Journal de bord

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Comique de répétition

Ou air de déjà vu.

[Pour vous éviter de compter, il y en a 93.]

Los amantes pasajeros

¡Ya no puedo esperar! I’m so excited.

Lignes de fuite

Les Prédateurs

De Tony Scott, ce n’est pas Top Gun que je retiens, mais les ébats lesbiens entre Catherine Deneuve et Susan Sarandon dans son premier film, Les Prédateurs (The Hunger, 1983).

Je crois me souvenir encore des critiques de l’époque, on y condamnait la distribution aussi clinquante que disparate (Deneuve, Bowie, Sarandon) et surtout y fustigeait l’esthétique visuelle : c’était des images de pub.

Donc sale, forcément sale et commercial pour les chroniqueurs de Télérama ou Libération. Tony Scott ne pouvait pas faire de vrai film, puisque c’était un réalisateur de publicités. Et tout était réellement programmé pour faire vomir un critique se pâmant devant le cinéma nordique : sujet (vampires…), images, montage, bande-son, distribution…

De fait, ces commentateurs rataient la nouveauté, non en l’ignorant, mais en en faisant un défaut rédhibitoire, car c’est justement l’esthétique “pub-clip” allant durablement s’installer dans le cinéma qui faisait des Prédateurs un film précurseur, imposant une nouvelle imagerie cinématographique, au même titre que Blade Runner, sorti l’année précédente, dans l’univers de la SF dystopique. (Sans oublier pour la France, le Diva de Jean-Jacques Beineix, deux ans plus tôt, et le Subway de Besson, deux ans plus tard.)

Les Prédateurs était un film qui captait l’air du temps. Au-delà même des intentions de son auteur, la décrépitude accélérée, la transmission par le sang, les macaques rhésus sur lesquels Sarah Roberts expérimentait… Le même été, Paris Match titrait sur la “nouvelle peste” qui terrifiait l’Amérique, le SIDA. Mais bon, l’Amérique, c’était loin, nous allions profiter de notre été sur les mesures du second mouvement du trio op. 100 de Schubert, du duo des fleurs du Lakmé, et nous allions danser.

Le Miroir

Réalisation Ramon et Pedro.

Behind the scene.

P.S. Pour les rousses comme Gilda, je confirme : il s’agit bien d’Henri Dès… Pierrick est le fils d’Henri, et Zacharie le fils de Pierrick, le petit-fils d’Henri.

Distribution :

Metropolis en chiffres

Metropolis en chiffres

1927.

[Via The Cataloguer’s Desk: “A Rare Film Programme for Fritz Lang’s Masterpiece.”]

Lettre de Éric à Xavier

Cher Xavier,

Je te considère comme notre petit génie national lorsqu’on entre dans les sphères cinématographiques internationales.

Tes talents de comédien, scénariste ou réalisateur nous ont tous, à un moment ou un autre, épaté.

Jeudi dernier, tu sortais cependant de ta zone de confort pour t’égarer dans le monde politique. Tu signais une lettre d’opinion dans Le Devoir afin d’attaquer la plus récente publicité libérale qui montre Pauline Marois en train de taper des couvercles de chaudrons.

Que tu appuies le Parti Québécois, les carrés rouges et les casseroles, ça passe. Que tu descendes dans l’arène politique pour tenter d’utiliser ta notoriété d’artiste au profit d’intérêts ultra-partisans, passe encore.

Que tu traites cependant les citoyens qui votent différemment de toi d’imbéciles, là il y a des maudites limites.

Tu accuses les électeurs libéraux de suivre Jean Charest avec une « aveugle assiduité » et tu te demandes si « réélire ce gouvernement, n’est-ce pas admettre notre imbécilité consentante? »

Je n’ai personnellement JAMAIS voté libéral et j’espère ne jamais y être contraint. Cela étant dit, on vit en démocratie et les gens jouissent du privilège de choisir leurs élus. La règle de base est justement le respect de l’opinion de ceux qui pensent différemment.

Xavier, l’univers politique n’est pas le milieu culturel. Tu ne jouies pas d’une certaine immunité en raison de ta célébrité. Tu ne peux pas nous regarder tous collectivement de si haut, ni même démontrer autant de condescendance et de mépris pour le peuple, celui-là même qui paie tes subventions et son billet d’entrée pour visionner tes films.

Ta plus récente intervention politique donne l’impression que tu mords la main qui te nourrit, tout en souhaitant nous dicter comment voter.

Tant qu’à moi, tu peux ben te prendre pour le nombril du monde ou péter toute la broue que tu veux. Je dirais même que, du haut de tes 23 ans, ton côté décomplexé et égocentrique me plait. Ça prend du front tout le tour de la tête pour te rendre à Cannes avec ton dernier film et te dire déçu de te retrouver dans la section « Un certain regard » plutôt qu’en compétition pour la Palme d’Or. Bravo!

Parce que je suis aussi ignare en matière de cinéma que tu peux l’être en matière de politique, je ne te rendrai pas la monnaie de ta pièce et ne m’improviserai pas critique de Laurence Anyways. (En passant, notre langue maternelle n’est pas suffisamment riche pour te permettre de trouver un titre en français?)

Ce que j’analyse, moi, ce sont généralement les politiques publiques, les programmes gouvernementaux. Quand je calcule les montants en subventions et crédits d’impôt obtenus pour ton dernier film, de la part notamment de la SODEC et de Téléfilm Canada, j’arrive au chiffre de 400$ par spectateur.

Je ne sais pas si ça signifie qu’on a affaire à un navet qui enregistre un échec au box-office ou s’il s’agit d’un chef-d’œuvre inestimable et incompris du grand public.

Je vais laisser le soin aux « imbéciles » de contribuables de juger.

Sans rancune,

Éric.

Journal de Québec, Éric Duhaime : “Lettre à Xavier Dolan”.

Les films de Xavier Dolan font leur principal chiffre d’affaires en France. Pourquoi pas au Québec ? Je ne sais pas, peut-être parce que c’est un pays de morons comme Éric Duhaime. Nan, je plaisante…

Cependant… si j’en juge par les chiffres disponibles pour Laurence Anyways, le film a quand même récolté 283 814 $ sur les trois premières semaines au Québec, du vendredi 18 mai au dimanche 3 juin, avec 24 écrans ; même si c’est décevant pour ce film ambitieux, ce n’est quand même pas négligeable à l’échelle de notre province. Et si j’en crois Variety, ce chiffre serait monté à 369 126 $ aujourd’hui.

D’où sort ce chiffre de 400 $ de financement public par spectateur ? Si je multiplie les 30 726 spectateurs québécois par 400, j’obtiens 12 290 400 $. Or, il se trouve que le budget total du film n’est que de 9 400 000 $, dont le financement est en grande partie privé… Moi vouloir comprendre.

En outre, les deux précédents films de Xavier Dolan n’ont pas perdu d’argent et ont été vendus dans une trentaine de pays, preuve de leur intérêt international.

Des navets québécois, largement financés par l’argent public, qui ne trouvent pas leur public, perdent beaucoup d’argent, et qui sont absolument invendables à l’étranger, il y en a. Par exemple, L’empire Bossé, budget 5,5 millions, recettes 158 600 $, 19 554 spectateurs (sur 8 semaines, 56 écrans en première semaine).

Financements L’Empire Bossé : Lyla Films, SODEC, Téléfilm Canada, Société Radio-Canada, crédit d’impôt provincial et fédéral.

Financements Laurence Anyways : Lyla Films, MK2, Téléfilm Canada, SODEC, Société Radio-Canada, Canal+, Arte, CNC, Ciné+ et autres, dont le public avec Touscoprod (35 469 $).

Box Office québécois (hors documentaires), premier semestre 2012 :

Rang Film Salles Entrées
1 La peur de l’eau (polar - Gabriel Pelletier - Remstar) 27 39 540
2* Laurence Anyways (drame - Xavier Dolan - Alliance Vivafilm) 24 30 726
3 L’Empire Bossé (comédie - Claude Desrosiers - Alliance) 56 19 554
4 Rebelle (drame - Kim Nguyen - Métropole Distribution) 3 14 904
5 Roméo Onze (drame - Ivan Grbovic - Métropole Films) 5 3 400
6 Mesnak (drame - Yves Sioui Durand - K-Films) 3 1 031
7 Bestiaire (docufiction - Denis Côté - FunFilm Distribution) 2 339
8 The Hat Goes Wild (suspense - Guy Sprung - Filmoption International) 1 54
9* J’espère que tu vas bien (essai - David La Haye, Jay Tremblay) NC NC
10 The Girl in the white Coat (drame - Darrell Wasyk - Domino Films) NC NC

(* film encore en exploitation au 1er juillet.)

Laurence Anyways sort le 18 juillet en France. Vous pouvez toutefois le voir en avant-première jeudi prochain grâce à Yagg.

Bien sûr, je souhaite que ce troisième opus de Xavier rencontre le public en France, rien que pour donner une petite claque à ces morons de droite libertarienne qui chroniclownisent dans nos journaux de marde.

Rappelons aussi à Éric de La Haine que c’est avec des artistes comme Xavier Dolan que le Québec existe dans l’esprit des gens comme une nation créative sur la scène internationale, et même, existe tout court.

Mise à jour, 5 juillet : le fil a reçu un financement de 4,8 millions de la SODEC et de Téléfilm Canada. Le budget total est précisément de 9,43 millions de dollars.

Réponse de Xavier Dolan : “Cher Éric Duhaime…”.

Vous arriviez à 400 $ par je ne sais quelle démarche, M. Duhaime (même la totalité de mon budget divisé par le nombre total de spectateurs (38 000 environ) ne donne encore que 250 $ par spectateur), tenant pour acquis que le succès d’un film ne se mesure qu’à son box-office interne immédiat, et non à sa carrière en DVD, sur les écrans français, américains, canadiens et sur ceux des 30 pays où il a été acheté, et sur lesquels nous percevrons des recettes qui seront bien entendu perçues à leur tour par l’État qui ne fait aucun don, mais bien des investissements dont il récupère, au prorata, les bénéfices.

Pour un journaliste qui analyse les politiques publiques et les programmes gouvernementaux, soit votre calculatrice délire, soit vous désinformez votre lectorat. Vous omettez de l’instruire de ces informations-clés et lui offrez en pâture des données imaginaires qu’il est indu de lui soumettre comme il est indu de mettre dans ma bouche des mots dénudés de contexte, travestis par une analyse démagogique qui stagne au rez-de-chaussée de l’intelligence, alors que des gens boiront vos paroles et écriront ensuite sur les réseaux sociaux que maintenant que je les traite d’imbéciles, ils veulent se faire rembourser leur 400 $.

La dernière séance

2012-adam-slatter.jpg

Since 2008 i have been on an ‘almost’ one man quest to photograph and record as much of the UKs forgotten cinema and theatre heritage as possible before these amazing buildings are lost for ever.

Many of the buildings you see here have since been lost to the bulldozers but occasionally, with the help of enthusiasts and coprative owners and local authorities, they do get saved and the first step is often realising what is attulay inside them in the first place!

Flickr, Adam Slater : “Cinemas”.

La photo sur le mot “Fin
Peut faire sourire ou pleurer
Mais je connais le destin
D’un cinéma de quartier
Il finira en garage
En building, supermarché
Il n’a plus aucune chance
C’était sa dernière séance
Et le rideau sur l’écran est tombé.

Eddy Mitchell chante “La Dernière séance” (play back).

Adieu Pierre

Le Crabe Tambour

“Le Crabe-Tambour.”

Bye, Ennis Del Mar

Heath Ledger.

Les jeunes ne doivent pas mourir. Je viens d’apprendre la mort du jeune acteur australien Heath Ledger dans un appartement à Manhattan. Il paraît qu’il s’est suicidé. Quel gaspillage de talent. Je trouve ça tout à fait atroce.

Sale Bête : “In memoriam veram”.

As news of Mr. Ledger’s death made its way across the Internet, the Police Department issued a fairly terse summary of the death: “ON TUESDAY, 01/22/08, AT APPROXIMATELY 1530 HOURS, IN THE CONFINES OF THE 5 PRECINCT, POLICE RESPONDED TO 421 BROOME STREET AND FOUND A M/W/28 UNCONSCIOUS. THE VICTIM WAS PRONOUNCED DOA AT THE SCENE. M.E.’S OFFICE TO DETERMINE THE CAUSE OF DEATH. INVESTIGATION CONTINUES.”

The NY Times, City Room Blog: “Actor Heath Ledger Is Found Dead”.

Ennis Del Mar.

Triste.

Cinéma émétique

Cloverfield, le film catastrophe de Matt Reeves, fait vomir. Stricto sensu.

Un blogueur de Toronto raconte que plus d’une dizaine de personnes ont quitté la séance à laquelle il assistait et qu’il a aperçu des vomissements frais dans le corridor en sortant de la salle.

Avec ses analogies évidentes aux attentats du 11 septembre 2001, le film à petit budget raconte l’histoire d’un monstre qui attaque la ville de New York et celle d’un groupe d’amis qui tentent de saisir la catastrophe sur leur caméra vidéo.

Cineplex Odeon a affiché des messages à l’entrée de ses cinémas pour avertir les spectateurs que le maniement de la caméra dans ce film pourrait causer des malaises associés au mal des transports, similaires à ceux ressentis dans un manège.

It was also the most nauseating experience I had had in quite some time. (And that wasn’t because it was a particularly gory film. In fact, it was fairly tame.) Cloverfield just happened to be the shakiest piece of film I can recall having to endure. Period. If any of you out there have a problem with motion sickness, heed my advice: Take Your Dramamine!

Film Crunch, Veronica Santiago: “Cloverfield Warning: Take Your Motion Sickness Pills”.

I heard a woman behind me say she was glad she took Dramamine before the show. Had I known just how jittery the movie would be, I would’ve taken a whole package of ‘em. So, aside from the fact that I missed about 10 minutes of the movie because I was puking in the bathroom, and aside from the fact that the rest of the time I was viewing the movie either through my fingers or with eyes closed, what I did see I enjoyed quite a bit.

So Yummy: “Cloverfield, or Puke Fest 2008!”.

Well I’ve seen it now, and I can tell you what Cloverfield is: it’s the revolting, nauseating feeling you get in your stomach while watching all the maddeningly shaky handheld shots that compose the entire film. It makes Blair Witch look like it was shot with a steadycam. They must have given the actors direction like “good shot, but try shaking it more, we want the audience to feel distressed!”. Dozens of people left the theatre as the movie went on, which was good, because my friends and I needed to get farther from the screen to avoid vomiting in our free cloverfield branded gas-station mugs.

Jeremy Clarke: “I know what Cloverfield is, and I want to puke so bad”.

Flickr: Cloverfield warning.