le gouvernement du Canada semble avoir calculé qu’il est préférable pour l’industrie de l’amiante du Canada d’agir dans l’ombre comme les marchands d’armes, sans égard aux conséquences mortelles.
[Communiqué de l’Association médicale canadienne.]
Combien de Québécois ont défendu leur amiante, en toute bonne foi… Intoxication médiatique des masses par des lobbies, des hommes politiques malléables et des syndicats ambivalents. Mais les vents tournent. Les voix des jusqu’au-boutistes se font de plus en plus inaudibles à mesure du marché toxique se rétrécissant de jour en jour.
Grâce à Stephen Harper, premier ministre conservateur récemment ré-élu, le Canada va peut-être enfin renoncer à empoisonner certains pays du tiers monde.
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P.S.
Le Canada dépense des centaines de millions pour débarrasser le parlement d’un minerai cancérigène… dont il continue pourtant à faire la promotion active auprès des pays du tiers-monde. « C’est trop mortel pour les députés, mais c’est acceptable pour les Indiens ou les Bangladais », s’indigne le député Martin, lui-même ancien mineur d’amiante au Yukon.
La mine est fermée, comme bien d’autres au pays. Aujourd’hui, l’industrie canadienne de l’amiante se concentre dans les mines québécoises de Thetford Mines et d’Asbestos, où elle ne génère plus que 700 emplois — 10 fois moins qu’il y a 30 ans. Le Canada n’en demeure pas moins l’un des plus gros exportateurs d’amiante au monde. Et l’un de ses plus fervents défenseurs.
[…] La position canadienne paraît pourtant de plus en plus indéfendable. L’Europe a banni l’amiante sous toutes ses formes, y compris le chrysotile. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Organisation internationale des travailleurs prônent son interdiction totale.
[…] Un rapport publié jeudi par l’Institut Rideau estime aussi que « l’industrie canadienne survit uniquement grâce à un mélange de science au rabais, de manipulation politique et de mépris pour la santé des travailleurs ».
L’Institut du chrysotile, un organisme financé par l’industrie — et largement subventionné par Québec et Ottawa — affirme plutôt que le minerai est inoffensif lorsqu’on l’utilise de manière « responsable et sécuritaire ».
[La Presse, Isabelle Hachey : “Amiante: cancers en stock”.]
Institut Rideau : “Comment le Canada exporte le mal” (PDF)”.
Les Québécois, manipulés depuis des décennies par le lobby pro-amiante, leurs médias et leurs gouvernements provinciaux et fédéraux complices, pouvaient encore croire aux bienfaits du chrysotile et à l’utilisation raisonnée de l’amiante. L’amiante est proscrite dans la plupart des pays industrialisés (dont toute l’Europe et les états-Unis). Résultat, Québec et Brésil exportent de l’amiante dans les pays du Tiers-monde, où; justement, il n’y a aucun usage raisonné de l’amiante.
Vendredi soir, un courageux reportage était enfin diffusé sur Zone Libre de Radio-Canada.
Réaction : “La mairesse d’Asbestos, Louise Moisan-Coulombe, a qualifié le reportage de Zone libre de « destructeur ». Celle qui est aussi conjointe du président de Mine Jeffrey se dit en désaccord avec l’angle du reportage, qui ne démontrait, selon elle, que le côté sombre de l’amiante.”
Il serait bien temps que le gouvernement québécois dise “stop, on arrête tout” et que le Canada reconnaisse les fautes passées et sa criminelle complicité. à quoi bon s’acharner pour une industrie déclinante, maintenue en vie à coup de subventions publiques ?
Rappelons que le Québec est l’endroit du monde où; l’on relève la plus forte incidence du mésothéliome pleural (hommes et femmes confondus). Sur 180 Québécois mourant d’accidents du travail chaque année, 60 sont des victimes professionnelles de l’amiante. En avril 2004, Ressources naturelles Canada a octroyé un montant de 775 000 dollars, sur trois ans, à l’Institut de l’amiante, le groupe de pression pour une “utilisation sécuritaire” de l’amiante. Le ministère des Ressources naturelles du Canada est également à l’origine d’une directive fédérale faisant la promotion de l’amiante non friable dans les travaux de construction fédéraux.