Journal de bord

vendredi 6 février 2009

Mêlé dans la pelotte

J’y vois surtout un fait plus sociologique : ce député qui se veut le chantre de l’amitié franco-québécoise estime que le Québec est forcément exotique (peuplé de rudes bûcherons et trappeurs à chemises à carreaux qui sacrent tout le temps), que les expressions québécoises sont forcément toutes savoureuses et anciennes, que pour s’adresser à des Québécois il faut établir la complicité par l’emploi des savoureuses et anciennes expressions québécoises, comme lorsque les colons s’efforçaient de parler petit-nègre face aux Africains, car c’était se mettre à la portée de compréhension de ces grands enfants, ou comme certains hommes politiques français emploient un faux verlan pour s’adresser aux populations de banlieue. Peu importe qu’on lui ait joué un mauvais tour ou qu’il révèle son ignorance du parler québécois : ce qui est plus important, ce sont les présupposés à la base de ce genre de discours. Vouloir faire couleur locale à tout prix par le discours quand on est face à quelqu’un d’ailleurs, c’est le renvoyer à son étrangeté, nier qu’il ait lui aussi des codes sociaux aussi hiérarchisés que les siens, s’imaginer que l’autre s’exprime en toutes circonstances dans une langue familière unique, qu’il comprend alors bien mieux que si on lui parle en français standard et qu’il attend une certaine dignité ou une forme de respect par le niveau de langue utilisé. Réduire l’autre à ce qu’il a de pittoresque et de prétendument charmant dans son parler est une manière de le méconnaître.

[Le Petit Champignac : “Encore un grand malentendu avec le Québec“…]

À mon grand désapointement, le Québec n’est pas peuplé de rudes bûcherons et virils trappeurs à chemises à carreaux (sauf peut-être du côté de la rue Sainte-Catherine, à hauteur du Stud Bar, mais ce n’est que des fake…), toutes les expressions québécoises ne sont pas savoureuses ni anciennes (beaucoup sont en fait des anglicismes), et l’exotisme est une perception qui ne dure qu’un temps (c’est la France que je commence à trouver exotique…).

Contrepêt du jour : “La flotte de la Reine est prête”, ce que nul ne doute.

1. Le 6 février 2009,
C’est Raoul

Très bonne analyse!

Mais il parle duquel des 2 abrutis? Sarkozy ou l’autre?

3. Le 8 février 2009,
Martine

J’ose à peine imaginer ce que ça aurait donné s’il avait dit ça à une femme au lieu d’un homme.

(J’en ris encore. C’est d’un ridicule!)

Blah ? Touitter !

Perle du jour

Le directeur du Nouvel Observateur, Denis Olivennes, déclare :

M. Sarkozy “confond le site du Nouvel Obs qui avait eu l’affaire du SMS et le journal qui a une longue expérience sur toutes ces pages étrangères qui sont absolument reconnues, crédibles”, a-t-il poursuivi.

Ah, bien, oui, il ne faut confondre les torchons et les serviettes… Et puis, Airy Routier n’a rien à voir avec l’hebdomadaire, pendant qu’on y est… Internet, c’est pas fiable, c’est aps crédible, c’est bien connu.

Abécédaire

The Gay Alphabet.

Dessin du jour

Casse toi vieux connard.

(Dessin André-Philippe Côté, Le Soleil.)

1. Le 11 février 2009,
Manu

C’était pas “casse toi, pauv’ con” ?

Blah ? Touitter !

TGV Québec-Montréal

Le bourgmestre Freddy Thielemans lui a raconté que depuis la création de la ligne de TGV Paris-Bruxelles, de jeunes Parisiens ont commencé à s’établir à Bruxelles où le coût des maisons est moitié moins cher qu’à Paris. Un mouvement significatif, dit-il.

À 300 km/h, on peut faire Paris-Bruxelles en 80 minutes de centre-ville à centre-ville. Moins de temps que beaucoup de navetteurs pour entrer à Paris.

Le maire Labeaume a vite fait le calcul. Un TGV qui mettrait Québec à 55 minutes de Montréal pourrait inciter des Montréalais à s’établir à Québec. Les maisons y sont moins chères et la qualité de vie, intéressante.

Et puis passer une heure assis confortablement dans le train est certainement plus agréable qu’une heure assis dans le trafic. On se lève, on va au wagon resto, on retourne s’asseoir, on dort si on préfère.

Et comme si ce n’était pas assez, M. Thielemans a expliqué que ce sont surtout les jeunes de 25 à 35 ans qui choisissent d’aller habiter à l’autre bout du TGV.

[Le Soleil, François Bourque : “TGV, l’expérience bruxelloise attirante”.]

J’en parlais déjà en 2003

1. Le 6 février 2009,
Dam

En même temps une liaison rapide et régulière le long d’un court d’eau (donc pas vraiment d’obstacle) ça parait un peu évident à bcp … maintenant c’est vrai que les conditions climatiques ne sont pas les mêmes qu’en France (le coup des rails trop glissant pour avancé ça pourra pas passer)

2. Le 6 février 2009,
Guy Verville

Et tu avais raison de dire que ce ne sera pas demain la veille…

3. Le 6 février 2009,
Celui

Sans compter qu’en première, nous avons internet à haut débit dans le Thalys. Mais pour pouvoir vraiment commuter entre Paris et Bruxelles, il manque des trains tard (départ vers 23h30)

4. Le 6 février 2009,
brem

Pour nos copains français, vous devez réaliser que l’alternative à un TGV (inexistant), c’est le train “normal”, qui prend 2h30 à faire le trajet, ou la voiture, qui prend 2h45 ou l’avion, qui prends 45 minutes. Évidemment, l’avion est le plus rapide, mais aussi le plus coûteux. Le TGV pourrait offrir une alternative avantageuse en temps et en argent.

5. Le 6 février 2009,
Dominique

Economie en argent : lorsque l’on peut réserver longtemps à l’avance en connaissant ses dates de départ et de retour et en sachant trouver le meilleur moment pour réserver. Ne s’adresse surtout pas aux abonnés des lignes régulières qui ont vu leurs tarifs augmenter de 50 %. Ne s’adresse pas non plus à ceux qui réservent en dernière minute et qui payent plein tarif pour voyager debout car étant en sur-réservation. Economie en temps : on en reparlera pour la ligne Est où toutes les gares TGV sont à plus d’une demi-heure des centre-villes, voire situées en rase campagne au milieu des betteraves, parfois sans navette (gare Meuse, par exemple, entre Verdun et Bar-le-Duc, dans l’un des plus grands déserts français).

6. Le 6 février 2009,
Gru

en tant que français exilé, je confirme, Bruxelles est peuplé à 40% de français, 30% de belges, et le reste c’est italiens, portugais, croates, flamands, bulgares, roumains, marocains, tunisiens et autres gens qui ne parlent pas la même langue que moi.

et je ne parle même pas du quartier des institutions européennes.

Un vrai fléau, on est plus chez nous.

En conclusion, ne venez pas! C’est moche, il pleut tout le temps, les gens sont méchants et alcooliques, les trottoirs glissants et il ne s’y passe rien.

7. Le 6 février 2009,
Benoit

C’est juste les 40% de français qui sont méchants (et alcooliques ?).

Mais les 60% restants sont très bien :)

8. Le 6 février 2009,
Maxime

Uccle-La Défense : trajet de 2h30, environ 100 € le trajet en deuxième classe (même avec un ’abonnement’). Ce n’est pas praticable quotidiennement, il y a autre chose. C’est la fiscalité de l’épargne qui est faible et qui attire les fortunes, ainsi que les nouvelles technologies qui permettent le télétravail. Les personnes concernées ne font pas le voyage tous les jours, et sont minoritaires.

Les Français qui vivent à Bruxelles, comme moi, travaillent aussi sur place. Le TGV facilite grandement l’installation, mais ce n’est généralement que secondaire. Bruxelles a d’autres atout pour nous faire venir. Et est demandeuse.

En effet, on a du mal a recruter du personnel qualifié francophone (pour le néerlandophone, je ne sais pas). Des chômeurs en wallonie, ça ne manque pourtant pas, mais des informaticiens (compétants) c’est introuvable… La faute à un terrible retard numérique en Belgique dont les élus belges sont grandement responsables. Investir dans l’éducation en Wallonie et détruire réellement le monopole de Belgacom serait donc plus utile qu’un TGV. Et plus utile que la cission d’un certain arrondissement (et les débats stériles qui vont avec). Mais il est vrai que si on éduquait le peuple, il serait plus difficile à gouverner aussi mal et pourrait demander des comptes à ses politiques corrompus.

Lille est à 220 km et 1h de Paris ; c’est une capitale régionale importante reliée à une capitale nationale. Demandez leur plutôt leur avis.

9. Le 7 février 2009,
Celui

En fait, je connais des gens comme moi qui vont à Paris régulièrement (disons 1 à 2 jours par semaine), mais personne qui commute tous les jours. En revanche, nous avons une post-doc qui habite à Paris et vient travailler à Bxl. Sachant que le labo est encore à 30 minutes de la gare, ça lui fait quand même un sacré trajet.

10. Le 7 février 2009,
Felipe

@ Dominique, #5 : la gare de Strasbourg est au centre-ville; Colmar et Mulhouse itou.

Merci de ne pas mélanger avec le cas lorrain (pléonasme). Les édiles lorrains n’ont fait que reproduire pour le TGV ce qu’ils avaient déjà réussi à rater avec l’aéroport: les conseils généraux 54 et 57 (Nancy et Metz) étant incapables de laisser cet aménagement à leur voisin ennemi, l’aéroport est entre les deux donc loin des deux … idem avec la gare TGV (enfin les gares TGV, il y a la provisoire et la future à 5 km de là).

Quand Clochemerle rencontre l’âne de Buridan :)

11. Le 7 février 2009,
Dominique

Feline : la gare de Strasbourg est au centre-ville; Colmar et Mulhouse itou.

Sauf que les lignes ne sont plus TGV depuis Baudrecourt (vous connaissez Baudrecourt, vous ?) et que le reste du trajet se fait sur des lignes ordinaires y compris pour les parties qui ne sont pas sur celles du tracé TGV-Est comme les gares de Mulhouse et Colmar qui auraient dû être desservies par un TGV Rhin-Rhône avec de nouvelles lignes de train ! Il ne faut pas tout mélanger : Strasbourg n’est toujours pas raccordé au TGV même si celui-ci y arrive comme à Charleville-Mézières ou Saint-Dié de la même façon qu’à Strasbourg, sur des voies ordinaires ! tout simplement parce que la deuxième partie du TGV-Est et le TGV Rhin-Rhône n’existent pas. On verra quand la deuxième partie du TGV-Est sera achevée (disons dans dix ans) où arrivera le TGV en gare de Strasbourg ; sans aucun doute à une heure de voiture vu les encombrements de l’agglomération.

12. Le 7 février 2009,
Maxime

Baudrecourt, ce n’est pas la frontière entre la France et l’Allemagne ? Voilà qui justifierait amplement d’arrêter le TGV là, pas besoin de desservir les Allemands ! (comment ça les frontières de 1870 n’ont plus cours ? Mais allez en Alsace, vous verrez, ils parlent tous Allemand la-bas !).

Le TGV arrive aussi en gares de Nancy-ville & Metz-ville (et Luxembourg). La SNCF a installé la gare de Lorraine-TGV pour ne pas choisir entre Nancy & Metz, mais en pratique les trains continuent d’aller dans le centre de ces villes (on fait juste les derniers kilomètres entre Lorraine-TGV & les préfectures concernées sur des rails ordinaires). Un peu comme le Thalys et l’Eurostar ne s’arrêtent pas non plus à la gare des betteraves bien qu’ils passent par là. Le choix de faire passer la LGV entre les 2 capitales régionales permet finalement de bien desservir les 2 villes.

Il est bien prévu que lorsque la LGV-est sera prolongée, que le TGV continue d’arriver en gare de Strasbourg et Colmar (pour Mulhouse aussi, mais Paris-Mulhouse se fera à terme par le sud via la LGV Rhin-Rhône). D’ailleurs s’il fallait critiquer la gare d’arrivée du TGV est à Strasbourg, je parlerai plutôt du choix architectural curieux d’enfermer l’ancienne gare (monument historique) dans une verrière… Et s’ils arrêtent le TGV Paris-Strasbourg à Vendenheim (ou mieux encore, à Mommenheim voire Ettendorf), j’en connais même que ça va arranger.

Par contre, certaines villes y perdent un peu avec l’arrivée du TGV. L’ancien corail permettait de bien relier les villes situés sur l’axe Strasbourg-Nancy-Paris entre elles. Le TGV c’est bien pour les capitales régionales, mais les villes de taille moyenne sont un peu délaissés (Saverne, Sarrebourg, Lunéville, etc..).

Celui: travailler à Bruxelles et vivre à Paris en prenant quotidiennement le Thalys ??? Tu permets que je m’interroges sur la santé mentale de la post-doc ? (prendre un meublé à Bruxelles pour ne pas faire autant d’aller-retour n’est pas une option envisageable ? j’en connais qui font ça).

Blah ? Touitter !