Journal de bord

samedi 7 février 2004

Jacques Dufresne en orbite

Constellation W3C :

Est-il nécessaire de rappeler le rôle déterminant qu’ont eu les grands projets hydroélectriques dans le développement du Québec au cours des cinquante dernières années? Ils ont donné un nouvel élan à notre grande firme d’ingénieurs et assuré la prospérité de nos alumineries; sur les chantiers éloignés une foule de travailleurs ont fait des économies qui leur ont permis de réaliser ensuite leurs rêves. Ces travailleurs étaient aussi des explorateurs qui s’appropriaient les nouveaux territoires au nom de l’ensemble de notre collectivité. Il en est résulté des tensions avec divers groupes d’Amérindiens, mais ces tensions ont été à l’origine d’ententes exemplaires entre nations. Mais c’est peut-être sur le plan symbolique que leur effet a été le plus déterminant. Nous nous sommes prouvé à nous-mêmes que le slogan de Jean Lesage avait un sens, que nous pouvions entreprendre de grandes choses et les réussir au point de devenir “maîtres chez nous”. Au même moment le gouvernement fédéral misait sur le nucléaire. Choisir l’hydroélectricité comme nous l’avons fait, c’était choisir l’autonomie et l’autosuffisance. [Réf.]

Oui, c’est ce que l’on peut lire sous la plume de Jacques Dufresne sur ConstellationW3C. Tant de lyrisme débridé, j’en reste un peu pantois. Et cela n’est qu’un court extrait au milieu d’un billet fleuve…

Bon allez, une petite couche en plus :

Les grands projets hydroélectriques avaient une portée immédiate limitée au Québec. À ces efforts a correspondu, sur le terrain politique et culturel, un nationalisme des ressources locales. Nous avons redécouvert notre littérature, donné une orientation nouvelle à notre musique au moment précis où nous avons appris à harnacher nos cours d’eau. Notre plus grande richesse demeure l’eau, mais cette eau est un bien commun de l’humanité, elle n’est pas seulement destinée à nous enrichir; nous devrons apprendre à en tirer un juste profit tout en faisant en sorte qu’elle contribue à satisfaire des besoins essentiels ailleurs dans le monde. Ne serait-ce que pour cette raison, nous avons intérêt à accroître notre rayonnement dans le monde, ce qui suppose que nous nous appropriions les cultures étrangères comme nous nous sommes approprié la nôtre au cours des dernières décennies du XXe siècle. En nous gardant bien toutefois de sous-estimer l’ouverture sur le monde dont nous avons fait preuve au cours de notre histoire.

M. Dufresne, c’est quoi votre portefeuille d’actions chez Hydro-Québec ? ;-) Mon lapin vigilant me fait remarquer à juste titre qu’il n’y a pas d’action de la société nationale Hydro-Québec, tout juste des obligations.

Je plaisante mais je pense quand même que M. Dufresne est un humaniste doux rêveur un peu exalté. Même si je crois avoir la plus grande sympathie pour le bonhomme.

Ah, les nouvelles technologies… quel miroir aux alouettes !

Loïc et son téléphone

J’aime bien mon commentaire sur le U-blogue exalté du Loïc : “Bienvenue dans la ploutocratie blogosphérienne.”

Cela résume exactement tout ce que je pense. La blogosphère n’est pas un joujou “social network nouvelle économie”. Il n’y a pas à se flatter de la puissance que peut conférer un blogue. Et d’une manière générale, ce billet empreint d’autosatisfaction un peu béate (à la suite de nombreux autres) m’a profondément agacé.

PS. Lire aussi Berewt : La démocratie et le blog.

PS. Faudra que je creuse : pourquoi l’arrivée des marchands du temple dans la blogosphère a le don de m’irriter à ce point ?

PS. 08 février : Mise à jour qui à son importance. Loïc Le Meur a très substantiellement modifié son article, mon commentaire n’a plus de sens sous son billet ré-écrit.

1. Le 7 février 2004,
Loic Le Meur

Moui ? Peux tu élaborer sur “ploutocratie” ?! ;=)

2. Le 7 février 2004,
Laurent

Oui, fatuité par exemple, ou encore abus de pouvoir. Je te cite : “Et voila l’illustration parfaite du phénomène des blogs et de leur puissance” alors que tu es cul et chemise avec des dirigeants d’Orange.. Redescents sur terre et un peu d’humilité. La blogosphère n’est pas le joujou “social network nouvelle économie” que tu crois.

3. Le 7 février 2004,
Loic

On va bien voir…

Tu sais quand j’ai repris ublog on m’a aussi annoncé un départ massif de tous et nous approchons les 10 000 inscrits (actifs ou inactifs certes mais environ 40% d’actifs) alors les prédictions…

4. Le 7 février 2004,
Laurent

Permets moi de douter de la viabilité économique de U-Blog. Mais souhaitons que je me trompe.

5. Le 7 février 2004,
Laurent

Supposons que tu ais 1000 blogueurs actifs et payants (soit au moins 4 fois plus qu’aujourd’hui), cela te fait un CA mensuel de 4000 € ttc (4 euros mois). Cela permet à peine de créer deux postes au SMIC et de payer l’hérbergement.

6. Le 7 février 2004,
karl

+1 avec Laurent.

Marchands du temple, c’est moins agressif que boucher ?

Blah ? Touitter !

Dufresne suite

L’exaltation lyrique de M. Jacques Dufresne chez ConstellationW3 fait des émules.

Cette expression, “Baie James de l’information”, m’habite depuis que je te l’ai entendu prononcer. D’ailleurs, ce n’est pas la première fois qu’une de tes trouvailles m’obnubile. Ce texte, enfin, vient éclaircir “le ciel” au dessus du terroir de ce concept. Tu me sais déjà mobilisé par ce chantier; “la richesse naturelle” de ton texte n’a d’égale que le “déficit intellectuel” de nos incapacités à apprendre de nos “classiques”. Longue vie aux idées du précurseur que tu es. [Mario Asselin.]

J’avoue que j’ai un peu de mal à suivre. Ou alors je n’ai pas tout compris (manque de québécitude ?).

1. Le 7 février 2004,
Mario Asselin

Jacques Dufresne est un philosophe à la personnalité intense. Il est un personnage coloré (comme il y en a chez vous) et ses écrits ont le don de m’inspirer. Tu as probablement lu sur mon carnet qu’il a influencé le développement de ma pensée pédagogique ? Pour “mieux suivre” (remarque que ce n’est pas forcément obligé; tu n’est pas reconnu comme “suiveux”!!!). Pour ce qui est de la “Baie James”, cela évoque une période de notre histoire, au Québec qui nous a fait entrer directement dans l’ère moderne. (Consulte ce document pour en savoir plus…)

Enfin, loin de moi l’envie de justifier mes propres exaltations, mais les enjeux que soulèvent le texte de Jacques sont énormes. L’information ambiante ici est anglophone… Les sources d’information et de connaissances dans la langue de Molière sont rares et franchement, pauvres; quand tu cherches à conserver (et à faire conserver) ta culture et ton patrimoine, tu te dis que la construction d’un “barrage de la connaissance” pourrait bien te faire entrer directement dans l’ère du numérique. On en a grand besoin…

Et puis, le texte est si bien écrit, tout simplement Laurent…

2. Le 7 février 2004,
Mario Asselin

Je me rends compte qu’une phrase est restée “pendante”; je la complète. Pour “mieux suivre” (remarque que ce n’est pas forcément obligé; tu n’est pas reconnu comme “suiveux”!!!), je te suggère de relire certains de mes billets où il est question d’Allan Bloom ou de l’Agora ou de Jacques tout court (je commettais d’ailleurs ce billet récemment…

3. Le 7 février 2004,
Laurent

Merci infiniment pour cette mise en perspective. Mais je ne suis sans doute pas assez empreint de “québécitude” pour en juger les enjeux, ni même bien les entrevoir, et je me suis arrêté sur cette expression lyrique, que, pardonne-moi, je trouve par moments un peu grandiloquente. Vu de l’extérieur, ce texte me fait un peu l’effet d’un ovni, d’un plaidoyer décousu peu facile à comprendre. Bref, Jacques Dufresne ne me “parle” pas (mais sans doute n’avait-il pas d’intention à l’universalité).

D’autre part, je suis d’un naturel plein de scepticisme et de pessimisme, et j’avoue que je trouve ce texte un peu trop coloré de rose (façon les lendemains numériques qui chantent). D’ailleurs, je n’ai sans doute pas vraiment ma place à ConstellationW3.

“Et puis, le texte est si bien écrit, tout simplement Laurent…”

Je n’en disconviens pas du tout :-)

4. Le 7 février 2004,
Martine

De la québécitude, j’en ai une bonne dose il me semble, mais je ne “suis” pas très bien cette envolée moi non plus. Je pense que c’est davantage une question de goûts d’un niveau personnel plutôt que “d’identité nationale”. Ou bien c’est moi qui fais une très mauvaise québécoise…

Blah ? Touitter !

Capitaine Bonhomme, le retour ?

Vous aurez sans doute remarqué que je découpe maintenant mes entrées quotidiennes du journal de bord en plusieurs entrées. Cela fait suite aux réclamations de plusieurs… Comme quoi, même si je refuse d’abord, je me laisse faire ensuite…

Par ailleurs, les commentaires sur mon billet Dantec me laissent un peu songeur. Je m’étais un peu promis en créant Embruns d’éviter autant que possible les billets d’opinion vitriolés qui étaient ma marque de fabrication sur Navire, afin de ne pas laisser prise à tous les dingues qui fréquentent le Web et avoir un peu de repos. D’un autre côté, j’ai aussi du mal à faire taire le “Capitaine Bonhomme” qui sommeille en moi…

1. Le 8 février 2004,
Pierre CARION

Comme on dit dans le bas-Morvan: “un petit coup de temps en temps, cela ne peut pas faire de mal”

2. Le 8 février 2004,
O.

T’as qu’à faire comme moi : des billets engagés sur un truc que personne ne lit :) Apparemment, j’ai tout de même deux fans de Dantec chez mes lecteurs, et un paquet de gens qui l’ont lu et en sont revenus.

3. Le 9 février 2004,
wam

“Comme quoi, même si je refuse d’abord, je me laisse faire ensuite…” : si ça ne laisse pas songeur, ça …

plus sérieusement, si tu faisais comme tu le sens avant toute chose ?

4. Le 9 février 2004,
Laurent

Je veux dire que si les arguments sont bons, je me laisse convaincre, mais avec retard…

5. Le 10 février 2004,
wam

j’entends bien, Laurent. Sans doute mon esprit (très) mal placé. OK, je sors, désolé… :)

6. Le 10 février 2004,
Laurent

OK, autant pour moi ;-)

Blah ? Touitter !

EgoTrip

Laurent Gloaguen est indispensable. Ce n’est pas moi qui le dit… Et avec mes 6 fans sur Orkut et François qui écrit “Un monument, un phare, une muse, que dire !”, mon ego se trouve actuellement sur-vitaminé.

PS. J’aimerai bien savoir qui m’a noté comme “super sexy”…

1. Le 7 février 2004,
Le lapin

Moi aussi ! J’aimerai bien savoir d’où vient la compétition?

2. Le 7 février 2004,
karl

;)

Blah ? Touitter !

Retour de bâton

Retour de bâton. Voilà ce que je découvre en tête de page chez MIF : “Support Dantec, France’s most pro-American writer and current target of a French leftist witch hunt. Contact his publisher! - Tenez bon devant la chasse aux sourcières de la gôche franchouille. Ecrivez à Gallimard pour soutenir Dantec!”

Avec justement l’adresse de courriel que j’indiquais hier (dir-marketing@gallimard.fr) ! Merde (c’est le cas de le dire).

1. Le 7 février 2004,
Philippe

J’ai vu ça il y a 1 semaine chez lui avec une adresse qui pointait sur la série blanche et ensuite sur la série noire.

Blah ? Touitter !